Sommaire
- Editorial
- Le courrier des lecteurs
- En couverture
- Une histoire de maison hantée
- Pour comprendre l'obsession
Editorial
Vous lirez dans ce numéro le compte-rendu d'une intervention de nos médiums auprès d'Esprits endurcis et perturbateurs. En fait, il ne s'agissait pas tant d'Esprits vicieux ou méchants que d'Esprits ignorants et déboussolés.
Evidemment, il faut aider ces Esprits qui ne revêtent un masque de méchanceté que pour dissimuler leur ignorance, qui ne jouent les terreurs que pour masquer leur fragilité et leurs faiblesses.
Nous parlons d'Esprits désincarnés, bien sûr… Mais n'en va-t-il pas exactement de même pour les Esprits incarnés ?
Les mêmes masques plaqués sur les mêmes plaies… Derrière la violence, la haine, le mal, qu'y a-t-il ?
Comme nos guides et avec leur aide, appliquons-nous à voir au-delà des apparences, à ignorer le comportemental pour ne saisir que la potentialité de l'être, c'est notre devoir de spirite.
Aucun Esprit n'est voué à la violence et au mal, il n'existe que des Esprits plus ou moins parfaits, plus ou moins instruits. Sur cette échelle de l'évolution où nous sommes aidés par les Esprits évolués qui nous précèdent, n'oublions pas de tendre la main à ceux qui nous suivent.
C'est notre devoir d'homme.
Bonne lecture,
Le président
Le courrier des lecteurs
Monsieur,
Mon nom est Pierre Vial et j'habite à Bourg-en-Bresse. Je vous adresse ci-joint un petit texte, fruit d'une expérience vécue. Peut-être trouvera-t-il place dans votre bulletin.
Lettre à mon guide.
Je suis resté bien longtemps sans nouvelle de toi. Toi, tu percevais tout, mais moi, aveugle et sourd, je ne te savais plus.
Pourtant, enfant, je sentais ta présence à mes côtés et, bien souvent, seul ami de l'enfant solitaire, tu m'as consolé de bien des peines, apaisé de bien des tourments. Tu étais ce frère de rêverie, plus grand et plus fort que l'humain, mon refuge, le seul qui comprenait tout, infatigable d'amour.
Et puis, la normalisation de l'éducation, l'apprentissage de la vie sociale, m'ont peu à peu bouché les oreilles. De loin en loin, quelque écho, quelque conseil éclairé, quelque protection…
« L'inspiration, la chance » disait-on. Non ! Ta présence, encore très faiblement perceptible par mes sens obtus.
Alors le silence est venu : j'étais adulte. Plus de rêve, plus d'enchantement, plus de sens, plus d'oreilles, des yeux qui ne voyaient que le décor. Parfois, le souvenir fugace me traversait et le vide désespérant, le manque d'un plus que frère perdu, disparu depuis trop longtemps.
Enfin, des errements, des rencontres, un cheminement « guidé » pas à pas jusqu'à une réunion de spirites.
Mon âme s'ouvrait à nouveau et je reconnus tout de suite ta présence qui me comblait. J'ai pensé : « Comme un ami qui revient de loin ». C'était moi qui revenais de loin. Comme j'ai dû te paraître ingrat, insensible, matériel et lourd !
Ce soir, je sais que tu es là, avec moi et je veux te remercier pour ta patience, ton amour infini, et la délicatesse de tes aides. Tu m'as suivi et attendu dans toutes mes errances ; mes erreurs, tu les connais comme tu sais tous mes défauts, et quand j'ai réussi parfois à élever quelque peu mes pensées, tu étais tout près, rayonnant.
Toi seul sais le poids exact de mon âme, et je me suis engagé à travailler à la faire plus légère pour soulager ta mission d'amour.
Comment te nommer ? Frère, ami, maître, guide, tout cela à la fois, sans doute et plus encore peut-être. A te retrouver, à Dieu…
Je prie pour que chacun s'ouvre à son guide, facilitant ainsi son travail de paix et d'amour.
Il est intéressant de rappeler à ce sujet un texte de St Augustin qui nous montre bien que de tous temps et que, quels que soient les hommes, la recherche est la même :
« Lumière de mon cœur, ne laisse pas mes ténèbres me parler !
J'ai dérivé vers les choses d'ici bas et je suis devenu obscurité ; mais de là, même de là, je t'ai profondément aimée.
J'ai erré et je me suis souvenu de toi. J'ai entendu ta voix derrière moi me disant de revenir, mais j'ai mal entendu dans le tumulte des contestations.
Et maintenant voici que je reviens tout brûlant et haletant vers ta source.
Que nul ne m'en écarte !
Que j'y boive et en vive.
Que moi je ne sois pas ma vie. »
St Augustin.
En couverture
La photographie en couverture est celle de la maison qu'occupa la famille Fox en 1848 à Hydesville, Etat de New-York, U.S.A.
C'est dans cette maison qu'eût lieu un phénomène de hantise qui allait connaître un profond retentissement à travers l'Amérique et aussi l'Europe, et qui allait donner naissance à la mode des Tables Tournantes.
Avant l'arrivée de la famille Fox, la maison était réputée hantée et des coups frappés se faisaient entendre. Un soir, la plus jeune fille, Kate, âgée de 11 ans, eut l'idée d'établir un dialogue au moyen de coups frappés avec cet être invisible, un coup pour oui, deux coups pour non… L'entité répondit et un dialogue s'instaura avec la famille Fox tout d'abord, avant de s'étendre au village puis à l'Amérique toute entière.
Pour plus de détails, consultez notre cours n°1 de Spiritisme : « La naissance du Spiritisme. »
Une histoire de maison hantée
Une famille de notre connaissance, qui vient d'aménager dans une maison construite il y a une cinquantaine d'années, a constaté dès son arrivée des troubles divers, des bruits inexpliqués provenant le plus souvent du sous-sol. En désespoir de cause, ils font appel à nous. Cela représente une nouvelle expérience pour le groupe qui n'est jamais intervenu de façon solidaire dans ce contexte.
Trois médiums se sont rendus sur les lieux : Catherine, Alain et Christian. Arrivés au premier sous-sol, ils ressentent une ambiance négative et désagréable ; au deuxième sous-sol, ils sont pris d'angoisse, de nausées et doivent mobiliser toute leur énergie pour ne pas faire demi-tour.
C'est bien là que « ça » se passe.
Ce sous-sol a été aménagé en boîte de nuit et les sensations sont très lourdes, l'angoisse semble suinter des murs. Qu'a-t-il bien pu se passer ici, quel type d'Esprit est resté attaché à ces lieux ? Mais nous ne sommes pas venus pour juger, nous sommes là avant tout pour venir en aide à ces Esprits, les raisonner, les moraliser, pour qu'ils puissent se libérer de ces lieux et libérer ces lieux.
Voici le résumé de cette intervention qui a duré plus d'une heure:
Nous demandons à Françoise, la maîtresse de maison, de dire une prière. Françoise, qui est catholique pratiquante a les plus grandes difficultés à réciter le « Notre Père » car un Esprit s'amuse à la faire bafouiller et à intervertir les termes. Elle doit répéter plusieurs fois cette prière avant de la dire correctement. Puis elle leur demande en termes simples et directs de partir de cette maison, de laisser sa famille tranquille.
Catherine lit une prière destinée aux Esprits souffrants et endurcis, extraite de « l'évangile selon le Spiritisme ». Le ton est volontairement déterminé et tranchant pour obtenir une réaction de ces Esprits. Cette réaction est immédiate puisque, depuis le début, Christian a incorporé un Esprit agité qui ne cesse de psalmodier ces mots : « prêchi-prêcha, prêchi-prêcha, etc… » alors que deux autres Esprits ricanent.
Enfin, l'Esprit incorporé s'exprime, en termes véhéments. Ses premiers mots sont :
« Que faites-vous ici, chez nous ? C'est à vous de déguerpir et de nous laisser tranquilles ! Nous sommes chez nous, partez ! »
Avec une douceur infinie, beaucoup d'amour et de compassion, un Esprit supérieur, un guide répond, par la bouche de Catherine, que ces médiums sont là simplement par compassion pour eux, pour les aider à se sortir de cette situation, de cette prison où ils se terrent et qu'ils peuvent accéder s'ils le veulent à un monde où ils existeront vraiment, où ils seront entourés, aidés, où ils percevront la lumière, où ils auront la possibilité d'évoluer, que cela ne dépend que d'eux, qu'il leur est simplement demandé de faire un premier pas.
L'Esprit ne répond pas tout de suite, il est très troublé par la force et la douceur irrésistible de l'Esprit supérieur qui lui répond. Il finit par avouer qu'on ne lui a jamais parlé comme ça et que la compassion, il n'a jamais connu… Il est partagé entre l'envie d'écouter cet Esprit évolué, de le suivre dans cette ouverture et l'attachement à ce lieu, à cet état et aux autres Esprits qui sont là.
Puis il se « ressaisit » et revient à son idée fixe : « Ici, c'est chez nous, nous ne pouvons pas partir… De toute façon, après ce que j'ai fait, enfin… ce que l'on m'a fait faire, je ne peux pas sortir d'ici, je suis enchaîné ! Et dehors, on nous attend pour la punition… un châtiment terrible, à la mesure de ce qu'on a fait ! »
Sans se départir de sa grande douceur et de sa patience sans limite, l'Esprit évolué lui répond que le châtiment dont il parle, il se l'inflige lui-même depuis bien longtemps en restant prostré dans ce lieu froid et sombre comme une oubliette.
« Oui, tu es attendu à la sortie de cette geôle, attendu par ton guide dans la joie et le pardon, car le pardon de Dieu existe pour tous ses enfants. Tu n'auras plus peur, tu n'auras plus froid »… Au fil de la conversation, on comprend que cet Esprit n'est pas foncièrement méchant mais plutôt égaré et souffrant. Maintenant lui apparaît l'espoir qu'il peut s'arracher à cet état misérable pour accéder à un niveau de conscience supérieur qui lui permettra d'évoluer enfin, mais il est déchiré entre cet espoir et l'attachement malsain à ce lieu, cette tanière, à ses compagnons de misère et à cette peur du châtiment, à cette honte sous-jacente.
Dans chaque réponse, on le voit osciller entre cet espoir et cette peur/honte, entre le positif et le négatif, la lumière et les ténèbres.
L'Esprit guide qui a compris que s'il parvient à décider cet Esprit difficile, les deux autres le suivront, déploie des trésors de tendresse pour le raisonner ; mais l'Esprit résiste et se retranche encore derrière ses compères. Le médium est épuisé et l'incorporation doit se conclure.
« Vous m'avez fait apercevoir des possibilités auxquelles je ne croyais plus, j'ai ressenti l'amour vrai avec lequel tu m'as parlé… Je ne pensais pas que je pouvais être aimé comme ça, et peut-être pardonné. J'ai vraiment envie et besoin de cette lumière dont tu m'as parlé, mais tout ça je me demande si ce n'est pas trop beau pour être vrai… J'ai besoin de réfléchir et d'en parler aux autres. Je ne dis pas oui, mais je ne dis pas non, je vais réfléchir… »
Rendez-vous tacite est pris pour la semaine suivante, cet Esprit semble prêt à sauter le pas mais qu'en sera-t-il pour ceux qui sont restés tapis, goguenards ? Ils semblent plus endurcis et moins accessibles à la raison.
Deuxième séance, huit jours plus tard.
Malgré les prières des habitants de la maison, l'ambiance s'est détériorée encore, les disputes se multiplient ainsi que les manifestations…
L'équipe des médiums s'est renforcée : aux trois premiers se sont joints Annick, Bernard et Gilles. L'Esprit va-t-il tenir sa promesse et s'incorporer à nouveau, les autres Esprits vont-ils se manifester ?
Catherine a préparé une prière circonstanciée, très dense. Françoise, présente, leur renouvelle sa demande de les voir partir. Tous les médiums sont prévenus : il risque d'y avoir plusieurs incorporations simultanées ; ces incorporations seront sans doute pénibles et il conviendra de les retenir, de les différer afin d'éviter la confusion et que chacun puisse parler à son tour. Et en effet, les médiums diront à l'issue de la séance que dès les premiers instants, chaque Esprit était là, incorporé, prêt à parler et que chaque médium a dû faire un effort important pour les contenir.
Catherine dit la prière ; aussitôt l'Esprit incorporé la semaine précédente se manifeste en reprochant certains termes de la prière.
«tu dis que nous sommes méchants et endurcis. Nous ne sommes pas méchants, pas endurcis. D'ailleurs qui êtes-vous, vous, pour venir nous donner des leçons ? Vous n'avez donc jamais commis d'erreurs, vous n'avez pas de travers, vous êtes parfaits, quoi ! Laissez-nous donc, puisque nous sommes si imparfaits ! »
Le ton est donné, il semble revenu à son attitude méfiante et agressive du départ. Mais Catherine lui répond :
« Tu n'as retenu que ces seuls mots ?
- Non, j'ai bien écouté chaque partie de ton discours.
- Tu as du entendre que chaque Esprit doit se perfectionner au fil du temps et des vies. Nous-même sommes probablement tombés dans les mêmes errements que vous, peut-être pires ; mais, si nous sommes encore très loin de la perfection, nous avons compris, nous avons admis la nécessité de progresser et nous nous efforçons chaque jour d'y parvenir. »
L'Esprit semble touché par cet argument, mais il ne veut pas lâcher prise et ergote. En fait, et chacun le sent à ce moment-là, c'est peut-être bien cet Esprit le plus retors, le plus difficile. Il est évolué, sans doute plus que les autres, il a la conscience de Dieu, du guide spirituel et de l'évolution, mais il discute pied à pied chaque argument.
Dans le dialogue, il apprend qu'il pourra se réincarner dans de bien meilleures conditions et qu'il naîtra au sein d'une famille aimante, avec un père et une mère attentionnés. L'Esprit reste silencieux puis, incrédule et espérant à la fois, il demande :
« Tu veux dire un vrai père et une vraie mère… et ils ne m'abandonneront pas ? »
Le ton a changé, c'est le moment clef. Lorsqu'on lui confirme qu'il sera un enfant aimé, jamais abandonné, cet Esprit s'effondre et le médium est secoué de sanglots…
Alors Catherine lui montre ce pas qu'il doit faire pour accéder à la lumière, se sortir de ce trou, lui parle de son guide et de ceux qui l'attendent pour l'aider, pour l'aimer. Il renâcle encore un peu, bien que sa décision soit déjà prise :
« Oui, je veux ça… je n'ai plus guère d'autre choix, je crois, mais je ne peux pas laisser là les autres, ils ne comprendraient pas. »
- Mais, au contraire, tu dois le faire pour toi, mais aussi pour eux. Ils te suivront, tu sais. »
Encore quelques hésitations et il se décide à faire ce pas qui lui semble immense :
« D'accord, je vous fais confiance… je te fais confiance à toi qui a su me parler sans me juger. Je te crois, je pense qu'il n'y a pas de piège. »
Il est d'abord troublé puis, peu à peu, il se sent tiré vers le haut et perçoit de la lumière, une lumière qui l'inonde maintenant. Juste avant de se fondre dans cette lumière, il murmure, comme une main tendue à ses compagnons :
« Vous pouvez venir, il n'y a pas de piège… pas de piège. »
Ce dialogue aura été très long et très difficile, mais très riche aussi pour chacun.
Rapidement, le deuxième Esprit, incorporé par Annick prend la parole :
« Et alors, on me demande rien, à moi ? Et d'abord, il se prend pour qui l'autre et de quel droit il parle en mon nom ? Un silence, puis : Il est vraiment parti ? »
Gilles lui répond :
« Oui, il est parti, il est maintenant dans la lumière, dans l'amour… Tu ne veux pas faire comme lui ?
- Alors parce que lui il part, il faut qu'on parte aussi ! Et pour le retrouver ! … Ah non ! Moi je suis bien là, et encore mieux s'il n'y est plus ! Tu sais… je ne l'aimais pas. Et c'est chez moi, ici. J'étais là bien avant lui, j'étais là le premier. Moi, je reste. Je n'embête personne. C'est eux qui ont embêté les gens qui sont arrivés… pas moi ! Moi, je n'ai rien à voir avec eux, je suis bien tranquille ici et je ne demande rien à personne ! "
Gilles lui parle aussi de l'amour et de la lumière qu'il peut facilement retrouver, que lui aussi aura droit au pardon et à refaire une vie meilleure.
« L'amour, il y a longtemps que je ne sais plus ce que c'est… mais ici je suis tranquille.
- Il faudra pourtant bien que tu évolues, tôt ou tard. Tu veux rester encore combien de temps dans cet état, dans ce trou à rat ?
- C'est vrai que c'est pas terrible ici, surtout depuis que les autres sont arrivés, avec toutes leurs chinoiseries (L'Esprit parle des prières que la famille fait chaque soir depuis une semaine), je ne suis même plus si tranquille !
- Tu sais, l'autre Esprit a fait le bon choix, il est déjà auprès de son guide qui va l'orienter pour une nouvelle vie.
- Oui, j'ai entendu ce que vous lui avez dit… mais t'es vraiment sûr que ce sera pareil pour moi, que je pourrais retrouver une famille ?
- Oui, c'est certain… d'ailleurs, tu as entendu : il n'y a pas de piège.
- De toute façon, ça ne me plaît plus guère ici, et si l'autre y est arrivé… je ne suis pas plus bête que lui ! Mais je ne veux pas le retrouver, celui-là !
- N'aie aucune crainte !
- Qu'est-ce que je dois faire ?
- Demande l'aide de ton guide, oriente-toi vers la lumière et laisse-toi conduire. »
Avec l'aide de Gilles, cet Esprit se dégage peu à peu.
« Je vois une trappe lumineuse qui s'ouvre et je me sens aspiré en haut, vers cette trappe… c'est une sensation agréable ! »
Ce sont ses derniers mots.
Aussitôt, le troisième Esprit, incorporé par Bernard intervient, interloqué et paniqué :
« Mais… mais… ils m'ont laissé tomber ! Qu'est-ce que je vais devenir, tout seul ? »
Alain lui répond :
« Tu n'as plus rien à faire ici, il faut les suivre, aller vers la lumière. Le moment est venu pour toi aussi. »
Le médium, qui ressent la peur panique de cet Esprit est pris de tremblements. S'ensuit un dialogue où l'Esprit, peu évolué, va constater maintes fois qu'il est désormais seul et exprimer sa peur, son trouble et son scepticisme alors qu'inlassablement Alain lui demande de se tourner vers la lumière.
« Tu me parles de lumière, mais je ne vois rien que le noir. Je suis comme au fond d'un puits. J'ai peur d'aller dehors et de toute façon, je ne peux pas ! »
Au fil du dialogue, l'Esprit se sent lentement monter dans ce puits, percevant de vagues lueurs, puis un peu de clarté et enfin, semble sortir de ce puits, dans une grande lumière. Il se sent sauvé et remercie.
Cette réunion aura duré deux heures et c'est fatigués mais le cœur empli de la satisfaction du travail accompli que les médiums quittent ces lieux désormais débarrassés de souffrance et de peur. Tous ont ressenti comme un grand souffle d'air dans ce sous-sol, comme un grand coup de balai. Il n'y a plus cette atmosphère angoissante et oppressante, il ne reste plus qu'une cave délabrée que la poussière avait envahi !
Christian Letellier
Les enseignement qu'ont tirés les médiums de cette intervention sont les suivants :
Catherine : J'ai été étonnée par l'importance de l'aide des Esprits supérieurs. A la deuxième intervention, les trois Esprits perturbateurs se sont communiqués et la réunion a duré presque deux heures. En temps ordinaire, je suis souvent lasse après une réunion d'une heure, mais là, rien de tout cela, je me sentais comme « portée » tellement il y avait de l'aide.
Le lendemain, à la suite de la réunion, j'ai revu mon amie Françoise, elle était très calme et avait été fort impressionnée par ce qui s'était passé.
J'ai toujours pensé que chaque événement de la vie a une raison d'être et que si l'on veut avancer, il faut analyser et comprendre le pourquoi de chaque difficulté rencontrée. Ici, dans cette situation, je me demandais qu'elle était l'utilité de ces manifestations, certes on avait aidé trois Esprits à aller vers la lumière, mais pour cette famille qui, de surcroît, est catholique et pratiquante ?
J'ai été très étonnée lorsque mon amie m'a confié : « Vois-tu lorsque j'étais petite, on me disait souvent : tu as un ange gardien, je n'y comprenais pas grand chose mais maintenant, j'ai compris que je ne suis jamais seule, j'ai vraiment un ange gardien et je peux lui demander de l'aide. Je sais aussi que face à une situation lorsque je ne peux rien faire, Dieu lui par contre, peut ! Et que Dieu pardonne et quel pardon ! Je l'ai ressenti au fond de moi-même. »
Mon amie ne deviendra pas une spirite dans cette vie mais je sais qu'elle avancera dans sa vie catholique avec plus de foi et d'assurance. N'est-ce pas un bel avancement et la raison de cette épreuve qu'elle a traversée !
Ce qui est sûre par contre, elle connaissait mal le spiritisme mais elle ne l'associera jamais aux sciences occultes.
Annick : Au départ, une certaine angoisse. Lors de la prière et de la lecture, une grande attention. Quand le premier Esprit a commencé à parler, une grande agitation presque une colère parce que le deuxième Esprit était déjà là, il voulait parler lui aussi et n'était pas d'accord. Il n'arrêtait pas de dire : « menteur, menteur ! » Quand il a pu parler le calme est revenu et une impression de grand soulagement. De l'écoute attentionnée pour le troisième Esprit avec un sentiment de compassion pour lui. Quand tout a été fini, l'atmosphère avait changé, elle n'était plus lourde et écrasante mais légère presque pure. Enfin une grande joie d'avoir été utile et d'avoir vécu cette expérience.
Bernard : Au début de la séance, un Esprit essayait de s'incorporer et cela me provoquait des démangeaisons désagréables au niveau du front, du nez et cela a duré tout le temps que le premier Esprit soit délivré. La séance a été longue mais je pense avoir réussi à être concentré et à prier pour la délivrance de ces Esprits souffrants. Le résultat final est encourageant grâce à l'aide des Esprits supérieurs. Finalement beaucoup de joies et de satisfactions d'avoir pu aider tout le monde : les Esprits et la famille habitant la maison.
Gilles : C'est une nouvelle expérience qu'il nous a été donné de vivre, car cette fois, c'est nous qui sommes allés à la rencontre d'Esprits souffrants dans le sous-sol de cette maison. Sensations d'angoisses d'abord, puis d'espoirs au fur et à mesure que se rompaient les chaînes de ces pauvres Esprits, et enfin sensations d'immenses joies de les sentir partir vers la lumière, l'amour, le pardon et la liberté.
Alain : J'aime l'aide que l'on apporte aux Esprits souffrants dans les soins et les réunions spirites aussi cette expérience de maison hantée avait de quoi me séduire par de multiples points. Nous nous sommes déplacés sur la demande de personnes ne connaissant pas le Spiritisme sur un lieu extérieur au centre, c'était un nouveau cadre de travail. La réussite de notre intervention dépendait à la fois des Esprits supérieurs, de nos guides, des médiums mais aussi de la famille. Chacun a trouvé une satisfaction : les Esprits souffrants ont trouvé la voie de la lumière, la famille, sa tranquillité et nous, la possibilité d'intervenir dans un milieu autre que le centre.
Christian : J'ai toujours été convaincu que la majeure partie de notre travail consiste à venir en aide à ces Esprits souffrants et perdus parce qu'ils sont essentiellement tournés vers nous, vers la terre, la matière. Nous en recevons régulièrement au cours des réunions spirites au centre. Mais là, nous étions en situation nouvelle, loin de la protection et du confort de notre centre, nous étions « chez eux » ; et malgré cette situation inédite et inconfortable, je n'ai ressenti aucune appréhension, je me sentais protégé et porté par mon guide. L'incorporation a été instantanée, très forte. Enfin, beaucoup de joie…
« A celui qui sait reconnaître ses fautes et ses erreurs, le pardon est toujours donné ! » C'est par cette phrase inspirée par un Esprit lors d'une réunion spirite que nous vous parlerons du chemin qu'ont accompli les trois Esprits perturbateurs.
En effet, il nous a été permis, par autorisation divine, de connaître, quelques temps plus tard, la situation dans laquelle se trouvait ces trois Esprits. Lors d'une réunion spirite, le 24 avril, un médium habitué à faire des incorporations, nous donne la communication suivante :
« N'ayez pas peur, je ne reviens pas pour vous tourmenter, je viens juste vous dire merci. Vous allez sûrement être surpris, en tout cas certains d'entre vous… J'ai demandé s'il était possible de vous transmettre ce petit message. On m'a répondu que oui, que c'était même nécessaire ; alors je suis là pour vous dire merci, et si vous pouviez demander pardon pour moi et pour les autres, aux membres de la famille que nous perturbions il n'y a pas si longtemps encore. Maintenant, vous pouvez les rassurer : nous ne reviendrons pas, nous avons compris et nous suivons maintenant nos guides, et nous sommes sûrs que ce que vous nous avez promis arrivera. Merci donc à vous et encore pardon. »
Le président de séance lui répond : « Nous sommes heureux pour toi, frère, et pour cette confiance que tu nous as accordée. Sois en paix…
- Nous le sommes, grâce à vous et aux frères de l'autre côté qui sont bien venus nous chercher comme vous nous l'aviez dit.
- Tu vois, c'était simple.
- Et pourtant… »
Un grand silence, l'Esprit semble hésiter, puis...
- J'ai presque du mal à vous quitter une seconde fois, mais il le faut pourtant.
- Vas, tu as beaucoup à faire et nous continuerons à penser à toi. »
Durant l'incorporation de cet Esprit, un médium dessinateur fît le dessin ci-contre qui représente une colombe tenant un rameau d'olivier.
Celui-ci symbolise que les Esprits s'étaient apaisés.
Pour comprendre l'obsession
Les Esprits ne sont égaux ni en puissance, ni en savoir, ni en sagesse. N'étant autre chose que les âmes humaines débarrassées de leur enveloppe corporelle, ils présentent encore plus de variété que nous n'en trouvons parmi les hommes sur la terre, parce qu'ils viennent de tous les mondes ; et que parmi les mondes, la terre n'est ni la plus arriérée, ni la plus avancée. Il y a donc des Esprits très supérieurs et d'autres très inférieurs ; de très bons et de très mauvais, de très savants et de très ignorants ; il y en a de légers, de malins, de menteurs, de rusés, d'hypocrites, de facétieux, de spirituels, de moqueurs, etc.
Nous sommes sans cesse entourés d'un essaim d'Esprits qui, pour être invisibles à nos yeux matériels, n'en sont pas moins dans l'espace, autour de nous, à nos côtés, épiant nos actions, lisant dans nos pensées, les uns pour nous faire du bien, les autres pour nous faire du mal, selon qu'ils sont plus ou moins bons.
Par l'infériorité physique et morale de notre globe dans la hiérarchie des mondes, les Esprits inférieurs y sont plus nombreux que les Esprits supérieurs.
Parmi les Esprits qui nous entourent, il en est qui s'attachent à nous, qui agissent plus particulièrement sur notre pensée, nous conseillent, et dont nous suivons l'impulsion à notre insu ; heureux si nous n'écoutons que la voix de ceux qui sont bons.
Les Esprits inférieurs ne s'attachent qu'à ceux qui les écoutent, auprès desquels ils ont accès et sur lesquels ils trouvent prise. S'ils parviennent à prendre de l'emprise sur quelqu'un, ils s'identifient avec leur propre Esprit, le fascinent, l'obsèdent, le subjuguent et le conduisent comme un véritable enfant.
L'obsession n'a jamais lieu que par les Esprits inférieurs. Les bons Esprits ne font éprouver aucune contrainte ; ils conseillent, combattent l'influence des mauvais et si on ne les écoute pas ils s'éloignent.
Le degré de la contrainte et la nature des effets qu'elle produit marquent la différence entre l'obsession, la subjugation et la fascination.
L'obsession est l'action presque permanente d'un Esprit étranger, qui fait qu'on est sollicité par un besoin incessant d'agir dans tel ou tel sens, de faire telle ou telle chose.
La subjugation est une étreinte morale qui paralyse la volonté de celui qui la subit, et le pousse aux actes les plus déraisonnables et souvent les plus contraires à ses intérêts..
La fascination est une sorte d'illusion produite, soit par l'action directe d'un Esprit étranger, soit par ses raisonnements captieux, illusion qui donne le change sur les choses morales ; fausse le jugement et fait prendre le mal pour le bien.
L'homme peut toujours, par sa volonté, secouer le joug des Esprits imparfaits, parce qu'en vertu de son libre arbitre, il a le choix entre le bien et le mal. Il s'agit de lutter contre un adversaire ; or, quand deux hommes luttent corps à corps, c'est celui qui a les muscles les plus forts qui terrasse l'autre. Avec un Esprit, il faut lutter, non corps à corps, mais d'Esprit à Esprit, et c'est encore le plus fort qui l'emporte ; ici, la force est dans l'autorité que l'on peut prendre sur l'Esprit, et cette autorité est subordonnée à la supériorité morale. La supériorité morale est comme le soleil, qui dissipe le brouillard par la puissance de ses rayons. S'efforcer d'être bon, de devenir meilleur si l'on est déjà bon, se purifier de ses imperfections, en un mot, s'élever moralement le plus possible, tel est le moyen d'acquérir le pouvoir de commander aux Esprits inférieurs pour les écarter, autrement ils se moquent de vos injonctions.
Cependant, dira-t-on, pourquoi les Esprits protecteurs ne leur enjoignent-ils pas de se retirer ? Sans doute, ils le peuvent et le font quelquefois ; mais, en permettant la lutte, ils laissent aussi le mérite de la victoire ; s'ils laissent se débattre des personnes méritantes à certains égards, c'est pour éprouver leur persévérance et leur faire acquérir plus de force dans le bien ; c'est pour elles une sorte de gymnastique morale.
Certaines personnes préféreraient sans doute une autre recette plus facile pour chasser les mauvais Esprits ; quelques mots à dire ou quelques signes à faire, par exemple, ce qui serait plus commode que de se corriger de ses défauts. Nous en sommes fâchés, nous ne connaissons aucun procédé plus efficace pour vaincre un ennemi que d'être plus fort que lui. Quand on est malade, il faut se résigner à prendre une médecine, quelque amère qu'elle soit ; mais aussi, quand on a eu le courage de boire, comme on se porte bien, et combien l'on est fort ! Il faut donc bien se persuader qu'il n'y a, pour atteindre ce but, ni paroles sacramentelles, ni formules, ni talismans, ni signes matériels quelconques. Les mauvais Esprits s'en rient et se plaisent souvent à en indiquer qu'ils ont toujours soin de dire infaillibles, pour mieux capter la confiance de ceux qu'ils veulent abuser, parce qu'alors ceux-ci confiants dans la vertu du procédé, se livrent sans crainte.
Avant d'espérer dompter le mauvais Esprit, il faut se dompter soi-même. De tous les moyens d'acquérir la force pour y parvenir, le plus efficace est la volonté secondée par la prière, la prière de cœur s'entend, et non des paroles auxquelles la bouche a plus de part que la pensée. Il faut prier son ange gardien et les bons Esprits de nous assister dans la lutte ; mais il ne suffit pas de leur demander de chasser le mauvais Esprit, il faut se souvenir de cette maxime : Aide-toi, le ciel t'aidera et leur demander surtout la force qui nous manque pour vaincre nos mauvais penchants qui sont pour nous, pires que les mauvais Esprits, car ce sont ces penchants qui les attirent, comme la corruption attire les oiseaux de proie. En priant aussi pour l'Esprit obsesseur, c'est lui rendre le bien pour le mal, et se montrer meilleur que lui, et c'est déjà une supériorité. Avec de la persévérance, on finit le plus souvent par le ramener à de meilleurs sentiments, et de persécuteur en faire un obligé.
En résumé, la prière fervente, et les efforts sérieux pour s'améliorer, sont les seuls moyens d'éloigner les mauvais Esprits qui reconnaissent leurs maîtres dans ceux qui pratiquent le bien, tandis que les formules les font rire ; la colère et l'impatience les excitent. Il faut les lasser en se montrant plus patient qu'eux.
Mais il arrive quelquefois que la subjugation arrive au point de paralyser la volonté de l'obsédé, et qu'on ne peut attendre de lui aucun concours sérieux. C' est alors surtout que l'intervention de tiers devient nécessaire, soit par la prière, soit par l'action magnétique mais la puissance de cette intervention dépend aussi de l'ascendant moral que les intervenants peuvent prendre sur les Esprits ; car s'ils ne valent pas mieux, leur action est stérile. L'action magnétique, dans ce cas, a pour effet de pénétrer le fluide de l'obsédé d'un fluide meilleur, et de dégager celui de l'Esprit mauvais ; en opérant, le magnétiseur doit avoir le double but d'opposer une force morale à une force morale, et de produire sur le sujet une sorte de réaction chimique, pour nous servir d'une comparaison matérielle chassant un fluide par un autre fluide. Par là, non seulement il opère un dégagement salutaire, mais il donne de la force aux organes affaiblis par une longue et souvent vigoureuse étreinte. On comprend, du reste, que la puissance de l'action fluidique est en raison non seulement de l'énergie de la volonté mais surtout de la qualité du fluide introduit et, d'après ce que nous avons dit, que cette qualité dépend de l'instruction et des qualités morales du magnétiseur ; d'où il suit qu'un magnétiseur ordinaire qui agirait machinalement pour magnétiser purement et simplement, produirait peu ou point d'effet ; il faut de toute nécessité un magnétiseur spirite agissant en connaissance de cause, avec l'intention de produire non le somnambulisme ou une guérison organique, mais les effets que nous venons de décrire. Il est en outre évident qu'une action magnétique dirigée dans ce sens ne peut être que très utile dans les cas d' obsession ordinaire, parce qu'alors, si le magnétiseur est secondé par la volonté de l'obsédé, l'Esprit est combattu par deux adversaires au lieu d'un.
Ajoutons enfin que certaines obsessions tenaces, surtout chez les personnes méritantes, font quelquefois partie des épreuves auxquelles elles sont soumises. Il arrive même parfois que l'obsession, quand elle est simple, est une tâche imposée à l'obsédé qui doit travailler à l'amélioration de l'obsesseur, comme un père celle d'un enfant vicieux.
Tiré de l'ouvrage d'Allan Kardec : L'obsession