Sommaire
Editorial
La souffrance des autres nous choque, nous perturbe, nous contrarie et nous met en face de notre fragilité, de nos contradictions ou de nos erreurs. Comment supporter ces douleurs et quelle en sont les causes, que faire pour les alléger, peut-on les éviter et serons-nous frapper un jour à notre tour. Quelle décision prendre alors ?
L’homme avance comme un aveugle, refusant de voir plus loin que ses sens ne lui offrent et s’indigne des malheurs qui le frappent. Il ne veut pas chercher au-delà la cause de tous ces vices qui lui permettrait de comprendre.
La vie est un bien sacré et chaque année on repousse de quelques mois l’espérance de vie de l’être humain. Partout, dans les familles, dans les hôpitaux, dans les maisons de soins, on rencontre des personnes désorientées psychologiquement ou ayant perdu l’usage de leur corps.
L’entourage se désespère et demande pourquoi et quelle est l’utilité d’une telle vie. Ils sont ainsi des milliers à attendre et à continuer de subir la vie. L’âme que l’on ressent prisonnière continue son chemin jusqu’à l’ultime souffle du corps.
Au nom de leur bien-être ou de leur conscience de bien portant certain voudrait les aider à ne plus exister : non, l’euthanasie n’est pas la solution aux misères de notre monde. La dignité n’est pas dans le refus de la faiblesse du corps mais dans la compréhension de ces âmes souffrantes à la conquête du rachat d’épreuves passées.
L’être est en face du progrès moral qu’il doit acquérir pour que le monde se libère de ses contraintes, et atteigne une vision plus grande d’une justice qu’il n’entrevoit pas encore mais qui prend sa source dans l’histoire de l’humanité.
Gilles Fernandez
Un protecteur d'Allan Kardec : le docteur Demeure
Le curé d'Ars de la médecine
Après avoir eu une vie exemplaire, le docteur Antoine Demeure s'est plutôt fait connaître en tant qu'Esprit, grâce à ses communications nombreuses, riches et variées, adressées plus particulièrement à Allan Kardec, et qui ont ainsi contribué à faire comprendre et connaître le spiritisme.
Pourtant, Allan Kardec n'a connu le docteur Demeure, de son vivant, que par correspondance, mais il rapporte lui-même qu'elle avait suffi pour lui révéler toute la grandeur et toute la noblesse des sentiments de ce brave homme qu'il présente dans son livre «Le ciel et l'enfer» en ces termes :
«M. Demeure était un médecin homéopathe très distingué d'Albi. Son caractère, autant que son savoir, lui avait concilié l'estime et la vénération de ses concitoyens. Sa bonté et sa charité étaient inépuisables et, malgré son grand âge, aucune fatigue ne lui coûtait quand il s'agissait d'aller donner des soins à de pauvres malades. Le prix de ses visites était le moindre de ses soucis ; il regardait moins à se déranger pour le malheureux que pour celui qu'il savait pouvoir payer, parce que, disait-il, ce dernier, à défaut de lui, pouvait toujours se procurer un médecin. Au premier, non seulement il donnait les remèdes gratuitement, mais souvent il laissait de quoi subvenir aux besoins matériels, ce qui, parfois, est le plus utile des médicaments. On peut dire de lui qu'il était le curé d'Ars de la médecine.
M. Demeure avait embrassé avec ardeur la doctrine spirite, dans laquelle il avait trouvé la clef des plus graves problèmes dont il avait vainement demandé la solution à la science et à toutes les philosophies. Son Esprit profond et investigateur lui en fit immédiatement comprendre toute la portée, aussi fut-il un de ses plus zélés propagateurs.»
Après un tel portrait, on ne s'étonnera pas que le docteur Demeure figure en bonne place dans «Le ciel et l'enfer» au chapitre des Esprits heureux. Il faut dire que, désincarné le 25 janvier 1865 à Albi, Demeure a été capable de se communiquer dès le lendemain de sa mort dans le cercle des amis spirites qu'il avait à Montauban.
«Je ne suis pas mort pour vous, mes bons amis, mais pour ceux qui ne connaissent pas, comme vous, cette sainte doctrine qui réunit ceux qui se sont aimés sur cette terre, et qui ont eu les mêmes pensées et les mêmes sentiments d'amour et de charité. Je suis heureux ; plus heureux que je ne pouvais l'espérer, car je jouis d'une lucidité rare chez les Esprits dégagés de la matière depuis si peu de temps. Prenez courage, mes bons amis ; je serai souvent près de vous, et ne manquerai pas de vous instruire sur bien des choses que nous ignorons lorsque nous sommes attachés à notre pauvre matière qui nous cache tant de magnificences et tant de jouissances. Priez pour ceux qui sont privés de ce bonheur, car ils ne savent pas le mal qu'ils se font à eux-mêmes. Je ne continuerai pas plus longtemps aujourd'hui, mais je vous dirai que je ne me trouve pas du tout étranger dans ce monde des invisibles ; il me semble que je l'ai toujours habité. J'y suis heureux, car j'y vois mes amis et je peux me communiquer à eux toutes les fois que je le désire. Ne pleurez pas, mes amis ; vous me feriez regretter de vous avoir connus. Laissez faire le temps, et Dieu vous conduira à ce séjour où nous devons tous nous trouver réunis. Bonsoir, mes amis ; que Dieu vous console ; je suis là près de vous. Demeure»
Allan Kardec, apprenant son décès le 30 janvier, obtient, le jour même, la communication suivante :
«Me voilà. Je m'étais promis, vivant, que, dès que je serais mort, je viendrais, si cela m'était possible, serrer la main à mon cher maître et ami, M. Allan Kardec.
La mort avait donné à mon âme ce lourd sommeil qu'on nomme léthargie ; mais ma pensée veillait. J'ai secoué cette torpeur funeste qui prolonge le trouble qui suit la mort. Je me suis réveillé, et d'un bond j'ai fait le voyage. Que je suis heureux ! Je ne suis plus vieux ni infirme ; mon corps n'était qu'un déguisement imposé ; je suis jeune et beau, beau de cette éternelle jeunesse des Esprits dont les rides ne plissent jamais le visage, dont les cheveux ne blanchissent pas sous la durée du temps. Je suis léger comme l'oiseau qui traverse d'un vol rapide l'horizon de votre ciel nébuleux, et j'admire, je contemple, je bénis, j'aime et je m'incline, atome, devant la grandeur, la sagesse, la science de notre Créateur, devant les merveilles qui m'entourent.
Je suis heureux ; je suis dans la gloire ! Oh ! Qui pourra jamais redire les splendides beautés de la terre des élus ; les cieux, les mondes, les soleils, leur rôle dans le grand concours de l'harmonie universelle ? Eh bien ! J'essayerai, ô mon maître ; je vais en faire l'étude, je viendrai déposer près de vous l'hommage de mes travaux d'Esprit que je vous dédie à l'avance. A bientôt. Demeure.»
Un Esprit guérisseur
Le 1er février 1865, soit 2 jours plus tard (7 jours depuis la période de détachement), Demeure revient pour secourir Allan Kardec.
«...Ayez confiance en nous et bon courage ; cette crise, quoique fatigante et douloureuse, ne sera pas longue et, avec des ménagements prescrits, vous pourrez, selon vos désirs, compléter l'oeuvre dont votre existence a été le but principal.»
De plus amples explications sont données par le message du lendemain, 2 février 1865 :
«C'est moi, Demeure, l'ami de M. Kardec. Je viens lui dire que j'étais près de lui lors de l'accident qui lui est arrivé, et qui aurait pu être funeste sans une intervention efficace à laquelle j'ai été heureux de concourir. D'après mes observations et les renseignements que j'ai puisés à bonne source, il est évident pour moi que, plus tôt sa désincarnation s'opérera, plus tôt pourra se faire la réincarnation par laquelle il viendra achever son oeuvre. Cependant il lui faut donner, avant de partir, la dernière main aux ouvrages qui doivent compléter la théorie doctrinale dont il est l'initiateur, et il se rend coupable d'homicide volontaire en contribuant, par excès de travail, à la défectuosité de son organisation qui le menace d'un subit départ pour nos mondes. Il ne faut pas craindre de lui dire toute la vérité, pour qu'il se tienne sur ses gardes et suive à la lettre nos prescriptions. Demeure»
Ainsi que le fait remarquer Allan Kardec dans «Le ciel et l'enfer», nous pouvons constater, par ces communications, que le docteur Demeure s'est employé très rapidement à être utile. «Il est heureux, mais son bonheur n'est pas l'inaction. A quelques jours de distance, il soignait des malades comme médecin et, à peine dégagé, il s'empresse d'aller en soigner comme Esprit.» Et Allan Kardec n'est pas son unique patient incarné puisque nous retrouvons, dans la Revue Spirite de 1865, deux cas de guérison surprenante, obtenus avec le concours de ce savant et bienfaisant Esprit : la réduction définitive, en quelques heures, d'une fracture de l'avant-bras, compliquée de foulures du poignet et du coude et la guérison d'une entorse en 10 minutes, dont la lettre suivante contient le très instructif récit :
«Nous avions caché à madame G..., médium voyant et somnambule très lucide, la mort de M. Demeure, pour ménager son extrême sensibilité, et le bon docteur, entrant sans doute dans nos vues, avait évité de se manifester à elle. Le 10 février dernier, nous étions réunis sur l'invitation de nos guides qui, disaient-ils, voulaient soulager madame G... d'une entorse dont elle souffrait cruellement depuis la veille. Nous n'en savions pas davantage, et nous étions loin de nous attendre à la surprise qu'ils nous ménageaient.
A peine cette dame fut-elle en somnambulisme, qu'elle fit entendre des cris déchirants en montrant son pied. Voici ce qui se passait : Madame G... voyait un Esprit courbé sur sa jambe, et dont les traits lui restaient cachés ; il opérait des frictions et des massages, en exerçant de temps à autre sur la partie malade une traction longitudinale, absolument comme aurait pu le faire un médecin. L'opération était si douloureuse que la patiente se laissait aller parfois à des vociférations et à des mouvements désordonnés. Mais la crise ne fut pas de longue durée ; au bout de dix minutes toute trace d'entorse avait disparu, plus d'enflure, le pied avait repris son apparence normale ; madame G... était guérie.
Cependant l'Esprit restait toujours inconnu du médium, et persistait à ne pas montrer ses traits ; il avait même l'air de vouloir s'enfuir, lorsque d'un bond notre malade qui, quelques minutes auparavant, ne pouvait faire un pas, s'élance au milieu de la chambre pour saisir et presser la main de son docteur spirituel. Cette fois encore l'Esprit avait détourné la tête tout en laissant sa main dans la sienne. A ce moment, madame G... jette un cri, et tombe évanouie sur le parquet ; elle venait de reconnaître M. Demeure dans l'Esprit guérisseur. Pendant la syncope, elle recevait les soins empressés de plusieurs Esprits sympathiques. Enfin la lucidité somnambulique ayant reparu, elle causa avec les Esprits, échangeant avec eux de chaudes poignées de main, notamment avec l'Esprit du docteur qui répondait à ses témoignages d'affection en la pénétrant d'un fluide réparateur.
Cette scène n'est-elle pas saisissante et dramatique, et ne croirait-on pas voir tous ces personnages jouer leur rôle dans la vie humaine ? N'est-ce pas une preuve entre mille que les Esprits sont des êtres bien réels, ayant un corps et agissant comme ils le faisaient sur la Terre ? Nous étions heureux de retrouver notre ami spiritualisé, avec son excellent cœur et sa délicate sollicitude. Il avait été, pendant sa vie, le médecin du médium ; il connaissait son extrême sensibilité, et l'avait ménagé comme son propre enfant.
Cette preuve d'identité donnée à ceux que l'Esprit aimait, n'est-elle pas frappante et n'est-elle pas bien faite pour faire envisager la vie future sous son aspect le plus consolant ?"
Un Esprit protecteur
Demeure ne vient pas seulement soigner les blessures et guérir les maladies, il exerce une véritable médecine préventive en veillant à la conservation du capital santé d'Allan Kardec qui ne ménage pas ses efforts pour diffuser le plus largement et le plus rapidement possible la doctrine spirite.
Nombreux sont alors les messages de mise en garde, de prudence qui lui sont adressés afin qu'il préserve ses forces pour avoir le temps d'achever son oeuvre. Le message du 23 avril 1866, par exemple, est très explicite :
«...les forces humaines ont des bornes que votre désir de voir progresser l'enseignement vous porte souvent à enfreindre ; vous avez tort, car, en agissant ainsi, vous ne hâterez pas la marche de la doctrine, mais vous ruinerez votre santé et vous vous mettrez dans l'impossibilité matérielle d'achever la tâche que vous êtes venu remplir ici bas (...) Croyez-moi, remettez à plus tard les grands ouvrages destinés à compléter l'oeuvre ébauchée dans vos premières publications ; (...) je suis ici le délégué de tous ces Esprits qui ont contribué si puissamment à la propagation de l'enseignement par leurs sages instructions. Ils vous disent par mon intermédiaire que ce retard que vous pensez nuisible à l'avenir de la doctrine est une mesure nécessaire à plus d'un point de vue, soit parce que certaines questions ne sont pas encore complètement élucidées, soit pour préparer les Esprits à se les mieux assimiler. Il faut que d'autres aient déblayé le terrain, que certaines théories aient prouvé leur insuffisance et fait un plus grand vide. En un mot, le moment n'est pas opportun ; ménagez-vous donc, car lorsqu'il en sera temps toute votre vigueur de corps et d'esprit vous sera nécessaire. (...) Je ferai ici ce que vous n'oseriez sans doute faire vous-même et, m'adressant à la généralité des spirites, je les prierai, dans l'intérêt du spiritisme lui-même, de vous épargner toute surcharge de travail (...) Si votre correspondance en souffre un peu, l'enseignement y gagnera. (...) Il est quelquefois nécessaire de sacrifier les satisfactions particulières à l'intérêt général.»
Il est intéressant de constater, ici encore, que la bonne volonté de nos Esprits protecteurs se limite à notre libre arbitre. Même avec une mission précise, on peut, par négligence ou excès d'enthousiasme, écourter notre temps sur Terre et ainsi faillir à la tâche qui nous était attribuée. La préservation de la bonne santé du corps est, à cet égard, primordiale. Allan Kardec, déjà bien fatigué, le conçoit mais culpabilise de tout le retard accumulé, entre autre pour les réponses à la nombreuse correspondance qu'il reçoit. Il demande alors à Demeure ce qu'il doit faire concernant les quelques 500 lettres accumulées pendant sa période de maladie.
«Il faut - répond Demeure -, comme on dit en terme de commerce, les passer en bloc par compte de profits et pertes. En annonçant cette mesure dans la Revue, vos correspondants sauront à quoi s'en tenir ; ils en comprendront la nécessité, et ils la trouveront surtout justifiée par les conseils qui précèdent. Je le répète, il serait impossible que les choses allassent longtemps comme cela ; tout en souffrirait, et votre santé et la doctrine. Il faut, au besoin, savoir faire les sacrifices nécessaires.»
Un Esprit guide
Spirite convaincu, le docteur Demeure ne se contente pas d'être un médecin de l'au-delà. A la fois savant et bienveillant, il a la capacité de guider Allan Kardec dans ses études et ses écrits sur le spiritisme. Dans les «oeuvres posthumes», Allan Kardec raconte comment les sages conseils de son ami Demeure l'ont aidé dans ses différents travaux. Pour illustrer ces propos, nous ne retranscrirons ici qu'une seule communication, mais elle est si riche et complète qu'elle suffit pour comprendre toute l'aide qui peut être attribuée à celui qui s'en donne la peine.
«Vos travaux personnels sont en bonne voie ; poursuivez la réimpression de votre dernier ouvrage ; faites votre table générale pour la fin de l'année, c'est une chose utile, et reposez-vous du reste sur nous. L'impulsion produite par la Genèse n'est qu'à son début, et bien des éléments ébranlés par son apparition se rangeront bientôt sous votre drapeau ; d'autres œuvres sérieuses paraîtront encore pour achever d'éclairer la pensée humaine sur la nouvelle doctrine.
J'applaudis également à la publication des lettres de Lavater : c'est une petite chose destinée à produire de grands effets. En somme, l'année sera fructueuse pour tous les amis du progrès rationnel et libéral.
Je suis aussi entièrement d'avis de publier le résumé que vous vous proposez de faire sous forme de catéchisme ou manuel, mais je suis aussi d'avis de l'éplucher avec soin. Lorsque vous serez prêt pour le faire paraître, n'oubliez pas de me consulter sur le titre, j'aurai peut-être un bon avis à vous donner alors et dont les termes dépendront des événements accomplis.
Lorsque nous vous conseillâmes dernièrement de ne pas attendre trop tard pour vous occuper du remaniement de la Genèse, nous vous disions qu'il y aurait à ajouter en différents endroits, à combler quelques lacunes, et à condenser ailleurs la matière, afin de ne pas donner plus d'étendue au volume.
Nos observations n'ont point été perdues, et nous serons heureux de collaborer au remaniement de cet ouvrage comme d'avoir contribué à son exécution.
Je vous engagerai aujourd'hui à revoir avec soin surtout les premiers chapitres, dont toutes les idées sont excellentes et qui contiennent rien que du vrai, mais dont certaines expressions pourraient prêter à une interprétation erronée. Sauf ces rectifications que je vous conseille de ne point négliger, car on se rejette sur les mots lorsqu'on ne peut attaquer les idées, je n'ai rien autre chose à vous indiquer à ce sujet. Je conseille, par exemple, de ne point perdre de temps ; il vaut mieux que les volumes attendent le public que de se trouver à court. Rien ne déprécie une œuvre comme une lacune dans la vente. L'éditeur impatienté de ne pouvoir répondre aux demandes qui lui sont faites et qui manque l'occasion de vendre, se refroidit pour les ouvrages d'un auteur imprévoyant ; le public se fatigue d'attendre et l'impression produite a peine à s'effacer.
D'autre part, il n'est pas mauvais que vous ayez quelque liberté d'esprit pour parer aux éventualités qui peuvent naître autour de vous, et donner vos soins à des études particulières qui, selon les événements, peuvent être suscitées actuellement ou remises à des temps plus propices.
Tenez-vous donc prêt à tout ; soyez dégagé de toute entrave, soit pour vous adonner à un travail spécial, si la tranquillité générale le permet, soit pour être préparé à tout événement si des complications imprévues venaient nécessiter de votre part une détermination subite. L'année prochaine sera bientôt atteinte ; il faut donc, dans la fin de celle-ci, mettre la dernière main à la première partie de l'œuvre spirite, afin d'avoir le champ libre pour terminer la tâche qui concerne l'avenir.»
Un Esprit instructeur
Afin d'être complet, il nous faut relater de quelle façon le docteur Demeure se manifeste pour instruire Kardec sur la vaste étendue du spiritisme dans nos vies.
Dans la Revue Spirite de 1866, pp 172/175, Allan Kardec raconte un rêve-vision qu'il a fait la nuit du 24 avril 1866 :
«Dans un lieu qui ne rappelait rien à notre souvenir et qui ressemblait à une rue, se trouvaient une réunion d'individus qui causaient ensemble ; dans le nombre, quelques-uns seulement nous étaient connus en rêve, mais sans que nous puissions les désigner nominativement. Nous considérions cette foule et nous cherchions à saisir l'objet de la conversation, lorsque tout à coup parut dans l'angle d'une muraille une inscription en petits caractères, brillants comme du feu, et que nous nous efforcions de déchiffrer ; elle était ainsi conçue : «Nous avons découvert que le caoutchouc roulé sous la roue fait une lieue en dix minutes, pourvu que la route...» Pendant que nous cherchions la fin de la phrase ; l'inscription s'effaça peu à peu, et nous nous réveillâmes. Dans la crainte d'oublier ces paroles singulières, nous nous hâtâmes de les transcrire.
Quel pouvait être le sens de cette vision, que rien absolument dans nos pensées ni dans nos préoccupations ne pouvait avoir provoquée ? Ne nous occupant ni d'inventions, ni de recherches industrielles, ce ne pouvait être un reflet de nos idées. Puis, que pouvait signifier ce caoutchouc qui, roulé sous une roue, fait une lieue en dix minutes ? Etait-ce la révélation de quelque nouvelle propriété de cette substance ? Serait-elle appelée à jouer un rôle dans la locomotion ? Voulait-on nous mettre sur la voie d'une découverte ? Mais alors pourquoi s'adresser à nous plutôt qu'à des hommes spéciaux, ayant les loisirs de faire les études et les expériences nécessaires ? Cependant ce rêve était trop caractéristique, trop spécial pour être rangé parmi les rêves de fantaisie ; il devait avoir un but ; quel était-il ? C'est ce que nous cherchions inutilement.»
Jean Vartier dans «Allan Kardec, la naissance du spiritisme» écrit, à propos de ce rêve :
«Avec quelques longues années d'avance, une inspiration onirique lui mit entre les mains le principe de la circulation sur pneumatique, c'est à dire caoutchouc empli de vent (...) L'utilisation du caoutchouc dans la locomotion vélocipédique n'intervint qu'après sa mort et la page dans laquelle il décrit son rêve ne peut être considérée comme apocryphe. Ce rêve enveloppe donc une des plus curieuses prémonitions technologiques.»
Ce n'est, en effet, qu'en 1888, soit 22 ans plus tard, que Dunlop dépose le brevet de l'invention du pneumatique. Mais le plus intéressant, c'est l'explication que donne de ce rêve l'Esprit du Dr Demeure :
«Ce que vous avez vu dans le rêve que je me suis chargé de vous expliquer n'est point une de ces images fantastiques provoquées par la maladie ; c'est bien réellement une manifestation, non d'Esprits désincarnés mais d'Esprits incarnés. Vous savez que, dans le sommeil, on peut se trouver avec des personnes connues ou inconnues, mortes ou vivantes ; c'est ce dernier cas qui a eu lieu en cette circonstance. Ceux que vous avez vus sont des incarnés qui s'occupent séparément, et sans se connaître pour la plupart, d'inventions tendant à perfectionner les moyens de locomotion, en annihilant, autant que possible, l'excès de dépense causée par l'usure des matériaux aujourd'hui en usage. Les uns ont pensé au caoutchouc, d'autres à d'autres matières ; mais ce qu'il y a de particulier, c'est qu'on a voulu appeler votre attention, comme sujet d'étude psychologique, sur la réunion, dans un même lieu, des Esprits de différents hommes poursuivant le même but. La découverte n'a pas de rapport avec le spiritisme ; c'est seulement le conciliabule des inventeurs qu'on a voulu vous faire voir, et l'inscription n'avait d'autre but que de spécifier à vos yeux l'objet principal de leur préoccupation, car il en est qui cherchent d'autres applications du caoutchouc. Soyez persuadé qu'il en est souvent ainsi, et que lorsque plusieurs hommes découvrent en même temps, soit une nouvelle loi, soit un nouveau corps, sur différents points du globe, leur Esprit a étudié ensemble la question pendant le sommeil, et au réveil chacun travaille de son côté, en mettant à profit le fruit de ses observations.»
Comme nous l'avons vu, Demeure, après avoir été un spirite convaincu de son vivant a pu, grâce à la noblesse de son caractère, poursuivre dans l'au-delà les tâches qu'il s'efforçait de mener à bien sur cette Terre, d'autant mieux qu'il n'était plus entravé par un corps matériel. Esprit bienveillant, sa volonté aurait pourtant été limitée s'il ne s'était trouvé en affinité avec un incarné, comme Allan Kardec, désireux d'agir dans l'intérêt de ses frères et capable de recevoir, comprendre et diffuser l'enseignement spirite. L'entraide mutuelle entre le ciel et la Terre trouve ici tout son sens...
Le petit chien Rolf
Les animaux peuvent-ils penser ? Les animaux ont-ils une âme ? Si l'on entend par "âme" la partie incorporelle de l'être, le siège de la sensibilité, de l'entendement et de la volonté, la source des pensées, des attachements et des passions, oui, les animaux ont une âme. Si l'on entend par "âme" le courage, les sentiments élevés, les instincts généreux d'une individualité considérée du point de vue moral, oui, les animaux ont une âme. Si l'on entend par "âme" un principe immatériel se séparant du corps à l'heure de la mort; si l'on entend par "âme" un double de l'être à la ressemblance du vivant qu'il fut et lui permettant de continuer à vivre dans un autre monde, et de se manifester en celui-ci, oui, les animaux ont une âme. Si dans le «Livre des Esprits», les Esprits répondent très clairement à Kardec que l’animal a une âme (voir questions 585 à 604.) qu’en est-il du principe intelligent ?
En 1915, Mme Moeckel (alsacienne d'origine) habitant Mannheim apprend l'alphabet et le calcul à son chien Rolf et "converse" avec lui. Rolf utilise pour communiquer un alphabet télégraphique morse, composé de coups frappés en nombre différent, suivant la lettre qu'il s'agit d'exprimer. Dans la revue n°10 Annales des Sciences Psychiques, Edmond Duchatel explique : «La première question qu'on lui posa en ma présence fut un problème. Pour le résoudre, Rolf s'assied entre moi et sa maîtresse et frappe le chiffre de la solution sur un petit buvard que lui tend Mme Moekel. Le problème est une soustraction, suivi d'une division que l'on peut écrire ainsi : (96 – 10) / 9. Il n'y a pas beaucoup d'enfants de l'école primaire qui seraient capables de le faire de tête. Rolf donne la réponse : 9. On lui demande s'il n'y a pas un reste : il répond, très exactement, qu'il reste : 5.
Afin de le prendre à l'improviste, je saisis entre les mains du jeune fils de la maison, qui arrive en ce moment du collège, une revue illustrée, et je demande à Rolf ce qu'il y a dans la gravure de la couverture, après avoir eu soin de couvrir bien exactement toute légende imprimée. Il la décrit ainsi : «Verre avec petite fleur». Il y avait en réalité, un bouquet de fleurs dans un vase, mais on ne peut juger l'approximation suffisante.»
Dès que les expériences allemandes sur les animaux «savants», ont été connues en France, les philosophes qui ont consenti à les prendre au sérieux, et ne se sont pas contentés d'y voir un vulgaire «truc» de dressage, ont formé, aussitôt, deux camps : d'un côté, on admet que réellement l'animal comprend ce qu'il fait lorsqu'il calcule, lit ou écrit : en un mot qu'il pense par lui-même. Dans l'autre camp, ceux qui estiment qu'il y a là un phénomène de transmission de pensée entre le cerveau du maître et celui de l'animal ou par transfusion d'âme ; l'Esprit du maître se substituerait à celui de l'animal, il habiterait, pour un instant, le cerveau inférieur de l'animal et ferait agir le corps qui en dépend.
A tous ces titres, il semblerait tout naturel que nous nous rangions du côté des partisans de la transmission de pensée chez les animaux savants, et pourtant nous sommes obligés de déclarer qu'il nous est impossible en toute sincérité de nous ranger à cette opinion qui nous paraît insuffisante à tout expliquer. Le Dr Edgar Bérillon va plus loin encore dans sa revue de Psychothérapie «La perfectibilité des centres nerveux n'est pas propre à l'enfant. Les animaux, dont le système nerveux présente avec celui de l'homme tant d'analogie de structure et de morphologie, ne sont pas des automates dénués de conscience, d'intelligence et de raisonnement tels que de bons Esprits se plaisent à les représenter. Des efforts d'éducation et de dressage, identiques à ceux que l'on applique à l'éducation de l'enfant, amèneraient assurément à la longue des résultats inattendus.»
La réponse à cette question est peut-être située dans un autre domaine plus spirite : la médiumnité des animaux. Voici une dissertation d'Eraste, Esprit se communiquant à Kardec sur le sujet de la médiumnité chez les animaux.
«Les hommes sont toujours disposés à tout exagérer ; les uns, je ne parle pas ici des matérialistes, refusent une âme aux animaux, et d'autres veulent leur en donner une, pour ainsi dire pareille à la nôtre. Pourquoi vouloir ainsi confondre le perfectible avec l'imperfectible ? Non, non, soyez-en bien convaincus, le feu qui anime les bêtes, le souffle qui les fait agir, mouvoir et parler en leur langage, n'a, quant à présent, aucune aptitude à se mêler, à s'unir, à se fondre avec le souffle divin, l'âme éthérée, l'Esprit en un mot, qui anime l'être essentiellement perfectible, l'homme, ce roi de la création. Or, n'est-ce pas ce qui fait la supériorité de l'espèce humaine sur les autres espèces terrestres que cette condition essentielle de perfectibilité ? Eh bien ! Reconnaissez donc qu'on ne peut assimiler à l'homme, seul perfectible en lui-même et dans ses œuvres, aucun individu des autres races vivantes sur la Terre. Le chien, que son intelligence supérieure parmi les animaux, a rendu l'ami et le commensal de l'homme, est-il perfectible de son chef et de son initiative personnelle ? Nul n'oserait le soutenir car le chien ne fait pas progresser le chien et celui d'entre eux qui est le mieux dressé est toujours dressé par son maître. Depuis que le monde est monde, la loutre bâtit toujours sa hutte sur les eaux, d'après les mêmes proportions et suivant une règle invariable ; les rossignols et les hirondelles n'ont jamais construit leurs nids autrement que leurs pères ne l'avaient fait. Un nid de moineaux d'avant le déluge, comme un nid de moineaux de l'époque moderne, est toujours un nid de moineaux, édifié dans les mêmes conditions et avec le même système d'entrelacement de brins d'herbes et de débris, recueillis au printemps à l'époque des amours. Les abeilles et les fourmis, ces petites républiques ménagères, n'ont jamais varié dans leurs habitudes d'approvisionnement, dans leurs allures, dans leurs mœurs, dans leurs productions. Enfin l'araignée tisse toujours sa toile de la même manière.
D'un autre côté, si vous cherchez les cabanes de feuillage et les tentes des premiers âges de la Terre, vous rencontrerez à leur place les palais et les châteaux de la civilisation moderne ; aux vêtements de peaux brutes, ont succédé les tissus d'or et de soie ; enfin, à chaque pas vous trouvez la preuve de cette marche incessante de l'humanité vers le progrès.
De ce progrès constant, invincible, irrécusable de l'espèce humaine, et de ce stationnement indéfini des autres espèces animées, concluez avec moi que s'il existe des principes communs à ce qui vit et se meut sur la Terre : le souffle et la matière, il n'en est pas moins vrai que vous seuls, Esprits incarnés, êtes soumis à cette inévitable loi du progrès, qui vous pousse fatalement en avant et toujours en avant. Dieu a mis les animaux à côté de vous comme des auxiliaires pour vous nourrir, vous vêtir, vous seconder. Il leur a donné une certaine dose d'intelligence, parce que, pour vous aider, il leur fallait comprendre, et il a proportionné leur intelligence aux services qu'il sont appelés à rendre mais, dans sa sagesse, il n'a pas voulu qu'il fussent soumis à la même loi du progrès ; tels ils ont été créés, tels ils sont restés et resteront jusqu'à l'extinction de leurs races.
On constate que les Esprits peuvent se rendre visibles et tangibles pour les animaux, et que, souvent telle frayeur subite que prennent ceux-ci, et qui ne vous semble pas motivée, est causée par la vue d'un ou de plusieurs de ces Esprits mal intentionnés pour les individus présents ou pour ceux à qui appartiennent ces animaux. Très souvent, vous apercevez des chevaux qui ne veulent ni avancer ni reculer, ou qui se cabrent devant un obstacle imaginaire ; eh bien, tenez pour certain que l'obstacle imaginaire est souvent un Esprit ou un groupe d'Esprits qui se plaisent à les empêcher d'avancer. Rappelez-vous l'ânesse de Balaam, qui voyant un ange devant elle et redoutant son épée flamboyante, s'obstinait à ne pas bouger ; c'est qu'avant de se manifester visiblement à Balaam, l'ange avait voulu se rendre visible pour l'animal seul ; mais, je le répète, nous ne médianimisons ni les animaux ni la matière inerte ; il nous faut toujours le concours conscient ou inconscient d'un médium humain, parce qu'il nous faut l'union de fluides similaires, ce que nous ne trouvons ni dans les animaux, ni dans la matière brute.
M. Thiry, dit-il, a magnétisé son chien. A quoi est-il arrivé ? Il l'a tué car ce malheureux animal est mort après être tombé dans une espèce d'atonie, de langueur, conséquence de sa magnétisation. En effet, en l'inondant d'un fluide puisé dans une essence supérieure à l'essence spéciale à sa nature, il l'a écrasé et a agi sur lui, quoique plus lentement, à la manière de la foudre. Donc, comme il n'y a nulle assimilation possible entre notre périsprit et l'enveloppe fluidique des animaux proprement dits, nous les écraserions instantanément en les médianimisant. Ceci établi, je reconnais parfaitement que chez les animaux il existe des aptitudes diverses ; que certains sentiments, que certaines passions identiques aux passions et aux sentiments humains se développent en eux ; qu'ils sont sensibles et reconnaissants, vindicatifs et haineux, suivant que l'on agit bien ou mal avec eux. C'est que Dieu, qui ne fait rien d'incomplet, a donné aux animaux, compagnons ou serviteurs de l'homme, des qualités de sociabilité qui manquent entièrement aux animaux sauvages qui habitent les solitudes. Pour me résumer : les faits médiumniques ne peuvent se manifester sans le concours conscient ou inconscient du médium et ce n'est que parmi les incarnés, Esprits comme nous, que nous pouvons rencontrer ceux qui peuvent nous servir de médiums. Quant à dresser des chiens, des oiseaux ou autres animaux pour faire tels ou tels exercices, c'est votre affaire et non la nôtre.» Eraste Remarque. A propos de la discussion qui eut lieu dans la société sur la médiumnité des animaux, M. Allan Kardec dit qu'il a observé très attentivement les expériences qui ont été faites sur des oiseaux auxquels on attribuait la faculté médiumnique et il ajoute qu'il y a reconnu de la manière la moins contestable les procédés de la prestidigitation, c'est-à-dire des cartes forcées, mais employées avec assez d'adresse pour faire illusion sur des spectateurs qui se contentent de l'apparence sans scruter le fond. En effet, ces oiseaux font des choses que ni l'homme le plus intelligent, ni même le somnambule le plus lucide ne pourraient faire, d'où il faudrait conclure qu'ils possèdent des facultés intellectuelles supérieures à l'homme, ce qui serait contraire aux lois de la nature. Ce qu'il faut le plus admirer dans ces expériences, c'est l'art, la patience qu'il a fallu déployer pour dresser ces animaux, les rendre dociles et attentifs ; pour obtenir ces résultats, il a certainement fallu avoir affaire à des natures flexibles, mais ce ne peut être en définitive que des animaux dressés, chez qui il y a plus d'habitude que de combinaisons et la preuve en est, c'est que si on cesse de les exercer pendant quelque temps, ils perdent bientôt ce qu'ils ont appris.
L'euthanasie
Lorsqu’Allan Kardec pose cette question aux Esprits, ils donnent la réponse suivante : « On est toujours coupable de ne pas attendre le terme fixé par Dieu. Est-on d'ailleurs bien certain que ce terme soit arrivé malgré les apparences et ne peut-on recevoir un secours inespéré au dernier moment ? »
Sur un plan spirituel, la pratique de l’euthanasie ou de la mort douce est considérée comme une auto extermination et reste une des plus sérieuses infractions aux lois de la vie. Qu’elle se réalise de manière violente par l’absorption d’un produit toxique ou de façon graduelle en doses continues, la responsabilité spirituelle est aussi grande que dans le suicide.
Nous savons, nous autres spirites, que l’élévation spirituelle s’acquière au fil des incarnations et que dans la douleur, l’âme se construit car des vertus cachées peuvent s’épanouir.
Sous le joug de la souffrance, le monde matériel perd peu à peu de son importance et un autre commence à se dessiner à mesure que notre regard se détache des choses inférieures et se plonge dans l’infini. On apprend doucement à demander et à prier. On se laisse aider, soigner, guider par les autres. On écoute différemment car le temps n’a plus la même mesure.
Aux âmes faibles, la maladie vient apprendre la patience, la sagesse, le gouvernement de soi-même. Aux âmes fortes, elle peut offrir des compensations d'idéal, en laissant à l'esprit le libre essor de ses aspirations, au point d'en oublier les souffrances physiques. Car sous les coups répétés de la maladie, il faudra bien apprendre à laisser de côté la dureté, la colère, la fureur pour faire place à la compensation et laisser aller les larmes qui dormaient silencieusement au fond de nous.
Quand la vie terrestre se termine, il y a la vie spirituelle qui commence et la douleur est une aide dans cette échappée à la matière. C’est pour cette raison que l’euthanasie doit être repoussée, elle ne permet pas à l’âme de se libérer graduellement.
Comment s’effectue cette libération ? Voici ce que les Esprits expliquent dans le livre des Esprits d’Allan Kardec : « Pendant la vie, l'Esprit tient au corps par son enveloppe semi-matérielle ou périsprit ; la mort est la destruction du corps seul et non de cette seconde enveloppe qui se sépare du corps, quand cesse en celui-ci la vie organique. L'observation prouve qu'à l'instant de la mort le dégagement du périsprit n'est pas subitement complet ; il ne s'opère que graduellement et avec une lenteur très variable selon les individus ; chez les uns, il est assez prompt mais chez d'autres, ceux surtout dont la vie a été toute matérielle et sensuelle, le dégagement est beaucoup moins rapide et dure quelquefois des jours, des semaines et même des mois. »
André Luiz apporte d’autres informations sur ce sujet observé dans les missionnaires de la lumière. La personne qui va se désincarner est aidée par des passes magnétiques d’Esprits supérieurs. Ils mettent en place des barrières fluidiques destinées à dissoudre les vibrations mentales et les impacts émotifs des parents ou des amis. Ils produisent aussi une véritable protection contre tout Esprit inférieur qui voudrait lui faire du mal ou s’approprier du fluide vital. Ensuite, ils produisent un endormissement progressif du désincarné ou, si la personne est plus évoluée, ils stimulent sa conscience afin qu’elle participe à ce dégagement dans un état de prière. Après, ils font converger les énergies vers la zone crânienne, à hauteur du cerveau, s’arrêtant sur chaque centre vital. Souvent, dans un but d’économie d’énergie, vis-à-vis du moribond, ils procèdent à un détachement précoce au niveau du larynx, c’est pour cela que l’on observe un affaiblissement de la voix à ces occasions. Ils isolent peu à peu les systèmes nerveux et moteur, ce qui conduit à une paralysie partielle et à un engourdissement.
Le travail se poursuit sur trois zones où les énergies sont particulièrement concentrées :
- la zone végétative située au ventre, centre de manifestations des instincts comme le plaisir, les réactions, la douleur ou le mouvement,
- la zone émotionnelle située dans le thorax, centre de manifestations des sentiments comme les désirs et les émotions,
- la zone mentale située dans le cerveau, centre de manifestations de la pensée, du jugement et de la conduite.
Par des passes sur la zone végétative, on libère une substance laiteuse, que certains médiums voient sous forme d’ectoplasme diaphane et qui plane au dessus du nombril. A ce moment, on peut observer le début du refroidissement des membres inférieurs. Pour la zone émotionnelle, les Esprits occasionnent l’arrêt de la fréquence cardiaque et le détachement d’une nouvelle partie de substance laiteuse s’effectue de l’épigastrique à la gorge. Pour la zone mentale, une forme, semblable à une flamme, se réalise qui absorbe ensuite la substance laiteuse ectoplasmique.
Selon la conduite de l’Esprit durant sa vie, cette opération de détachement sera plus ou moins longue. Un individu qui aura abusé de l’alimentation par exemple, sera plus difficile à dégager au niveau de la zone végétative par rapport à celui qui a vécu avec une alimentation légère. On retrouve la même chose pour la zone émotionnelle pour celui qui aura mené une vie morale déséquilibrée.
Lorsque le périsprit est détaché, l’Esprit peut entrer en relation avec les autres habitants du plan spirituel, il est un Esprit désincarné.
Il ne reste plus que le fil d’argent ou le cordon fluidique, lien ultime entre le corps spirituel et le corps physique. Ce travail se réalise entre une heure de temps terrestre ou plus, suivant l’attachement de l’Esprit pour la matière et de son évolution morale.
Se désincarner est une opération complexe et qui demande du temps. Un individu qui autorise sa propre mort n’est pas capable de gérer tous ces paramètres, il ne peut avoir cet entendement.
«Aussi, ne nous croyons pas autorisés à appliquer le coup suprême pour ceux que l’agonie rend muette, ayant comme prétexte l’amour ou la consolation, parce que de très nombreuses fois, derrière les yeux blafards et les mains défaillantes qui paraissent lancer de derniers adieux, il reste encore un peu de temps pour un bout de chemin, pour apprendre encore et encore à réajuster sa vie. Il reste encore un peu de temps pour comprendre les erreurs des vies passées dans la douleur et la peine.» Dit Emmanuel, le guide du médium Chico Xavier.
Et il rajoute : «Souvenez-vous que la vie continue et si vous vous trouvez devant quelqu’un dont la mort parait nimbée d’ombres, prenez soin, autant que possible d’eux car c’est notre devoir à nous tous de les accompagner dans cette douloureuse existence physique. Les médicaments, le confort dans les soins, les consolations, la solidarité et l’affection, tout ceci sont des moyens que Dieu nous concède.
La miséricorde divine conseille toujours le frère immobilisé dans son lit. Alors ne permettons pas que naisse dans notre esprit la tragique idée de retirer ces instants de vie par l’euthanasie. La vie est un droit sacré, une réhabilitation face à notre passé, une cure pour l’âme en comprenant les lois d’amour que Dieu a créées.»