Celui qui ne connaît du spiritisme que le préjugé erroné des tables tournantes peut se demander en toute franchise : « quel rapport peut-il y avoir entre ce passe-temps macabre et le Christianisme ? » Le phénomène des tables tournantes a eu son utilité : il a permis d’attirer l’attention sur tout un ensemble de phénomènes qui, observé par la méthode expérimentale, ont permis de constater la survivance de l’esprit après la mort. Les communications qui s’échangèrent entre les deux mondes eurent des conséquences philosophiques et morales remarquables.
Les êtres qui nous ont précédés dans l’autre monde nous présentent un tableau de la vie future éminemment juste, où chacun « récolte ce qu’il a semé ». Le bonheur futur n’est pas en raison de notre croyance, ou de notre observance de tel ou tel rite ; seul notre comportement envers les autres ici-bas a une influence. La patience, l’humilité, la bienveillance, la charité sont la source des plus grandes félicités. La morale du spiritisme n’est donc pas différente de celle du Christ. Allan Kardec écrit dans l’Evangile selon le Spiritisme « de même que Christ a dit : « je ne suis point venu détruire la loi, mais l’accomplir », le spiritisme dit également : « je ne viens point détruire la loi chrétienne, mais l’accomplir ». Il n’enseigne rien de contraire à ce qu’enseigne le Christ, mais il développe, complète et explique, en termes clairs pour tout le monde, ce qui n’avait été dit que sous la forme allégorique. »
Par la certitude qu’offre le Spiritisme que la vie ne s’arrête pas à la tombe, que toutes nos épreuves en ce monde seront justement récompensés, il apporte la consolation. Il est une nouvelle révélation que Christ lui-même avait annoncé : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements ; et je prierai mon Père, et il vous enverra un autre consolateur, l’Esprit de Vérité,…, qui vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Les Esprits nous enseignent que Dieu n’a pas créé de créature avantagée ou parfaite, toutes les âmes ont été créées simples et ignorantes. Et, de vie en vie, toutes s’ouvrent à la conscience, à la connaissance, à la perfection. Si Jésus est certainement l’Esprit le plus évolué qui se soit incarné sur cette terre, il n’est pas, pour les spirites, le fils de Dieu, ou plutôt nous sommes tous les fils de Dieu.
Les premiers chrétiens croyaient à la préexistence de l’âme et à la survivance de l’âme dans d’autres corps. Ils se livraient aussi aux évocations et communiquaient avec les esprits des morts. Les Actes des Apôtres fourmillent d’indications sur ce point, Saint Paul décrit, sous le nom de dons spirituels, tous les genres de médiumnité dans sa première épître aux Corinthiens. Dans le texte grec des Evangiles on trouve presque toujours isolé le mot esprit. Saint Jérôme, le premier, y ajoute celui de saint, et ce sont les traducteurs français de la vulgate qui en ont fait le Saint-Esprit.
L’Eglise naissante entra en conflit avec ceux qu’on appelait alors les hérésiarques. Ceux-ci, inspirés par les Esprits, combattaient le faste des évêques, les dogmes imposés comme un défi à la raison. Les Esprits, en enseignant le rachat des fautes commises par les vies successives et reniant l’autorité sacerdotale devirent une véritable menace pour l’Eglise. Celle-ci ne tarda pas à condamner les communications avec les Esprits, les attribuant à Satan. Elle se prétendît l’unique interprète de Dieu : l’obscurantisme et la superstition voilèrent les enseignements si simples de l’Evangile, ainsi que Jésus l’avait prédit : « Le Ciel et la Terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ».
Comme les autres grandes religions, le Christianisme fût déformé, voilé. Dépouillées des dogmes, des rites, de tout ce qui est de source humaine, les religions sont toutes différentes facettes de la vérité. Ayant toutes pour origine des phénomènes médiumniques, le Spiritisme est une clef qui permet de retrouver, de comprendre et de revivifier le message profond des religions. Lorsqu’on abandonnera la lettre pour l’esprit, les religions se fondront toutes en une religion supérieure qui sera, écrit Léon Denis, « définitive, universelle, au sein de laquelle se fondront, comme des fleuves dans l’Océan, toutes les religions passagères, contradictoires, causes trop fréquentes de division et de déchirement pour l’humanité. »