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Etude
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Ce mois-ci, nous vous présentons Explication du spiritisme. Au cours de trois séances spirites, un Esprit dicté au médium Madame de Watteville, un texte donnant des explications sur les phénomènes médiumniques et des conseils pour les aider à se développer.

Ceux qui nous quittent

Le spiritisme est une philosophie qui attire beaucoup les âmes, et cela se comprend, car c’est la seule logique et consolante tout à la fois, la seule qui réponde à l’idéal de justice que chacun possède. Aussi tous les livres signés des auteurs si populaires et si documentés qui s’en sont occupés sont-ils lus avec grand intérêt.
Malheureusement, cette lecture ne produit pas tout le bien qu’on devrait en attendre parce que tous les ouvrages contiennent surtout des faits, et encore des faits… Evidemment chacun se passionne tout d’abord à en prendre connaissance, et, comme il est peu d’êtres assez réfractaires à une médiumnité passagère pour n’avoir pas dans leur mémoire quelque phénomène pouvant donner raison au spiritisme, on est ébranlé et bientôt gagné à la cause.
Mais là s’arrête le résultat obtenu, car la première fois que le lecteur parlera de cette nouvelle conviction devant des savants ou simplement des sceptiques, ils lui feront remarquer l’invraisemblance du phénomène, et surtout de la source à laquelle on l’attribue ; ils qualifieront tout cela de miracles impossibles, et le mot merveilleux, le mot surnaturel seront prononcés comme autant de dénégations.
Le lecteur sortira de cette conversation très ébranlé, et chaque fois qu’il pensera au spiritisme, les mots miracle, merveilleux et surnaturel viendront lui donner un démenti. Or, il faudrait une fois pour toute qu’on sache que le merveilleux existe dans chaque oeuvre de la nature, ou plutôt dans chaque oeuvre divine se manifestant si simplement et si fréquemment dans la nature que personne ne s’est jamais donné la peine de réfléchir comment un oeuf devenait tout à coup des os, de la chair, des plumes, de la couleur, etc. On me dira que tous les éléments chimiques de ces différents états se trouvaient dans l’oeuf, oui, mais comment et pourquoi ce groupement, cette confection harmonieuse et colorée différemment presque à chaque être vivant qui sort de cet oeuf ? Prenez n’importe quel exemple et vous vous retrouverez devant le même miracle ; miracle du grain de blé qui produira invariablement du froment ou non pas du seigle ou de l’avoine, miracle de l’arbre, de la fleur, de tout, enfin.
Donc, en premier lieu, il faut admettre que nous nageons en plein miracle, et que le seul miracle qui nous paraisse digne de porter ce nom, c’est celui auquel nous ne sommes pas encore habitués, parce que les découvertes scientifiques ne sont pas encore à point pour le reproduire à volonté. Cependant, que de choses sont déjà éclaircies ! Il fut un temps où l’on niait la télépathie, où l’on admettait de visible que ce que notre oeil voyait sans le secours de rayons spéciaux… N’est-ce pas aussi un miracle que de voir maintenant le squelette d’un homme à travers sa chair comme on peut l’observer avec les rayons X… ?
Et ce n’est pas une découverte bien ancienne ! Considérons ce que, partant des nouvelles découvertes, l’avenir réserve au spiritisme. Mais, avant que ces découvertes soient à point, nous pouvons déjà étayer notre croyance, notre certitude, pour parler plus positivement, sur ce fait que, si le corps matériel est une enveloppe mortelle de l’âme, cette enveloppe est double, et ce double fluidique, que les spirites appellent périsprit, persiste après la mort parce qu’il est habité par l’Esprit, qui est immortel.
Le périsprit et le double sont une seule et même chose reproduisant exactement l’apparence physique de l’incarné, et c’est grâce à lui que nous nous reconnaissons dans l’au-delà. Cependant, le périsprit ne conserve pas la trace des ans, il atteint l’apogée physique de l’homme, et y reste. Etroitement lié au corps physique pendant la vie, il absorbe tout l’acquis que l’Esprit travaillant au cours de son incarnation a amassé, non seulement comme perfectionnement mais aussi comme connaissances, et, une fois séparé par la mort de son corps physique, l’Esprit retrouve dans le périsprit tout le fruit de son labeur terrestre.
Ainsi, le périsprit a son existence particulière, sa mémoire personnelle, et c’est dans ce magasin astral que puise l’incarné au cours des phénomènes d’extériorisation, de somnambulisme ou de télépathie. Par conséquent, si le double possède pendant l’incarnation, à de certains moments, une vie particulière, à plus forte raison en possède t-il une aussi lorsqu’il est libéré de sa prison de chair.
Mais, en attendant cette mort physique, si l’être incarné possède le don, assez fréquent, de pouvoir extérioriser son périsprit et de prêter ainsi des forces à un Esprit désincarné, alors la fusion se fait, la communication s’établit entre le périsprit du vivant et celui du mort pour produire ces phénomènes médiumniques qui paraissent si miraculeux.
Si l’on y réfléchit bien, on s’aperçoit que de fusion de deux périsprits libres est beaucoup moins miraculeuse que l’éclosion d’un poussin. La preuve de l’existence du périsprit, que les occultistes appellent double, n’est plus à faire. Elle l’est abondamment par les photographies obtenues simultanément du périsprit et du corps physique, et par les études et les expériences du colonel de Rochas qui ont affirmé et prouvé l’existence du double d’une manière qui ne peut laisser l’ombre d’un doute.
Le rôle du périsprit expliqué, nous allons l’étudier dans les principaux phénomènes. Le phénomène de l’écriture médianimique s’obtient par une pression du périsprit de l’Esprit désincarné sur celui du médium. La réunion de ces deux périsprits est ce qu’on appelle l’état médiumnique. Cette pression peut s’exercer de deux manières : pression sur la main, sur le bras du médium dans l’écriture mécanique, pression sur le cerveau dans l’écriture intuitive.
Quelquefois double pression lorsque celle de la main ne peut être suffisante et que le cerveau du médium est trop actif, trop mobile, trop indépendant pour suspendre son fonctionnement, ou tout au moins pour que ce fonctionnement ne se communique pas à la main qui écrit.
Dans l’écriture directe, c’est notre périsprit qui se reconstitue de manière à former un doigt fluidique, généralement invisible, mais assez fort pour diriger la touche ou le crayon. On dira peut-être :
- Comment un doigt assez fort pour faire bouger une touche ne serait-il pas visible ? Miracle ? Non, aucun miracle. Réfléchissez : le vent est-il visible ? Cependant il peut renverser des arbres. Il faut donc admettre que notre périsprit dégage une électricité astrale qui est une force et peut mouvoir un petit objet.
Passons aux coups frappés. C’est une vibration produite par le mouvement et la vie de notre force périspritale. Nous produisons des vibrations, et le bruit n’est pas autre chose qu’une vibration. Est-il besoin d’un doigt pour le produire ? Pas du tout. La chaleur peut, elle aussi, produire des vibrations. Le froid, l’humidité, tout ce qui, en somme, fait se resserrer ou s’étendre la matière, le peut. Le son, la lumière, la chaleur, sont des vibrations non tangibles, tout comme les nôtres.
Les balancements de tables s’obtiennent par notre pression périspritale qui est d’autant plus forte que le médium est plus puissant, car il ne faut pas oublier que notre action est astrale (ou fluidique) ; et que, pour qu’elle frappe vos sens matériels, il faut qu’elle se matérialise. C’est là que l’action du médium est importante. Il faut que nos deux périsprits soient tellement en harmonie que le nôtre, uni à celui médium, puisse agi sur la matière par laquelle nous voulons nous manifester.
Les phénomènes de voyance ne sont autre chose que la faculté astrale du médium assez forte pour dominer sa faculté physique et le faire vivre, pendant un moment, à l’unisson de notre plan, nous percevant de la même manière que nous nous voyons dans l’au-delà. L’audition est la même chose : une faculté auditive périspritale permettant à l’Esprit désincarné de parler à l’oreille périspritale du médium et d’être entendu. Evidemment, la qualité du médium est avant tout une question d’extériorisation. Il faut que le médium puisse ouvrir toute grande sa porte spirituelle, afin que la barrière existant entre les morts et les vivants soit franchie.
Nous arrivons aux phénomènes plus compliqués d’apports et de matérialisations. Pour ce qui est des apports, il faut que le périsprits, empruntant des forces au médium arrive à faire bouger un objet. Puis, il opère par désagrégation matérielle, renvoyant les atomes à l’éther, les dispersant pour un moment et les rappelant ensuite par le phénomène de l’idéoplastie que nous possédons tous dans l’au-delà. Mais, si nous n’avions pas, pour ce phénomène, un médium puissant, nous ne pourrions rien faire pour la rematérialisation sur le plan physique, car les molécules, nous les groupons autour du médium ou même sur lui, le médium ayant toujours de la force ectoplasmique extériorisée autour de lui, quelquefois simplement à l’état de vapeur. C’est dans cette vapeur que nous déposons les molécules de l’objet transporté, afin de pouvoir ensuite le reconstituer, et c’est ainsi qu’un objet peut traverser un mur.
Lorsqu’il s’agit simplement de transporter un objet qui est dans la même pièce, la dématérialisation devient inutile, et l’objet tombe ou franchit l’espace. C’est ainsi qu’on a vu, dans des séances, des objets venir d’eux-mêmes entre les mains ou sur les genoux des assistants. C’est alors la force que j’expliquais tout à l’heure pour l’écriture directe qui opère.
Enfin la matérialisation. C’est le triomphe de notre périsprit. Que lui manque-t-il, à ce périsprit pour être vu de tout le monde ? De la matière tout simplement. Or, puisqu’il conserve la forme du corps matériel, n’importe quelle matière sera bonne pour le solidifier. Et cette matière, nous la prenons chez le médium ; c’est ce qui explique pourquoi ce dernier, pendant les séances, perd de son poids pour le retrouver après.
Voici donc tous les phénomènes expliqués avec une telle logique qu’il est impossible de crier au miracle. Après cette lecture, on pourra prendre connaissance de tous les rapports de séances, on comprendra que tous les phénomènes non seulement sont possibles, mais qu’ils sont explicables sans qu’il y ait besoin de faire intervenir des adjectifs qui n’ont pas de signification autre que celles qu’on peut donner à chacun de vos actes d’incarnés, à chacun de vos mouvements et à cette merveille qu’est votre pensée, expression la plus concluante et la plus admirable de l’Esprit, celui qui vit, qui demeure, commande, agit, et poursuit son perfectionnement en se servant, pour atteindre ce but, du corps charnel qu’il est venu modeler sur son périsprit. Ce corps charnel le quittera un jour, mais lui laissera toujours sa forme éthérée sur laquelle l’esprit règnera éternellement.
J’ai dit que la philosophie spirite était la seule logique. Or, elle ne l’est pas seulement en ce qui concerne l’explication des phénomènes ; elle l’est au moins autant en ce qui concerne la morale pure, la sagesse éternelle et le merveilleux agencement des lois universelles.
Que trouvons-nous dans les religions ? L’annonce de récompenses éternelles ou de châtiments effroyables, si effroyables que pas un humain, si mauvais soit-il, ne voudrait les infliger à un ennemi, parce que ces souffrances seraient éternelles. On pourrait d’abord objecter qu’un châtiment infini destiné à un être fini est une chose extravagante, sans aucune mesure. Mais il y a une objection plus forte encore à opposer, c’est celle-ci : aucune vie, fut-elle de 90 années, n’a pu être assez admirable comme perfection pour mériter un bonheur sans limites, pas plus qu’une existence de 90 ans consacrée au mal ne peut mériter un châtiment éternel, parce que 90 ans, 100 ans, et plus, n’équivalent pas à une seconde dans l’éternité.
Le spiritisme ne parle pas de châtiments ni de récompenses. Il vous présente simplement la conséquence de vos actes. Or, ces actes, c’est un mouvement que vous avez imprimé vous même et qui, soumis à la loi universelle qui veut que l’action soit suivie de la réaction, ne peut manquer d’amener ce complément indispensable. Tout a deux points de vue dans l’univers : ombre-lumière, action-réaction. Si vous avez agi d’une manière quelconque, vous devez attendre la réaction ou conséquence de votre acte, et, si cette réaction ne se produit pas dans l’existence présente, vous ne pourrez éviter sa venue dans celle qui suivra. Car, aucun être ne vient en incarnation une seule fois.
La vie commence à se manifester sous des formes rudimentaires, chez le minéral, le végétal, l’animal. Au fur et à mesure de ses incarnations, l’âme cesse d’être une âme collective comme chez les insectes, par exemple, où elle anime toute une famille d’êtres, et, peu à peu, elle prend une personnalité qui commence à se manifester chez les animaux domestiques, ils acquièrent précisément cette personnalité au contact des humains avec lesquels ils vivent, puis cette âme finit par l’humanité prenant naissance tout d’abord chez des êtres frustres, évoluant, s’instruisant au cours de ses incarnations, recommençant l’expérience chaque fois que cela est nécessaire à son évolution, et quelquefois lorsque celle-ci a atteint une perfection relative, revenant sur terre pour faire évoluer ses frères attardés. Ainsi, vous le voyez : pas de privilèges, pas d’injustice ; aucune âme n’est créée dans des conditions spéciales de perfection ou de pureté, mais toutes sont appelées à rendre plus intense, plus plaisirs, nous n’en ressentirons que les douleurs et les regrets.
Voilà, en quelques mots, comment il faut interpréter les termes ciel et purgatoire. Le ciel, c’est l’état d’une âme qui, par une vie exemplaire, a pu à la mort se séparer nettement des attaches terrestres. Le purgatoire, c’est cette attache à la lumineux chez elles le rayon divin qui les a projetées dans l’incarnation, et à pouvoir par ce moyen, conquérir la place heureuse que ce rayon, désormais individualisé doit occuper dans la sphère astrale. Au sortir de la vie, point de jugement ni de juge sévère ; l’Eternel, dont vous parlent les religions, c’est vous-même, car l’Esprit universel, ou Dieu, est l’Eternel, et chacun de nous est un de ses rayons. Donc, ce jugement de l’Eternel, c’est nous qui le prononçons lorsque, retournés à la sphère astrale par la mort physique, nous sommes inondés de la lumière spirituelle, et que, comme le liège, nous remontons exactement à la hauteur que notre évolution nous permet d’atteindre, ni plus haut, ni plus bas.
Nous y demeurons, tout d’abord un peu étourdis de ce brusque changement, mais entourés d’Esprits amis ou guides qui nous aident à nous y reconnaître, et veillent sur nous durant une sorte de sommeil plus ou moins long selon l’évolution et que l’on peut comparer à une espèce de gestation. Puis, nous nous réveillons de cette torpeur dans un état de bien-être plus ou moins grand, toujours selon notre évolution, et ceci n’est pas davantage une punition ou une récompense, c’est comme le reste, logique et je dirai même automatique. En effet, plus nous aurons durant la vie réprimé notre égoïsme, fait taire notre personnalité à tous égards, plus nous aurons pratiqué le bien, plus en nous éloignant de l’emprise matérielle qui est la cause de tous nos défauts, nous nous serons rapprochés de l’esprit et plus nous pourrons nous séparer de la terre, jouissant ainsi de tout le bonheur du plan spirituel. Si au contraire, nous sommes restés attachés à nos désirs inférieurs, nous serons encore esclaves de la matière, et, ne pouvant jouir désormais de ses plaisirs, nous n’en ressentirons que les douleurs et les regrets.
Quant à l’enfer, il n’a jamais existé que dans la pensée cruelle des représentants d’une religion qui s’est égarée bien en dehors du programme de son fondateur.
Ainsi vous le voyez : le spiritisme explique tout. Il justifie tout. On se retrouve après la mort, et en attendant, grâce aux phénomènes spirites, on peut converser avec ceux qu’on a perdus, recevoir d’eux d’utiles leçons, et surtout, apprendre les véritables origines de l’être humain, ainsi que l’avenir heureux auquel il est destiné. Plus de haines, plus de mépris pour les retardataires qui occupent aujourd’hui la place que nous avons occupée autrefois. C’est vraiment de cette seule manière qu’on peut édifier la véritable fraternité, celle qui, se basant sur le progrès infini, nivelle toutes les classes et unit tous les coeurs.