Sommaire
- Editorial
- L'antoinisme
- Le caodaïsme
- Un groupe uni pour une guérison aboutie
- Retrouvailles à la suite d'un rêve
- Vie associative : ballade à Lyon
- Idées de voyage
Editorial
Si l’on veut bien se pencher sur l’origine des religions, des cultes, des croyances ou autres pratiques occultes, on ne peut que constater que tous vont puiser leurs connaissances dans l’au-delà, dans le monde des Esprits et des anges. Cette pratique de communication entre l’homme et le monde invisible, Allan Kardec lui a donné un nom : le spiritisme. Le monde entier connaît le spiritisme, le pratique, le subit ou ne veut pas en parler mais il ne laisse personne indifférent. Ce n’est pas une religion, il n’a ni rituel, ni dogme, c’est un enseignement universel où chacun peut aller puiser et en retirer un gigantesque espoir si les intentions restent bonnes et pures.
Alors pourquoi les hommes, dès qu’ils pensent avoir découvert la vérité et la connaissance, s’éloignent-ils de ce précepte pour aussitôt créer une nouvelle religion et s’entourer de fidèles au service d’un nouveau concept ?
Antoinisme et caodaisme sont deux exemples de mystification issus de la pratique médiumnique et détournés du chemin initial. La construction humaine ne dure généralement que le temps de son créateur et le chemin qui mène à la sagesse est étroit. Il faudra encore de nombreuses décennies à l’humanité pour qu’elle s’en éloigne le moins possible.
Gilles Fernandez
L'antoinisme
Lorsqu’il est frappé par la maladie et la souffrance, l’être humain recherche la guérison. Les guérisons et les magnétiseurs se comptent par milliers, la plupart anonymes, certains essayent d’en tirer un profit personnel tout en mettant en avant leur acte de charité et quelques-uns, peu nombreux, doté d’une faculté hors du commun et d’un charisme certain attirent les foules auprès d’eux. Il devient alors difficile de rester humble dans la charité et de ne pas se perdre dans les concepts ancestraux des sectes ou des religions qui mettent en avant un homme adulé par ses disciples. On constate toujours que lorsque la construction spirituelle est de nature humaine et donc faillible, elle grandit avec l’être qui en est à l’origine pour s’éteindre petit à petit après sa mort laissant sans direction tout ceux qui suivaient aveuglément leur idole. C’est ainsi que naquit à la fin du XIXème siècle en Belgique, une nouvelle religion emmenée par le charitable Louis Antoine.
Dernier né d’une famille ouvrière, catholique, de onze enfants, il commence à travailler dès l’âge de douze ans comme mineur, puis ouvrier métallurgiste. Lorsque la guerre de 1870 éclate entre la France et la Prusse, il est mobilisé, sans aller au front, par le gouvernement belge et lors d’un exercice militaire, il tue malencontreusement un de ses camarades. Il est très perturbé par cette mort et se demande pourquoi Dieu a voulu lui faire subir cette épreuve ainsi qu’à la famille du défunt. Après la guerre, Louis rentre chez lui à Jemeppe sur Meuse, il épouse une jeune fille du pays, Catherine, et ira travailler en Prusse et en Pologne. Après quelques années d’exil, le couple, qui a fait des économies, décide de rentrer en Belgique. Ils font bâtir plusieurs maisons qui leur assurent un revenu.
En cette fin du XIXème siècle, le spiritisme s’est épanoui dans de nombreux pays et notamment en Belgique dans la région liégeoise où réside Louis Antoine. Un de ses amis l’entraîne un dimanche à une séance d’évocation dans l’arrière salle d’un café. Après ce premier contact, Louis Antoine rentre convaincu à son domicile. Il lit Le livre des Esprits d’un trait et découvre grâce à cet ouvrage le sens de l’épreuve en particulier et celui de la vie en général.
Il se rendra désormais chaque dimanche aux réunions spirites, il a alors 42 ans. Il s’initie avec sérieux à la doctrine spirite selon les principes codifiés par Allan Kardec et sa médiumnité se développe rapidement. Avec l’assentiment de son épouse, heureuse de l’accompagner dans cette démarche, il fonde un groupe à son domicile fondé dans un premier temps sur des séances d’instruction. Il affirme que cet enseignement lui permet de subir avec résignation les épreuves journalières de la vie. Quelques années plus tard, il perdra son fils unique âgé de 20 ans.
Frère Antoine, comme l’appelle maintenant ses amis spirites, a développé une médiumnité de guérisseur par l’utilisation des passes magnétiques auxquelles il ajoute quelques prescriptions de tisanes et de fortifiants. Les malades viennent de plus en plus nombreux au domicile de la famille Antoine. Ils écoutent, dans un premier temps, les instructions des guides de l’au-delà reçues par l’intermédiaire du neveu de Louis, le frère Pierre Dor, excellent médium psychophone. Puis, Louis Antoine prodigue quelques conseils en matière de morale et ensuite soigne les affligés. Devant la notoriété naissante, il décide de se structurer et avec ses amis spirites, il fonde un groupe : Les Vignerons du Seigneur dont les statuts sont basés sur les principes des autres groupes kardécistes. Le groupe continue de grandir et se singularise en faisant confectionner une bannière noire avec deux branches de vigne brodées en fils d’argent portant ses mots : Les Vignerons du Seigneur. Nous sommes les ouvriers de la dernière heure. En 1896, Louis Antoine écrit le petit catéchisme spirite, pour servir à l’instruction des enfants et des personnes ne connaissant pas le spiritisme, publié par la société spirite Les Vignerons du Seigneur de Jemeffe sur Meuse, instruction par l’Esprit de Vérité, Esprit consolateur. La devise inscrite sur la couverture : «Vers Dieu par la science, l’humilité et la charité» Cet ouvrage insiste particulièrement sur l’aspect éthique du spiritisme plutôt que sur celui des évocations. A la fin de son livre, on peut lire : «Les Vignerons du Seigneur guérissent les malades, chassent les mauvais démons, ressuscitent les morts, s’entretiennent avec les disparus de ce monde et donnent gratuitement ce qu’ils ont reçu gratuitement.»
Bien que toujours fidèle dans les grandes lignes à la révélation spirite, on commence à ressentir dans l’organisation de ce groupe les prémices d’une rupture avec les grands principes de base du spiritisme. Le petit catéchisme est diffusé par les adeptes et connait un grand succès en Belgique et jusque dans le nord de la France. Le journal socialiste le Flambeau, dont le rédacteur est un ami de Louis Antoine, fait de la publicité pour les réunions. Les vignerons distribuent également des tracts sur lesquels on peut lire : «Le spiritisme donne les preuves de l’existence de Dieu, de la survivance de l’âme et conduit au bonheur éternel. Dieu vous donne le bonheur de soulager vos frères dans toutes les maladies, afflictions morales ou physiques. Le spiritisme est une philosophie consolante basée sur les enseignements du christ et s’appuyant sur les lois qui régissent l’univers». Les malades sont de plus en plus nombreux à venir et le groupe décide de trouver un local plus grand. Antoine achète deux immeubles pour les transformer et accueillir tout ce monde. Le jour de noël 1900 devant 180 personnes a lieu l’inauguration du local. La salle est décorée des portraits d’Allan Kardec, du docteur Demeure, un des guides d’Antoine et le curé d’Ars. C’est dans ce lieu que désormais le guérisseur va recevoir ses malades. Cette pratique va attirer l’attention du corps médical qui porte plainte auprès du parquet de Liège. Le commissaire de police de Jemeppe établit un rapport sur les activités de Louis Antoine. Il signale que ce dernier reçoit beaucoup de monde sans se faire rémunérer mais que toutefois ceux qui le désirent peuvent laisser un don dans un tronc. Le guérisseur donne à ses patients des indications manuscrites sur lesquelles il conseille d’acheter un fortifiant, du thé de lichen ou de l’extrait de viande.
Devant le juge d’instruction, il explique que pour soigner, il pose sa main sur la personne qui le consulte et prie en attendant l’inspiration. Lorsque celle-ci ne vient pas, il renonce à donner des soins et renvoie son patient. Si par contre, son guide lui indique de quoi souffre le malade, il procède à des passes magnétiques et à la prescription. Il magnétise également des morceaux de papier qui sont placés dans une bouteille d’eau qui doit être bue. Il parle également des fluides qui enlèvent le mal et contribuent à la guérison pour autant que le malade ait la foi.
Antoine est condamné à une amende de 60 francs pour exercice illégal de la médecine. Ce procès ne fera que renforcer sa renommée et les malades se pressent plus nombreux encore dans ce qui deviendra un temple. Habilement, Antoine a réfléchi et supprimera de ses séances les prescriptions pour ne conserver que les passes magnétiques et la prière.
Les personnes venaient maintenant en grand nombre, près de 300 chaque jour et le père, comme il se faisait appeler, avait modifié le déroulement de ses séances. Il savait maintenant que seule la foi et la confiance qu’on lui accordait opèrent contre le mal et que tout remède matériel était un obstacle, convaincus que les plaies du corps sont les conséquences des plaies de l’âme. Lors des séances de guérison, les patients reçoivent un numéro. Lorsqu’il est appelé, le consultant se lève et est introduit dans une petite pièce. Antoine est assis derrière un modeste bureau, il invite le malade à s’asseoir et sans perdre de temps, lui demande : «C’est pourquoi ?» Alors le malade parle de son problème physique ou psychique. Louis Antoine le regarde avec intensité, sa main droite posée sur le front de la personne. Il baisse la tête et prie. Puis, il dit d’où vient la cause de la souffrance qu’éprouve le consultant. Il conseille d’avoir la foi et si la situation ne s’améliore pas de revenir le voir. Il remet une petite brochure contenant des enseignements spirites et congédie la personne, parfois guérie, toujours mieux dans sa peau.
L’enseignement que donne Antoine, il l’a reçu du spiritisme et des ouvrages d’Allan Kardec, c’est de là que provient sa compréhension de la vie après la mort, de la survivance de l’âme, de la loi de cause à effet. Il dit lui-même qu’il doit beaucoup au spiritisme. Au fil des années s’appuyant sur la doctrine spirite, il a beaucoup reçu de la providence divine, il a pris une grande confiance en lui et a vu croître le nombre de ses adeptes dévoués à sa cause.
Au cours de séances d’évocation, il est mystifié à plusieurs reprises par des Esprits facétieux et trompeurs. Bien que le spiritisme enseigne la vigilance et l’humilité pour toute communication avec l’au-delà. Louis Antoine se sent ridiculisé et humilié. Il lui vient alors l’idée que la médiumnité et ses phénomènes appartiennent à la science tandis que la morale est du ressort de la foi. Celui qui possède une croyance certaine ne s’attache plus à la science, écrira-t-il dans son enseignement. Tout doucement, il s’écarte de la source même de l’enseignement spirite et des séances médiumniques. Il acquiert ses propres certitudes sur le secret du vrai bonheur, s’entoure de ses disciples les plus fidèles qui l’ont aidé, dit-il, à fonder une école d’amour pure et désintéressée et ne cessera de se préoccuper de l’avenir moral de l’humanité. La rupture avec le spiritisme est définitivement consommée lorsqu’il ordonne à ses adeptes de détruire par le feu les quelques 8000 exemplaires de l’enseignement spirite. Nombreux sont pourtant les messages dans l’œuvre de Kardec qui nous mettent en garde contre le culte de la personnalité et les moyens de s’en détourner.
Il se fait maintenant appeler Antoine le guérisseur ou Antoine le généreux ou encore le père et il apparaît désormais revêtu d’une robe noire appelée soutanelle. Il soutient que grâce au dévouement de ses adeptes, il avait dorénavant atteint un fluide plus pur. Il prêche chaque dimanche matin la doctrine nouvelle. Le père s’est laissé pousser les cheveux et la barbe, il ressemble à un prophète antique. Il reçoit jusqu’à 1200 personnes par jour. Aussi, il fait annoncer qu’il ne recevra plus en particulier mais qu’il opérera collectivement les jours fériés et les 1er et 15 de chaque mois. Le 15 août 1906, il va «opérer et sanctifier» la nouvelle religion comme il l’avait annoncé. Il se retire alors lentement de la société, il prie, médite et se nourrit sobrement de légumes et de pain. Il perd régulièrement des forces et se désincarne en 1912.
Après le décès de Louis Antoine, son épouse, la mère Antoine continua à développer la «cultuelle antoinisme». De nombreux temples durent, ouverts en France comme en Belgique, et le culte compta jusqu’à près de 150 000 sympathisants.
Le culte de l’antoinisme naquit dans les régions industrielles du Nord et connut son heure de gloire. Même si le nombre de ses adeptes a fondu au fil des années il subsiste encore aujourd’hui quelques temples discrets en France et en Belgique.
Louis Antoine, enfant du spiritisme, avant de renier ses racines a certainement accompli une belle œuvre inachevée. Médium guérisseur des âmes et des corps, sensible aux misères humaines et conscient de ce que les gens modestes étaient en recherche de soulagement tant physique que moral, il s’est mis au service de son prochain. Il avait la capacité de maîtriser les fluides qui soulagent et d’éveiller à la foi ceux qui l’approchaient. Il a voulu créer une nouvelle religion qui ne lui a pas survécu et il a rejoint le cimetière des nombreux prophètes tombés dans l’oubli.
Le caodaïsme
Secte religieuse du Sud-Vietnam, le caodaïsme est né dans les années 1920, dans un contexte de profonde mutation de la société traditionnelle où de nombreux intellectuels, nourris de culture française, introduisirent au Vietnam les idées de progrès, de liberté et d’épanouissement de l’individu.
Dès la fin du XIXème siècle, de jeunes vietnamiens invoquaient les génies par le spiritisme, et particulièrement par les tables parlantes. Au cours d’une séance de spiritisme, en 1902, Ngö Van Chieu, né en 1878, diplômé d’études franco-indigènes, est interpellé par un Esprit. Depuis, il s’adonne régulièrement à cette pratique, et reçoit de plus en plus souvent des messages d’un Esprit assidu, Cao-Dai, le très haut. Celui-ci lui demande de propager une religion nouvelle, officiellement fondée en 1926.
Très vite, ce mouvement prend un extraordinaire essor, avec déjà plus de 20 000 adeptes quelques semaines après sa fondation, au point que le culte bouddhiste apparaisse concurrencé par cette religion nouvelle, et que l’administration vietnamienne cherche à l’interdire, en vain.
Le caodaïsme est la doctrine de Cao-Dai, recueillie par voie spirite ; des Esprits aussi divers que Jeanne d’Arc, Descartes, Victor Hugo, révèlent aux spirites la doctrine de Cao-Dai, lequel se présente ainsi aux hommes, comme il le fit autrefois par l’entremise de Moïse, Jésus ou Mahomet. Cette doctrine syncrétique, qui réunit bouddhisme, taoïsme, confucianisme, christianisme et culte des génies, prône l’unité des religions, rejette toute intolérance et appelle à une foi universelle, qui assurera le bonheur de l’humanité. Ses quatre commandements sont l’obéissance, la modestie, l’honnêteté et le respect. Les caodaïstes ne peuvent tuer un être vivant, être cupides ni s’adonner à la luxure. Leur but est d’atteindre la perfection par la connaissance, la volonté, le recueillement, etc.
Victor Hugo occupe dans ce culte une place particulière ; lui et plusieurs membres de sa famille comptent parmi les Esprits s’adressant souvent aux caodaïstes, au point que le grand écrivain a le rang de saint dans le panthéon caodaïste. Son effigie est placée à la porte du grand temple situé à Tây-Ninh, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Saïgon. Elle le représente traçant les mots : «Dieu et humanité, amour et justice».
Texte extrait de l’ouvrage, “le grand livre des idées reçues, pour déméler le vrai du faux”, aux Editions le cavalier bleu.
Un groupe uni pour une guérison aboutie
Dans le dernier bulletin, nous vous avions parlé des conditions qui peuvent favoriser une guérison, en nous plaçant du point de vue de la personne affligée qui doit savoir qu'elle a en elle la capacité de guérir, qui doit croire en la bonté de Dieu et des Esprits qui l'assistent et qui doit, enfin, vouloir guérir en appelant les fluides et en ayant des actes et pensées en conformité avec sa demande d'amélioration.
Cette fois-ci, nous vous parlerons du groupe de prières qui désire obtenir la guérison et qui doit, pour cela, lui aussi, savoir, croire et vouloir, mais d'une façon unie et cohérente, comme si tous ses membres, par leur volonté et leur travail, ne parvenaient qu'à faire une seule entité, représentant alors un fort et puissant réservoir de fluides que l'on peut qualifier d'égrégore.
Le mot égrégore rentre dans la langue française sous la plume de Victor Hugo, célèbre spirite, et désigne «l'âme d'un groupe». On peut le définir comme un esprit de groupe qui lie les membres, les harmonise, les motive et les stimule afin de réaliser les objectifs du groupe. Il leur permet également de faire des progrès «spirituels» qu’ils ne feraient pas s’ils travaillaient seuls. Les francs maçons y font souvent référence, en particulier lors de leur «chaîne d'union». Mais on peut le trouver dans bien d'autres domaines : ainsi, en chant, un égrégore est formé lorsque plusieurs personnes partent de notes différentes pour finalement converger vers une unique note, complexe, qu'aucun des chanteurs n'aurait pu produire seul. En ce sens, l'égrégore correspond parfaitement à la formule «le tout est plus que la somme des parties».
Allan Kardec, dans le Livre des Médiums, nous explique (Q 331) : «Une réunion est un être collectif dont les qualités et les propriétés sont la résultante de toutes celles de ses membres et forment comme un faisceau ; or, ce faisceau aura d'autant plus de force qu'il sera plus homogène. (...) Si l'Esprit est en quelque sorte frappé par la pensée comme nous le sommes par la voix, vingt personnes s'unissant dans une même intention auront nécessairement plus de forces qu'une seule mais pour que toutes ces pensées concourent vers le même but, il faut qu'elles vibrent à l'unisson, qu'elles se con fondent pour ainsi dire, en une seule, ce qui ne peut avoir lieu sans le recueillement.»
C'est aussi l'avis d'Henri Sausse qui, dans ses groupes spirites lyonnais du début du XXème siècle, a obtenu, entre autres, de remarquables matérialisations de fleurs, bagues ou pilules, relatées dans son ouvrage Des preuves ? En voilà ! On comprendra que, pour ce faire, il se devait d'éviter toute cause de supercherie et de mensonge et avoir un groupe uni et solide. Il nous dit : «Pour faire un bon civet, dit-on, il faut un bon lièvre. Pour faire un bon groupe d’études spirites, un bon médium ne suffit pas. Il faut avec cela une harmonie parfaite entre tous les membres du groupe ; il faut une ténacité persévérante que rien ne décourage, que rien ne rebute ; il faut une volonté ardente, soutenue, qui anime tous les membres dans leurs espoirs, dans leurs désirs ; une assiduité que rien n’arrête et une confiance réciproque, qui, de tous les assistants, ne fasse qu’un seul bloc, animé de la même ardeur à poursuivre les travaux ; de la même reconnaissance envers les invisibles qui nous prêtent leur concours car sans eux il n’y a rien à faire, rien à attendre. Harmonie, confiance, persévérance sont les conditions indispensables de réussite. (...) Mais il faut non seulement vouloir, mais il faut aussi savoir vouloir.»
Selon Henri Sausse, les conditions indispensables de réussite sont donc dans l'harmonie, la confiance et la persévérance. Arrêtons-nous un moment sur ces termes. L'harmonie est ce qui nous permet de ne former qu'un seul bloc uni, puissant et volontaire. C'est ce que nous cherchons à obtenir, plus particulièrement dans le quart d'heure précédant les réunions, en accordant et équilibrant nos vibrations. C'est pour cela qu'il est essentiel d'arriver à faire le vide, c'est à dire à mettre de côté nos soucis et tourments du quotidien, en se débarrassant des influences négatives qui ont entaché notre journée, pour n'être plus qu'un médium animé du désir d'aider son prochain. Si l'un de nous reste tourmenté dans le groupe, il sollicite plus de fluides et, par le jeu des vases communicants, tout le groupe s'en trouve diminué.
Il ne faudrait surtout pas conclure de ces propos que lorsque l'on a trop de soucis ce n'est pas la peine de venir, de peur de perturber le groupe. Bien au contraire, les fluides du groupe aideront à remonter celui qui se sent mal, d'autant plus qu'il aura fait l'effort de venir et d'être capable de faire le vide en lui, dans le but louable d'aider son prochain, et ce, malgré ses tracas quotidiens...
Pour se mettre dans un bon état d'esprit juste avant la réunion, il est préférable de ne pas attendre celle-ci pour se comporter en «bon spirite». Le spirite sérieux a à cœur de travailler à son amélioration et au bien de ses semblables à chaque heure du jour et de la semaine afin de favoriser l'approche des bons Esprits qui l'assisteront dans tout ce qu'il entreprendra.
Lisons ce que nous en dit Allan Kardec, à la Q330 du Livre des médiums : «Il faut se représenter chaque individu comme entouré d'un certain nombre d'acolytes invisibles qui s'identifient avec son caractère, ses goûts et ses penchants ; donc toute personne qui entre dans une réunion amène avec elle des Esprits qui lui sont sympathiques. Selon leur nombre et leur nature, ces acolytes peuvent exercer sur l'assemblée et sur les communications une influence bonne ou mauvaise. Une réunion parfaite serait celle où tous les membres, animés d'un égal amour du bien, n'amèneraient avec eux que de bons Esprits à défaut de la perfection, la meilleure sera celle ou le bien l'emportera sur le mal.»
L'état d'esprit de chaque personne de l'assemblée joue donc sur la qualité de la réunion. C'est ainsi que l'harmonie qui règne dans le groupe permet d'approcher l'homogénéité qui facilite les communications plus aisées, comme nous l'explique Allan Kardec à la suite de la Q331 du Livre des Médiums : «L'Esprit arrivant dans un milieu complètement sympathique y est plus à son aise ; n 'y trouvant que des amis, il y vient plus volontiers et il est plus disposé à répondre. (...) Si les pensées sont divergentes, il en résulte un choc d'idées désagréables pour l'Esprit et par conséquent nuisible à la manifestation. Il en est de même d'un homme qui doit parler dans une assemblée : s'il sent toutes les pensées lui être sympathiques et bienveillantes, l'impression qu'il en reçoit réagit sur ses propres idées et leur donne plus de verve ; l'unanimité de ce concours exerce sur lui une sorte d'action magnétique qui décuple ses moyens, tandis que l'indifférence ou l'hostilité le trouble et le paralyse ; c'est ainsi que les acteurs sont électrisés par les applaudissements. Or, les Esprits, bien plus impressionnables que les humains, doivent subir bien mieux encore l'influence du milieu. Toute réunion spirite doit donc tendre à l'homogénéité la plus grande possible.»
La confiance est, elle aussi, essentielle. Il s'agit, bien sûr de la confiance en Dieu et dans les capacités qu'Il veut bien nous octroyer si nous les méritons par nos pensées, attitudes et comportements, mais il s'agit aussi de la confiance qui doit unir chaque membre du groupe entre eux. Une émotion négative, une défiance envers l'un des médiums viendraient absorber une quantité de fluides non négligeables. N'oublions pas que la première condition pour être unis et ne faire qu'un est d'en avoir tous la même envie. Or comment cette envie peut-elle prendre corps si l'un des médiums n'est pas dans le même état d'esprit ? Nous avons vu, dans le paragraphe précédent, la responsabilité que nous avons, les uns envers les autres, dans notre volonté d'amener à la réunion de bons Esprits. Or, ce travail de perfectionnement s'exercera d'autant plus facilement et volontiers que l'on a confiance dans les autres membres du groupe pour effectuer, eux aussi, cette même recherche.
La confiance, enfin, intervient aussi dans le «lâcher-prise» qui est nécessaire à de bonnes communications. Pour pouvoir se «lâcher», le médium doit pouvoir sentir qu'il sera soutenu, porté par le groupe. Il sait, en outre, qu'il pourra être mis en garde, si on le sent mal accompagné, mais jamais jugé.
Henri Sausse, dans Des preuves ? En voilà ! nous dit encore : «Pour arriver à des résultats satisfaisants, probants, il est indispensable de se placer dans les conditions voulues ; pour cela il faut créer un cercle restreint de personnes ayant une grande communauté de désirs, de sentiments, étant animées d’une mutuelle sympathie, d’une confiance réciproque. Lorsque dans un groupe établi sur ces bases et composé de 8 à 15 personnes au plus, des deux sexes autant que possible, on aura pu réaliser l’harmonie fluidique nécessaire, on sera bien près du but poursuivi ; mais il faut, je le répète, une grande assiduité aux séances, beaucoup de régularité, de patience, d’efforts sur soi-même ; il faut encore le concours des invisibles qui nous assistent, concours sans lequel la production des phénomènes serait impossible, ou ne serait qu’un leurre ; il faut enfin, condition sine qua non, avoir un médium développé ou non. Avec de la bonne volonté, de la bonne foi, l’amour seul de la vérité, le concours de nos Guides ne nous fera jamais défaut, nos amis de l’espace étant toujours désireux de nous témoigner leur sympathie, et de nous prouver leur présence lorsque nous les sollicitons.»
Enfin, il faut être capable de persévérance, car elle va de pair avec la patience, vertu que nous avons tous à travailler et prouve notre volonté d’œuvrer vers le bien, même si les résultats tardent à être à la hauteur de nos espérances. L'assiduité dans le travail est le garant de la disponibilité que l'on accorde à autrui, incarné ou désincarné, et indique donc notre volonté de faire bon usage de la médiumnité en nous mettant au service de nos frères le plus régulièrement possible. Où est cette volonté lorsque le moindre grain de sable nous fait reporter notre mission médiumnique à une prochaine semaine ? Il est assez facile, pour les Esprits hostiles à la doctrine spirite d'influencer certaines personnes pour les tenir éloignées des réunions. Mais, comme toujours, notre libre arbitre doit pouvoir s'opposer à ces contretemps et confirmer ainsi notre volonté puissante d'agir vers le bien.
De plus, comment bien travailler l'harmonie et la confiance (éléments essentiels à une réunion de qualité comme nous l'avons vu précédemment) si quelques «électrons libres» virevoltent, en fonction de leur humeur, auprès de médiums qui font acte de présence le plus régulièrement possible ? L'harmonie fluidique est plus difficile à obtenir lorsque les membres d'une assemblée sont trop épars...
Il est normal que nos frères nous sondent, vérifient l'usage que nous faisons de notre libre arbitre, et patientent en attendant que nous voulions bien nous améliorer, nous «purifier», nous fortifier pour mieux recevoir les fluides à transmettre.
Dans Les Messagers, de Chico, p131, on peut lire : «Toute réalisation noble demande une motivation sérieuse. Le bien divin, pour se manifester, exige la bonne volonté humaine. Nos techniciens ne sont pas formés d'un coup. Ils se sont longtemps exercés et ont acquis une expérience qui demande beaucoup d'eux-mêmes (...) Mais, pour cela, il faut conserver la pureté de la bouche et la sainteté des intentions (...) Dans les cercles charnels, pour que le souffle s'affirme suffisamment, il est indispensable que l'homme ait l'esprit sain, la bouche habituée à parler du bien, s'abstenant du mal, et la pensée droite, intéressée à aider. En obéissant à ces critères, nous aurons le souffle calmant et revigorant, stimulant et curatif et, par lui, il serait possible de transmettre aussi sur la Terre, la santé, le confort et la vie.»
Ainsi, la persévérance est dans l'assiduité que nous mettons à venir le plus régulièrement possible aux séances, sans se trouver d'excuses faciles, mais elle est aussi dans l'effort que nous avons à fournir sur nous-mêmes pour nous améliorer.
Nous terminerons cet article par deux citations d'Allan Kardec, à méditer et, bien sûr, mettre en pratique... La première est tirée de la Revue Spirite de 1859, page 183 : «Le but du spiritisme est de rendre meilleurs ceux qui le comprennent ; tâchons de donner le bon exemple et de montrer que, pour nous, la doctrine n'est pas lettre morte ; en un mot, soyons dignes des bons Esprits si nous voulons que les bons Esprits nous assistent. Le bien est une cuirasse contre laquelle viendront toujours se briser les armes de la malveillance.»
Puis, extrait de la Revue Spirite de 1869, page 258 : «Le spiritisme ne reconnait pour ses adeptes que ceux qui mettent en pratique son enseignement, c'est à dire qui travaillent à leur propre amélioration morale en s'efforçant de vaincre leurs mauvaises inclinations, d'être moins égoïstes, moins orgueilleux, plus doux, plus humbles, plus patients, plus bienveillants, plus charitables envers leur prochain, plus modérés en toute chose, parce que c'est le signe caractéristique du vrai spirite.»
Retrouvailles à la suite d'un rêve
En avril 1975, au Cambodge, les Khmers rouges prennent le pouvoir et le régime Pol Pot s’installe ; Peou Nam a vécu l’enfer. Il a été conduit dans un camp proche de la frontière thaïlandaise où il a subi des coups et des séances de torture. Sa femme et ses enfants, pendant ce temps, ont trouvé refuge au Canada. S’il a survécu à tout cela, il ne se souvenait cependant plus de sa femme et de ses sept enfants. Les années d’horreur ont eu raison de sa mémoire et quand le régime fut renversé, il refit sa vie dans une autre région avec une autre femme avec laquelle il eut six enfants. Trente-six ans plus tard, il vient de retrouver miraculeusement sa première famille, voici comment.
En décembre 2009, un des fils de Peou, Sorpong, exilé au Canada, fait un rêve. Il se voit bavarder toute une nuit avec son père et celui-ci lui répète qu’il est en vie. Sceptique tout d’abord, la famille Peou, intriguée, décide de consulter une médium qui n’arrêtait pas de dire : «Votre père est en vie». Ils décident donc d’entreprendre des recherches. En mars 2010, Phyrun, le deuxième frère de Sorpong, organise une expédition de trois mois dans divers villages. Il placarde 1500 avis de recherche avec l’unique photo qu’il avait de Peou avec sa famille. A Poïpet, plusieurs personnes semblent reconnaitre un vieillard qui mendie sur les marchés. Phyrun le rencontre, par hasard, le lendemain et il envoie la photo du vieil homme à Sorpong. Celui-ci reconnaît immédiatement son père. Mais Phyrun reste sceptique et sur les conseils de sa mère, il lui propose de faire un test alimentaire. Il lui propose des œufs salés, le plat préféré de Peou et du potiron, un mets qu’il boudait toujours. L’homme avale les œufs et refuse le potiron.
Aujourd’hui, Peou a retrouvé sa famille mais il se demande toujours pourquoi il est allé mendier à Poïpet alors qu’il avait l’habitude d’aller dans d’autres villes. Il répète : «C’est comme une force irrésistible qui m’avait poussé. Personne n’aurait pu m’empêcher de faire ce voyage.»
Vie associative : ballade à Lyon
Dans le centre de Lyon, place Bellecour, un passionné d’histoire et de Lyon, prénommé Guillaume, tient entre ses mains un drôle d’itinéraire… Aidé par Hélène, tous deux nous proposent de découvrir notre belle ville par une ballade jalonnée d’énigmes.
Il est 11 heures et nous sommes tous impatients de démarrer notre visite ! Nous quittons la place, en direction du quai du Docteur Gailleton. Nous passons alors devant la place Antonin Poncet où se situe le clocher de l’hospice de la charité. Fondé à la renaissance, nous apprenons qu’il fut construit par de riches notables pendant la famine afin de venir en aide aux plus démunis. Le bâtiment fut détruit en 1930, seul le clocher nous reste et nous imaginons, grâce aux explications de notre guide, l’ampleur du bâtiment, l’affluence qu’il suscitait et l’importance des soins prodigués. La fresque peinte dans le hall de l’Hôtel des postes de Lyon, sur cette même place, nous aide également à nous plonger dans le passé de Lyon. Peinte de 1937 à 1939 par Louis Bouquet, elle développe sur 250 m² l’allégorie du rayonnement mondial de Lyon grâce à l’échange et aux ondes. Le peintre souligne cette vision en inscrivant une phrase du physicien André-Marie Ampère : «Et par le fluide messager, la pensée transportée unit les cités et les mondes».
Notre ballade se poursuit, et nous sommes attentifs aux ornements des bâtisses qui nous entourent : Tiens ! Jeanne D’arc nous surveille rue de la Charité. Nous rejoignons le quai du Docteur Gailleton où se situe la stèle dédiée à Allan Kardec et à son œuvre. Saviez-vous qu’Allan Kardec était Lyonnais ?
Denizard-Hippolyte-Léon Rivail, plus connu sous le nom d’Allan Kardec, est né à Lyon 2ème au 76 de la rue Sala, le 3 octobre 1804. Sa maison natale a été détruite lors des inondations suite à une crue du Rhône.
Si elle existait encore aujourd'hui, elle se situerait sur les quais du Rhône dans le prolongement de l'actuel rue Sala entre les bâtiments en place et les berges.
C’est une réelle satisfaction pour les spirites d'aujourd'hui, et un symbole pour les générations à venir. Ce monument prit place en 2004 à l’occasion du bicentenaire de la naissance du codificateur, il s’intègre dans l’histoire de Lyon. Car Lyon était alors une capitale du spiritisme, comme le raconte Allan Kardec dans son carnet de voyages en 1862 «Lors de notre premier voyage à Lyon, en 1860, on y comptait tout au plus quelques centaines d’adeptes ; l’année suivante, ils étaient déjà cinq à six mille et cette année-ci, il est impossible de les compter ; mais on peut, sans exagération, les évaluer de vingt-cinq à trente mille.»
Les plus courageux ont gravi les marches du théâtre antique de Fourvière jusqu’aux jardins de la visitation, d’autres s’adoucissent la route grâce aux transports en commun…L’essentiel est d’arriver à point pour le déjeuner n’est-ce pas ?!
Les plus gourmands quand à eux, nous ont rejoint directement au pique-nique ! Le repas sorti du sac se partage et s’échange, en toute convivialité. Nous bénéficions de l’ombre des chênes, d’un peu d’air et la pause est la bienvenue.
Après une heure de pause, nous reprenons la ballade au soleil jusqu’à Fourvière. Nous nous aventurons ensuite dans le "parc des hauteurs" pour une petite balade panoramique qui démarre le long de l'ancienne ligne de tramway de Loyasse. En service de 1900 à 1937, elle a été la plus petite ligne de France (800 m.) et servait à acheminer les cercueils depuis la basilique jusqu'au cimetière. Aujourd'hui, ce parc est bien mis en valeur ; la promenade est agréable et les vues sont imprenables. Nous rejoignons la basilique pour encore une fois, nous mettre plein les yeux de panorama sur la ville.
Nous descendons à travers les rues pavées de Lyon chargées d’histoire, les 238 marches de la montée des Carmes Déchaussés auxquelles ont précédés les 560 marches de la montée Nicolas-de-Lange. Merci Guillaume et Hélène pour avoir bien pensé ce trajet ! La montée nous aurait été fatale !
Quelques découvertes plus tard, nous nous accordons luxe, calme et volupté dans les jardins suspendus des musés Gadagne où paisiblement, nous faisons le bilan de cette journée. Ce samedi 2 juillet a été sincèrement agréable à partager ensemble. J’ai appris de nombreuses anecdotes dont je me rappellerai ! Je vous remercie tous pour votre bonne humeur et votre courage au beau fixe, même dans les montées difficiles !
Cher adhérent, si tu n’as pas pu être présent, rassure-toi ! La ballade de l’année prochaine nous réserve encore bien des mystères à découvrir.
Céline
Idées de voyage
Il y fait frais et ensoleillé dans la ville d’Yverdon-les-bains et vous y découvrirez un château, comme élément central de cette bourgade du canton de Vaud en Suisse. Situé au bord du lac de Neuchâtel, ce fut là qu’Allan Kardec étudia durant une dizaine d’années sous la direction de Johann Heinrich Pestalozzi(1). Actuellement transformé en musée, ce château, dont la restauration se poursuit, vaut le détour pour y découvrir l’impact de cet étonnant pédagogue. Sur la place centrale, une statue de Pestalozzi entouré de deux enfants trône. Une épitaphe en dessous explique le sens de son travail : «J’ai vécu moi-même comme un mendiant, pour apprendre à des mendiants à vivre comme des hommes». Ce musée retrace l’histoire de la région grâce aux découvertes archéologiques. Une petite salle, vraisemblablement le bureau de Pestalozzi, est consacrée aux archives du pédagogue et à son travail. Des tableaux de l’éducateur et de sa famille se trouvent sur les murs de cette pièce qui se situe dans l’une des tours du château. On y découvre aussi des objets personnels : une bible, un piano, une table de travail, un secrétaire ainsi que le drapeau de l’institution. Des portraits d’élèves célèbres sont installés sur le mur face à la porte d’entrée. Les explications manquent un peu pour le visiteur qui ne connaît pas la valeur de l’enseignement de Pestalozzi mais quelques feuillets sont à votre disposition à l’entrée de la pièce. Cependant, ce cabinet de travail est bien petit et on aurait bien aimé avoir plus d’espace pour se laisser imprégner par ces souvenirs d’une autre époque.
La visite se poursuit dans ce grand château où sont exposés des objets datant de la préhistoire puis de l’époque romaine. Dans chaque pièce, un cartel permet de comprendre les diverses pièces que les élèves occupaient : le dortoir des grands, celui des plus jeunes, la salle de sciences. On y ressent un climat propice à l’étude et au travail, un lieu qui permettait de s’instruire loin des tourments politiques de l’époque.
Plus loin, c’est la chambre d’Anna Pestalozzi, la femme de Johann Heinrich que l’on découvre, une exposition de l’histoire contemporaine de la région y est installée.
Je suis allée visiter ce château durant l’été avec ma famille et je pensais y trouver quelques traces d’Allan Kardec, je n’y ai rien vu mais je suis allée à la rencontre d’un lieu où il a vécu. Dans ce petit coin tranquille, j’ai ressenti qu’il était agréable de travailler et que l’on y avait cultivé la convivialité, alors si vous avez un peu de temps, allez-y ! Si vous passez par la lorraine ou si vous voulez connaître un bout d’histoire de France, prenez le temps d’aller dans le département des Vosges, dans la pointe ouest, presque à la limite de la Meuse, pour y découvrir le village de Jeanne d’Arc. Domrémy-la-pucelle est pittoresque et aucune construction nouvelle ne semble venir troubler la vie paisible de ce bourg, composé de maisons basses avec des petits jardinets verdoyants. Il y a encore des moutons et les ruisseaux qui coulent sont clairs et vifs ; ils nous font vite oublier que nous sommes au 21ème siècle.
Si vous y arrivez tôt le matin, c’est-à-dire avant l’ouverture du musée qui est à 10h00 et avant l’arrivée des touristes, allez directement à la basilique, lieu dit le bois chenu. Elle se trouve à deux kilomètres de Domrémy, un peu au-dessus du village. Lieu de pèlerinage pour un grand nombre de catholiques, le stationnement y est parfait. Vous pourrez y admirer le paysage sans être dérangé et prendre le temps de respirer, de contempler cette verte vallée.
La basilique est imposante, presque trop. L’architecture est un peu lourde mais les mosaïques sont belles ; les peintures intérieures des différents moments de la vie de Jeanne d’Arc sont intéressantes, les couleurs sont lumineuses, on se sent en paix dans ce lieu et puisque vous êtes seul et loin de toute démonstration liturgique, vous pourrez ressentir comme une force intérieure, peut-être celle des demandes de ceux qui viennent prier ou encore l’intensité et la détermination de cet Esprit très jeune, qu’était Jeanne d’Arc et qui répondit à l’appel de ses voix. Intérieurement, on ne peut rester indifférent à ce sentiment que l’on peut appeler la force de la foi, la conviction que rien ne peut nous tourmenter. Extérieurement, le paysage fait le reste, on se sent ailleurs et dans un autre temps.
Ensuite, vous descendez au village voir la petite église où Jeanne enfant avait l’habitude de prier et puis vous pouvez visiter sa maison natale, classée monument historique. Derrière, un bâtiment plus récent mais très bien intégré dans le paysage fait office de musée. Vous y écouterez un résumé de sa vie ; une exposition de gravures des divers personnages de l’époque complète l’ensemble ainsi que des enluminures. Une animation son et lumière avec des mannequins en costume d’époque vous permet de comprendre la complexité et les intrigues de l’époque. La visite prend largement une heure mais elle est passionnante.
Plus que la maison qui a subi de nombreuses transformations et les nombreuses représentations plus ou moins réussies de Jeanne d’Arc, c’est la nature qui nous parle d’elle, un petit pont, un pré verdoyant, un troupeau de moutons, des arbres et je dirais comme Léon Denis dans son ouvrage, Jeanne d’Arc médium : «Au loin, des coteaux boisés, des ravins profonds se succèdent jusqu'à l'horizon fuyant ; une douceur pénétrante, une paix sereine planent sur tout le pays. C'est bien là le lieu béni, propice aux méditations ; le lieu où les vagues harmonies du ciel se mêlent aux murmures lointains et apaisés de la Terre.» Poursuivez ensuite votre visite jusqu’au département de la Meuse à 15 km à Vaucouleurs, le val des couleurs. Vous y découvrirez les restes du château où Jeanne se prépara avant de partir pour Chinon. Il y a aussi l’ancienne porte du bourg que Jeanne a dû franchir, elle est encore debout. Plus loin, il y a une chapelle. Sur le côté, un très vieux chêne semble attendre. La légende dit que le cheval de Jeanne d’Arc s’y est reposé ! Une statue assez récente trône sur la place du bourg en contrebas.
Le lieu est calme et bien entretenu et si vous y allez le soir tombant, la lumière est belle et rien ne trouble le calme environnant, juste les cloches de l’église. C’est une si belle promenade !