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Bulletin 92 - mars 2023
Bulletin 92 - mars 2023
Sommaire

Editorial

Cela fera bientôt deux siècles que le spiritisme écrit les pages de son histoire. Les communications avec les morts se perdent dans la nuit des temps et on peut retrouver des traces de ces croyances dans les récits et les légendes des peuples anciens. En Afrique ou en Asie, les Esprits des ancêtres sont vénérés et consultés pour obtenir des conseils, les religions abrahamiques (judaïsme, christianisme, islam) croient en la possibilité de la communication avec les morts par le biais de visions, de prophéties ou de prières.
Ce n’est qu’au XIXème siècle qu’un homme providentiel, Allan Kardec, grâce à l’enseignement donné par des Esprits supérieurs donnera toutes les explications sur tous les faits constatés depuis des siècles, de toutes ces croyances, de ces rituels, de ces phénomènes paranormaux, et il en effacera tous les mystères.
Sa naissance à Lyon fait de lui un illustre personnage de notre ville, même s’il n’y a vécu que quelques jours. Il y a gardé un attachement particulier et a rendu visite aux nombreux spirites lyonnais au cours de ses voyages. De la grandeur du spiritisme et de son histoire à Lyon, il ne reste que peu de choses, et notre centre semble bien être le dernier bastion de cette vérité. Vous découvrirez également que l’on peut négocier la paix suite à une invasion de son territoire… par un bataillon de fourmis. Curieux, n’est-ce pas !

Gilles Fernandez

L'histoire du spiritisme à Lyon

Que de chemin parcouru depuis que notre association existe … Que peuvent bien représenter trente ans face aux 150 ans d’existence du mouvement spirite lyonnais ? Que dire encore face aux presque trois cents années qui ont inaugurées les premières enquêtes sur le magnétisme animal ? Même si la plupart des auteurs ayant écrits sur cette histoire s’accordent à dire qu’elle connut une phase de ralentissement, d’errance, on ne saurait rejeter l’évidence selon laquelle des écoles de pensées spiritualistes ont toujours su s’emparer du sujet du magnétisme et ont continuellement cherché à prodiguer des passes magnétiques dans le but d’atténuer ou d’arrêter les souffrances physiques de personnes souffrantes, en particulier dans notre ville. Depuis 2013, nous nous concentrons nous aussi à cette tâche, en voulant imiter le Brésil certes, mais en continuant une œuvre que des groupes spirites avaient entrepris avant lui.

Depuis lors, nous constatons comme la tâche est longue, comme elle requiert de notre part à tous de la discipline, de l’abnégation, de l’amour, du courage et aussi de la confiance dans ce monde spirituel qui nous entoure, nous soutiens et nous oriente dans cette tâche ainsi que dans notre réforme intime. Comme ils aiment à nous le dire, s’assoir à nos chaises est loin de suffire pour participer à cette marche, il faut aussi mettre à profit l’enseignement des Esprits qui de tous temps ont inspiré et guidé les individus, en se rappelant que c’est par nos œuvres plutôt qu’en se prévalant d’appartenir à un groupe que l’on illustre le mieux cette maxime spirite : « Hors la charité, point de salut ! »
Depuis janvier 2023, cette histoire est disponible en ligne, sur Wikipédia. C’est cette dernière que nous voulons consacrer dans notre revue trimestrielle. Bonne lecture !

Histoire du spiritisme à Lyon

Le terme spiritisme est un néologisme d'Allan Kardec publié pour la première fois en 1857 dans Le Livre des Esprits. Il désigne d'abord « une philosophie spiritualiste » ayant pour principe la relation du « monde matériel » avec les êtres du « monde invisible, puis - de manière plus générale - une pratique visant à communiquer avec les défunts.
Lyon est présentée tantôt comme « le cœur » du spiritisme, tantôt comme sa « capitale », son « berceau » ou son « rempart ». Elle est également présentée comme l'une des villes du « triangle ésotérique d'Europe » aux côtés de Prague et Milan.

La genèse du mouvement

Le XVIIIème siècle est celui qui vaut à la capitale des Gaules sa réputation de ville mystique. Le soyeux Jean-Baptiste Willermoz, un des personnages centraux de la franc-maçonnerie française, crée la loge du Rite écossais rectifié. La ville en compte encore d'autres, comme Louis Claude de Saint-Martin, Martinès de Pasqually (fondateur de l'ordre des Élus-Cohens), Cagliostro qui fonde La Sagesse Triomphante, une loge de tradition égyptienne.
Lyon, « terreau du magnétisme », devient la ville des magnétiseurs spiritualistes, ceux qui pensent que pendant le somnambulisme l'âme humaine est soit un canal, soit un interprète des « entités angéliques ». Alphonse Bouvier s'inscrit dans ces recherches en intégrant les sphères occultistes d'abord, spirites ensuite.
De plus, le Livre des Esprits (1857) partage des développements et des conclusions que des auteurs ont déjà publiés quelques années plus tôt, avant Kardec, comme l'affirment Christine Bergé et Jean Prieur.
Jean Reynaud (philosophe lyonnais), dans son livre Terre et Ciel (1854), parlait déjà de préexistence de l'âme humaine, de sa survivance, de l'expiation des fautes passées et de progrès sans limites, de même pour les thèmes d'Emanuel Swedenborg sur l'unité, l'universalité de la science et la pluralité des mondes habités , ainsi que ceux d'Éliphas Lévi, des saint-simoniens, des fouriéristes et des socialistes utopiques, à qui des spirites comme Ambroisine Dayt donneront leur concours.
Au retour de son premier voyage à Lyon, un message attribué à un Esprit explique à Kardec que la foi des lyonnais est vive, qu’« elle fournira des apôtres au Spiritisme », concluant : « Si Paris est la tête, Lyon sera le cœur ».

Sociologie du mouvement

Allan Kardec effectue trois voyages à Lyon, en 1860, 1861 et 1863, le nombre d'adeptes et de groupes croît rapidement dans cette ville. Chaque séjour lui donne l'occasion de partager ses vues sur l'organisation du mouvement, pour lequel il recommande d'abord la constitution de petites assemblées.
Le 19 septembre 1860, il estime à plusieurs centaines le nombre de personnes venues l'accueillir, et à plus d'un millier, le 19 septembre 1861. Pour la Noël 1861, il fait état d'une lettre de vœux des Lyonnais signée par deux cents noms, une troisième invitation pour l'année 1863 est signée par cinq cents personnes. Un détracteur du spiritisme écrit dans le Courrier de Lyon du 21 février 1863, qu'il estime entre 8 000 et 10 000 le nombre d'adeptes dans la ville. Dans une lettre du 26 février 1862 adressée au sénateur de Lyon, le commissaire des Brotteaux, quant à lui, estime entre 15 et 25 le nombre de groupes spirites dans Lyon. En septembre 1863, Kardec effectue un voyage de sept semaines à travers la France. Il dénombre entre 25 et 30 000 spirites à Lyon, ce sont principalement des canuts, ce qui aurait représenté près de 10 % de la population lyonnaise d'alors.
C'est chez les ouvriers des faubourgs, des Brotteaux à la Guillotière en passant par Vaise, la Croix-Rousse ou Saint-Just, que son audience est la plus forte et où se forment de nombreux groupes spirites familiaux ; ceux-là mêmes qui le reçoivent lors de son deuxième voyage. Dans leurs discours, ils font état de leur prolétarisation et de l'espoir que leur apporte la doctrine. Bien que la classe ouvrière qui domine le mouvement lyonnais soit emmenée par des hommes, une majorité de femmes y prennent une part active.

Son essor

Création des premiers groupes
En 1860, deux groupes sont constitués : Kardec évoque celui de M. Dijoud, chef d'atelier aux Brotteaux ; le second, qu'il n'évoque pas, est créé avec cinquante membres, par le médium Laurence, rue Bugeaud la même année. Dès ce premier voyage, il remarque la présence de « spirites sincères », ce sont des personnes qui acceptent aussi bien les conséquences morales de la doctrine que sa phénoménologie. À Paris, hormis la Société Parisienne d'Études Psychiques, les groupes qui ne sont de simples groupes d'expérimentation ne se constituent qu'à partir de 1864, alors que Lyon en compte déjà plusieurs.
Un an plus tard, en 1861, plusieurs groupes sont créés. La Société spirite lyonnaise (cours Charlemagne à Perrache), dotée d'une bibliothèque, organise des réunions chaque soir. Le Groupe Viret (rue de la Guillotière), dont les enfants étaient médiums, cesse ses activités et déménage à Paris. Le Groupe Finet se réunit le mardi à 8h no 69, rue Cuvier aux Brotteaux. Le Groupe Devoluet, etc. Dans ces groupes, les instructions des guides spirituels sont reçues avec attention, silence et recueillement.
À Lyon, comme ailleurs en France, l'élan des débuts est freiné par la mobilisation contre les Prussiens. Plusieurs groupes familiaux ferment et ne réouvrent pas à la fin du conflit. De nouveaux groupes se créent, « intimes » pour la plupart, mais « sans lien les uns avec les autres », dit Henri Sausse, « ayant chacun leur point de vue personnel, leur manière de voir, mais sans méthode commune ce qui fait de chacun d'eux autant de petites chapelles ». Cela contraste avec l'unité des débuts.

Sous étroite surveillance
Devant la virulence de certains quotidiens lyonnais à l'égard du mouvement, les plaintes de voisins pour tapage nocturne et les témoignages de démence concernant certains adeptes, les autorités surveillent les activités du mouvement ainsi que les membres les plus actifs. En effet, le droit de réunions publiques et le droit de la presse ne sont votés en France qu'en 1868.
Sous la présidence de de Mac Mahon, l'Ordre moral s'établit à Lyon en nommant le préfet Joseph Ducros, décoré pour ses victoires contre les révolutionnaires. Le souvenir de la révolte des Canuts reste vif ; Genève où se sont réfugiés d'ex-communards ne se trouve qu'à quelques encablures de Lyon. Le préfet reste connu pour son arrêté du 18 juin 1873. Il n'autorise les enterrements civils qu'à 6 h du matin, il est suivi d'un second arrêté interdisant les discours au cimetière et limitant à 300 personnes les convois funèbres organisés en dehors du cadre des cultes reconnus par la loi ; ses directives rappellent celles prises par Louis XIV contre les protestants.
Henri Sausse, âgé de 22 ans à l'époque, témoigne de cet ostracisme : « La terreur était partout dans la famille spirite, aussi grande parmi les adeptes de la philosophie nouvelle que parmi les Esprits qui assistaient les médiums ». En 1905, il rappelle la manière dont se sont déroulées les obsèques d'un des fils Finet, faisant état d'un convoi funèbre encadré par des policiers, sans discours ni insigne, « on n'avait guère qu'un seul droit, celui de défiler sans rien dire ».
Durant cette période, le Spiritisme passe dans la clandestinité, les groupes spirites sont assimilés aux anarchistes en raison de cette partie du mouvement qui avait pris part à la Révolution de 1848 et aux canuts, qui appelaient toujours à une réforme sociale. Si certains groupes poursuivent leurs activités, limitant à dix les participants et brûlant les communications en cas de perquisition, la Société spirite lyonnaise continue ses réunions publiques, sous l'œil des policiers. L'un d'eux, M. Destip, finit par y prendre part comme médium-peintre. Henri Sausse, quant à lui, poursuit les activités de son groupe à son domicile (rue Mazenod). À l'inverse, le groupe Finet ferme ses portes et ne les rouvre qu'une fois le calme revenu, au no14, rue Moncey, pour cesser au décès de son fondateur.

L'unification du mouvement

En 1883, il ne subsiste plus qu'un groupe spirite public, la Société spirite lyonnaise. Les groupes familiaux ou amicaux restent disséminés dans la ville et les faubourgs.
Bien que le mouvement local soit moribond, la visite de Pierre-Gaëtan Leymarie, organisée par Adolphe Laurent de Faget, mobilise un peu plus de 1 200 personnes. La proposition d'une première « fédération » est approuvée par acclamation. Cependant, le mode d'adhésion étant individuel et non au nom d'une société, la préfecture du Rhône refuse à 300 personnes la constitution d'une telle organisation. Elle devient alors une fédération officieuse, la Société Fraternelle d'étude scientifique et morale du Spiritisme. Elle est présidée par Adolphe Laurent de Faget, puis Henri Sausse, qui parvient à unifier le mouvement « en un faisceau », se réunissant autour d'actions militantes et d'évènements symboliques (l'anniversaire de la mort d'Allan Kardec, les conférences de Gabriel Delanne, Léon Denis, Pierre-Gaëtan Leymarie, la journée spirite des enfants, etc.).
Des dissensions permettent déjà de faire la distinction entre les groupes spirites attachés à la lettre de la doctrine et les groupes ouverts à d'autres courants et écoles de pensées (occultisme, spiritualisme, magnétisme). Ces groupes savent oublier leurs différences au profit d'évènements et de la défense d'intérêts communs.
En 1891, Lyon est réputée être le plus grand centre spirite en dehors de Paris. Lyon compte treize centres, Marseille en compte cinq et Bordeaux deux. Les quartiers ouvriers de la Croix-Rousse, la Guillotière et Perrache demeurent les plus actifs.
Au début de la Première Guerre mondiale, le mouvement spirite national connaît un moment d'arrêt, avant de susciter de nouveau de l'intérêt auprès des personnes endeuillées.

Son déclin

Après la guerre, les décès successifs des spirites de la première heure font que le mouvement décline à Lyon, comme ailleurs en France. Dans les années 1930, ne subsistent plus que quatre groupes publics : la Société d'Études Psychiques et Spirites de Lyon, la Société Spirite Jeanne d'Arc, la Société Fraternelle et la Société Spirite Lyonnaise. Dès le décès de ses fondateurs, le premier délaisse peu à peu le spiritisme pour en revenir aux sciences occultes. Il avait déjà cessé de publier son bulletin, faute de moyens financiers et démissionne de la Fédération le 12 janvier 1935. Les deux dernières cessent progressivement leurs activités.
Une lettre datée du 20 juin 1947, rédigée par les membres du bureau de la Société Spirite Jeanne d'Arc solde les comptes de la Fédération Spirite Lyonnaise, et informe de la disparition de ses membres au cours de la Seconde Guerre Mondiale, elle ne sera pas reconstituée.
La vague new age des années 1970 et l'influence de la parapsychologie impactent le mouvement national, supprimant toutes mentions au spiritisme ou à la doctrine dans leur dénomination, tandis que les mêmes phénomènes décrits sous le terme de channeling ou avec des termes de la tradition orientale semblent être mieux considérés.

La relève

Durant les années 1980-1990, une frange du mouvement spirite national opère un retour à la lettre de la codification. À Lyon, ne subsistaient plus que la société Jeanne d'Arc et la Société d'Études Psychiques de Lyon. Cette éclipse cesse dans les années 1980 avec l'arrivée à Lyon de la famille Pérez qui réunit de nouveaux militants, d'abord à Fontaines-sur-Saône - avec lesquels ils fondent le Centre de Doctrine et de Sciences Spirites Lyonnais Allan Kardec (renommé Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec) - puis à Bron. Ses activités diffèrent peu des précédents groupes (formation des médiums, séances publiques et gratuites), permettant à de nouveaux centres d'ouvrir dans la région (Grézieu-la-Varenne, Denicé).

Le mouvement au XXIème siècle

Depuis, notre mouvement spirite lyonnais a continué d’évoluer. Ainsi, notre famille sut se réunir à maintes occasions. Comme en 2003, lors du centenaire de la Société Jeanne d’Arc, ou encore pour le bicentenaire de la naissance d'Allan Kardec, en 2004, lorsque Vincent Fleurot sut nous trouver pour son exposition à la bibliothèque de la Part-Dieu sous le commissariat de Michel Chomarat, Lyon : cœur du spiritisme. C’est cette même année qu’un ancien compagnon, Mickaël Ponsardin, publia son ouvrage Le Spiritisme à Lyon.
Durant les années 2010, de nouveaux centres ouvrent leurs portes, participant à des évènements locaux, comme les deux éditions du Festival du film spirite qui mettent à l'honneur des productions brésiliennes. Le Centre d'études psychiques et spirites (renommé en 2011 Association de rencontres spiritualistes Alphonse Bouvier) ferme définitivement ses portes en 2018, il se dit que la salle Jeanne-d’ Arc demeure active.
En 2022, deux expositions temporaires abordent la question du spiritisme :
• Magique, au musée des Confluences
• Dans les marges : 30 ans du fonds Michel Chomarat, à la bibliothèque de la Part-Dieu.

Les aînés du Spiritisme

Beaucoup de pionniers du mouvement restent anonymes, cependant certains Lyonnais sont passés à la postérité.

Hippolyte Léon Denizard Rivail
Né au no 76 rue Sala, le 3 octobre 1804, ce pédagogue devenu codificateur du Spiritisme demeure la majeure partie de sa vie à Paris, où il meurt, le 31 mars 1869 (à 64 ans). Depuis 2004, deux stèles commémorent le bicentenaire de sa naissance. Cette même année, la bibliothèque de la Part-Dieu organise une exposition, intitulée Lyon, cœur du spiritisme : Allan Kardec et les Spirites lyonnais, sous le commissariat de Vincent Fleurot, auxquels des centres locaux (centenaires pour certains) donnent leur concours. Pour cette occasion, Mickaël Ponsardin publie un essai, Le Spiritisme à Lyon, 1857 - 1937.

Ambroisine Dayt
Ambroisine Dayt est née à Lyon dans les années 1850. Médium sociétaire de la Société spirite lyonnaise, elle fonde à la Croix-Rousse le Groupe Allan Kardec. Avec Mmes Stephen Vire et Claire Monin, elle fonde et dirige La Société spirite pour l'œuvre de la crèche (place de la Croix-Rousse). Elle collabore à la fondation de la Société fraternelle d'étude scientifique et morale du spiritisme et à celle de la Fédération spirite de Lyon. Spirite engagée, elle figure parmi les cosignataires d'une tribune d'Henri Sausse condamnant la tenue d'un congrès spirite à Rome. Elle est l'autrice de plusieurs traités, dont un sur la condition de la femme, l'instruction des enfants et la parentalité maternelle, ainsi que deux ouvrages dictés par des Esprits. Elle a vraisemblablement correspondu avec Charles Fourier sur l'organisation d'une association phalangetérienne. Elle décède en 1913.

Henri Sausse
Henri Sausse, né le 6 mai 1852, est le premier biographe d'Allan Kardec et le second de Léon Denis, il est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages traitant d'expérimentations et de morale et de plusieurs brochures dont Le Spiritisme à Lyon. À l'âge de 18 ans, il adhère au Groupe Finet. C'est en août 1883, qu'aidé d'une dizaine d'amis, il fonde le Groupe Amitié qui rend compte d'expériences de matérialisation de fleurs et de moulages en paraffine semblables à ceux obtenus plus tard par Gustave Geley. Plus tard, il participe à la fondation du groupe Espérance, un groupe privé qui poursuit les expérimentations débutées par le précédent. Il préside la Société Fraternelle d'étude scientifique et morale du Spiritisme en 1883, jusqu'à la constitution de la Fédération spirite lyonnaise en 1903 qu'il préside également. Il est aussi membre de l'Union spirite française. Il s’éteint à l'âge de 75 ans, le 26 février 1928, dans la localité d'Étoile-sur-Rhône.

Alphonse Bouvier
Alphonse Bouvier naît près de Sens en 1851. Sa conscription se passe au camp de Sathonay, entre 1871 et 1878. Avant de rejoindre Lyon en 1880, il est garçon de laboratoire à la Salpêtrière. Il assiste aux expériences d'hypnose du Dr Charcot où il se découvre des talents de magnétiseur. En 1885, il crée la caisse de secours aux vieillards, dite Fondation Bouvier, ainsi que la Fraternelle d'études du spiritisme. Celle-ci constituée en association loi de 1901, est renommée Société d'études psychiques et spirites de Lyon (1919). Proche des occultistes, il adhère au spiritisme à partir de 1890 au sein de la Société Fraternelle, dans le groupe d'expérimentation Les Indépendants lyonnais. À ses séances de magnétisme, il joint un travail d'étude et d'expérimentation qu'il publie dans la revue l'Union occulte française, qui deviendra La Paix universelle. Comme Henri Sausse, il est proche de Léon Denis, Gabriel Delanne, Charles Richet et Albert de Rochas. Il fonde en 1903 la Fédération lyonnaise et régionale des spiritualistes modernes, née d'une scission au sein de la Société Fraternelle. Il meurt le 16 novembre 1931 (à 79-80 ans).

Adolphe Laurent de Faget
Adolphe Laurent de Faget naît à Montpellier le 9 octobre 1846. Orphelin de naissance, il passe son enfance dans le Midi avant de rejoindre Lyon en 1878. Il préside la Société Fraternelle, dès sa fondation, de 1883 à 1888, puis devient membre honoraire en juin 1889. Il fait partie des cosignataires d'une tribune d'Henri Sausse dans laquelle les présidents de groupes lyonnais disent rester fidèle à l'héritage de Kardec en se dissociant du Bordelais Jean-Baptiste Roustaing. Il préside le congrès spirite universelle de 1889, la Fédération spirite universelle qui en découle, dirigeant également Le Progrès Spirite. Il donne son concours aux revues Le Spiritisme (USF) ainsi qu'à la Revue scientifique et morale du spiritisme. Il publie des recueils de poésie et des ouvrages dictés par des Esprits. Il meurt le 15 décembre 1912, aux Lilas.

Mme Combe
Née en 1863, elle est l'une des fondatrices du groupe Jeanne d'Arc (1903), un groupe constitué d'ouvriers qui tient des séances de soin magnétique et une école de médium. Dès 1914, elle fréquente la Fédération, c'est d'ailleurs à son initiative et pour se fédérer avec les autres groupes lyonnais qu'en 1919 le groupe se constitue en association loi de 1901 pour devenir la Société spirite Jeanne d'Arc. Deux portraits d'elle sont dressés dans La Revue spirite, le premier dans le numéro de décembre 1934 et le second dans celui de janvier 1965, lesquels la présentent comme une médium clairvoyante, clairaudiante, curative et à incorporation. Cependant, Mickaël Ponsardin souligne que sa présidence n'aurait été pour partie qu'honorifique. Elle décède en 1950, âgée de 87 ans, laissant derrière elle un groupe devenu centenaire, situé à deux pas de l'Hôtel de ville de Lyon.

Georges Mélusson
Georges Mélusson, naît le 2 septembre 1873. À 17 ans, il se prend d'intérêt pour la métapsychique, alors en plein essor, et assiste à des séances de magnétisme, de somnambulisme et de lucidité, délaissant et dénigrant le spiritisme. En 1907, après vingt années d'expérimentation, il fait la lecture des livres d'Allan Kardec et de Léon Denis. Devenu « un propagateur ardent et inlassable de cette doctrine », il dénonce néanmoins les cas de fraude et de mystification qui peuvent y avoir cours. C'est en ce sens qu'il prend part aux expérimentations de la Société Fraternelle, présidant à la Société d'études psychiques et spirites dès sa fondation. Il laisse un seul ouvrage Pourquoi je suis devenu spirite (1931) avant de décéder le 10 mars 1932, à l'âge de 59 ans.

Roger Pérez Né à Casablanca en 1928, il quitte le Maroc en 1962. Il rejoint le centre de Casablanca reconstitué à Tours. Militant très actif, il fonde en 1985 l'Union Spirite Française et Francophone (USFF), il obtient le 23 mars 1989 du tribunal de Meaux qu'André Dumas (président de l'USFIPES, directeur de la publication Renaître 2000) lui cède La Revue spirite, la relançant après douze ans d'interruption. La même année, à son domicile de Fontaines-sur-Saône, il fonde l'actuel Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec. Dès 1990, il organise chaque année des symposiums. En 1992, il participe à la fondation du Conseil Spirite International. Il orchestre son temps entre Lyon, Tours, la rédaction d'articles, les symposiums, les conférences et les rencontres internationales. Il décède à Fontaines-sur-Saône, le 10 août 2019, à l'âge de 91 ans. Nous lui avions consacré un article dans le numéro 78 du Bulletin.

Les opposants au spiritisme

Le clergé catholique

Les critiques respectables
Au cours de son exposition, Vincent Fleurot dédie un espace aux « adversaires du spiritisme ». Il y explique le rôle qu'une partie du clergé lyonnais a joué pour endiguer la progression du mouvement. Toutefois, comme le raconte M. Finet à Henri Sausse, certains clercs partageaient le point de vue de la doctrine et participaient aux séances du groupe. En effet au commencement, le catholicisme n'apparait pas entièrement réfractaire au spiritisme.
Dans un chapitre du Défi magique, Régis Ladous énonce deux types de critiques qu'adressent ordinairement les catholiques aux dissidences doctrinales, dont le spiritisme fait partie : l'irréligiosité ou la superstition. En reprenant un catéchisme inspiré du XVIIIème siècle, l'évêque d'Orléans, Mgr Dupanloup, le place aux côtés des superstitions, désignant les médiums comme des voleurs, raillant ceux qui le pratiquent ou qui y croient. Le sommeil magnétique est toléré, à condition que la personne soit de bonne foi et que magnétiseurs et magnétisés ne voient là qu'un remède naturel.
D'après Régis Ladous, si l'abbé Bluteau ne l'encense pas totalement, le débat ne consiste pas tant à jeter l'anathème ou à nier les phénomènes (somnambules, tables tournantes, magnétisme animal) - jusqu'ici légitimés par Deleuze - qu'à y voir un dévoiement du magnétisme animal. Pratiquer les tables tournantes provoquerait des palpitations de cœur, des vertiges, des évanouissements, des crises de folies.
En 1861, dans leur Nouvelle explication du catéchisme, les diocèses de Lyon et de Belley se distinguent des Parisiens en considérant comme des superstitions l'ensemble des phénomènes, magnétisme animal compris. La Sacrée Congrégation de l'Index condamne les journaux spirites en 1864.

La diabolisation
Le clergé commence à associer le spiritisme au diable lorsque les tables mouvantes laissent apercevoir l'intervention d'un principe intelligent. Dès lors, les nouveaux catéchismes, dont celui de l'abbé Poey, abandonnent le magnétisme animal pour ne plus y voir qu'une nouvelle forme de magie donnant au magnétisé des pouvoirs extraordinaires « qui supposent une intervention diabolique », sinon un « pacte avec le démon »; d'autres encore renvoient l'hypnotisme à la divination, par des moyens diaboliques. Selon Régis Ladous, la diabolisation intégrale du spiritisme apparait « contraire aux traditions de l’Ecole française, à la prudence des Messieurs de Saint-Sulpice et à l’enseignement de Benoit XIV, constamment cité dans les catéchismes rédigés dans l’esprit du XVIIIe siècle et du premier XIXe siècle ».
En 1911, un pamphlétaire catholique assimile le spiritisme au satanisme, comme ce fut le cas pour la franc-maçonnerie. Dans son ouvrage, Le diable au XIXème siècle, les Mystères du spiritisme dévoilés, le Dr Bataille amplifie le côté obscur et sensationnel des séances, d'autant que l'abbé Boulan (disciple d'Eugène Vintras) avait été condamné en 1861 à trois ans de réclusion pour des soupçons de pratiques sataniques. Alors que les philosophies occultistes mêlent des doctrines et des enseignements qui regroupent l'ensemble des arts et des sciences occultes (alchimie, kabalisme, magie, mancie, etc.), requérant une étude longue et fastidieuse, le spiritisme semble accessible à tous, même aux couches de la société qui se perçoivent comme moins instruites.
Toutefois, comme le précise Ladous, « la diabolisation du spiritisme n’a jamais gagné qu’une frange des catéchismes français », les critiques demeurent cantonnées à la dénonciation de superstitions. Le Manuel complet du catéchiste et du jeune apôtre de l’abbé Sifflet, de la Maison des Chartreux de Lyon ne déroge pas à ce qui se disait déjà en 1861.
Dans un décret d'avril 1917, le Vatican interdit aux catholiques de participer ou même d'observer des séances spirites.

Les scientifiques

Dès les débuts du mouvement, Kardec ne fait aucun mystère des critiques adressées à lui et à sa doctrine [notamment dans la Revue Spirite. Contrairement à l’idée véhiculée par le film brésilien Kardec, les opposants au spiritisme, bien qu’existant, n’ont pas été aussi virulents que ce qu’il montre. En effet, dans la brochure Qu’est-ce que le spiritisme, Allan Kardec dément l’affirmation d’une personne sceptique quant à une opposition catégorique de la science : « […] je dois relever une erreur grave que vous avez commise en disant que tous les savants sont contre nous. Ainsi que je l'ai dit tout à l'heure, c'est précisément dans la classe éclairée qu'il fait le plus de prosélytes, et cela dans tous les pays du monde : il en compte un grand nombre parmi les médecins de toutes les nations ; or, les médecins sont des hommes de science […]. De ce que le spiritisme n'a pas encore droit de cité dans la science officielle, est-ce un motif pour le condamner ? […] Vous admettrez bien aussi que chacun n'est bon juge que dans ce qui est sa compétence. Si vous voulez bâtir une maison, prendrez-vous un musicien ? […] Non ; chacun son métier. » Dans La Genèse selon le spiritisme, Kardec consacre même la Science comme l’avant-garde de la doctrine et que si elle est contredite sur un point par la Science, elle doit se réformer].
À la fin du XIXème siècle, les psychologues expérimentaux mènent des « études psychiques » sur l'hypnose, la télépathie et les hallucinations ; une évolution des mentalités s'est opérée. On préfère étudier les phénomènes psychiques, comme le somnambulisme magnétique, plutôt que de les réfuter a priori. Les figures tutélaires à cette époque sont le docteur Gustav Fechner qui est le premier à avoir émis l'hypothèse de l'existence d’« une autre scène » psychique et le Dr Jean-Martin Charcot.
Ensuite, les études psychiques n'ont plus leur place dans les congrès de psychologie. Les représentants de la science et du rationalisme, comme Clément Hugues, concentrent alors leurs critiques sur les phénomènes.
Nota : Contrairement à une opinion répandue actuellement et que colporte malheureusement le film brésilien Kardec, si les oppositions ont bien existé, la virulence de celles qu’il montre en France semble n’être que l’avis d’une minorité et non d’une opposition généralisée. Comme l’affirmait Kardec de son vivant, s’il se trouvait des sceptiques dans les Académies, ces dernières étaient les plus intéressées à étudier les phénomènes, à les comprendre. Comme le montrent en ce début de 21è siècle la journaliste Corinne Sombrun et le bouddhiste Matthieu Ricard, cet intérêt est continu, même s’il semble moindre à ce qu’il a pu être par le passé.

Les institutions spirites

Le centre spirite
Ses activités
L'activité d'un centre peut s'articuler autour de l'instruction, de l'expérimentation et un apprentissage de la médiumnité. Dans le cadre de séances publiques, outre des conférences on pratique plusieurs expériences : la magnétisation, la délivrance de messages d'un Esprit (par exemple, celle d'un proche décédé), des messages généraux, des dessins médiumniques (assimilés à de l'art brut). On publie des brochures, des livres et des périodiques (bulletin associatif ou revue). Jusque dans les années 1930, il y a une activité caritative.
Depuis les écrits d'Allan Kardec, de nombreux centres se créent, puis disparaissent. D'après certaines sources, il y en aurait eu près de 600 dans la ville.

Liste des principaux centres
Les centres actifs
• Groupe Jeanne d'Arc (1903) au no 26 bis rue Saint-Antoine, devient Société Spirite Jeanne d'Arc (1919), fusionne avec la Société Fraternelle et déménage au no 7 rue Terraille (1966) puis déménage au no 7 place des Terreaux (1972).
• Centre de Doctrine et de Sciences Spirites Lyonnais Allan Kardec (1989), déménage à Bron (mai 1993), change de nom Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec (CSLAK).
• Centre d'études spirites et psychologiques Thérèse d'Avila de Casablanca, déplacé à Fontaines-sur-Saône (1970), dépôt des statuts (29 janvier 2001), déplacé à Décines (2018)
• Groupe Notre Demeure, rue de Créqui (depuis 2015).

Les centres fermés
• Plusieurs groupes familiaux et amicaux (Finet, Viret, Devoluet, Edoux, Dayt, etc.).
• Société spirite lyonnaise, au no 3 cours Charlemagne (1861 - 1985).
• Société fraternelle pour l'étude scientifique et morale du spiritisme, rue Terraille (12 mars 1884 - 1966).
• Groupe Amitié, présidé par Henri Sausse (18 janv. 1884 - 28 oct. 1890).
• Les Indépendants Lyonnais (1890 - ?).
• Groupe Espérance (21 mars 1910 - ?)
• Fraternelle d'études du spiritisme (1885), devient Société d'Études Psychiques et Spirites de Lyon, sis au no 7 place des Terreaux (1919), change de nom Société d'Études Psychiques de Lyon, change de nom Société d'études psychiques et spirites de Lyon (fév. 2006), change de nom Association de rencontres spiritualistes Alphonse Bouvier (de nov. 2011 à mai 2018).
• Groupe Allan Kardec (1894 - 1985).

Les fédérations

Dans Le Spiritisme à Lyon, Mickaël Ponsardin présente les fédérations spirites et spiritualiste qu'il y eut à Lyon avant que chacune prenne son indépendance.
La Fédération Spirite Lyonnaise

Sa genèse
C'est sous l'égide de Pierre-Gaëtan Leymarie que le 6 mai 1883 les groupes lyonnais se fédèrent autour d'une même structure, qui prend la forme d'une association d'individus plutôt qu'un groupement d'associations ; la préfecture du Rhône refuse donc le statut de fédération. Une parade est trouvée, dès lors qu'un président de groupe y adhère, le dit groupe en devient officieusement membre, cette fédération officieuse porte le nom de Société Fraternelle pour l'étude scientifique et morale du Spiritisme ou Société Fraternelle jusqu'en 1903, année de publication des statuts de la Fédération Spirite Lyonnaise.
D'abord présidée par Adolphe Laurent de Faget, elle enregistre le 15 juillet 1883 près de 250 adhésions de douze groupes différents : la Société spirite lyonnaise, les groupes Garnier, Guerrin, Dervieux, Lavigne, Beziade, Koch, Sallier, Hochstein, Dauphiné, Bernaud et Dayt. Plus tard, d'autres se joignent à eux, tels les Indépendants lyonnais d'Alphonse Bouvier et Amitié d'Henri Sausse, qui prend la relève de Laurent de Faget en juin 1884.
Toutefois, le projet de fédération revient à plusieurs reprises, mais toujours de manière officieuse. Une première fois, à l'occasion d'une visite de Gabriel Delanne, le 12 juillet 1885, dans la concorde de trente groupes, qui reconduit Henri Sausse dans ses fonctions de président de la Société Fraternelle, Il organise les activités avec Jean-Baptiste Chevalier, président de la Société spirite lyonnaise. Une seconde fois, à l'occasion du premier banquet annuel organisé par Alphonse Bouvier, pour commémorer le décès d'Allan Kardec, le 31 mars 1893. Faute de vrais statuts, les seize groupes réunis s'accordent pour publier son organe officiel, La Paix universelle. C'est cette absence de statuts officiels qui provoque le départ d'Alphonse Bouvier et des Indépendants en 1901. La même année meurt Jean-Baptiste Chevalier.

Ses statuts en débat
Il faut attendre la venue à Lyon de Célestin Brémont, membre de la Fédération Spirite du Sud-Est, pour qu'avec l'appui d'Alphonse Bouvier, le statu quo d'alors soit rompu. Le 20 mai 1903, ils réunissent 250 personnes et quinze groupes qui le nomment président du comité provisoire en vue de la création de la fédération. À la demande de plusieurs spirites, il est décidé qu'elle rende ses conclusions le 20 juillet, date du retour d'Henri Sausse en ville (il est alors commercial), toujours président de la Société Fraternelle. Un désaccord subsiste entre les deux hommes, au sujet de l'acceptation des médiums payants dans la fédération, les statuts sont tout de même votés en bloc et acceptés à la majorité, motif d'une première scission à Lyon, avec une organisation du Spiritisme d'un côté, de l'autre, une organisation du « spiritualisme moderne ».
La Fédération spirite lyonnaise (FSL) est créée après que les président(e)s des groupes Allan Kardec, Souvenir, Harmonie, Bouttier, et plus tard de la Société spirite lyonnaise et de la Société fraternelle se réunissent le 2 août 1903 pour constituer légalement ses statuts (déposés en préfecture le 4 août) ; le siège est au no 7 rue Terraille. Elle se donne alors pour objet la défense et la propagation du Spiritisme. La Société fraternelle subsiste et devient un centre spirite comme un autre.

Ses activités
La Caisse de secours mutuel, servant à venir en aide aux personnes, est créée sur une proposition d'Henri Sausse en 1888. Elle est alimentée par les recettes des conférences, des dons particuliers et des ventes de la fédération.
Dès 1883, sa principale activité est l'organisation de conférences spirites. Seront invités, Alexandre Delanne (ami d'Allan Kardec, père de Gabriel Delanne), Metzger, de Reyle, Léon Denis, Gabriel Delanne, continuateurs du spiritisme, et des membres de l'USF.

Son déclin
En 1932, cinq associations sont organisées autour de la fédération. Toutefois, faute de membres et de dynamisme, une lettre signée du bureau de la Société spirite Jeanne d'Arc met fin à ses activités le 20 juin 1947 et ses derniers capitaux distribués à sa caisse de secours.

La Fédération Lyonnaise et Régionale des Spiritualistes Modernes

La Fédération Lyonnaise et Régionale des Spiritualistes Modernes est fondée le 2 août 1903 après que Célestin Brémont et Alphonse Bouvier réunissent les délégués d'une dizaine de groupes de Lyon, de Villeurbanne, de Villefranche, de Roanne, de Chambéry, de Grenoble, de La Verpillière, de Bourgoin, de Vienne, de Valence, et d'ailleurs. Ils choisissent Alphonse Bouvier pour la présider ; elle est ouverte aux groupes spirites. Son siège est au no 6, rue Paul-Bert (quartier de La Guillotière), à la place de la Salle d'études psychiques et magnétiques, La Paix Universelle devient son organe officiel.
Malgré l'implication de nombreux groupes régionaux dès sa création, son existence affecte peu le spiritisme à Lyon ; ses activités se limitent à des conférences, souvent communes avec la FSL, avec laquelle elle se rapproche après le départ de Célestin Brémont. Le 25 décembre 1910, sa disparition survient simultanément à l'arrêt de la publication de son journal.

Les revues

Pour la plupart, ces revues jouent le rôle d'organe de communication des groupes spirites lyonnais dans lesquels elles rendent compte de leurs activités, de leurs points de vue, des nouveautés, etc.

Revues spirites
• La Vérité : journal du spiritisme, no 29 rue de la Charité, édité par M. Edoux, de janvier 1863 à décembre.
• Le Spiritisme à Lyon, no 69 rue Cuvier, édité par M. Finet, au 15 février 1868.
• Source de vie éternelle : Bulletin mensuel des invisibles à leurs frères terriens, du 1er janvier 1909 au 5 août 1914.
• Le Spiritisme kardéciste : Journal de propagande de la Fédération spirite lyonnaise et de la doctrine des Esprits, édité par M. Henri Sausse, du 1er janvier 1910 au 25 décembre 1920.
• devient Bulletin de la Fédération Spirite Lyonnaise, du 31 mars 1928 à mars 1934.
• Bulletin de la Société d'études psychiques et spirites de Lyon, de 1921 à 1924.
• Le Progrès Spirite : organe de la Fédération spirite universelle, de 1895 à 1912
• Le Spirite, au no 3 cours Charlemagne.
• Le Spiritisme christique, édité par l'association des groupes spirites christiques, 1972-1986. Les premières éditions sont à Casablanca (1937) avant de déménager à Lyon (1982), puis à Tours (depuis 1986).
• Le Spiritisme, bulletin d'association du Centre spirite lyonnais Allan Kardec, depuis le 1er juin 2000.

Le spiritisme social

« Hors la charité, point de salut », Allan Kardec dans Le livre des Esprits Cette citation est celle qui structure les actions d'entraide du mouvement au XIXe siècle, alors hanté par l'urgence de la question sociale. Toutefois, l'entraide spirite diffère de celle des catholiques lyonnais en ceci que ces derniers s'appuient sur l'idée d'un socialisme humaniste tel qu'avait pu le mettre en place Pauline Jaricot, contemporaine d'Allan Kardec, son ami le curé d'Ars ou le prêtre Antoine Chevrier. Quant aux spirites lyonnais, ils se différencient en répondent aux besoins des individus indépendamment de leurs idées, de leur religion ou de leur nationalité.
De nombreuses institutions sont créées, notamment dans les domaines de la prévoyance collective, l'aide alimentaire, l'accueil des personnes, la protection et l'éducation morale des enfants. Ces actions sont conduites jusqu'aux années 1930, pour certaines jusqu'après la guerre.

Les sociétés de secours mutuels

Deux sociétés de secours mutuels sont constituées par les spirites de Lyon.

La Caisse de soutiens aux vieillards et nécessiteux
Peu après son arrivée à Lyon, en 1885, Alphonse Bouvier crée une caisse de secours aux vieillards. En 1925, elle prend la forme d'une fondation, la Fondation Bouvier, qui verse des pensions « sans distinction de nationalité, de religion ou d'idées ». Son capital s'élève à hauteur de 40 000 F placé en rente sur l'État, elle distribue au début de l'hiver 60 à 70 pensions. Le compte des donations est d'abord publié dans L'Union Occulte, puis dans La Paix Universelle. En 1925, la FSL participe au financement d'un asile au profit des vieillards et des nécessiteux. Cette aide se concrétise jusque dans les années 1980, période où la SEPS continuait de verser à Noël des dons au profits des « vieillards ».

La Caisse de Secours Mutuel
La Caisse de Secours Mutuel, est une société de secours mutuels de la Société fraternelle, créée en 1888, à l'initiative d'Henri Sausse. Lors de ses quinze premières années d'existence, elle verse 110 pensions d'un montant de 50 francs. Sur le principe des sociétés de secours mutuels, ses fonds sont alimentés par du mécénat, par les cotisations de ses membres, ainsi que par les recettes des activités de la Société Fraternelle constituées par le prix d'entrée des évènements (conférences, concerts), la vente des ouvrages et des brochures.
Une lettre du bureau de la Fédération spirite lyonnaise en date du 20 juin 1947 constitue la dernière trace de l'existence de cette société, devenue en 1945 une société mutualiste.

Les actions en faveur de l'enfance
Au début du XXe siècle, plusieurs actions dédiées à l'enfance sont mises en place.

La crèche spirite
Une crèche spirite est ouverte au no 8, place de la Croix-Rousse, en septembre 1904. La Société spirite pour l'œuvre de la crèche qui l'administre reçoit du lait de la ville de Lyon, chaque jour dès 1914, ainsi qu'une dotation de l'État, à partir de 1921, elle accueille jusqu'à seize enfants par jour, en 1922.

L'orphelinat Allan Kardec
En déménageant au no 14 rue Calas, la crèche prend la forme d'un foyer, baptisé Orphelinat Allan Kardec, gérée par la famille Malosse. Une donation de Jean Meyer sert à déplacer le foyer, devenu trop petit, et ses pensionnaires au domaine de Caraguilhes, en octobre 1929, à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse (Aude). Il déménage en 1933 dans la Drôme, à Dieulefit, et une dernière fois à Saint-Donat en 1934.

L'école spirite lyonnaise
Cette dénomination est celle de Christine Bergé, dérivée de celle retranscrite dans le numéro de décembre 1917 de la Revue Spirite ; on y explique que l'« École de Lyon » est administrée par la famille Malosse qui dispense des cours de morale spirite aux enfants depuis 1914.
Cet article nous renseigne sur les programmes, les conditions d'accès à l'année supérieure ainsi que les manuels employés. Au cours de l'année 1916-1917, elle compte une trentaine d'élèves. Ces cours sont donnés sur le temps libre des enfants, le jeudi (à 13h30) et le dimanche (à 10h), dans trois quartiers de la ville, ceci afin de transmettre la morale spirite aux enfants dont les parents sont spirites et qui faute de temps ne pourraient le faire. Les inscriptions aux cours se font par adhésion à la Fédération Spirite Lyonnaise.

L'action sociale

L'aide alimentaire
L'aide est alimentaire, mais elle concerne aussi les vêtements et les dépenses de besoins essentiels, comme le charbon et le bois de chauffage, voire les dépenses de frais d'enterrement. Ces dons proviennent des spirites lyonnais eux-mêmes, Ils sont ouvriers pour la plupart, ils ont peu de revenus, certains sont très pauvres, comme le rapporte Henri Sausse en parlant de Mme Levet qui économisait sous à sous pour l'organisation de conférences.

L'asile au profit des vieillards et des nécessiteux
En 1925, la FSL participe au financement d'un asile au profit des vieillards et des nécessiteux.

Bibliographie

Sausse, H. (1905). Le Spiritisme à Lyon : Causerie faite le 8 octobre 1905 à la Fédération Spirite Lyonnaise, DANIEL-CHAMBON.
Bergé, C. (1995). L’au-delà et les lyonnais : Mages, médiums et francs-maçons du XVIIIe au XXe siècle. LUGD.
Ponsardin, M. (2004). Le Spiritisme à Lyon : (1857 - 1937). PHILMAN.
Fleurot, V. (2004). Lyon, cœur du spiritisme : Allan Kardec et les spirites lyonnais. UNIVERSITE D'ANGERS.
Fauchereau, S. & Pijaudier, J. (2011). L'Europe des esprits ou La fascination de l'occulte, 1750-1950, MUSEES DE STRASBOURG.

Chico Xavier, le scarabée et les fourmis

Quand Chico Xavier et Waldo Vieira quittaient les séances publiques et rentraient à la maison le soir, ils tapaient les textes dictés par les bienfaiteurs spirituels. Ils avaient beaucoup de travail.
Lors d’une de ces soirées, un scarabée est tombé sur la machine de Waldo Vieira, celui-ci a jeté l'insecte contre le mur. La bête s'est envolée mais elle revenue sur la table, alors, Waldo a lancé le récalcitrant avec violence sur le sol. Encore une fois, il a décollé.
Cette fois-ci, il a atterri au bon endroit sur la table de Chico. Prudemment, le compagnon de Waldo a attrapé l'insecte puis il a ouvert la fenêtre et l'a mis dehors en commentant :
- Scarabée, si tu n'as pas pu te désincarner par Waldo, c'est parce que tu es comme moi : tu as une mission à accomplir dans le monde. Va avec Dieu !
Waldo regarda avec amusement son ami mais il évita soigneusement d’émettre un commentaire sur le sujet en se rappelant comment Chico avait traité les fourmis dans le jardin.

Une nuit, un bataillon de fourmis avait envahi le potager et dévoré les légumes pour la soupe des pauvres. Avant d’y mettre du poison, Chico s’était penché vers les fourmis et avait dit :
- Vous devriez être plus miséricordieux, vous manquez de charité envers vos semblables. Vous prenez la nourriture de ceux qui en ont besoin et rien ne justifie une telle procédure…
Il a utilisé tous les arguments possibles et il s'est même donné la peine de suggérer un autre chemin car à côté du modeste potager, il y a un énorme terrain planté de toutes sortes de graminées comme une grande forêt que la nature avait mise à leurs dispositions.
- Déménagez donc et laissez-nous tranquilles ! Si cela n'arrive pas dans trois jours, je serais obligé de prendre des mesures énergiques.
Le lendemain, il ne restait plus qu’une fourmi, la récalcitrante selon Chico.
Avec patience, Chico finit par être très persuasif.

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