Sommaire
- Editorial
- Alfred Russel Wallace, un défenseur de la doctrine spirite
- Les chevaux pensants d’Elberfeld
- Tobie et son ange
- Faits judicaires résolus par les Esprits
Editorial
Une doctrine, une philosophie, une vérité peut-elle renaître de ses cendres sur des faits passés. Les phénomènes spirites dont a été témoin, comme beaucoup d’autres, le scientifique Russel Wallace l’ont convaincu de la survivance de l’âme principe intelligent de l’être humain. Toutes ces démonstrations ont apporté un grand espoir à l’humanité ainsi que des lois morales déjà mises en valeur il y a 2000 ans à l’aube de l’ère chrétienne. Nombreux sont les témoignages lointains qui corroborent ces faits qu’un spirite engagé comprend sans même en avoir été témoin. Mais le cœur des hommes ne s’éveille à cette réalité que très progressivement. De même que l’évolution des formes de la vie ont amené l’espèce humaine à se redresser pour acquérir petit à petit une posture droite, de même l’âme incarnée ou non doit subir cette évolution qui doit l’amener à s’éveiller dans l’humilité et le travail à la compréhension de son prochain. Certain aujourd’hui contredise l’évolution selon Darwin, c’est dire le chemin qu’il reste à parcourir avant que notre société accepte l’idée d’un monde spirituel complément de notre monde physique. Mais la pensée de l’homme vers le progrès le pousse à agir dans ce sens afin qu’il trouve enfin son équilibre.
Gilles Fernandez
Alfred Russel Wallace un défenseur de la doctrine spirite
Alfred Russel Wallace est un naturaliste, géographe, explorateur, anthropologue et biologiste britannique. Il est le co-découvreur de la théorie de l'évolution par la sélection naturelle avec Charles Darwin, mais c’est avant tout un savant défenseur du spiritisme.
Il est né dans le village d’Usk au Royaume-Uni, le 8 janvier 1823. Son père meurt quand il est encore très jeune et il est éduqué par son frère William. En 1843, il est désigné comme professeur au collège de Leicester où il découvre la botanique. Deux ans plus tard, il monte une expédition qui explore l’Amérique du Sud, l’Amazone et le Rio Negro. Au retour, le bateau de Wallace fait naufrage et les échantillons collectés sont perdus. Le naturaliste est sauvé par miracle, après être resté dans un canot, à la merci des flots durant dix jours. Dans les douze mois qui suivirent, il quitte l’Angleterre une nouvelle fois à destination de Singapour.
C’est durant ce long voyage de huit ans qu’Alfred Wallace mûrit sa fameuse théorie du transformisme. Il raconte que l’idée se présenta tout à coup à son esprit alors qu’il était en pleine lecture. Il s’arrêta, s’installa à son bureau, puis écrivit sa théorie toute entière en un mémoire sur la Tendance des variétés à s’éloigner du type originaire, qu’il envoya aussitôt à Sir Charles Lyell pour qu’il en donnât la lecture à la Linnean Society lors d’une séance. Au même moment, ce dernier recevait de Darwin un essai destiné à être présenté à la même assemblée, intitulé De la tendance des espèces à former des variétés. Les deux chercheurs, très loin l’un de l’autre, s’étaient rencontrés simultanément sur la même idée. Après une lutte de courtoisie, Darwin prouvât qu’il travaillait sur cette théorie depuis vingt ans, et ce fut donc son mémoire qu’entendit la Linnean Society.
Ainsi entra dans la gloire cette théorie de l’évolution des formes de la vie, qu’est le darwinisme. Dans cette étude, Darwin s'arrête à la constatation des faits et à leurs conséquences immédiates. Wallace, esprit plus étendu et plus spéculatif, voulut aller plus loin et osa aborder le domaine de l'insaisissable. Méditant sur les faits révélés par l'étude de l'astronomie, qu'il avait poussée très loin, il arriva à cette conclusion hardie que notre planète était la seule habitée, que l'homme était le but de l'univers, que cet univers n'était pas réduit à la matière seule, et que tous ces phénomènes étaient conditionnés par une intelligence coordinatrice. A la différence de Darwin, Wallace pense qu'à cette sélection instinctive, une intelligence, une volonté primordiale, a ajouté quelque chose.
C’est dans les années 1860, qu’il commença à s’intéresser aux recherches psychiques en Angleterre. Il était un matérialiste si confirmé qu’il ne pouvait absolument pas concevoir la possibilité de l’après vie. Pourtant, les faits l’ont battu, pour citer ses propres mots dans la préface de son livre : Les miracles et le moderne spiritualisme paru en 1874 dont voici un extrait : «J'étais un matérialiste si parfait et si éprouvé, que je ne pouvais en ce temps trouver place dans ma pensée pour la conception d'une existence spirituelle, ni pour celle d'aucune autre fonction que ce soit dans l'univers que la matière et la force. Les faits, néanmoins, sont choses opiniâtres. Ma curiosité fut d'abord éveillée par des phénomènes minimes mais inexplicables, constatés dans la famille d'un ami, et mon désir de savoir et mon amour de la vérité m'excitèrent à poursuivre l’enquête. Les faits devinrent de plus en plus manifestes, de plus en plus variés, de plus en plus éloignés de tout ce qu’enseigne la science moderne ou de tout ce qu'a discuté la philosophie contemporaine. Ils me vainquirent. Ils me contraignirent à les accepter comme faits, longtemps avant que je pusse en admettre l'explication spiritualiste : il n'y avait pas alors, dans mon système de pensée, de place dont cela pût s'accommoder».
Vivement intéressé par la phénoménologie, Wallace expérimenta très tôt l'hypnose, alors connue sous la forme du mesmérisme. Il fit participer avec succès, comme sujets, certains de ses étudiants du collège de Leicester. Ses travaux furent très durement critiqués, comme chez tous ces expérimentateurs de la première heure, par les institutions médicales et scientifiques. En 1893, il écrivait d’ailleurs : «J'ai ainsi appris ma première grande leçon dans l'enquête sur ces domaines obscurs du savoir, ne jamais accepter l'incrédulité de grands hommes ou leurs accusations d'imposture ou d'imbécilité, comme ayant du poids quand elles sont opposées à l'observation répétée de faits par d'autres hommes, de l'aveu de tous sains et honnêtes. L'histoire entière de la science nous montre que chaque fois que des hommes savants et instruits de tout âge ont nié les faits ou d'autres chercheurs pour raison a priori d'absurdité ou d'impossibilité, les négateurs ont toujours eu tort.»
Lors de ses nombreux déplacements, il entendit souvent parler des tables tournantes et des coups frappés par les Esprits, ce qui le conduit à établir un lien entre ses expériences sur le mesmérisme et les recherches sur le spiritisme. Il résolut de les étudier et sa première réunion spirite eut lieu le 22 juillet 1865 dans la maison d’un ami. Après plus d’une douzaine de séances, il fut convaincu de la réalité des faits. Il se consacra ensuite en septembre 1865 à l’observation des faits produits par la médium à effets physiques : Mary Marshall où il put constater de nombreux phénomènes comme la lévitation ou le déplacement d’objets sans contact. Bien qu’étant inconnu de Madame Marshall, celle-ci lui révéla lors d’un message médiumnique le nom de l’endroit où son frère était mort, et le nom du dernier ami qui l’avait vu.
D’autres phénomènes remarquables seront observés par lui en novembre 1866 lorsqu’il fera la connaissance de la médium, Mlle Nichols, future Mme Guppy. Elle pouvait se soulever dans les airs tout en restant assise sur sa chaise. Des bruits musicaux étaient entendus sans la présence d’instruments, mais le plus extraordinaire était l’apport de fleurs et de fruits aussi frais que s’ils venaient d’être cueillis. Ce phénomène s’est répété des dizaines de fois et les fleurs arrivaient en grande quantité, quelquefois à la demande comme le jour où un ami de Wallace souhaita voir apparaître des fleurs de tournesol.
Quand la possibilité de photographier des Esprits a été pour la première fois démontrée en Grande-Bretagne dans le studio de Hudson, Wallace ne tarda pas à s’intéresser à la question. Lors d’une séance avec Mme Guppy, il reçut un message de sa mère par le moyen de coups frappés qui lui indiqua qu’elle allait essayer de lui apparaître de cette manière. Wallace réalisa alors trois clichés, sur le premier figurait une silhouette masculine avec une courte épée tandis que sur les deux autres, le visage de sa mère semblait être représenté de façon indubitable.
Suite à ces expériences et au regard des très nombreux témoignages recueillis de par le monde, il déclara que les faits spirites dans leur intégralité n’exigeaient pas davantage de confirmation : «Ils sont prouvés, aussi bien que d’autres faits sont prouvés par d’autres sciences». Il ne changera plus jamais de conviction et ne manquera jamais une occasion de le clamer publiquement pour tenter de convaincre les sceptiques.
Entre 1870 et 1880, Wallace reçut beaucoup de témoignages de sympathie. Un membre de sa famille, pourvu du don de l’écriture automatique, lui communiqua un message provenant de son frère William, décédé, qui contenait beaucoup de prévisions sur son avenir qui se réaliseront en grande partie.
En 1874, la revue Fortnightly Review l’invita à publier un article sur le spiritisme auquel il donna le titre : Une défense du spiritualisme moderne.
Il travailla avec beaucoup d’autres médiums comme Mlle Katie Cook, Françis Monck, William Eglinton et prit même la défense de Henry Slade, accusé de fraude. Wallace, ainsi que certains scientifiques qui défendaient le spiritisme, comme William Crookes, fut l'objet de beaucoup de critiques de la part de la presse et mit à mal ses relations avec le monde scientifique.
Dans une lettre adressée à l’éditeur du Times, il décide de s’exprimer : «Monsieur, puisque j'ai été désigné par plusieurs de vos correspondants comme un des hommes de science qui croient au spiritualisme, peut-être me permettrez-vous d'établir brièvement sur quelle quantité de preuves ma croyance est fondée.
J'ai commencé mes recherches il y a environ huit ans, et je considère comme une circonstance heureuse pour moi que les phénomènes merveilleux étaient à cette époque beaucoup moins communs, et beaucoup moins accessibles qu'ils ne le sont aujourd'hui, parce que cela m'a conduit à expérimenter sur une large échelle, dans ma propre maison et en société d'amis dans lesquels je pouvais avoir toute confiance.
J'ai eu ainsi la satisfaction de démontrer, à l'aide d'une grande variété d'épreuves rigoureuses, l'existence de bruits et de mouvements qui ne peuvent s'expliquer par aucune cause physique connue ou concevable. Ainsi familiarisé avec ces phénomènes dont la réalité ne laisse aucun doute, j'ai été à même de les comparer avec les plus puissantes manifestations de médiums de profession, et j'ai pu reconnaître une identité de cause entre les uns et les autres, en raison de ressemblances peu nombreuses, mais très caractéristiques.
Il m'a été également possible d'obtenir, grâce à une patiente observation, des preuves certaines de la réalité de quelques-uns des phénomènes les plus curieux, preuves qui m'ont paru alors et me paraissent encore aujourd'hui des plus concluantes. Les détails de ces expériences exigeraient un volume, mais peut-être me sera-t-il permis d'en décrire brièvement une, d'après des notes prises au moment même, afin de montrer par un exemple comment on peut se mettre à l'abri des fraudes dont un observateur patient est souvent victime sans s'en douter.
Une dame qui n'avait jamais vu un de ces phénomènes nous pria, ma soeur et moi, de l'accompagner chez un médium de profession bien connu ; nous y allâmes et nous eûmes une séance particulière en pleine lumière, par une journée d'été. Après un grand nombre de mouvements et de coups frappés comme d'habitude, notre amie demanda si le nom de la personne défunte avec laquelle elle désirait entrer en communication pouvait être épelé. La réponse ayant été affirmative, cette dame pointa successivement les lettres d'un alphabet imprimé, pendant que je notais celles auxquelles correspondaient les trois coups affirmatifs.
Ni ma soeur, ni moi, ne connaissions le nom que notre amie désirait savoir, et nous ignorions également le nom de ses parents défunts ; son propre nom n'avait pas été prononcé, et elle n'avait jamais vu le médium auparavant. Ce qui va suivre est le compte rendu exact de ce qui se passa. J'ai seulement altéré le nom de famille qui n'est pas très commun, n'ayant pas l'autorisation de le publier. Les lettres que je notai furent :
Y. R. N. E. H. N. O. S. P. M. O. H. T.
Dès que les trois premières lettres Y. R. N. furent notées, mon amie dit :
- C'est un non-sens, il vaudrait mieux recommencer. Juste à ce moment son crayon était sur la lettre E, et des coups furent frappés. Une idée me vint alors (ayant lu un fait pareil sans en avoir jamais été témoin) et je dis :
- Continuez, je vous prie, je crois deviner ce que cela veut dire.
Lorsque mon amie eut fini d'épeler, je lui présentai le papier, mais elle n'y vit aucun sens ; j'opérai une division après la première lettre H, et je priai cette dame de lire chaque portion à l'envers, alors apparut, à son grand étonnement, le nom correctement écrit de Henry Thompson, son fils décédé, dont elle avait souhaité d'être informée. Justement, à cette époque, j'avais entendu parler à satiété de l'adresse merveilleuse du médium pour saisir les lettres du nom attendu par les visiteurs dupés, malgré tout le soin qu'ils prennent pour passer le crayon sur les lettres avec une régularité parfaite.
Cette expérience (dont je garantis l'exacte description faite dans le récit précédent), était et est à mon sens la réfutation complète de toutes les explications présentées jusqu'ici au sujet des moyens employés pour indiquer par des coups les noms des personnes décédées. Sans doute, je ne m'attends pas à ce que les gens sceptiques, qu'ils s'occupent ou non de science, acceptent de tels faits dont je pourrais d'ailleurs citer un grand nombre d'après ma propre expérience, mais ils ne doivent pas plus, de leur côté, s'attendre à ce que moi ou des milliers d'hommes intelligents à qui des preuves aussi irrécusables ont été données, nous adoptions leur mode d'explication court et facile. […] Je suis, Monsieur, votre très obéissant serviteur. Alfred R. Wallace.»
Il est difficile de mieux préciser la question que ne l'a fait l'éminent naturaliste. Le nom de Henry Thompson, venu lettre par lettre, dans l'ordre inverse de celui où il s'écrit habituellement, démontre jusqu'à l'évidence l'intervention d'une intelligence indépendante de celle des assistants et répond victorieusement à l'objection de la transmission de pensée.
Pendant les années 1886-1887, il donna une série de conférences en Amérique.
Il assista à des séances de matérialisations d’Esprits avec la médium Mme Ross et quand le bruit courut que cette dernière avait été prise en flagrant délit de tricherie, il témoigna en sa faveur dans une lettre adressée au Banner of Light. A San-Francisco, il observa une manifestation exceptionnelle d’écriture automatique sur ardoise avec le médium, Fred Evans, produite avec cinq couleurs différentes.
Jusqu’à la fin de ses jours, il resta fidèle à ses convictions et se désincarna le 7 novembre 1913 à l’âge de 91 ans.
Les chevaux pensants d’Elberfeld
En traitant de l’âme animale dans son livre «la réincarnation», que vous pouvez trouver aux Editions Philman, Gabriel Delanne nous relate plusieurs expériences réalisées avec des animaux et notamment en Allemagne avec des chevaux. En découvrant quelques photos dans les annales des sciences psychiques de décembre 1912, il nous a paru intéressant de développer le sujet.
C’est en 1912 que l’on commence à parler de ces expériences dans la presse parisienne mais tout débute réellement en 1890 à Berlin. Un vieil original, nommé Wilhehm Von Osten posséde un cheval. Comme il observe la façon dont il se comporte, il croit discerner chez cet animal, dans sa conduite, des traits témoignant d'une intelligence véritable.
«Cette intelligence doit, pense Von Osten, comme toute faculté, être susceptible de se développer par l'exercice. » Et, il se met à instruire son cheval. Cependant, la brave bête n'arrive qu’à de faibles résultats et elle meurt au bout de quelques années.
Encouragé par ces premiers succès, Von Osten achète un nouvel étalon qu’il appelle Hans ; il va devenir le plus célèbre des chevaux. Celui-ci profite tellement des leçons de son maître, qu'il est bientôt capable, non seulement de compter, c'est-à-dire de frapper de son sabot le nombre de coups qu'on lui commande, mais encore d'effectuer de véritables calculs, de résoudre de petits problèmes. Il apprend à lire, à indiquer la date de chaque jour de la semaine courante.
Naturellement, le bruit se répand bientôt des résultats que M. Von Osten a et la courette de Von Osten devient rapidement trop étroite pour contenir tous les curieux qui s'y pressent. Les journaux commencent à discuter du cas de Hans. De violentes polémiques éclatent entre ceux qui tiennent pour l'intelligence de la bête et ceux qui invoquent quelque misérable truc ; lequel ? On n'était pas bien d'accord à ce sujet.
On constitue une commission d'enquête, composée de MM. Stumpf et Nagel, professeurs de psychologie et physiologie à l'université de Berlin, du directeur du jardin zoologique, d'un directeur de cirque, de vétérinaires, d'officiers de cavalerie. Le rapport conclut à l’inexistence d'un truc employé par M. Von Osten, pour cette bonne raison que les expériences réussissent même en l'absence de celui-ci.Une seconde commission, composée de J. Stumpf et de ses élèves, croit constater que le cheval ne peut compter et calculer que lorsque les personnes présentes connaissent le résultat à obtenir. M. Oskar Pfungst, élève du laboratoire de psychologie de Berlin, entreprend de patientes expériences qui l'amenent à conclure que l'expérimentateur transmet au cheval la réponse au moyen de petits mouvements inconscients de la tête ou des yeux. Il publie ses recherches dans un livre et la non-intelligence de Hans est désormais une question classée. Ce qui est singulier car Hans est tout de même un cheval qui a l’idée d’observer ces petits signes inconscients et qu’il ne se trompe jamais !
Le pauvre monsieur Von Osten meurt dans l’isolement en 1909 à l’âge de 72 ans.
L’oubli de ces évènements semble être définitif quand un gros ouvrage de M. Karl Krall remet toute la question sur le tapis. M. Krall est un riche négociant d'Elberfeld, une importante ville manufacturière de Prusse où il réside depuis trois générations. Il posséde un esprit de recherche ainsi qu’une parfaite bonne foi. Il s’est toujours intéressé aux recherches psychophysiques au point de transformer une partie de sa maison en laboratoire de recherches. Celui-ci est rempli d’appareils perfectionnés dont certains sont inventés par lui. Ayant connu M. Von Osten et travaillé avec lui, il hérite de Hans et il s’attache à démontrer que les résultats obtenus ne sont pas dus à de prétendus mouvements inconscients des expérimentateurs. Il réalise un grand nombre d’expériences, notamment dans des situations où le cheval ne peut pas voir son maître, mais également dans une obscurité complète : les réponses sont toujours justes.
Afin d’aller plus en avant dans ces travaux, M. Krall achète deux autres étalons : Muhamed et Zarif. Il les instruit et les résultats ne se font pas attendre. Ils sont stupéfiants. Les deux chevaux manifestent des aptitudes différentes ; Muhamed montre une intelligence beaucoup plus vive et plus ouverte à l’arithmétique.
Les leçons durent d’une heure et demie à deux heures par jour pour chaque animal. On leur apprend d’abord les chiffres jusqu’à 9 puis on leur explique ce que sont les dizaines et qu’il faut les frapper du pied gauche, le pied droit étant réservé aux unités.
Treize jours après la première leçon, Muhamed exécute correctement toute une série d’additions simples : 1+3, 2+5, etc ainsi que des soustractions comme 8-3. On passe ensuite aux multiplications et aux divisions, quatre jours plus tard. Et trois jours de plus, on lui apprend les fractions. Cinq mois après, il pouvait extraire des racines carrées et résoudre des opérations comme celles-ci : L’année suivante, on commença la lecture au moyen d’un alphabet où chaque lettre est représentée par un nombre entre 11 et 66 comme suit : " Le cheval épelle en frappant du sabot le nombre correspondant à la lettre désirée. Ce procédé permet à Zarif au bout de quatre mois, d’épeler de son propre chef les mots qu’on prononçe devant lui. On constate qu’il supprimait souvent les voyelles, est-ce la façon dont il entend les sons ou veut-il gagner du temps ? On peut le croire car lorsque l’on lui demande de rajouter les lettres manquantes, il les donne et tout est correct.
M. Krall s’aperçoit que ses étalons frappent du sabot en dehors de la leçon. Il s’avise de compter les coups pour voir si, selon son alphabet, ces coups disent quelque chose. A sa grande surprise, il constate au début des fragments de discours incompréhensibles comme les premiers balbutiements d’un enfant, puis se dégagent des phrases très nettes que le cheval forge de toutes pièces.
Un matin, par exemple, on demande à Muhamed :
- Pourquoi Zarif n’a-t-il pas été sage ?
- Parce qu’il est paresseux.
- Et pourquoi est-il paresseux ?
- Parce qu’il dit qu’au commencement de la leçon, il ne veut rien savoir !
A travers ces divers travaux, nous découvrons chez nos petits frères des facultés de raisonnement et de calcul, une intelligence qui se met en place et où la pensée n’a d’autres limites que celles qui lui viennent de la matière, de l’imperfection physique de ses organes.
Tobie et son ange
Puisque nous avons tous un guide qui nous assiste et nous soutient, pourquoi ne l'entendons-nous pas plus distinctement ? Pourquoi ne peut-il pas, comme un père, nous mettre clairement en garde contre un danger, nous encourager dans l'effort, nous aider à faire un choix, nous pousser dans la voie du bien ? Même en tant que spirite, lorsque l'on sollicite notre guide pour un conseil, nous sommes souvent renvoyés à notre libre arbitre.
Pourtant, cela ne signifie pas pour autant que le monde invisible soit resté sourd à notre appel, au contraire. Comme c'est par notre libre arbitre que nous progressons, les conseils nous sont donnés par l'inspiration. Ainsi, en nous croyant seuls, nous agissons plus librement et pouvons prendre des initiatives qui nous laissent tout le mérite du bien, mais aussi toute la responsabilité du mauvais choix, car nous sommes également libres d'écouter d'autres Esprits moins bien intentionnés à notre égard...
Le texte suivant, extrait de «L'Evangile selon le spiritisme» d'Allan Kardec, nous aide, à travers l'histoire de Tobie et de son ange, à comprendre l'utilité d'un silence apparent et, par là même, la justesse des desseins de Dieu qui, comme un Père prévoyant, prépare notre avenir alors même que nos prières ne portent que sur le présent.
Il serait illogique de conclure de cette maxime : «Quoi que ce soit que vous demandiez par la prière, il vous sera accordé», qu’il suffit de demander pour obtenir, et injuste d’accuser la providence si elle n’accède pas à toute demande qui lui est faite, car elle sait mieux que nous ce qui est pour notre bien. Ainsi en est-il d’un père sage qui refuse à son enfant les choses contraires à l’intérêt de celui- ci. L’homme, généralement, ne voit que le présent ; or, si la souffrance est utile à son bonheur futur, Dieu le laissera souffrir, comme le chirurgien laisse le malade souffrir d’une opération qui doit amener la guérison.
Ce que Dieu lui accordera, s’il s’adresse à lui avec confiance, c’est le courage, la patience et la résignation. Ce qu’il lui accordera encore, ce sont les moyens de se tirer lui- même d’embarras, à l’aide des idées qu’il lui fait suggérer par les bons Esprits, lui en laissant ainsi le mérite ; il assiste ceux qui s’aident eux-mêmes, selon cette maxime : «Aide- toi, le ciel t’aidera», et non ceux qui attendent tout d’un secours étranger sans faire usage de leurs propres facultés ; mais la plupart du temps on préférerait être secouru par un miracle sans avoir rien à faire. (Ch. 25, n° 4 et suiv.)
Prenons un exemple. Un homme est perdu dans un désert ; il souffre horriblement de la soif ; il se sent défaillir, se laisse tomber à terre ; il prie Dieu de l’assister, et attend ; mais aucun ange ne vient lui apporter à boire. Cependant un bon Esprit lui suggère la pensée de se lever, de suivre un des sentiers qui se présentent devant lui ; alors par un mouvement machinal, rassemblant ses forces, il se lève et marche à l’aventure. Arrivé sur une hauteur, il découvre au loin un ruisseau ; à cette vue il reprend courage. S’il a la foi, il s’écriera : «Merci, mon Dieu, de la pensée que vous m’avez inspirée, et de la force que vous m’avez donnée». S’il n’a pas la foi, il dira ; «Quelle bonne pensée j’ai eue là ! Quelle chance j’ai eue de prendre le sentier de droite plutôt que celui de gauche ; le hasard nous sert vraiment bien quelquefois ! Combien je me félicite de mon courage et de ne m’être pas laissé abattre !»
Mais, dira-t-on, pourquoi le bon Esprit ne lui a-t-il pas dit clairement : «Suis ce sentier, et au bout tu trouveras ce dont tu as besoin ?» Pourquoi ne s’est-il pas montré à lui pour le guider et le soutenir dans sa défaillance ? De cette manière il l’aurait convaincu de l’intervention de la providence. C’était d’abord pour lui apprendre qu’il faut s’aider soi-même et faire usage de ses propres forces. Puis, par l’incertitude, Dieu met à l’épreuve la confiance en lui et la soumission à sa volonté. Cet homme était dans la situation d’un enfant qui tombe, et qui, s’il aperçoit quelqu’un, crie et attend qu’on vienne le relever ; s’il ne voit personne, il fait des efforts et se révèle tout seul.
Si l’ange qui accompagna Tobie lui eût dit : «Je suis envoyé par Dieu pour te guider dans ton voyage et te préserver de tout danger», Tobie n’aurait eu aucun mérite ; se fiant sur son compagnon, il n’aurait même pas eu besoin de penser ; c’est pourquoi l’ange ne s’est fait connaître qu’au retour.
Faits judicaires résolus par les Esprits
Durant les séances médiumniques, les Esprits qui se communiquent peuvent donner des conseils, des encouragements, ils peuvent également apporter des preuves de leurs identités en révélant des faits ignorés du médium et des participants, comme par exemple des moments de vie personnelle. Ils peuvent aussi prévenir d’un danger et il leur arrive de dévoiler certaines vérités restées cachées comme dans les affaires juridiques. Dans son livre “Les phénomènes psychiques”, Joire cite de nombreux cas d’affaires résolues grâce aux communications des désincarnés. En voici un extrait.
C’est l’histoire tragique du fils du docteur Davey qui meurt sur un navire où il s'est embarqué pour revenir chez lui. A l'arrivée à Londres, le capitaine du bateau informe le père de la mort de son fils et lui remet vingt-deux livres sterling qu'il dit avoir trouvées dans la poche du défunt. Quelque temps après, ce dernier se communique par écriture à son père lors d’une séance spirite et il lui apprend qu'il est mort empoisonné par le capitaine en laissant soixante-dix livres et non pas vingt-deux. Dans les jours qui suivront, on trouvera les preuves nécessaires pour inculper le capitaine.
Au cours d’une séance, le médium Powel Boston a écrit un nom sur une feuille de papier. Soudain, il pâlit et prend la main d’une personne assise à côté de lui et s'écrie :
- Dites à Hatie (le nom d’une dame concernée par la situation) que ce fut non pas un accident ou un suicide, mais un vil assassinat commis par mon mari. Il existe des lettres qui le prouvent. Je suis mistress Salie Laner.
C'était le nom écrit sur le papier, celui d'une dame tuée quelques jours auparavant d'un coup de fusil dont on n'avait pu trouver l'auteur. Le mari meurtrier fut arrêté quelques jours après.
Un autre exemple moins morbide mais prouvant l’intervention d’une entité de l’au-delà. Un certain Jack se communique par écriture au cours d’une séance médiumnique. Il donne des preuves de son identité et explique qu'il a une dette de trente-cinq dollars et une créance de quinze chez le cordonnier. Quelques temps plus tard, ce fait est confirmé en justice..
On trouve également une intervention des Esprits familiers dans le cas suivant : le baron de Korff, mort en 1867, avait laissé un testament que l'on ne pouvait retrouver. Il ne le fut que quelques mois plus tard, grâce à un médium, dans une communication spirite où il indiqua la cachette du testament.
Il arrive parfois que ces révélations soient faites au cours de rêves. Saint Augustin raconte :
- Lors de mon séjour à Milan j'ai appris qu'après la mort de M., on vint présenter à son fils une promesse de paiement signée du défunt. Le jeune homme s'affectait de cette dette non mentionnée dans le testament et dont il ne pouvait trouver la quittance. Une nuit, son père lui apparaît en songe et lui indique l'endroit où elle était conservée. Cela permit de confondre l’imposteur car la dette avait déjà été payée par M. avant de mourir.
Un cas tout à fait analogue est également cité : M. R. de Bowland est sommé en justice de payer une somme importante. Cette somme avait été jadis déboursée par son père mort mais il ne trouvait pas le reçu dans les papiers de succession. Il allait être obligé de payer la somme quand son père lui apparut en songe et lui dit :
- Les papiers relatifs à cette affaire sont aux mains du procureur M. Aujourd'hui, il n'exerce plus et il vit retiré à Suveresk, près d'Edimbourg. Au cas où il l'aurait oublié, rappelle-lui notre petite discussion au sujet d'une monnaie portugaise.
R. se rendit à Suveresk, y trouva le procureur très vieilli, à qui l'histoire de la monnaie rappela tout. Le papier fut trouvé et le procès gagné.
Le célèbre médium Swedenborg, par ses relations étroites avec le monde invisible, aide un jour une Mme de Morteville, veuve du ministre de Hollande à Stockholm, qui devait s’acquitter d’une dette par son mari mort. Celle-ci était payée mais elle ne trouvait pas le reçu. En lui indiquant en songe, l'endroit où était le reçu perdu à Swedenborg, il l’a sauvé d’une situation délicate.