Sommaire
Editorial
La santé est plébiscitée par tous et arrive en première place du bien être dans les sondages. Notre société a admis qu’il est plus facile de prendre un médicament que de réformer sa conscience. Si l’on veut bien réfléchir et observer notre monde on s’aperçoit qu’il y a une multitude de guérisons non expliquées, et à ce sujet le monde spirituel nous interpelle régulièrement pour nous rappeler sa présence à nos côtés et la nécessité de respecter certaines lois morales. Un enseignement, des guérisons c’est ce qu’a apporté un homme dans les années 50 de l’après-guerre. Bruno Groning, malgré les nombreux résultats obtenus en public devant une foule de plusieurs milliers de personnes, a été décrié par les autorités, adulé par les souffreteux, et est retombé rapidement dans l’oubli. Il enseignait comment guérir les âmes afin de régénérer les organismes physiques en retrouvant la liaison avec la grande source de force divine. Il appelait les hommes à croire au bien et à pratiquer cette croyance.
Pour accomplir ce chemin, la force de la pensée est primordiale créant autour de nous une impulsion puissante appelée la forme pensée. Conscient de ce phénomène Groning disait : derrière chaque pensée se trouve une force, une pensée positive remonte le moral, une pensée négative épuise ; une bonne nouvelle donne des ailes, une mauvaise décourage. Les pensées sont des forces spirituelles.
Gilles Fernandez
Bruno Gröning, ou le « docteur miracle »
Peu de gens en France connaissent Bruno Gröning. Pourtant, dans les années 50, pas très loin de chez nous, en Allemagne, il lui suffisait de se mettre à un balcon devant des foules impressionnantes, allant parfois jusqu’à 30 000 personnes, et de dire juste quelques mots pour que des guérisons spectaculaires se réalisent spontanément. Paralytiques, aveugles, sourds, blessés, malades incurables ou grands traumatisés, tous pouvaient retrouver l’espoir de guérir. Pour cette population brisée de l’après-guerre, il était le docteur miracle. Pour le corps médical, il était l’homme à réduire au silence. Pour ceux qui s’intéressent à la spiritualité, et plus particulièrement pour les spirites, il avait la force de transmettre foi et confiance en Dieu qu’il n’avait de cesse de reconnaître comme Le seul capable de guérir. Il aimait à dire « Aie confiance et croit, la force divine aide et guérit ». Intéressons-nous de plus près à ce personnage injustement méconnu…
Une enfance, dans un milieu simple, très proche de la nature
Bruno Grönkowski (c’est son vrai nom) naît, le 30 mai 1906 à Danzig-Oliva en Pologne, dans une famille modeste. Il est le quatrième de sept enfants. Le père, August, contremaître maçon, s’adonne un peu trop à la boisson et rentre parfois très irritable. La mère, une catholique très pieuse, apprend rapidement à Bruno la prière. Il y trouve un immense réconfort et l’intuition, dès l’âge de deux ans et demi, qu’il n’est qu’un instrument pour aider les hommes à retrouver, par Dieu, la santé et le salut. Très jeune, il aime s’isoler dans la forêt voisine où il passe de très longues heures à observer la nature, à apprivoiser les animaux, à prier et à méditer. Bruno Gröning raconte : « Je compris alors que les animaux restaient là, eux aussi, dans la forêt, à cause de la méchanceté des êtres humains. Et, très vite, je m’y sentis en sécurité, bien plus qu’à la maison près de mes parents, car ici, je n’étais pas aussi seul. Les animaux perdirent bientôt toute crainte à mon égard ; ils devinrent très confiants : ils venaient à moi et se laissaient caresser. »
Il en oublie même parfois de rentrer, pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, et quand on le ramène chez lui, il est violemment frappé. Pourtant, il ne pleure pas, car il ne ressent pas la violence des coups, même si son corps s’en trouve parfois fortement marqué. Il se sent incompris et différent. Très tôt, Bruno remarque qu’il a la faculté, par sa seule présence, de calmer et de soigner les hommes comme les animaux.
Une adolescence en recherche professionnelle
Lorsque la première guerre mondiale démarre, il n’a que 8 ans, mais bien vite, il se sent attiré vers les blessés qui réclament à sa mère de venir les voir en étant accompagnée du petit Bruno. En effet, lors de ses visites, il transmet un calme et un réconfort incroyable, alors il devient rapidement un visiteur connu de tous. Il fait régulièrement l’école buissonnière pour aller leur rendre visite dans les hôpitaux de Danzig. On le menace de l’envoyer en maison de redressement s’il continue à faire ses excursions dans les hôpitaux au lieu d’aller à l’école, mais le mieux-être qu’il apporte le motive à aller encore plus loin. Aidé de quelques camarades, il fonde, dans les années 20, un « cercle de jeunes » pour aider les plus démunis en collectant des vêtements, de la nourriture et des dons d’argent.
Ce garçon étrange et solitaire, capable de faire des prédictions surprenantes, comme celles des deux guerres mondiales, et qui peut imposer le calme par sa seule présence, met sa famille et ses proches très mal à l’aise. Il se retrouve victime de moqueries, de réprimandes, voire de violence.
Dans son milieu très modeste, fragilisé par la guerre, il ne peut pas faire d’études et il apprend ainsi la langue simple de la rue, avec certaines fautes de grammaire qu’il gardera jusqu’à la fin. Après la primaire, il fait un apprentissage commercial pendant 2 ans 1/2, jusqu’à ce que son père lui demande d’arrêter pour suivre une formation plus sûre comme charpentier. Mais l’entreprise qui le forme doit fermer faute de commandes et Bruno ne peut donc pas passer son examen de fin d’études. En 1925, il crée malgré tout une entreprise de menuiserie mais les affaires sont dures à Danzig et, deux ans plus tard, il enchaîne les petits boulots comme docker, serrurier, réparateur de montres… Bruno ne lit jamais ni livres, ni journaux, mais il a une connaissance instinctive des lois spirituelles.
Un premier mariage malheureux
Il a 21 ans lorsqu’il se marie avec Gertrud dans le but de prendre son indépendance et fonder un foyer. C’est le seul point commun de ce couple, car elle ne comprend absolument pas sa façon d’envisager l’existence et ne supporte pas qu’il puisse s’intéresser autant aux autres. Il aura avec elle 2 fils, mais qui vont tous les deux mourir de maladie, à l’hôpital, à l’âge de 9 ans, car la mère n’avait aucune confiance dans la force curative de son mari. Le premier fils, Harald, meurt en 1940 d’une endocardite. Son jeune frère Gunther, décédera en 1947 d’une pleurésie.
Pourtant, de premières guérisons ont déjà eu lieu par l’intermédiaire de Gröning : sa sœur Maria est guérie d’un cancer du sein la veille de l’opération, alors qu’elle était venue tard dans la soirée confier ses angoisses à son frère. « Je ne trouve plus rien de mauvais dans ta poitrine. Demain, tu pourras aller tranquillement voir tes médecins. Demande leur de refaire un examen approfondi avant l’opération. Ils pourront ainsi vérifier ce que je viens de te dire. »
Puis, c’est la femme d’un voisin qu’il sauve d’une suffocation due à une forte angine qui a enflé au point de rendre le visage de la malheureuse tout bleu. D’autres témoignages font état d’une vingtaine de cas de guérisons « miraculeuses », comme avec des poliomyélites ou certains handicaps.
Prisonnier de guerre en Russie
En 1943, alors qu’il a 37 ans, il est forcé à intégrer la Wehrmacht. Mais il refuse formellement de tuer et est donc, à plusieurs reprises, menacé du conseil de guerre. Envoyé au front, il est blessé par un éclat d’obus à la cuisse droite en 1944, puis fait prisonnier de guerre par les Russes en mars 1945. Dans le camp, son aide apaisante et réconfortante est de nouveau très appréciée. Lorsqu’il est libéré, 9 mois plus tard en décembre 1945, il s’expatrie en Allemagne de l’Ouest et s’installe à Dillensburg. Sa femme, qui était restée à Danzig, vient le rejoindre en Allemagne fédérale et ils reprennent la vie commune. Mais un an après, ils se séparent, car elle ne peut supporter la vie de dévouement de son mari.
Comme lorsqu’il était jeune, il crée avec des réfugiés, malgré l’interdiction des Américains, une œuvre d’assistance aux expatriés. Dans diverses communes de Hesse, des assistants l’aident, par des secours d’urgence, à apporter une lueur d’espoir après cette dure période de guerre.
L’après guerre
Cette occupation d’assistance ne peut pas lui permettre de payer son loyer alors, pour compenser les impayés, il fait quelques travaux de peinture pour son propriétaire. La femme de ce dernier, Mme Richter lui parle d’Isle, une de ses parentes qui souffre d’une neurasthénie profonde et qui vit à Duisburg. Bruno essaye une de ses premières guérisons à distance en lui donnant la date précise à laquelle elle sera libérée et pourra de nouveau se promener. Le résultat est admirable mais la famille lui paye tout de même le voyage pour venir consolider la guérison sur place. Le bouche à oreilles fonctionne rapidement dans la Ruhr où il va voir d’autres malades, là où on l’appelle, de maison en maison.
Un début de notoriét
é C’est ainsi que le 18 mars 1949, il est appelé au chevet du petit Dieter Hülsmann, 9 ans, atteint d’une dystrophie musculaire progressive qui l’oblige à être alité en permanence. Après un simple « Lève-toi » du guérisseur, l’enfant se lève et se met à marcher. La guérison spectaculaire incite le père à installer Gröning chez lui et un premier article élogieux paraît dans la presse.
Très vite, les journaux se passionnent pour celui qu’on appelle le « docteur miracle ». Dans cette Allemagne meurtrie d’après guerre, nombreux sont les affligés et les blessés qui ont besoin d’espoir et de réconfort. Ils se réunissent dans la cour, devant la maison des Hülsmann. Dans des vidéos consacrées à Gröning, il est très impressionnant de voir ces foules immenses patientant en silence, dans le plus grand recueillement, l’arrivée du « docteur miracle ». Il ne fait pourtant que parler aux malades, du haut du balcon, dans des mots très simples, compréhensibles par tous : « Vous qui cherchez de l’aide, vous qui cherchez la guérison, vous les paralysés, levez-vous. Vous pouvez marcher. Il ne faut pas rester assis dans vos fauteuils roulants. Vous pouvez marcher ! » Les guérisons ont même parfois lieu dans la cour recueillie en silence, alors que Gröning est lui en Rhénanie, en train de réaliser d’autres guérisons.
A peine 3 mois plus tard, on peut lire un témoignage dans le Münchner Merkur du 24 juin 1949 : «Lorsque j’arrivai à Herford le matin à 10h30, il y avait environ un millier de personnes sur la Wilhelmsplatz, devant la petite maison à deux étages. C’était une indescriptible image de misère. D’innombrables paralytiques dans leurs chaises roulantes, d’autres portés par leurs proches, des aveugles, des sourds-muets, des mères avec leurs enfants atteints d’idiotie ou paralysés, des petites vieilles et des jeunes hommes se pressaient en gémissant. Presque cent voitures, des camions et des omnibus étaient garés sur la place et tous venaient de loin.(…) Je m’avançais dans la foule et pris en sténo leurs merveilleux récits qui auraient suffi à remplir un livre (…) un jeune homme en uniforme qui semblait rentrer de Russie (…) bougea son bras droit ainsi que ses doigts et sa jambe droite. Je lui demandai « Avez-vous été guéri par Gröning ? » »Oui, j’ai été paralysé du côté droit en Russie. Monsieur Gröning m’a regardé et maintenant je suis à nouveau en parfaite santé ; je n’arrive pas à comprendre. » L’article se poursuit par le récit de la guérison d’un aveugle qui avait passé plusieurs jours et nuits à attendre Gröning et qui, à peine il arrive, s’écrit : « Je peux voir à nouveau ! ».
Premières interdictions d’exercer la médecine
Comme souvent, au fur et à mesure que la réputation augmente, le nombre des envieux et des jaloux s’accroît aussi. La question « Messie ou charlatan ?» déchaîne les passions. Pourtant, il obtient des résultats sans s’aider d’aucun médicament, instrument ou appareil et, surtout, il ne demande, pour tout paiement, qu’un « petit papier » de témoignage qui servira à transmettre courage et foi à ceux qui en ont besoin. Le corps médical, sceptique devant cet individu qui guérit sans études ni diplômes, ne tarde pas à faire pression sur la ville. Une commission d’enquête se forme. Gröning émet le souhait de travailler en collaboration avec les médecins mais, au lieu de cela, dès le 3 mai 1949, on lui interdit purement et simplement de soigner. Les nombreux malades, rassemblés autour de la maison des Hülsmann, ne peuvent l’entendre et partent manifester devant l’Hôtel de Ville. Le maire se voit finalement contraint d’accorder à Gröning l’autorisation de soigner mais juste pour 3 jours de plus. Aussi, fin juin 1949, Gröning qui ne peut plus guérir à Herford préfère partir.
Les expériences d’Heidelberg
Il est contacté par des correspondants du journal Revue, accompagnés d’un médecin psychologue nommé Fischer. Ils ont été mandatés par le directeur de la caisse d’assurance maladie de Bielefeld, qui espère, grâce aux guérisons qui pourraient avoir lieu sur tous les malades psychiques de l’après guerre, faire baisser le déficit des caisses de santé de la région. Ces hommes sont chargés d’étudier et de relater le côté scientifique des guérisons du docteur Miracle. Ils l’installent à Heidelberg, dans une villa où les patients, choisis parmi les 80 000 demandes d’aide reçues par courrier, lui sont amenés. Les malades se placent en cercle et Gröning se met au centre. Les médecins prennent les pressions, pouls et autres mesures et les 150 expériences, menées entre le 27 juillet et le 7 août 1949, ont toutes été consignées et même enregistrées avec les techniques de l’époque. L’examen médical de contrôle confirme les guérisons obtenues, mis à part quelques cas où Gröning avait dit ne pas pouvoir intervenir à cause du refus exprimé par certains patients. L’expertise médicale prouve bien l’importance des capacités du guérisseur..
Le docteur Fisher, appâté par le profit, réclame de l’argent et la notoriété des guérisons. Gröning ne peut l’accepter car, pour lui (comme le disent aussi les spirites…) : « Celui qui a reçu ce don ne doit pas en faire commerce. S’il accepte de l’argent, ce don disparaît. »
La gestion du courrier
A cette même époque, les lettres de demande d’aide affluaient de toutes parts. Il arrivait environ 6 à 7000 lettres par jour dans l’association qui avait été créée pour s’assurer du traitement honnête des demandes. En effet, comme beaucoup de demandeurs faisaient des dons en glissant des billets dans les enveloppes, elles ne devaient être ouvertes que par 2 bénévoles en même temps, afin de s’assurer d’un enregistrement comptable dans les règles et pour éviter la tentation de vol. L’argent devait servir à construire des logements pour les réfugiés. Mais plusieurs centaines de milliers de DM, contenus dans plus d’un million de lettres ont été habilement subtilisés par M. Schmidt, le manager de l’association. Non content de son forfait, il s’est, en plus, arrangé pour faire peser l’accusation sur le nouveau président de l’association et il a présenté Bruno Gröning comme le plus mauvais des hommes.
Le Traberhorf de Rosenheim
Le 21 août 1949, pour fuir le tumulte autour de sa personne, Bruno Gröning se réfugie en Allemagne du Sud, à une soixantaine de km de Munich, dans un domaine privé mis à sa disposition dans la petite ville de Rosenheim. L’adresse ne reste pas très longtemps secrète et, très rapidement, on voit de nouveau affluer des milliers de personnes. En septembre 1949, on pouvait compter, certains jours, jusqu’à 30 000 personnes sur la place devant le Traberhorf. Les médias s’y pressaient aussi et relataient les événements auxquels ils participaient.
Ainsi, dans l’édition spéciale du Zeitungsblitz de septembre 1949 on pouvait lire : « Entre-temps, plus de 10.000 personnes s'étaient rassemblées, ayant attendu depuis des heures sous une chaleur torride le grand moment où Bruno Gröning parut sur le balcon, parla à la foule et fit rayonner sa force curative. Les gens étaient pressés les uns contre les autres pour profiter au maximum de ses ondes curatives. Et déjà́ les effets se firent sentir chez les malades en chaises et fauteuils roulants ou chez les individus se trouvant à̀ la périphé́rie. À nouveau des malvoyants recommencèrent à voir, à̀ nouveau des handicapés moteurs se levèrent, à nouveau des paralysés bougèrent leurs membres raidis. Des centaines parlèrent de douleurs accrues aux endroits malades, tiraillements, picotements ou fourmillements, d'un sentiment de ‘légèreté’ indescriptible ou de maux de tête disparaissant soudainement.»
Ces scènes bibliques se produisaient partout où il allait. Alors, dès que sa venue était annoncée quelque part, les pèlerinages commençaient. Même le Préfet de police de Munich, Mr Pitzer, peu enclin à une sensibilité excessive, s’était exprimé, du balcon de Traberhof, pour témoigner que la sciatique qui l’handicapait depuis des années s’était améliorée en présence de Gröning. Un député avait suivi son exemple avec une déclaration semblable. L’administration bavaroise se montrait donc favorable pour que l’action d’une « personnalité exceptionnelle » comme Bruno Gröning ne soit pas entravée par trop de difficultés.
A la fin d’un article paru dans le journal Münchner Merkur, du 7 septembre 1949, sous le titre «Bienveillance envers Gröning», on cite les propos du ministère de l’inté́rieur bavarois : «La vérification provisoire de l'activité́ gué́risseuse de Bruno Gröning a montré qu'elle peut être considérée comme un simple acte d'amour et qu’elle ne né́cessite pas l'autorisation prévue par la loi réglementant l’activité des guérisseurs. »
Calomnies et faux amis
Comme nous l’avons déjà vu à Heidelberg, lorsque le succès et la notoriété sont au rendez-vous, les profiteurs et les calomniateurs ne sont pas loin. Beaucoup ont voulu tirer profit de ses capacités de guérisseur et ont nuit à son nom et à sa réputation. Les médias se sont précipités sur des articles à sensation parlant «d’imposteur démasqué » et les autorités se sont donc désolidarisées.
Gröning se retire alors dans les montagnes bavaroises pour retrouver un peu de calme. Il a à cœur de créer des établissements où les personnes cherchant de l’aide obtiendraient la guérison dans des situations précises, avec des contrôles médicaux avant et après, afin de documenter les guérisons survenues, un peu comme cela avait été fait à Heidelberg.
C’est dans ce cadre, qu’il rencontre l’homme d’affaires Otto Meckelburg qui, pour le remercier de la guérison de sa femme, lui soumet des plans concrets pour l’édification de ces maisons de santé et devient alors son manager. Le 8 janvier 1950, Otto Meckelburg se déclare président d’une association pour l’investigation et la promotion des méthodes thérapeutiques de Gröning. Le guérisseur signe un contrat qui l’engage à se mettre à disposition du manager pour servir la cause de l’association. Rapidement, Meckelburg s’octroie un salaire confortable et choisit les malades à présenter à Gröning contre d’importantes sommes d’argent. Il se moque totalement des malades qui ne sont finalement qu’une source de profit et il désigne même ironiquement Gröning comme « le meilleur cheval de son écurie ». En moins de 6 mois, le manager véreux s’est constitué une petite fortune de 100 000 DM, ce qui est, évidemment, totalement incompatible avec les pensées charitables de Gröning. Il parvient à se débarrasser de l’imposteur en juin 1950, mais il faut reconnaître qu’il est difficile de garder une réputation propre et honnête quand son nom est accolé à celui de cet escroc qui finira même en prison pour fraude fiscale et affaires douteuses.
Puis, dans l’été 1950, il travaille avec un praticien munichois, Eugen Enderlin, qui doit lui permettre d’exercer ses activités sans entrer en conflit avec la législation. Mais lui aussi se révèle être un affairiste intéressé uniquement par l’argent et ils se séparent vers la fin de l’année. Par la suite, un journaliste qui par gratitude pour la guérison inespérée de sa jambe a écrit le livre La grande conversion, organise des conférences pour Gröning et d’incroyables guérisons ont encore lieu mais, un beau jour, estimant avoir assez appris de Gröning, il se déclare guérisseur indépendant.
Gröning semblait attirer à lui de si nombreux profiteurs qu’il est impossible de tous les citer dans ce simple petit article. Lorsque ces personnes n’arrivaient pas à se faire payer directement, elles tentaient d’obtenir gain de cause en justice. C’est par exemple le cas de Mme Hülsmann, qui au tout début avait accueilli Gröning à Herford en remerciement de la guérison de son fils Dieter et qui lui a servi de médium pour certaines guérisons à distance. Elle a comptabilisé tout le temps qu’elle avait passé bénévolement pour lui et elle a exigé, devant le tribunal, qu’il lui verse un salaire en guise de dédommagement.
Comment expliquer que Gröning, avec un tel savoir inné, ne sache pas mieux s’entourer ? La réponse nous vient peut-être de Grete Haüsler, collaboratrice et fondatrice du cercle des Amis de Bruno Gröning, qui dans son livre Voici la vérité sur Bruno Gröning nous transcrit un intéressant dialogue : « Une fois, sur le point de prendre congé, je souhaitai tout le bien possible à̀ Monsieur Gröning en lui disant: ‘Monsieur Gröning, je vous souhaite de pouvoir travailler en paix maintenant et de ne plus être attaqué par des collaborateurs malhonnêtes’, et il me rétorqua à̀ mon grand étonnement : ‘Pas du tout, il doit en être ainsi !’ A l’époque, je ne pus le comprendre, mais il m'expliqua pourquoi il devait agir ainsi et supporter tout cela. Il me révéla ainsi un grand secret : ‘Je sais ce que l'homme porte en lui. Mais si je disais aux gens : ‘c'est un menteur, c'est un escroc, un voleur’, personne ne me croirait. Comment m'y prendre ? Je dois attirer ces gens à moi, leur enseigner le bien, les inciter à la conversion puis leur donner l'occasion de mentir, de tromper et de voler. S'ils le font quand même, alors chacun saura qui ils sont. Alors je les laisse m'approcher et je ne suis pas lâche, je me bats. »
Un deuxième mariage en soutien face aux divers procès
En août 1950, il fait quand même une agréable rencontre, celle de Josette Dufossé, une française qui deviendra sa seconde épouse en juin 1955 et qu’il décrit comme « le seul être honnête et sincère qui l’ait aidé à réorganiser sa vie dans tous les domaines. »
Si, en 1949, son activité avait été considérée par le ministère de l'Intérieur de Bavière comme pur acte d'amour, il se retrouve, en 1951, au Tribunal dans un premier procès pour exercice illégal de la médecine. Comme Gröning aide, avant tout, là où l’art médical est resté sans succès, qu’il guérit sans se faire payer, sans rien prescrire, juste en se contentant de parler pour ramener l’homme à Dieu, il est acquitté en première et en seconde instances. En appel, son innocence est encore confirmée, car on considère qu’il ignorait commettre un acte médical et qu’il n’a donc pas pu préméditer l’illégalité de ses actes. En clair, il est innocenté mais il ne peut plus guérir, car il sait, maintenant, que ses activités relèvent de l’exercice illégal de la médecine.
Pourtant, comme il dit : « Ce que j’ai pu faire jusqu’à présent pour les malades ne représente que 5 % de mes capacités. Malgré tout, je ne suis ni médecin ni docteur miracle. Je suis et reste le petit Gröning, un homme pauvre sur le plan financier, car je n’ai pas besoin d’argent et n’en demande pas. Ma richesse est la force curative divine qu’aucun homme ne peut me prendre. »
En 1955, Gröning doit de nouveau se présenter devant les tribunaux, toujours pour exercice illégal de la médecine mais, cette fois, il est, en plus, accusé d’homicide par négligence de Ruth Kuhfuss, une jeune fille de 17 ans qui était décédée de tuberculose en décembre 1950. Elle et son père s’étaient rendus à une conférence de Gröning, en novembre 1949, et le guérisseur avait immédiatement dit ne rien pouvoir faire pour elle. Mais, à cette époque, son manager Meckelburg exigeait qu’il s’occupe de ce cas, puis il avait échangé une correspondance avec le père, sans que Gröning n’en sache rien. Il a été surtout reproché à Gröning d’avoir soi-disant fait des promesses de guérison, alors qu’il n’en faisait jamais, et d’avoir empêché la jeune fille de voir un médecin, alors qu’il recommandait toujours aux malades de poursuivre leur suivi médical. Au cours de ce procès, tous les témoins de Gröning ont été refusés mais, du côté de l’accusation, d’anciens collaborateurs intéressés par le profit ont pu poursuivre leur travail de sape sur la réputation du guérisseur, particulièrement Meckelburg qui l’a bien chargé pour pouvoir se disculper.
Fin juillet 1957, Gröning est acquitté de l’homicide par négligence, mais il est condamné à régler, dans de brefs délais, une amende de 2000 DM pour infraction à la loi relative aux praticiens paramédicaux. Cela équivaut à une interdiction définitive d’agir qui l’affecte beaucoup. Le ministère public fait appel et la seconde audience aura lieu à Munich en janvier 1958.
L’association Gröning
Pour pouvoir atteindre un grand nombre de personnes malgré l’interdiction de guérir, Gröning a rapidement créé des communautés chargées de transmettre son savoir à ceux qui sont en quête de secours. Le journaliste Egon Arthur Schmidt, qui avait pris les fonds des malades à Heidelberg s’étant amendé, Gröning accepte de le reprendre pour lui donner une nouvelle chance, puis, constatant qu’il n’a pas changé, il se sépare de nouveau de lui en 1955. Suivant l’exemple de Mme Hülsmann, Mr Schmidt intentera plusieurs procès contre Bruno Gröning afin d’essayer de récupérer un salaire en contrepartie de son travail pourtant initialement bénévole.
D’autres dirigeants de l’association, issus d’un milieu aisé et intellectuel, sont rapidement agacés des propos et objectifs trop simples de Gröning et ils oublient que c’est pour le soutenir que l’association existe et non l’inverse. L’association, loin de lui procurer la liberté d’action attendue, le musèle de plus en plus. C’est particulièrement au moment du second procès que Gröning peut mesurer l’absence totale de soutien de ses « amis » de l’association. Même l’amende du procès, qu’il était incapable de payer vu qu’il ne se faisait jamais rétribuer, fait l’objet de grands débats bureaucratiques dans l’association, alors que tout le monde sait bien que, si l’amende n’est pas payée très vite, Gröning va se retrouver en prison. Gröning explique, dans les 62 pages de son bilan des activités de l’association, tous les points sur lesquels l’association lui a porté préjudice. Le directeur démissionne et l’association est dissoute peu après.
« Sa parole conjure la maladie »
C’est le titre d’un article, écrit en 1957 par le docteur Horst Mann pour la revue Neuen Blatt, qui montre bien que, malgré toutes les attaques et procès, les guérisons continent de se produire. « Le lendemain je me suis rendu de Hamelin à Springe, petite ville au bord de la Deister. Une communauté y avait été fondée. La guérison d’un certain nombre de personnes en était à l’origine. Et là̀ aussi j'ai vécu ce fait, comme auparavant à divers endroits de Schleswig-Holstein, à Augsburg, Hamelin, Vienne, Plochingen et dans d’autres villes : des gens se sont levés et m'ont parlé de leurs maladies. Ils m'ont cité leurs médecins qui les avaient traités. Ils ont raconté leur guérison grâce à Gröning. Et ils étaient toujours prêts à lever la main et à prêter serment.
«Quand j'étais bébé, on m’avait déjà déboîté les deux hanches» a raconté la quinquagénaire Julie Prohnert de Hannovre. Plus tard, je ne pouvais marcher qu’avec des béquilles. Le médecin ne pouvait que soulager mes douleurs. Quand j’ai écouté une conférence de Monsieur Gröning, j’ai senti une forte réaction. Mon dos, qui était déjà̀ complètement voûté, s’est redressé. J’ai pu marcher à nouveau. Je n’ai pas eu de rechutes...»
«J'avais du rhumatisme articulaire et étais constamment torturé par des éruptions et des abcès. Monsieur Gröning m’en a libéré» a dit Wilhelm Gabbert de Hamelin. «Seule la morphine pouvait m’aider à̀ supporter mes troubles biliaires» a raconté Kurt Severit d’Evestorf. «Je remercie Bruno Gröning de m’avoir libéré de ces maux.»
«J’avais un diabète très prononcé a rapporté Robert Thies de Springe, mais ce qui était encore plus alarmant, c’était une faiblesse du muscle cardiaque. Ces deux affections ne me font plus souffrir aujourd'hui. J’en remercie Monsieur Gröning.»
On pourrait poursuivre cette liste. Ce sont des gens de tous les âges qui m'ont raconté leurs expé́riences; hommes, femmes et enfants. Bien des maladies ont été citées, depuis les maux de tête en passant par des inflammations des nerfs, sciatiques, troubles rénaux et biliaires, jusqu’aux affections cardiaques et paralysies. Mais c’est encore quelque chose d’autre qui m’a profondément touché. Beaucoup ont raconté très ouvertement devant tous les auditeurs qu’ils avaient, grâce à Gröning, vécu une transformation intérieure. La chasse au succès et le comportement égoïste ont fait place à un calme intérieur et à une attitude de solidarité.» Nous savons bien, nous spirites, que la transformation intérieure est le premier pas vers la guérison.
Une procédure d’appel écourtée par la maladie et le décès
Le verdict de la procédure d’appel, en janvier 1958, est encore plus dur que le précédent. Gröning est cette fois condamné à huit mois de prison pour homicide par négligence et à 5000 DM d’amende pour transgression de la loi relative aux praticiens paramédicaux. Bruno Gröning a bien conscience d’être puni pour le bien qu’il fait, mais il regrette surtout que personne, pas même l’un de ses avocats, ne se soit intéressé à la manière dont il guérit, car alors on aurait compris que cela n’a rien à voir avec un traitement médical.
Cette fois, c’est Gröning qui demande un pourvoi en cassation dont la date est fixée au 22 janvier 1959. Mais le verdict définitif ne sera finalement jamais prononcé, car le procès a été clos prématurément à cause du décès de l’accusé ce même mois.
C’est en allant sur Paris, en novembre 1958, avec sa seconde épouse, que Gröning consulte un médecin. Les examens radiographiques montrent un cancer de l’estomac à un stade avancé. Gröning refuse d’être opéré de suite et retourne en Allemagne préparer les fêtes de Noël des communautés et enregistrer sur bande magnétique des dernières paroles pour continuer son œuvre dans les communautés. Puis il revient dans une clinique près de Montmartre, pour se faire opérer le 8 décembre 1958. Les médecins constatent que l’état du patient est bien pire que ce qu’ils pouvaient imaginer au vu des résultats d’analyse et de l’état général du patient. Il est entièrement brûlé de l’intérieur et n’est donc plus opérable. A la surprise des médecins, il se rétablit et repart passer les fêtes de Noël en Allemagne. Mi-janvier 1959, il rencontre les dirigeants de la nouvelle association pour déterminer la façon dont l’œuvre devait être poursuivie. Puis le 21 janvier, il revient à Paris car une occlusion intestinale l’oblige à subir une nouvelle opération. Elle a lieu le lendemain, le 22 janvier, au moment précis où la procédure de révision du procès débute à Munich. Ses constantes redeviennent normales et il peut même s’asseoir dans un fauteuil mais, le 25, il sombre dans le coma et meurt le lendemain, 26 janvier 1959, officiellement d’un cancer.
Le médecin qui l’a opéré avait confié après la seconde opération : « La destruction dans le corps de Bruno est terrible, c’est une combustion intérieure totale. Qu’il ait pu vivre aussi longtemps et sans endurer des souffrances atroces est un mystère pour moi. » Pourtant, Bruno Gröning avait bien dit, par le passé, que si on l’empêchait d’exercer son activité il brûlerait intérieurement… Son activité de guérisseur se manifestait sur son corps physique, principalement au niveau du cou dans lequel il stockait l’énergie à transmettre à son auditoire, ce qui laissait penser qu’il avait un goître.
Sa doctrine et ses méthodes
Il est assez étonnant de voir comme Bruno Gröning a dû se battre pour mener à bien sa mission qui ne consistait pourtant qu’à transmettre la force vitale aux hommes et à les ramener à la foi, particulièrement entre 1949 et 1959, soit pendant les 10 petites années où son activité est devenue plus publique, moins confidentielle. Le fondement de son action était tout aussi simple : « Il vous faut croire en Dieu et, à moi, vous devriez faire confiance. Tout le reste nous mènerait trop loin. »
Un mécanicien transformateur qui rétablit l’énergie
Pour expliquer son action, Gröning avait souvent recours à une image : il comparait Dieu à une centrale électrique et l’homme à une ampoule électrique. L’ampoule ne peut fonctionner que si le courant de la centrale arrive jusqu’à elle. De même, l’homme ne peut vivre dans l’ordre divin que s’il est empli de la force de Dieu. Gröning intervient alors comme un «transformateur de courant » qui va absorber les hautes énergies divines et les retransmettre aux hommes qui n’en recevront que ce qu’ils sont en capacité de capter, selon leur réceptivité.
A d’autres moments, Gröning compare l’homme à une batterie qui se décharge dans les luttes quotidiennes, empêchant le corps de bien fonctionner. Le guérisseur intervient alors comme un simple mécanicien qui répare les batteries en permettant de rétablir le contact, la connexion au vrai chemin divin. Ainsi, en réponse à une demande d’aide, il conseille : «Comparez-vous tout au long de votre vie à une batterie (…) en veillant à ce que votre corps, toujours rechargé en énergie nouvelle, soit prêt ou puisse se mettre à tout moment à tirer profit de cette énergie vitale, non seulement pour lui-même, pour être en capacité de vivre et d’affronter l’existence, mais aussi pour qu’il puisse, comme une batterie, donner de l’énergie aux autres, c’est-à-dire à tous ceux de son entourage, qui ont présenté des signes de manque d’énergie.»
La force naturelle universelle : une connaissance oubliée
Gröning, toujours simple et humble, aime à rappeler qu’il n‘a rien inventé « Je ne vous dis rien de nouveau. Je vous dis seulement ce qu’aujourd’hui vous ne savez plus». On retrouve en effet cette notion d’énergie divine, de force vitale, dans toutes les vieilles civilisations qui ont travaillé sur la santé. C’est le Qi des chinois, le Prana des asiatiques, le Atman des hébreux, ou encore le fluide pour les spirites.
Gröning insiste souvent pour dire que l’homme est fait pour être en bonne santé et que la maladie n’est donc pas une punition de Dieu mais bien la conséquence d’actes et de pensées erronés. Comme aussi Paracelse ou Erasme en leur temps, il sait bien que la maladie, quelle qu’elle soit, n’est due qu’à un déséquilibre, une disharmonie qu’on peut rectifier en retrouvant la foi qui permet de se reconnecter avec Dieu et la nature, de refaire le lien entre le Ciel et la Terre.
Les formes pensées
Notre cerveau peut créer la matière et l’attention que nous portons aux éléments de la vie est suffisante pour leur donner une existence. Quand un homme pense, une vibration naît dans son périsprit, et cette vibration produit deux effets distincts. Le premier est l’émission d’ondes, le deuxième effet est la production de formes pensées.
Une vibration dans le périsprit a tendance, comme toutes les autres vibrations, a se transmettre à toute matière ambiante capable de la recevoir, de même que la vibration d’un instrument de musique se transmet à l’air ambiant.
Une pensée donne naissance à des vibrations dans la matière du périsprit, sous cette impulsion ce dernier projette une portion de lui-même qui a pour effet d’attirer à elle une substance fluidique analogue à la sienne dans l’éther (substance subtile distincte de la matière et qui remplit l’espace). Sa forme est déterminée par la nature des vibrations émises ; c’est ainsi qu’est produite une forme pensée pure et simple.
Une forme-pensée est une entité vivante temporaire animée par l’idée qui lui donna naissance. Elle peut avoir une grande puissance si elle est dirigée par une volonté forte et persistante. Une pensée devient donc pour un certain temps une sorte de créature vivante.
La production de formes-pensées dépend de différents facteurs tels que la qualité de la pensée, sa nature qui en détermine la forme et la précision de la pensée qui délimitera la netteté de son contour. Lorsqu’une pensée est bien déterminée il en résulte une forme nettement dessinée.
Si une pensée est de nature spirituelle, par exemple, si elle est teintée de l’amour et de l’aspiration d’un sentiment altruiste, alors elle s’élève vers les plans supérieurs. Dans ce cas son influence peut être très puissante et elle constitue une grande force au service du bien. Si au contraire la pensée est mélangée de désirs personnels, ses vibrations se dirigent vers les plans inférieurs. Une telle forme pensée est alors capable d’affecter la source génératrice mais également le mental d’une autre personne. Ce type de pensée est le plus commun car il y a très peu de pensées d’êtres humains ordinaires qui soient vierges de tout désir, passion ou émotion.
La puissance de la pensée et de l’émotion détermine la grandeur de la forme pensée et sa durée en tant qu’entité séparée. D’autre part sa durée dépend aussi de l’énergie qui lui est fournie après sa création soit par son auteur, soit par d’autres.
Lorsqu’un homme pense à un objet concret par exemple à une voiture, à une maison, à un paysage, il construit une image minuscule de cet objet au moyen de la matière de son périsprit. Cette image flotte devant lui, habituellement devant son visage et au niveau de ses yeux. Elle y reste pendant que la personne contemple l’objet, et aussi durant quelques instants après ; la durée de cette persistance dépendant de l’intensité et de la précision de la pensée. Cette forme est tout à fait objective et peut être vue par une autre personne douée de la faculté de clairvoyance. Si un individu pense à une autre personne, il crée d’elle un portrait minuscule de la même manière.
Tout effort d’imagination produit le même résultat. Un peintre qui se fait une conception de son futur tableau, la construit au moyen de la matière de son périsprit, puis la projette dans l’espace devant lui, la conserve dans sa vue mentale, et la copie. Un conférencier à mesure qu’il pense fortement aux différentes parties de son sujet, crée une série de formes pensées généralement très puissantes à cause de l’effort qu’il fait. S’il ne se fait pas comprendre, c’est principalement parce que sa propre pensée n’est pas suffisamment bien définie. Une forme pensée vague fait une impression très faible, tandis qu’une forme pensée nettement dessinée influence fortement l’auditoire qui essaye alors de la reproduire.
L’hypnotisme fournit également des exemples de la réalité des formes pensées. Cette forme peut même être rendue si objective que la personne hypnotisée voit et sent comme si la forme était un objet physique réel à ses sens.
Il existe également d’une manière plus ou moins permanente des formes pensées collectives, ces formes ont été construites par la réunion des produits de l’imagination d’un grand nombre d’individus.
Ces formes pensées une fois créée ont une influence sur leur créateur bien sûr, mais également sur les autres. On peut distinguer trois sortes de formes pensées créées par les humains.
Il y a celles qui ne sont pas centrées sur la personne, ni dirigées vers un autre individu, et qui restent derrière lui comme une sorte de trace. Il y a les formes pensées plus précises qui sont centrées sur le penseur, restent autour de lui et le suivent partout où il va. Et puis il y a celles qui jaillissent du penseur et se dirigent vers un but déterminé.
Pour les premières, elles flottent simplement dans l’atmosphère, en émettant des vibrations analogues à celles qui furent engendrées par son créateur. Si la forme ne vient pas en contact avec une autre entité, la radiation épuise graduellement sa provision d’énergie et la forme se désagrège. En revanche si elle réussit à éveiller des vibrations de même nature chez une autre personne, il se produit alors un phénomène d’attraction et la forme pensée peut être absorbée par le corps mental de cet autre.
Au stade actuel de l’évolution terrestre, la majorité des pensées des hommes sont habituellement centrées sur eux-mêmes et, de fait, elles restent accrochées au penseur. La plupart des gens s’entourent de ces coques faites de ces pensées qui ne cessent d’agir sur leur source. Elles tendent à se reproduire et ainsi à exciter chez l’homme la répétition des pensées qu’il a créées auparavant.
Bien des gens sentent cette pression qui agit sur eux intérieurement et qui se manifeste comme une suggestion constante de certaines pensées, notamment après une journée de travail, dans les moments de repos lorsque leur esprit est passif. Lorsque cette pensée est mauvaise la personne a tendance à croire qu’elle provient d’une malédiction extérieure. En fait elle a été créée par lui et il est son propre obsesseur, c’est l’auto-obsession.
La répétition d’une pensée obsessive de ce genre joue un rôle important dans l’élaboration de son chemin de vie. Si l’on prend pour exemple une pensée de vengeance sans cesse alimentée, menant cette personne à saturation, il suffira alors d’une infime impulsion extérieure pour lui faire commettre des violences voire un crime. La répétition de pensées d’aide à son prochain et de charité agit de la même manière, et lorsque le stimulus opportun atteint l’homme il se conduit alors tout naturellement charitable.
Il ne faut donc pas s’étonner de voir des crimes commis régulièrement ou de voir des actes de courage parce que l’on ne réalise pas l’influence de la répétition des pensées. On voit dans ce contexte l’importance de nos pensées mais également de nos lectures, des jeux vidéos, des films violents ou apaisants que l’on regarde ou des lieux que l’on fréquente.
De surcroît, les formes pensées d’un individu ont tendance à attirer vers lui celles d’autres individus, ou d’Esprits, lorsqu’elles sont de même nature. L’homme attire ainsi à lui un important supplément d’énergie. De lui seul dépend la nature des forces ainsi attirées : elles sont bonnes ou mauvaises suivant que ces pensées sont elles-mêmes bonnes ou mauvaises.
Généralement, chaque pensée nouvelle crée une nouvelle forme pensée, mais s’il existe auprès du penseur une forme pensée de même nature, dans certains cas , les mêmes pensées sur le même sujet, au lieu de créer d nouvelles formes, se réunissent à l’ancienne et la renforcent, de sorte que l’homme qui nourrit sans cesse des pensées sur le même sujet peut finir par produire une forme pensée d’une puissance énorme. Si la pensée est mauvaise, ou de forme dépressive, la forme pensée influencera son géniteur jusqu’à la dépression.
Ainsi un ensemble de pensées centré sur une personne tend à obscurcir sa vision mentale et à faciliter la formation de préjugés. Cette personne regardera le monde à travers son mode de pensées et toute chose extérieur qui l’affectera sera pour elle plus ou moins déformée par son sentiment premier. Tant que cette personne n’aura pas acquis le parfait contrôle de ses pensées et de ses sentiments, elle ne verra aucune chose comme elle est réellement puisque toutes ses observations seront faites au travers de l’écran de ses préjugés. Ainsi, on peut dire que nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont, mais que nous voyons seulement les images que nous sommes capables d’en faire, toute chose étant nécessairement déformée par les formes pensées que nous créons.
Si la pensée est suffisamment forte, la distance n’est rien pour la forme pensée, mais la pensée d’une personne ordinaire est généralement faible et diffuse, et par suite elle ne produit aucun effet en dehors d’une zone très limitée. Par contre une forme pensée d’amour ou de désir de protéger, dirigée avec force vers la personne à laquelle elle se rapporte, va droit sur cette personne, et reste dans son aura comme un bouclier ; elle recherche toutes les opportunités de servir et de défendre, non pas par un effort conscient et délibéré, mais en suivant aveuglément les impulsions qu’elle a subies ; elle renforce les énergies amies qui atteignent l’aura de la personne et affaiblit les énergies ennemies. Elle se comporte donc comme un véritable ange gardien. C’est aussi de cette manière que la prière d’une mère pour un enfant le protège efficacement.
La connaissance de ces faits devrait nous donner la conscience du pouvoir énorme qui est à notre disposition. Il y a de nombreux cas ou nous ne pouvons rien faire sur le plan physique pour aider une autre personne, mais le périsprit de l’être humain peut toujours être affecté et il est souvent plus facilement influençable que le corps physique. Il nous est donc toujours possible d’agir par des pensées d’aide ou des sentiments affectueux. Les lois de la pensée sont telles qu’il en résulte toujours un effet et il est impossible que cet effet soit complètement nul même s’il n’en résulte pas toujours une conséquence visible sur le corps physique.
Toutefois une forme pensée ne peut affecter une autre personne que si dans son aura se trouvent des matériaux capables de vibrer en harmonie avec la forme pensée, c’est-à-dire en osmose avec ses sentiments, ses qualités ou ses défauts. Dans les cas où les vibrations de la forme pensée sont en dehors des limites de la possibilité de l’aura qu’elle atteint elle rebondit sur l’aura avec une force proportionnelle à celle qu’elle avait en arrivant. Il n’y a donc pas de meilleures protections contre les médisances et les Esprits facétieux qu’une âme et un cœur purs qui créent un environnement spirituel protecteur. Elles se constituent par la pureté et la bonté stables qui rayonnent sur toutes choses et entraînent tout élément indésirable dans une puissante effusion d’amour.