Ce mois-ci, nous vous présentons une biographie sur Arigo, le chirurgien au couteau rouillé. Médium guérisseur, ce brésilien opère sans anesthésie. Il est dans un état de transe et assité d'un Esprit médecin.
Jose Pedro de Freitas, connu sous le nom d’Arigo, naît à Congonhas do Campo dans l’état du Minas Gerais, en 1921 dans une famille de huit enfants. Ses parents, agriculteurs, lui permettent de suivre l’enseignement primaire. A l’âge de 14 ans, il travaille dans les mines de charbon. A 25 ans, il se marie et il aura 6 enfants.
Dans les années 1950, Arigo commence à ressentir des maux de tête sévères, de l’insomnie ainsi que des visions. Ces sensations durent trois ans et les médecins qu’il consulte ne lui apportent aucune solution. C’est dans un rêve qu’il fait et qui se répètera plusieurs fois, qu’il voit un médecin allemand qui se présente à lui. Il est vêtu d’un tablier blanc et est entouré d’infirmières dans une grande salle d’opération, il effectue des chirurgies. Il lui explique qu’il est mort pendant la première guerre mondiale, qu’il s’appelle Adolphus Fritz et qu’il désire continuer son travail auprès de lui. Arigo prend peur et cherche à se faire exorciser par le prêtre de sa ville.
Un jour, alors qu’il se trouvait en compagnie d’un ami estropié et peut être par défi pour ses rêves, il lui ordonne soudainement de lâcher ses béquilles. Arigo ressentira comme une force étrange émanant de ses mains et son ami marchera. Cependant, ses débuts comme guérisseur commencèrent à son insu de façon étonnante. Un jour alors qu’un prêtre donnait les derniers sacrements à une femme qui se mourait d'un cancer à l'utérus. Arigo sort de la pièce, puis revient quelques minutes plus tard en tenant un long couteau de cuisine dans la main. Il donne l'ordre à tout le monde de s'écarter et s'approche du lit, soulève les draps et enfonce le couteau dans le vagin de la femme. Il le retourne plusieurs fois dans la plaie, le retire puis glisse la main dans l'ouverture. Il en sort une énorme tumeur de la grosseur d'un pamplemousse. Il se dirige vers l'évier de la cuisine, y dépose le couteau et la tumeur toute sanguinolente puis s’assoit et éclate en sanglots. La femme retrouve totalement la santé et à Arigo devint célèbre du jour au lendemain. Mais, il ne se souvint jamais d'avoir opéré cette femme, il était en état de transe complète. C’est en s’incorporant que l’Esprit qui s’est présenté dans son rêve, le docteur Fritz, réalise au travers du médium ces opérations chirurgicales scientifiquement inexplicables.
Arigo acquiert une célébrité internationale pour ces opérations sans anesthésie, ni aucun moyen aseptisant, et en utilisant des instruments rudimentaires tels que des ciseaux, des cuillères, des couteaux ou des canifs. Parfois, lors de l'intervention, il dicte une ordonnance qui est tapé par un de ses assistants afin de la délivrée au malade. Même s’il a développé sa médiumnité, Arigo reste fondamentalement catholique et ne se définira jamais comme un spirite. Il ne cesse de répéter qu'il doit tout à Jésus et au docteur Fritz. La seule fois où on lui montre un film d'une opération qu'il était en train de faire, il perd connaissance.
Suite à ces épisodes et malgré la désapprobation de l'Eglise catholique et des autorités locales, Arigo ouvre une clinique à Congonhas. Il soigne gratuitement chaque jour des personnes venant de la région, des différents états du pays mais aussi des Etats-Unis et de l'Europe. Son dispensaire ouvre à sept heures le matin et déjà plus deux cents personnes attendent pour se faire soigner. Chaque jour, un millier de malades défilent et l’on pense qu’il aura traité plus de deux millions de personnes dans les quinze dernières années de sa vie. Lors de ses opérations, il procède avec rapidité et brutalité. Poussant les malades contre le mur, il les transperce avec un couteau non stérilisé qu'il essuie ensuite sur sa chemise. Les malades ne se plaignent pas et paraissent ne pas souffrir. La blessure saigne très peu et se cicatrise en quelques jours. Parfois lorsqu’il juge que la chirurgie est inutile et ne posant aucune question au malade, il fait rapidement une ordonnance. Les prescriptions sont souvent en doses anormalement élevées mais elles guérissent les malades.
En 1963, un chercheur s'intéressant aux phénomènes paranormaux, le docteur Andrija Puharich, vient avec une équipe pour réaliser un documentaire sur les opérations d'Arigo. Il se prête même à une opération dont voici le récit : «Le 23 août 1963, je me présentai devant Arigo à 10 heures. Une dizaine de malades se trouvaient autour de nous, Je remontai ma manche, Arigo demanda si l'un des patients pouvait lui prêter un couteau de poche. Un homme lui en tendit un, mais Arigo déclara qu'il était trop terne. Un autre malade offrit un couteau de l'armée suisse.
- Ça, c'est une bonne lame, dit Arigo.
Le guérisseur me demanda de détourner les yeux. Je regardai vers Jorge Rizzini, chercheur spiritualiste brésilienne, qui, sur ma gauche, filmait la scène et donnait quelques conseils à Osmar, mon interprète, chargé de l'éclairage. Au même instant, Arigo me saisit le bras. J'eus seulement l'impression qu'on me pressait un ongle sur la peau. Au bout de cinq secondes, Arigo montra à l'assistance une tumeur ovoïde et me la tendit au bout du couteau de poche. Je n'avais ressenti aucune douleur. Quand j'examinai la plaie, je ne vis qu'un filet de sang qui suintait sur l'incision longue d'environ un centimètre et demi. Immédiatement après l'opération, je pris des photos de la tumeur et du couteau. Puis, je demandai à Altamiro, l'assistant d'Arigo, de me poser un pansement sur la plaie. Il prit des compresses non stériles et me banda le bras. J'estimais qu'étant donné l'absence d'aseptie, j'avais déjà une preuve des pouvoirs d'Arigo. Je changeais les pansements une fois par jour pour pouvoir photographier la cicatrisation ou l'infection. Dès la troisième journée, la plaie s'était refermée et pas la moindre goutte de pus n'était apparue. Je ne ressentis aucun symptôme d'empoisonnement du sang ou de tétanos. Au quatrième jour, je pus me passer de bandage. Je détenais la preuve qu'Arigo possédait des pouvoirs extraordinaires en matière de chirurgie, de contrôle bactérien et d'anesthésie[1] .»
Parmi les diverses personnalités qui ont rencontré Arigo, il y a le sénateur Carlos Alberto Lucio Bittencourt. Diagnostiqué d’un cancer des poumons, les médecins lui avaient recommandé de subir une chirurgie de préférence dans un hôpital aux États-Unis. Ils ne lui laissaient que peu d'espoir. Ayant reporté cette opération pour sa campagne électorale, il fait une visite à Arigo. Impressionné par son charisme, le sénateur l’invite à un rallye. Selon le rapport du sénateur, alors qu’il était dans sa chambre d’hôtel, il a vu arriver Arigo avec un rasoir dans sa main. Surpris, il essaie de se lever mais il se sent submerger par un état de sommeil. Le lendemain matin, au réveil, il constate que son pyjama est sanguinolent et que la tumeur est enlevée. Plus tard, il confirme sa guérison.
Une publicité excessive par les médias exposa Arigo à de nombreux procès. En 1956, l'association médicale du Minas Gerais porte une accusation pour la pratique illégale de la médecine. Il est condamné à quinze mois de prison cependant sa peine est réduite de moitié. Il sera gracié ensuite par le président dont la fille est soignée par Arigo pour des calculs rénaux. En 1964, un nouveau procès est intenté, Arigo est détenu sept mois. Finalement en 1965, il passera encore deux mois en prison. Pendant ces deux séjours, le directeur de la prison lui permet de quitter sa cellule pour aller soigner les malades.
En 1968, deux médecins américains viennent à Congonhas pour compléter leurs recherches : le docteur John Laurence et le docteur P. Aile de la fondation psychique William Benk psychique. Ils constatent qu’il n’y a pas d’illusions ou de trucages et indiquent que 95% des diagnostics sont correctes.
En janvier 1971, suite à un arrêt cardiaque, José Pedro perd le contrôle de sa voiture et percute un véhicule. Il décède à l'hôpital.
Pour plus d’informations sur ces interventions, voici deux vidéos :
Arigo opérant
Arigo opérant, deuxième vidéo
[1] Andrija Puharich, Uri Geler, Éd. J'ai Lu, Paris, 1971, pp. 24-27.