Sommaire
- Editorial
- Rencontre au centre avec le caodaïsme
- Histoire du chat Oscar
- Le ciel nous oublie-t-il ?
- Rubrique “Lu et aimé”
- Musique et spiritualité
Editorial
Quel avenir pour le spiritisme ? Pratiqué depuis des millénaires par ses seuls initiés jusqu’à ce que Allan Kardec lui donne un nom au XIXème siècle, le dialogue avec les Esprits a du mal à se faire une place reconnue, définitive, et crédible auprès de toutes les classes de la société bien pensante. Souvent, par intérêt personnel, beaucoup n’osent pas déclarer croire au monde invisible, ces nouveaux Judas renient souvent même les expériences qu’ils ont pu vivre et, pour ne pas être moqué, préfèrent hurler avec les loups. Seules les dures épreuves de la vie amènent certains à s’ouvrir à cette croyance dans leur recherche, soit de retrouver celui ou celle qu’ils ont perdu, soit dans l’espoir d’une guérison miraculeuse.
Dans cette période de troubles sociétale naissante, verra t’on les croyances se raviver et atteindre de nouveau le cœur des hommes ? La raison rejoindra t’elle la croyance ? Actuellement le spiritisme intéresse peu par son enseignement, sa morale, ses valeurs. Il attire les foules quand il soigne, quand il apporte le message d’un défunt, quand il donne un réconfort psychique ou physique, quand il nourrit le corps plus que l’âme. Et même lorsque cet objectif est atteint, il n’est pas toujours considéré comme une vérité car le temps qui passe laisse dans les esprits une part à la coïncidence, à l’éternel hasard.
Les quelques convertis sont traités comme des crédules, des naïfs ou d’aimables farfelus. Non reconnu comme croyant digne de foi et de confiance, le spirite survit dans un monde aux valeurs matérielles dominantes. Toutefois ce qui est réconfortant, c’est de voir chaque semaine de nouvelles personnes venir chercher une réponse à leurs questions en franchissant les portes de notre centre ou en visitant notre site internet.
Gilles Fernandez
Rencontre au centre avec le caodaïsme
Dans le bulletin, Le spiritisme de septembre 2011, nous avons évoqué la doctrine caodaïste, religion née au Vietnam, alors sous influence française, au début du XXème siècle. Suite à cet article, les représentants officiels du culte caodaïste ont pris contact avec notre association et sont venus nous rendre visite à notre centre de Bron.
C’est avec plaisir que nous avons accueillis le président Canh Quang Tran et douze disciples tout de blanc vêtu. Nous avons discuté longuement et c’est ainsi que nous avons pu constater de nombreux points communs avec la doctrine spirite. Le président Canh Quang Tran nous a offert plusieurs ouvrages dont un cahier de messages spirites en français reçu par voie médiumnique durant les années 1925-1938.
Dans la première partie de cet ouvrage Gustave Meillon (1915-1994) ancien administrateur des services civils d'Indochine, professeur de vietnamien à l'Inalco de 1948 à 1984, président-fondateur de l'institut de l'Asie du Sud-Est, membre de l'académie des sciences d'Outre-Mer, nous fait part de son étude sur l’histoire du caodaïsme.
Je vous en retransmets dans les lignes qui suivent l’aspect spirituel. Vous serez surpris de certaines similitudes avec le spiritisme concernant la croyance en la réincarnation, les communications avec l’au delà et les règles morales basées sur la pratique du bien et le perfectionnement de l’âme. De même le caodaïsme ne prétend pas être une nouvelle religion, ni remplacer celles existantes.
«Le caodaïsme se présente comme étant la doctrine de Cao-Dài, le Créateur, l'Eternel qui, utilisant la voie spirite, s’est révélé au Viêt-Nam dans la nuit de noël 1925. Il se dit, plus exactement, la grande voie (religion) de la 3ème Amnistie de Dieu, ou encore celle du 3ème salut universelle accordée par Dieu en Orient. Ayant une vue cyclique de l'Univers, cette doctrine enseigne en effet que le Maître Divin, Dieu le père s'est tout d'abord manifesté en incarnation, par matérialisation psychique et en paroles pour se faire reconnaître aux initiés et aux médiums. Cette première amnistie correspond à l'époque de Moïse en Occident. La seconde amnistie se rapporte au temps de Confucius et de Laotius en Orient, à celui de Jésus-Christ et de Mahomet en Occident. Durant ce nouveau cycle, Dieu s'est révélé sous une forme humaine en la personne de son Fils et de messagers, ayant tous pour mission d'enseigner aux hommes la foi en Dieu. Chaque cycle se termine par une décadence, une dégénérescence de la société. La religion elle-même souffre de déviations coupables. Miséricordieux, le Créateur accorde alors son salut universel pour racheter les hommes et les ramener dans la bonne voie.
La troisième amnistie provient de la manifestation du Saint-Esprit. Au moyen du spiritisme, aux aspects si divers de par le monde (autant de signes précurseurs), Dieu entend ramener à lui l'humanité .plongée dans le matérialisme, en lui indiquant la grande voie, en lui inculquant la foi universelle.
En principe, le caodaïsme ne prétend nullement être une religion nouvelle, ni remplacer les religions existantes. Il ne renie rien de l'essentiel des diverses doctrines existant en ce monde, et il n'en rejette formellement aucune car, dit-il, toutes ont une origine divine. Mais l'homme, dans sa faiblesse, veut imposer sa propre croyance, l'estimant supérieure aux autres ; ses agissements provoquent une dégénérescence de toutes les religions, et leur éloignement de la voie tracée par Dieu.
Le Créateur entend maintenant refaire l'unité primordiale, promouvoir l'union de toutes les doctrines existantes. Ainsi s'annonce l'ère de l'universalité. Les fidèles du caodaïsme, obéissant aux ordres divins, ont pour seule préoccupation de faire disparaître les divergences qui séparent aujourd'hui les religions. Ils rejettent toute idée de sectarisme, pratiquent la plus large tolérance, afin d'assurer l'existence d'une foi unique, seule source de bonheur pour l'humanité. Le monde ne milite-t-il pas, dans tous les domaines, pour parvenir à l'unité.
Ainsi s'expliquent les cinq branches du caodaïsme : Bouddhisme, Taoïsme, Confucianisme, Christianisme et Culte des Génies et les divers emprunts effectués de part et d'autre. Nous nous trouvons en présence d'un véritable essai de syncrétisme qui, au lieu de suivre les chemins du coeur ou du mysticisme, a fait appel, pour se constituer, aux méthodes du spiritisme.
Le Viet-Nam connaît depuis fort longtemps la pratique du spiritisme. Dans les temples taoïstes, on a coutume d'évoquer les Immortels par l'entremise de la corbeille à bec. Dans le culte dit des Bà-Dông, sous forme d'hypnose, le génie prend possession du médium, généralement une femme. Mais il fallait à ces précédents quelque peu décadents l'intervention d'un élément nouveau, propre à en assurer la régénérescence. La faveur du spiritisme en Occident au siècle dernier et son introduction au Viet-Nam au début de ce siècle devaient exercer ce rôle. Parmi toutes les écoles, celle d'Allan Kardec allait jouir d'une faveur particulière.
On sait que la table frappante fut rapidement abandonnée au profit de la traditionnelle corbeille à bec. Celle-ci se présente sous la forme d'un petit cylindre en osier de 20 centimètres environ de diamètre, recouvert de soie jaune, et muni d'une sorte de manche en bois terminé par une sculpture.de tête de phénix. Pour communiquer avec l'au-delà, deux médiums, assis face à face, tiennent des deux mains la corbeille retournée. Dès qu'ils se trouvent en relation avec un Esprit, ils provoquent des mouvements de la corbeille. Différents procédés sont alors utilisés pour recueillir les communications obtenues. Le bec du phénix, en picorant un tableau de l'alphabet désigne successivement les lettres composant les mots du message. Ou bien, le bec du phénix, muni d'un pinceau ou d'un crayon, trace directement les lettres ou les caractères. Parfois encore, le bec se déplace sur un plateau préalablement recouvert de sable fin ou, plus rarement, se déplace dans l'air, mais la lecture exige dans ce cas une très grande habileté des pratiquants.
La révélation de la doctrine caodaïste s'est effectuée selon ces divers procédés. Les médiums l'ont recueillie en rassemblant des messages successifs, communications et instructions émanant principalement de l'Esprit de Ly-Thai-Bach (Li-Tai-Pé), poète chinois du VIIIème siècle, fervent taoïste, mort de noyade un soir où, en état d'ivresse, il essayait de cueillir dans le fleuve un rayon de lune. C'est lui le pape spirituel du caoïdaïsme. Cette révélation était pratiquement terminée en 1930. Depuis lors, la plupart des messages reçus n'ont surtout servi qu'à l'exégèse, et n'ont jamais été admis officiellement par les autorités du Saint-Siège. On n'a pas oublié que, parmi les Esprits occidentaux les plus assidus aux séances, ceux de Jeanne d'Arc et Victor Hugo figurent au premier plan.
Le caodaïsme enseigne que toutes les croyances sont des manifestations différentes, dues à la diversité des époques et des hommes, d'un même culte rendu à un Dieu unique, souverain maître de l'univers. Il affirme l'existence de l'âme, survivant à la dépouille matérielle, progressant sur la voie de la perfection par une série de réincarnations au cours desquelles l'être humain se doit de pratiquer les devoirs traditionnels envers la société, envers la famille, et envers sa propre personne. Les règles morales sont classiques : elles tendent à l'amélioration de l'individu, à la pratique de la vertu, au règne de l'amour universel. Pour cela, il convient d'observer les cinq interdictions :
- Ne tuer aucun être vivant,
- Ne pas être cupide,
- Ne pas faire bonne chère,
- S'abstenir d'acte de luxure,
- Eviter de pécher en paroles.
L'observance des quatre commandements (obéissance, modestie, honnêteté, respect) et la rectitude des huit chemins suivis (connaissance, volonté, parole, action, vie, effort, pensée, recueillement) amèneront l'homme à la perfection.»
Le caodaïsme a connu dès ses débuts, comme le spiritisme, une expansion très rapide. Puis les guerres, les évènements politiques, les rivalités ont eu raison de son développement. Toutefois ses membres sont dotés d’une foi sincère et d’une grande sagesse ce qui a permis à ce mouvement de sauver son existence et l’essentiel de ses valeurs.
Histoire du chat Oscar
Dans l’unité de service de l’hôpital Stère House, on accueille les animaux familiers, chat, chien, lapin ou perroquet ; c’est ainsi qu’est arrivé en 2005, Oscar, un chaton tigré blanc et noir dans le service du Dr Dosa au 3ème étage, qui accueille des patients ayant des maladies graves souvent en phase terminale. Dans l’ensemble, c’est un animal assez solitaire et il n’est pas particulièrement affectueux.
Six mois après son arrivée, le personnel médical et soignant a remarqué que, lorsqu‘il se couche sur le lit d’un patient, celui-ci décède peu après. Ainsi, une nouvelle procédure a été mise en place par l’équipe médicale qui prévient la famille dès qu’Oscar s’endort au côté d’un malade. Que fait Oscar durant la journée ?
Il fait des rondes dans les chambres ; il visite les patients, les sent, les observe et s’il n’y a rien de particulier, selon lui, il ressort et revient lorsque le processus de décès commence. Alors; il se blottit contre eux pour dormir. En général, ces derniers meurent dans les heures qui suivent…
Lorsqu’il est exclu de la chambre à la demande de la famille, Oscar va et vient devant la porte et émet des miaulements de protestation. Il est très contrarié lorsqu’il ne peut pas faire son travail et le personnel est obligé de le transporter dans un autre service.
Voici une anecdote racontée par le Dr Dosa : le personnel a fait rentrer Oscar dans une chambre où le patient est susceptible de trépasser pendant la nuit mais il ressortit et alla se coucher sur le lit d’un autre patient. Personne ne s’inquiète pour ce malade qui se trouve à l’autre bout du service mais on constate qu’il décédera bien pendant la nuit alors que l’autre, quatre jours après, est encore vivant.
Après le décès d’une personne, Oscar est très fatigué et dort pendant un ou deux jours. Entre 2005 et 2007, il aura assisté au moins 25 patients et suscité le débat chez les scientifiques car comment expliquer une telle prescience ?
Hélas, le 14 août 2007, Oscar est retrouvé mort dans un bassin. Le porte-parole de la maison de soins reste prudent quant à affirmer qu’il s’agit d’un acte malveillant. L’hôpital a tenu à remercier Oscar en faisant apposer une plaque dans le hall dont voici le texte : «Un grand merci à Oscar, le chat, pour son aide compatissante.»
Le ciel nous oublie-t-il ?
Vous connaissez peut-être l'histoire de cet homme qui vit dans une maison menacée d'inondation lors d'un violent orage. Des secouristes viennent le chercher en camion pour évacuer le village. Mais l'homme refuse l'aide proposée en disant : «C'est inutile, Dieu va me sauver». L'eau continue de monter et atteint à présent le premier étage où l'homme s'est réfugié. Une barque s'approche et on lui demande de monter à bord. Mais, de nouveau, l'homme refuse, disant que Dieu va venir le sauver. L'eau continue de monter et l'homme se trouve à présent sur le toit de sa maison. Un hélicoptère descend pour le secourir mais l'homme refuse toujours le secours envoyé : Dieu va forcément répondre à ses prières en venant le sauver. Puis, finalement, l'eau continuant de monter, l'homme se noie. Arrivé dans l'Au-delà, il est très en colère et reproche à Dieu de n'avoir rien fait pour venir le sauver. Saint Pierre lui répond alors : «Dieu t'a envoyé des secouristes avec un camion, puis un bateau et enfin un hélicoptère. Tu Lui reproches de n'avoir rien fait pour toi alors que c'est toi qui n'as jamais voulu être secouru. Que veux-tu de plus ?»
Nos prières, comme celles de cet homme, sont souvent orientées vers une réponse que l'on pense appropriée mais qui n'est pas forcément celle que Dieu veut nous donner. Ainsi, lorsque l'on se trouve face à une montagne, notre premier désir est de demander à Dieu de pousser cette montagne qui obstrue notre passage, voire de demander à trouver un chemin de contournement, quitte à ce que la route soit plus longue, mais pourvu que l'on s'épargne la peine de l'ascension. Mais, souvent, la montagne reste en place, nous-mêmes coincés devant, dans l'attente de l'aide providentielle, et nous nous étonnons que rien ne se passe...
Si, au lieu de demander à Dieu de pousser la montagne on avait demandé la force et le courage de la gravir, on aurait pu être exaucés sur le champ, trouvant, peut-être l'ascension plus agréable et facile qu'on ne l'imaginait.
Autrement dit, si nos prières demandaient plus souvent la force et le courage de résoudre un problème au lieu de chercher à y échapper, on aurait moins souvent à se plaindre de n'être pas «entendu». Malheureusement, bien souvent inconsciemment, on dirige nos prières dans le sens d'une solution qui nous parait juste, à nos yeux terrestres, et cela peut nous empêcher de voir un «autre point de vue» tout aussi profitable pour nous, voire davantage.
Je prendrai pour exemple, une anecdote qui m'est personnellement arrivée : un de mes amis traversant une épreuve, je voulais aller le réconforter. N'ayant pas de voiture, j'étais obligée d'utiliser les transports en commun pour me rendre dans la grande banlieue lyonnaise où il habitait. Or, je n'avais que 10 francs dans mon porte-monnaie (cette histoire s'est passée il y a une vingtaine d'années) et le ticket de bus étant, à ce moment là, à 6,50 fr, je ne pouvais donc me payer que le billet d'aller. Je fouillai alors tout mon appartement, en priant pour demander de l'aide, mais les quelques centimes trouvés ne me permettaient toujours pas d'acheter le billet de retour. Pensant à mon ami qui était en train de pleurer seul, je décidai d'aller quand même à la station de métro la plus proche, scrutant le sol, persuadée que Dieu ne manquerait pas de me donner la monnaie manquante. Mais je ne trouvai rien.
J'ai alors fait les 100 pas devant le métro car, à défaut de pièces, je cherchais alors un signe. Essayait-on de me faire comprendre que je ne devais pas aller voir cet ami ? Pourtant je ne pouvais l'abandonner à son chagrin. Certains me diront que j'aurai pu frauder en prenant le métro sans ticket, d'autant plus qu'il n'y avait même pas de portillons à cette époque, mais je venais de rentrer dans une période de grande honnêteté qui me l'empêchait formellement.
Finalement, je pris la décision de partir malgré tout, pensant que mes guides auraient plus de temps pour trouver une solution. Je m'approchai alors du distributeur automatique, demandai un ticket et mis ma pièce de 10 francs dans la fente de la machine. Quelques secondes plus tard, je récupérais ma monnaie et, non pas un, mais bien deux tickets...
Je me mis alors à rire toute seule en pensant à tout ce temps perdu à chercher des pièces chez moi, puis dehors dans la rue, alors qu'une autre solution était certainement déjà pensée et n'attendait que ma démarche active pour se concrétiser. Cette solution n'avait rien de spectaculaire, rien d'exagéré, elle était juste la solution au problème du moment, mais pourquoi demander plus ? Si je n'avais pas eu foi dans l'aide possible de mes guides, je n'aurai pas fait la démarche d'acheter le ticket et n'aurai donc jamais su que ma prière avait bien porté ses fruits...
Un autre exemple de prière qui semble ne pas être entendue, nous est donné par une amie, veuve, qui désirait pouvoir communiquer directement avec son défunt mari, le sentir affirmer sa présence auprès d'elle. Elle déplorait de ne pas avoir de signes de sa part et, parallèlement, se plaignait d'avoir une chanson tournant en boucle dans sa tête et dont elle n'arrivait pas à se défaire. Il lui fallut un certain temps pour réaliser que son mari adorait cette chanson et que c'était sa manière à lui de se faire identifier. Notons que de nombreux Esprits utilisent cette technique (nous mettre un air de musique en tête) pour se faire reconnaître car on va beaucoup plus facilement se laisser aller à chantonner sans y penser plutôt qu'à entamer un dialogue avec un défunt, d'autant plus que la communication peut être troublée par les liens affectifs qui nous unissaient à lui et qui rendent le discours moins fiable. Une perception fidèle est toujours plus ardue lorsque le coeur s'en mêle. Toujours est-il que, chaque fois qu'un air nous vient spontanément en tête, on devrait se demander si ce n'est pas l'un de nos disparus qui nous fait un signe, répondant ainsi à nos prières.
À propos de ces aides données de façon si naturelles que l'on ne s'en rend pas souvent compte, Allan Kardec écrit : «Les demandes justes sont plus souvent exaucées que vous ne pensez : vous croyez que Dieu ne vous a pas écoutés parce qu'Il n'a pas fait un miracle pour vous, tandis qu'Il vous assiste par des moyens tellement naturels qu'ils vous semblent l'effet du hasard ou de la force des choses ; souvent aussi, le plus souvent même, il vous suscite la pensée nécessaire pour vous tirer vous-même d'embarras.» (extrait de la réponse 663 du Livre des Esprits).
Pour aller plus loin, on peut aussi aller relire la belle histoire de Tobie et son ange que l'on trouvera dans L'Évangile selon le Spiristisme ou dans le n°42 de notre bulletin Le Spiritisme. La main de Dieu est plus souvent là qu'on ne le pense...
Rubrique “Lu et aimé”
J’ai lu et j’ai aimé le livre Le passage, écrit sous la dictée de l’Esprit d’Otilia Gonçalves par Divaldo Pereira Franco. C’est l’histoire d’une dame spirite et médium, fréquentant avec sa fille un centre spirite à Sao Polo, qui, au début du livre, va décéder et vivre, en tant que désincarnée, des expériences tantôt douloureuses, tantôt magnifiques. Elle décide d’écrire, à travers ce livre, à sa fille, pour l’informer du bon et moins bon vécus lors de ce passage. Comme extrait, j’ai choisi le moment où elle revient pour la première fois sur Terre. Elle se rend dans son ancien centre. Le parallèle avec le nôtre est saisissant. L’activité, le déroulement et les comportements décrits durant cette séance sont criants de ressemblance.
Page 166 : «Le jour convenu, à dix-huit heures, nous nous dirigeâmes, sous la conduite de sœur Zélia, vers les locaux que nous devions préparer pour les opérations médiumniques de la soirée sur Terre. A ce moment là l’empressement était grand. Des entités dévouées se tenaient à l’entrée de la salle pour garder et défendre les locaux contre l’invasion d’Esprits malveillants. Un mur bizarre d’environ quarante centimètres d‘épaisseur entourait les locaux ; comme cela m’étonnait, la bienfaitrice expliqua qu’il s’agissait de construction fluidique pour la défense de l’institution. À l’intérieur, des Esprits familiers s’affairaient à des soins méticuleux depuis le nettoyage fluidique de l’endroit, jusqu’à la mise en place de sortes de machines, dans un arrangement compliqué et disposées de façon variée.
A dix neuf heures, les premières âmes souffrantes et troublées commencèrent à arriver de notre milieu ; elles s’assemblaient avec celles qui se trouvaient déjà là depuis la veille. Elles étaient acheminées vers des emplacements qui leur avaient été réservés. D’autres arrivaient, accompagnées d’infirmiers aux habits blancs. Parfois ces âmes étaient même couchées sur des brancards, comme dans les infirmeries terrestres.
On en voyait dont les visages exprimaient la douleur et l’inquiétude, qui gémissaient ou pleuraient, tandis que d’autres avaient l’air moqueur, malgré l’aspect déplorable de leurs vêtements et de leur état spirituel. Ces derniers semblaient ne pas avoir conscience d’eux-mêmes ; ils avaient employé le trésor du temps dans l’exacerbation de leur orgueil et dans la critique continue et mordante. Des religieux moqueurs, à la mine cruelle et faisant des observations blessantes, n’eurent pas accès à la salle médiumnique. Ils restèrent à la porte, en proie à la colère, dans des attitudes lamentables. Quelques-uns gardaient une certaine distance et observaient ceux qui les aidaient, tandis que d’autres, sans aucune sensibilité, semblaient beaucoup trop éloignés ; ils ne venaient jusqu’à l’emplacement des travaux magnétiques que par la force de suggestion des guides spirituels.
Les premiers incarnés commençaient à arriver à la séance sur le plan terrestre.
Conduite par la bienfaitrice, je remarquai que quelques-uns d’entre eux apparaissaient suivis d’un grand nombre d’Esprits vulgaires et vicieux qui étaient retenus hors des défenses magnétiques, sans pouvoir les traverser avec leurs comparses habituels.
L’instructrice nous informa :
- Ils attendront leurs victimes quand elles quitteront les locaux. Plusieurs des incarnés qui viennent à la séance, aussitôt qu’ils s’éloignent du « Temple », des liens magnétique de la prière et de l’endoctrinement, reviennent à leurs problèmes mentaux, à demi hypnotisés par les obsesseurs qu’ils traînent après eux et qui leur transmettent des idées erronées et des hypothèses fausses, au point que les énergies défensives précaires assimilées pendant les travaux s’épuisent. Ils retournent ainsi, les mains vides, aux bras de ces vampires avec lesquels ils ont des rapports de plusieurs types.
Quelques autres, poursuivit-elle avec compassion, bien que libérés momentanément de l’atmosphère d’obsession, viennent ici avec des attitudes de manque de respect et d’indifférence. Pendant la séance, ils se laissent aller au sommeil résultant de l’intoxication mentale qu’ils portent en eux, ou bien se laissent entrainer par les pensées qui les enchainent habituellement. Cela menace le travail efficace, car il devient alors possible à leurs bourreaux tenus à distance de faire irruption dans les locaux s’ils aperçoivent des failles dans l’ensemble, pourtant protégé et défendu par tous les moyens de notre côté.
Sur le plan terrestre physique, la lecture et la conversation préparatoire ne faisaient que commencer ; il s’agissait de conversation saine, de propos édifiants.
Bien que les rapports ne soient possibles qu’à partir de vingt heures, ce moment doit être consacré à l’harmonisation psychique des médiums avec les désincarnés qui vont se manifester.
Ce fut alors que le directeur spirituel se rapprocha de nous et nous félicita de notre présence dans les activités de la soirée. Il m’annonça que j’allais disposer de la médiumnité de Marcos pour prononcer quelques mots. En me souhaitant un échange heureux, il partit s’occuper d’autres cas un peu plus loin.
Moi, j’étais à la fois toute émue et très reconnaissante.
Presque au moment de la prière, au début de la séance, deux retardataires entrèrent, ce qui troubla sérieusement la stabilité psychique générale.
- Ces frères sont des malheureux indisciplinés, remarqua sœur Zélia, constatant la consternation généralisée de la part des opérateurs présents, ils se sont malheureusement habitués à la négligence et, bien qu’on les avertisse, ils se tiennent dans l’attitude d’indifférence entre le plaisir et le devoir.
Et elle ajouta pour conclure :
- Troublés et confus comme ils se trouvent, ils ne pourront pas prendre part à la réunion. Ils seront tenus hors des lignes de défenses internes jusqu’à ce qu’ils se mettent en harmonie avec l’ambiance locale.
La prière fut prononcée par le directeur incarné qui, pendant ce temps-là, se trouvait partiellement incorporé par le directeur spirituel et fortement inspiré.
Un instructeur spirituel de notre milieu énonça les directives pour le début de la réunion à travers la médiumnité de Marcos.
Dès le premier échange, je remarquai quelques tâches, comme des boules sombres, qui tombaient sur le médium.
Sœur Zélia me dit :
- Ce sont des vibrations du public incarné. Quelques-uns de nos compagnons de travail encore incarnés, non seulement ne coopèrent pas mais entravent les travaux de leurs pensées chargées de doutes, d’indifférence et même de moquerie. Ils ne se rendent pas compte du drame poignant qui menace, ils troublent l’échange entre l’Esprit et le médium qui ne peut plus rien faire.
Me désignant une dame à l’air très digne, elle me dit :
- Remarquez-vous quelque chose chez cette dame ?
- Oui, elle dort.
- Justement. Le phénomène que vous voyez là, c’est l’hypnose à distance. L’ennemie qui la persécute est resté derrière, mais il continue d’être attaché à elle par la pensée. Pour l’aider, nous l’invitons à la coopération et à la veillée, en faveurs des autres souffrants. Il ne faut pas oublier que la loi reste toujours la même, invariable, pour tous. Chaque âme reçoit du secours ; son évolution toutefois, ne se fera que d’après la marche ascendante de ceux qui veulent vraiment monter.
Malheureusement, notre sœur, comme beaucoup de monde, arrivée là, croit se mettre à l’aise ; elle oublie l’attention sérieuse et le respect dus au Seigneur qui conduit nos destinées. Soit à cause de la fatigue soit par simple négligence, elle se livre au sommeil sans opposer la moindre résistance.
Dans quelques années, elle se réveillera, peut-être, mais elle se sentira malheureuse parce que l’infirmité spirituelle se compliquera, et la plongera dans une maladie plus grave. La chandelle ne s’allume que lorsqu’elle a une mèche, malgré l’huile abondante où elle flotte.
A coté, un monsieur, assis sur une chaise, se montrait inquiet. Il bâillait sans cesse, tandis que de sa pensée, suintait une substance sombre et visqueuse comme s’il s’agissait d’un fruit pourri.
- C’est un apprenti ; il est esclave de la gourmandise. Malgré les avertissements du directeur de la séance, malgré les règles pour conserver la santé, cet ami a surchargé son estomac et il arrive dans un état d’abrutissement et d’ennui, comme s’il venait à la séance sous une obligation quelconque. Le manque de respect indique en général les causes d’insuccès des activités médiumniques.
Les échanges se succédaient.
Le directeur s’approcha de moi et m’invita à l’incorporation.
- Vous disposez de six minutes. Dépêchez vous. L’essentiel est de ne pas prononcer trop de mots ; mais de dire le maximum avec un minimum de mots, dans un laps de temps le plus court possible.
Je m’approchai du médium, et, en même temps que je priais, je maîtrisais de plus en plus l’appareil psychophonique éprouvant les sensations les plus complexes. Tandis qu'un certain trouble des facultés envahissait mon esprit, une grande lucidité s'emparait du médium qui se tenait concentré. Comme j'allais m'évanouir, j'entendis une voie pleine d'énergie qui m'ordonnait :
- Vous pouvez parler. Vous vous trouvez déjà incorporée.
Une angoisse subite s'empara de mon cerveau, ce qui faisait tourbillonner mes idées. Dans mon domaine mental, des évocations et des désirs se heurtaient, mélangés à une grande peur.
Je constatai que la bouche du médium, en s’ouvrant pour exprimer des vœux de bonheur aux frères et sœurs, prononçait les premiers mots d’après ma volonté.
Éblouie, je remarquai que le corps du médium s’entourait de clarté délicate et que de son cerveau et de son cœur partaient des faisceaux brillants, aux couleurs différentes dont l’intensité variait au fur et à mesure que ma pensée était enregistrée et transmise.
Réunissant toutes mes forces pour résister à l'émotion croissante qui me guettait, je me remis les idées en place. Et, au fur et à mesure que la parole, vacillante au début, puis plus rythmée, traduisait mes pensées, je me sentis confondue dans les vibrations du médium, éprouvant en moi le bonheur de témoigner aux être aimés, la victoire de la vie sur la fragilité de la chair.»
La suite est à découvrir dans l’ouvrage.
Bonne lecture.
Musique et spiritualité
Ce n'est pas parce que l'on est spirite que l'on n’a pas droit à certains plaisirs, surtout si ses plaisirs contribuent à apaiser nos tensions, à délecter notre âme et à nous rapprocher ainsi du divin. Nous avons vu d'ailleurs, dans notre bulletin précédent, comment Rudolf Steiner se servait des arts comme moteur pour l'éducation et les soins. C'est particulièrement vrai pour la musique, qui procure ravissement à ceux qui la font comme à ceux qui l'écoutent, et qui a, de surcroit, le pouvoir de réunir des inconnus qui vont communiquer entre eux après avoir vibré d'une même émotion. Il n'y a rien de tel, par exemple, qu'un concert de Gospel pour se sentir communier avec nos frères dans un intense élan de fraternité, d'amour, de joie, d'espérance et de foi...
Dans le Livre des Esprits, question 251, lorsqu'Allan Kardec demande si les Esprits sont sensibles à la musique, il lui est répondu : «Veux-tu parler de votre musique ? Qu'est-elle auprès de la musique céleste ? De cette harmonie dont rien sur la terre ne peut vous donner une idée ? L'une est à l'autre ce qu'est le chant du sauvage à la suave mélodie. Cependant, les Esprits vulgaires peuvent éprouver un certain plaisir à entendre votre musique, parce qu'il ne leur est pas encore donné d'en comprendre une plus sublime. La musique a pour les Esprits des charmes infinis, en raison de leurs qualités sensitives très développées ; j'entends la musique céleste, qui est tout ce que l'imagination spirituelle peut concevoir de plus beau et de plus suave.»
Dans les Oeuvres Posthumes d'Allan Kardec, l'Esprit du grand compositeur Rossini(1) est venu présenter une dissertation très instructive sur la musique spirite lors d'une séance médiumnique. En voici un extrait qui nous permettra de mieux comprendre comment les harmonies célestes perdent graduellement de leur beauté avant d'arriver jusqu'à nous : «Le compositeur qui conçoit l'harmonie, la traduit dans le grossier langage appelé la musique ; il concrète son idée, il l'écrit. L'artiste apprend la forme et saisit l'instrument qui doit lui permettre de rendre l'idée. L'air mis en jeu par l'instrument la porte à l'oreille qui la transmet à l'âme de l'auditeur. Mais le compositeur a été impuissant à rendre entièrement l'harmonie qu'il concevait, faute d'une langue suffisante ; l'exécutant, à son tour, n'a pas compris toute l'idée écrite, et l'instrument indocile dont il se sert ne lui permet pas de traduire tout ce qu'il a compris. L'oreille est frappée par l'air grossier qui l'entoure, et l'âme reçoit enfin, par un organe rebelle, l'horrible traduction de l'idée éclose dans l'âme du maestro. (...) Chez vous, tout est grossier : l'instrument de traduction et l'instrument de perception ; chez nous, tout est subtil : vous avez l'air, nous avons l'éther ; vous avez l'organe qui obstrue et voile ; chez nous, la perception est directe, et rien ne la voile. Chez vous, l'auteur est traduit : chez nous il parle sans intermédiaire, et dans la langue qui exprime toutes les conceptions. Et pourtant, ces harmonies ont la même source, comme la lumière de la lune a la même source que celle du soleil, l'harmonie de la terre n'est que le reflet de l'harmonie de l'espace.»
Ainsi, même si l'harmonie céleste se trouve très largement dénaturée avant qu'elle ne parvienne à frapper nos sens, il n'en demeure pas moins qu'elle reste parfois suffisamment puissante pour éveiller, chez certains, des émotions susceptibles de les entraîner dans des sphères supérieures, alors que d'autres auditeurs, assis dans la même salle, ne percevront que déception et ennui. Rossini nous explique cette inégalité de perception : «L'harmonie est aussi indéfinissable que le bonheur, la crainte, la colère : c'est un sentiment. On ne le comprend que lorsqu'on le possède, et on ne le possède que lorsqu'on l'a acquis. L'homme qui est joyeux ne peut expliquer sa joie ; celui qui est craintif ne peut expliquer sa crainte ; ils peuvent dire les faits qui provoquent ces sentiments, les définir, les décrire, mais les sentiments restent inexpliqués. Le fait qui cause la joie de l'un ne produira rien sur l'autre : l'objet qui occasionne la crainte de l'un produira le courage de l'autre. Les mêmes causes sont suivies d'effets contraires ; en physique cela n'est pas ; en métapsychique, cela existe. Cela existe parce que le sentiment est la propriété de l'âme, et que les âmes diffèrent entre elles de sensibilité, d'impressionnabilité, de liberté. La musique, qui est la cause seconde de l'harmonie perçue, pénètre et transporte l'un et laisse l'autre froid et indifférent. C'est que le premier est en état de recevoir l'impression que produit l'harmonie, et que le second est dans un état contraire ; il entend l'air qui vibre, mais il ne comprend pas l'idée qu'il lui apporte. Celui-ci arrive à l'ennui et s'endort, celui-là à l'enthousiasme et pleure. Évidemment, l'homme qui goûte les délices de l'harmonie, est plus élevé, plus épuré que celui qu'elle ne peut pénétrer ; son âme est plus apte à sentir ; elle se dégage plus facilement, et l'harmonie l'aide à se dégager ; elle la transporte et lui permet de mieux voir le monde moral. D'où il faut conclure que la musique est essentiellement moralisatrice, puisqu'elle porte l'harmonie dans les âmes, et que l'harmonie les élève et les grandit.»
L'avantage de la musique, c'est qu'elle s'adresse à chacun de nous, quel que soit notre degré d'évolution. C'est parce que nous n'avons pas tous la même sensibilité qu'il existe une large gamme de musiques diverses afin que chacun puisse y trouver de quoi l'émouvoir. Grâce à cette variété, tous les hommes peuvent, à un moment ou un autre, ressentir cette émotion qui aide les âmes à s'élever.
Rossini poursuit : «Telle harmonie qui blesse un esprit aux perceptions subtiles, ravit un Esprit aux perceptions grossières et quand il est donné à l'Esprit inférieur de se délecter dans les délices des harmonies supérieures, l'extase le saisit et la prière entre en lui ; le ravissement l'emporte dans les sphères élevées du monde moral ; il vit d'une vie supérieure à la sienne et voudrait continuer de vivre toujours ainsi. Mais, quand l'harmonie cesse de le pénétrer, il se réveille, ou, si l'on veut, il s'endort ; dans tous les cas, il revient à la réalité de sa situation, et dans les regrets qu'il laisse échapper d'être descendu s'exhale une prière à l'Eternel pour demander la force de remonter. C'est pour lui un grand sujet d'émulation.»
On peut d'ailleurs lire, dans de nombreux ouvrages spirites relatant la vie dans l'au-delà, que les Esprits aiment se regrouper autour d'un bon concert de musique. Ainsi, on découvre dans le livre Nosso Lar d'André Luiz, psychographié par Chico, qu'il existe, un domaine de la musique où se côtoient musique «périphérique» et musique «centrale» afin de répondre aux besoins de chacun : «Je remarquai, ici même, un grand groupe de passants autour d'un joli kiosque à musique où un petit orchestre exécutait une musique légère. Des chemins bordés de fleurs se dessinaient en face de nous, donnant accès à l'intérieur du parc, dans plusieurs directions. Observant mon admiration pour les chansons qui se faisaient entendre, mon compagnon expliqua : «Nous avons, aux extrémités du domaine, certaines manifestations qui répondent au goût personnel de chaque groupe de ceux qui ne peuvent encore écouter l'art sublime ; mais au centre, nous avons la musique universelle et divine, l'art sanctifié par excellence.»
En effet, après avoir traversé des allées souriantes où chaque fleur paraissait posséder son propre règne, je commençai à entendre une merveilleuse harmonie dominant le ciel. Sur Terre, il y a de petits groupes dédiés au culte de la musique raffinée et des multitudes dédiées à la musique régionale. J'avais assisté à de nombreux rassemblements de personnes dans la colonie, je m'étais extasié devant la réunion que notre ministère consacra au gouverneur, mais ce que je vis à ce moment dépassait tout ce qui m'avait jusqu'alors ébloui. (...)
Grandement émerveillé par la musique sublime, j'entendis Lislas dire : «Nos orienteurs en harmonie peuvent absorber des rayons d'inspiration dans les plans plus élevés, et les grands compositeurs terrestres sont, parfois, amenés dans des sphères comme la nôtre où ils reçoivent des expressions mélodiques, les transmettant, à leur tour, aux oreilles humaines, embellissant les thèmes reçus du génie qu'ils possèdent. L'Univers, André, est plein de beauté et de sublimité. Le flambeau resplendissant et éternel de la vie provient, à l'origine, de Dieu.»
Ainsi, cela n'étonnera pas les spirites que nous sommes, l'inspiration est d'essence divine, mais, le compositeur, comme le médium, ne peut retranscrire l’oeuvre originelle qu'en fonction de ses capacités plus ou moins développées. Même des artistes plus contemporains reconnaissent volontiers n'être que l'instrument d'une inspiration supérieure. C'est le cas de William Sheller, par exemple, qui chante : «J'ai trouvé dans mon piano quelque chose qui ne m'appartient pas, une mélodie et des mots, quelque chose que je n'écrirai pas...»
Les compositeurs sont donc bien inspirés pour écrire leurs oeuvres comme nous le confirme encore Rossini : «Le grand maestro Rossini, le créateur de tant de chefs d’œuvre selon les hommes n'a fait, hélas, qu'égrener quelques unes des perles les moins parfaites de l'écrin musical créé par le Maître des maestri. Rossini a assemblé des notes, composé des mélodies, goûté à la coupe qui contient toutes les harmonies ; il a dérobé quelques étincelles au feu sacré, mais ce feu sacré, ni lui ni d'autres ne l'ont créé ! Nous n'inventons pas : nous copions au grand livre de nature et la foule applaudit quand nous n'avons pas trop déformé la partition.»
Léon Denis lui-même aimait se ressourcer par la musique, comme on peut le lire dans le livre Léon Denis intime écrit par sa secrétaire Claire Baumard : «À un âge assez avancé, Léon Denis avait su se créer une salutaire distraction en apprenant à toucher du piano, il jouait pour lui-même avec beaucoup d'entrain de vieux airs d'opéra. Le maître profitait le plus souvent du moment où j'étais occupée à copier un long article pour se livrer à cette distraction. (...) Il nous a dit n'avoir jamais parlé à Lyon sans être allé la veille passer la soirée au grand théâtre de cette ville. Pendant que se déroulaient les harmonies musicales, il repassait intérieurement les principales périodes de son discours.»
Sachant cela, on comprend mieux pourquoi Léon Denis écrit : «Pour que l'âme se dilate et s'épanouisse dans l'ivresse des joies supérieures, il est bien que l'harmonie vienne s'ajouter à la parole et au style ; il faut que la musique vienne ouvrir à l'intelligence les voies qui mènent à la compréhension des lois divines, à la possession de l'éternelle beauté.»
On pourrait comparer notre travail médiumnique à celui du musicien d'un orchestre : chaque musicien, avec son instrument, a une présence, une sonorité qui lui est propre et qui est très agréable à entendre même s'il joue seul. Loin de vouloir effacer ces différences, on cherchera, au contraire, à les mettre en valeur en attribuant une partition spécifique à chaque instrument, ce qui fait que l'assemblage des rythmes et des notes de chacun créera, selon les instruments, des mélodies elles aussi très diverses. Toutes ses individualités, riches de leurs différences, entrainées à la fois collectivement et individuellement, n'intervenant qu'à tour de rôle, quand c'est nécessaire, dans le respect des autres, se trouvent alors unies en une oeuvre sublime, d'une beauté, d'une émotion qu'aucun musicien n'aurait pu atteindre seul, mais qui n'aurait pas été aussi intense si l'un d'entre eux eut été défaillant.
Comme dans un groupe spirite, c'est du travail, de l'assiduité et de la sensibilité de chacun que dépend la beauté de l'ensemble.
Bonne fête de la musique !...