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La prédiction de Cazotte
La prédiction de Cazotte

Ce mois-ci, nous vous présentons la prédiction de Cazotte. Tiré de l'ouvrage de Michel Rosen, Coup d'oeil sur l'éternité, elle nous invite à réfléchir sur cette capacité de prescience que peuvent avoir certaines personnes

Dans son ouvrage La genèse, les miracles et les prédictions, Allan Kardec nous parle de la prescience, cette capacité de connaître l’avenir en ces termes :
« Comment la connaissance de l'avenir est-elle possible ? On comprend la prévision des événements qui sont la conséquence de l'état présent, mais non de ceux qui n'y ont aucun rapport, et encore moins de ceux que l'on attribue au hasard. Les choses futures, dit-on, n'existent pas ; elles sont encore dans le néant ; comment alors savoir qu'elles arriveront ? Les exemples de prédictions réalisées sont cependant assez nombreux, d'où il faut conclure qu'il se passe là un phénomène dont on n'a pas la clé, car il n'y a pas d'effet sans cause ; c'est cette cause que nous allons essayer de chercher, et c'est encore le Spiritisme, clé lui-même de tant de mystères, qui nous la fournira, et qui, de plus, nous montrera que le fait même des prédictions ne sort pas des lois naturelles.
Prenons, comme comparaison, un exemple dans les choses usuelles, et qui aidera à faire comprensujet187 geneseBdre le principe que nous aurons à développer. Supposons un homme placé sur une haute montagne et considérant la vaste étendue de la plaine. Dans cette situation, l'espace d'une lieue sera peu de chose, et il pourra facilement embrasser d'un seul coup d'œil tous les accidents du terrain, depuis le commencement jusqu'à la fin de la route. Le voyageur qui suit cette route pour la première fois sait qu'en marchant, il arrivera au bout : c'est là une simple prévision de la conséquence de sa marche ; mais les accidents du terrain, les montées et les descentes, les rivières à franchir, les bois à traverser, les précipices où il peut tomber, les voleurs apostés pour le dévaliser, les maisons hospitalières où il pourra se reposer, tout cela est indépendant de sa personne : c'est pour lui l'inconnu, l'avenir, parce que sa vue ne s'étend pas au-delà du petit cercle qui l'entoure. Quant à la durée, il la mesure par le temps qu'il met à parcourir le chemin ; ôtez-lui les points de repère et la durée s'efface. Pour l'homme qui est sur la montagne et qui suit de l'œil le voyageur, tout cela est le présent. Supposons que cet homme descende auprès du voyageur et lui dise : « A tel moment vous rencontrerez telle chose, vous serez attaqué et secouru, » il lui prédira l'avenir ; l'avenir est pour le voyageur ; pour l'homme de la montagne, cet avenir est le présent.
Si nous sortons maintenant du cercle des choses purement matérielles, et si nous entrons, par la pensée, dans le domaine de la vie spirituelle, nous verrons ce phénomène se produire sur une plus grande échelle. Les Esprits dématérialisés sont comme l'homme de la montagne ; l'espace et la durée s'effacent pour eux. Mais l'étendue et la pénétration de leur vue sont proportionnées à leur épuration et à leur élévation dans la hiérarchie spirituelle ; ils sont, par rapport aux Esprits intérieurs, comme l'homme armé d'un puissant télescope, à côté de celui qui n'a que ses yeux. Chez ces derniers, la vue est circonscrite, non seulement parce qu'ils ne peuvent que difficilement s'éloigner du globe auquel ils sont attachés, mais parce que la grossièreté de leur périsprit voile les choses éloignées, comme le fait un brouillard pour les yeux du corps.
On comprend que, selon le degré de perfection, un Esprit puisse embrasser une période de quelques années, de quelques siècles et même de plusieurs milliers d'années, car qu'est-ce qu'un siècle en présence de l'infini ? Les événements ne se déroulent point successivement devant lui, comme les incidents de la route du voyageur : il voit simultanément le commencement et la fin de la période ; tous les événements qui, dans cette période, sont l'avenir pour l'homme de la terre, sont pour lui le présent. Il pourrait donc venir nous dire avec certitude : Telle chose arrivera à telle époque, parce qu'il voit cette chose comme l'homme de la montagne voit ce qui attend le voyageur sur la route ; s'il ne le fait pas, c'est parce que la connaissance de l'avenir serait nuisible à l'homme ; elle entraverait son libre arbitre ; elle le paralyserait dans le travail qu'il doit accomplir pour son progrès ; le bien et le mal qui l'attendent, étant dans l'inconnu, sont pour lui l'épreuve. »

Voici un exemple que l’on nomme la prédiction de Cazotte. La scène se passa chez le duc de Nivernais.
- Il me semble, dit La Harpe, que c’était hier. On se trouvait au commencement de 1788, nous étions à table chez un de nos confrères à l’Académie, grand seigneur et homme d’esprit. La compagnie était nombreuse et de tout état : gens de cour, gens de robe, gens de lettres, académiciens, etc. On avait fait bonne chère, comme de coutume. Au dessert, les vins fins ajoutaient à la gaieté de la bonne compagnie. On en était venu alors au point où tout est permis pour faire rire. Chamfort nous avait lu ses contes impies et libertins, et les grandes dames avaient écouté, sans même avoir eu recours à l’éventail. De là, un déluge de plaisanteries sur la religion. L’un citait une tirade de la Pucelle ; l’autre rappelait les vers philosophiques de Diderot : tout le monde riait, tous applaudissaient aux lumières que la philosophie répandait sur toutes les classes et qui allaient bientôt opérer une révolution et amener le règne de la liberté en France.sujet187 la HarpeC
Un seul convive n'avait point pris part à cette joie générale, et avait même laissé tomber tout doucement quelques plaisanteries. C’était Cazotte, homme aimable et original.
Il prend la parole et du ton le plus sérieux :
- Messieurs, soyez satisfaits, vous verrez tous cette grande et sublime révolution que vous désirez tant. Vous savez que je suis un peu prophète : je vous le répète, vous la verrez.
On lui répond par ce refrain connu :
- Faut pas être grand sorcier pour cela.
- Soit, mais il faut l’être un peu pour ce qui me reste à vous dire. Savez-vous ce qui arrivera à cette révolution, ce qui en arrivera pour vous tous, qui êtes ici, et ce qui en sera la suite immédiate, l’effet bien prouvé, la connaissance bien reconnue ?
– Ah ! Voyons, dit Condorcet, avec son air sournois et niais, un philosophe n’est pas fâché de rencontrer un prophète.
– Vous, Monsieur de Condorcet, vous expirerez sur le pavé d’un cachot. Vous mourrez du poison que vous aurez pris pour vous dérober au bourreau, du poison que le bonheur de ce temps-là vous obligera de porter toujours sur vous.
Grand étonnement d’abord mais on se rappelle que le bon Cazotte est sujet à rêver tout éveillé, et l’on rit de plus belle.
- Monsieur Cazotte, le conte que vous nous faites là n’est pas aussi plaisant que votre diable amoureux. Mais quel diable vous a mis en tête ce cachot, ce poison, ces bourreaux ? Qu’est-ce que cela peut avoir de commun avec la philosophie, avec le règne de la raison ?sujet187 condorcetA
– C’est précisément ce que je vous dis ; c’est au nom de la philosophie, de l’humanité, de la liberté, c’est sous le règne de la raison qu’il vous arrivera de finir ainsi, et ce sera bien le règne de la raison, car elle aura des temples, et même il n’y aura plus dans toute la France, en ce temps-là, que des temples de la raison.
– Par ma foi, dit Chamfort, avec le rire du sarcasme, vous ne seriez pas un des prêtres de ce temps-là.
– Je l’espère mais vous, Monsieur Chamfort, qui en serez un, et très digne de l’être, vous vous couperez les veines de vingt-deux coups de rasoir, et pourtant vous n’en mourrez que quelques mois après.
On se regarde et on rit encore.
- Vous, Monsieur Vicq D’Azyr, vous ne vous ouvrirez pas les veines vous-même mais après vous les être fait ouvrir dix fois dans un jour, à la suite d’un accès de goutte, pour être plus sûr de votre fait, vous mourrez la nuit. Vous, Monsieur de Nicollaï, vous mourrez sur l’échafaud. Vous, Monsieur Bailly, sur l’échafaud. sujet187 vicq dazyrD
– Ah ! Dieu soit béni, dit Roucher, il paraît que M. Cazotte n’en veut qu’aux académiciens, il vient d’en faire une terrible exécution. Et moi, grâce au ciel...
– Vous, Monsieur Roucher, vous mourrez aussi sur l’échafaud.
– Oh ! C’est une gageure, s’écrie-t-on de toutes parts, il a juré de nous exterminer tous.
– Non, ce n’est pas moi qui l’ai juré.
– Mais nous serons donc subjugués par les Turcs, par les Tartares ?... Encore...
– Point du tout, je vous l’ai dit, vous serez alors gouvernés par la seule raison. Ceux qui vous traiteront ainsi seront tous des philosophes. Ils auront à tout moment dans la bouche les mêmes phrases que vous débitez depuis une heure, répéteront toutes vos maximes, citeront, comme vous, les vers de Diderot et de la Pucelle...
On se disait à l’oreille :
- Vous voyez bien qu’il est fou (car il gardait le plus grand sérieux) ; est-ce que vous ne voyez pas qu’il plaisante ? Et vous savez qu’il entre toujours du merveilleux dans ses plaisanteries.
- Oui, reprit Chamfort, mais son merveilleux n’est pas gai ; il est par trop patibulaire... Et quand cela arrivera-t-il, Monsieur Cazotte ?
– Six ans ne se passeront pas sans que tout ce que je vous prédis ne soit accompli.
– Voilà bien des miracles, dis-je, heureusement que vous ne m’y mettez pour rien.
– Vous y serez pour un miracle, Monsieur La Harpe, et un miracle tout au moins aussi extraordinaire, répliqua Cazotte, vous deviendrez chrétien. Grandes exclamations dans la société.
- Ah ! Reprit Chamfort, je suis rassuré, si nous ne devons périr que lorsque La Harpe sera chrétien, nous sommes immortels.
– Nous sommes bienheureuses, nous autres, femmes, dit alors Mme de Grammont, de n’être pour rien dans les révolutions. Quand je dis pour rien, ce n’est pas que nous ne nous en mêlions toujours un peu, mais il est reçu qu’on ne s’en prend jamais à nous. Notre sexe...
– Votre sexe, Madame, ne vous défendra point cette fois et vous aurez beau ne vous mêler de rien, vous serez traitées comme les hommes, sans aucune différence.
– Mais qu’est-ce que vous dites donc, Monsieur Cazotte ? C’est la fin du monde que vous prêchez.
– Je n’en sais rien mais ce que je sais, c’est que vous, Madame la duchesse, vous serez conduite à l’échafaud, et beaucoup d’autres dames avec vous, dans la charrette du bourreau, avec les mains liées derrière le dos.
– Ah ! J’espère que, dans ce cas, j’aurais au moins un carrosse drapé de noir.
– Non, Madame, de plus grandes dames que vous iront, comme vous, en charrette, et les mains liées, comme vous.
– De plus grandes dames ?... des princesses du sang, peut-être ?
– De plus grandes dames encore.
Ici, un mouvement très sensible se fit dans la compagnie, et la figure du maître de la maison se rembrunit ; on commençait à trouver que la plaisanterie était trop forte. Mme de Grammont, pour dissiper le nuage, n’insista point sur cette dernière réponse, et se contenta de dire du ton le plus léger :
- Vous verrez qu’il ne me laissera pas même un confesseur.
– Non, Madame, vous n’en aurez point, ni personne. Le dernier supplicié qui en aura un par grâce, sera...
Il s’arrêta ici un moment.
- Eh bien ! Quel sera l’heureux mortel qui aura cette prérogative ?
– C’est la seule qui lui restera ; ce sera le roi de France !
Le maître de la maison se leva brusquement, et tout le monde avec lui ; il alla vers Cazotte et lui dit, d'un ton pénétré :
- Mon cher Cazotte, c’est assez faire durer cette plaisanterie lugubre ; vous la poussez trop loin et jusqu’à compromettre la société où vous êtes vous-même.
Cazotte ne répondit rien et se disposait à se retirer, quand Mme de Grammont, qui voulait éviter le sérieux et ranimer la gaieté, s’avança vers lui :
- Monsieur le prophète, qui nous dites à tous notre bonne aventure, vous ne dites rien de la vôtre ? »
Cazotte resta quelque temps silencieux et les yeux baissés.
- Madame, avez-vous lu le siège de Jérusalem, dans Josèphe ?
– Oui, sans doute, qui n’a pas lu cela ? Mais faites comme si je ne l’avais pas lu.
– Eh bien, Madame, pendant ce siège, un homme fit sept jours de suite le tour des remparts, à la vue des assiégeants et des assiégés, criant sans cesse, d’une voix sinistre et tonnante ; malheur à Jérusalem, malheur à moi-même ! Et le septième jour, au moment où il achevait sa lamentation, une pierre énorme lancée par les machines ennemies, l’atteignit et le mit en pièces.
A ces mots, Cazotte fit la révérence et sortit.
Or toutes ses graves prédictions se sont accomplies à la lettre, y compris celle de l’invraisemblable conversion du sceptique de La Harpe, professant dans une chaire à Lyon. L’histoire en fait foi. sujet187 revolutionE