Ce mois-ci, nous vous présentons une étude sur La mort. Tout au long de notre existence, nous grandissons, nous nous marions, nous vieillissons et des personnes que nous aimons meurent autour de nous. La vie ici n’est qu’une étape d’apprentissage et de travail, une étape du cycle évolutif, comme les divers niveaux d’enseignements des écoles que nous fréquentons. Au fur et à mesure des tests, des évaluations, des examens, des écrits et des oraux, des baccalauréats, des masters ou des doctorats que nous passons, nous allons de l’avant, vers de nouveaux échelons.
Puis un jour viendra la remise des diplômes, une cérémonie aux dimensions cosmiques en quelque sorte, après laquelle nous n’aurons plus besoin de revenir dans ce que la fameuse prière catholique appelle la « vallée des larmes ». Nous aurons à ce moment-là, échappé pour toujours à ce que les mystiques orientalistes appellent « la roue de la réincarnation ». Le parcours se poursuivra à partir de là, mais nous n’aurons plus besoin d’être attachés temporairement à un corps physique qui nous impose tant de limitations, afin de réaliser ce très long parcours sur lequel nous apprenons l’ABC de la vie.
De l’état solide à l’état gazeux
Monteiro Lobato [1] disait que la mort n’est qu’un changement d’état : nous passons de l’état solide à l’état gazeux. Ceci ne veut pas dire que nous ne sentions pas une peine plus ou moins intense à la mort de parents et d’amis, et même de simples connaissances. Les départs sont toujours chargés d’un certain contenu émotionnel, même un simple au revoir lorsque nous partons en vacances au loin. Nous ressentons le vide laissé par le fils qui va travailler, la fille qui se marie, le frère qui part vivre au loin ou même le bon collègue de travail quand il est muté dans une autre filiale.
C’est naturel et compréhensible que nous soyons peinés par la mort de ceux qui font partie intégrante de notre groupe spirituel (loi de syntonie), particulièrement ceux que nous aimons le plus pour leurs vertus et pour le niveau d’affinité et d’entente que nous entretenons avec eux, qu’ils soient de la famille ou pas.
A plus forte raison, l’impact de la douleur qui résulte de la perte d’un fils ou d’une fille est plus intense, quels que soient son âge ou les conditions qui ont interrompu son existence dans la chair. Dans les premiers temps de la douleur, nous ne percevons même pas les tentatives de réconforts et nous prenons rarement conscience des mots affectueux et de sympathie de nos amis et de notre famille. Tout semble irrémédiable, la perte paraît définitive, la douleur inconsolable, l’affliction insupportable. Il est inutile dans ces moments de crise émotionnelle intense de souhaiter que la personne étanche ses larmes et recommence à sourire, comme par enchantement. Il faut donner du temps au temps pour que nos émotions tumultueuses s’accommodent à un autre niveau et que nous puissions poursuivre notre tâche qui est de vivre, quelle que soit l’intensité de nos désenchantements et la profondeur de nos découragements. Il y a presque toujours autour de nous d’autres être qui ont besoin de nous, des tâches qui demandent notre participation ou des activités qui tout simplement ne peuvent pas être abandonnées. La vie n’a pas de point final, elle n’a que des virgules, des points de suspensions, d’exclamations, d’interrogations, et beaucoup de traits d’unions. Nous ne sommes pas des îles, mais des particules d’un même continent.
Il n’y a pas de pertes [2], personne ne meurt pour toujours, personne ne disparaît, personne n’est acheminé vers une destination sans appel et définitive après la mort. Si l’amour nous lie à des êtres qui vivaient avec nous ici, les liens continueront après la mort, souvent plus fort et plus solide. Celui qui a aimé une fois continue d’aimer, si c’est vraiment de l’amour et pas de la passion. L’amour ne passe jamais.
Comment peut-il passer, s’il est la propre essence de Dieu ? C’est pour cela que l’amour survit avec l’Esprit, car celui-ci non plus ne meurt jamais, il ne fait que changer d’état, comme disait Lobato. La personne qui est partie de l’autre côté de la vie ne laisse pas ceux qui sont restés pour toujours. Il n’a fait que les devancer un peu, pour une raison qu’un jour nous connaîtrons. Quand arrive notre heure de partir, ceux qui nous ont précédés, s’ils nous ont vraiment aimés, seront là à nous attendre avec le même sourire de bonheur, la même accolade amie, le même cœur généreux. Ce n’est qu’une question de temps et de patience, d’acceptation et de sérénité.
Les lois divines sont sévères contre la rébellion, l’impatience, la révolte, le manque d’acceptation de ce qui nous est prescrit. Il est très dur pour un couple de voir impuissants l’inexorable départ d’un fils unique, beau, intelligent, plein de vie et d’espoirs, récemment diplômé et qui avait devant lui un avenir prometteur.
Bien que conscients (pour les spirites) des importants aspects du mécanisme des lois divines, il est vrai que nous souffrirons énormément et que nous mettrons beaucoup de temps pour se récupérer et reprendre le cours de notre vie à partir de ce point sensible où se fit le grand silence de la séparation. Sachant néanmoins que nous sommes ici que de passage, et bien qu’attristés et découragés, on acceptera, confiants, la détermination de la loi, car on sait qu’elle ne punit pas, elle corrige. Les défunts ne nous appartiennent pas, ils ne sont pas notre propriété privée, dont nous avons la possession et la jouissance, comme on dit dans les actes notariés. Ils sont nos compagnons de voyage et ils viennent parcourir une partie de la route avec nous, puis soudain ils s’en vont nous attendre un peu plus en avant dans le temps.
Ecoutons ce que Saint-Jérôme nous à ce sujet : « Vous nous l’aviez prêté Seigneur, vous nous le reprenez, nous vous le rendons le cœur brisé. Que votre volonté soit faite ! »
Et Saint-Ambroise rajoute : « Le malheur de l’avoir perdu, ne nous fera pas oublier le bonheur de l’avoir possédé… ».
Même convaincus de la continuité de la vie après la mort du corps, nous ne pouvons simplement ignorer la douleur, comme si on débranchait un circuit électrique en appuyant sur un interrupteur. L’Esprit sait et veut, mais comme le rappelle Luther : «La chair est faible et n’accepte pas, et c’est pour cela que la vision que nous en avons à travers elle est voilée par les larmes » Et plus loin : « Dieu voulait qu’elle revienne, qui suis-je pour dire non ? »
Aucun mot n’apporte la consolation lors du départ d’un être cher. Seules les paroles de solidarité et de tendresse fraternelle peuvent aider. L’apaisement viendra plus tard, lorsque nous comprendrons et accepterons la mort comme ce qu’elle est vraiment : une séparation brève, et rien de plus[3].
Les épreuves et la mort
L’univers est une arène[4] où l’âme lutte pour son élévation. Elle l’obtient par ses travaux, par ses sacrifices, par ses souffrances. La souffrance, soit morale, soit physique est un des éléments nécessaire de l’évolution, un puissant moyen de développement et de progrès.
La douleur physique a son utilité. Elle dénoue chimiquement les liens qui enchaînent l’esprit à la chair ; elle le dégage des fluides grossiers qui l’enveloppent, même après la mort, et le retiennent dans les régions inférieurs[5]. L’épreuve est un remède infaillible à notre inexpérience. La providence procède envers nous comme une mère prévoyante envers son enfant indocile. Quand nous résistons à ses appels, quand nous refusons de suivre ses avis, elle nous laisse subir déception et revers, sachant que l’adversité est la meilleure école où s’apprenne la sagesse.
Ces enseignements font perdre à la mort, tout caractère effrayant ; elle n’est plus qu’une transformation nécessaire, un renouvellement. En réalité, rien ne meurt. La mort n’est qu’apparente. La forme extérieure seule change ; le principe de la vie, l’âme, demeure dans son unité permanente, indestructible. Elle se retrouve au-delà du tombeau, elle et son corps fluidique, dans la plénitude de ses facultés, avec toutes les acquisitions : lumières, aspirations, vertus, puissances, dont elle s’est enrichie durant ses existences terrestres. Voilà les biens impérissables dont parle l’Evangile, lorsqu’il dit : « Ni les vers, ni la rouille ne les rongent, et les voleurs ne les dérobent point. » Ce sont les seules richesses qu’il nous soit possible d’emporter avec nous, d’utiliser dans la vie à venir. La mort et la réincarnation, qui la suit dans un temps donné, sont deux formes essentielles du progrès. (…)
L’homme est une chrysalide, que la mort décompose. Le corps humain, vêtement de chair, dépouille misérable, retourne au laboratoire de la nature ; mais l’esprit, après avoir accompli son œuvre, s’élance vers une vie plus haute, vers cette vie spirituelle qui succède à l’existence corporelle, comme le jour succède à la nuit, et sépare chacune de nos incarnations.
La mort est la grande révélatrice. (…). A ces heures de doute, d’angoisse, de détresse, une voix montait jusqu’à nous, et cette voix disait : « Souffre pour t’agrandir et t’épurer ! Sache que ta destinée est grande. Cette froide terre ne sera pas ton sépulcre. Les mondes qui brillent au front des cieux sont tes demeures à venir, l’héritage que Dieu te réserve. Tu es pour jamais citoyen de l’univers ; tu appartiens aux siècles futurs comme aux siècles passés et, à l’heure présente, tu prépares ton élévation. Supporte donc avec calme les maux par toi-même choisis, sème dans la douleur et dans les larmes le grain qui lèvera dans tes prochaines vies ; sème aussi pour les autres, comme d’autres ont semé pour toi ! »
La voix qui nous parle ainsi est celle des morts, celle des âmes aimées qui nous ont devancés au pays de la véritable vie. Bien loin de dormir sous la pierre, elles veillent sur nous. Du fond de l’invisible, elles nous regardent et nous sourient. Adorable et divin mystère ! Elles communiquent avec nous. Elles nous disent :
« Plus de doutes stériles ; travaillez et aimez. Un jour, votre tâche remplie, la mort nous réunira ! »
Que se passe-t-il au moment de la mort[6] et comment l’Esprit se dégage-t-il de sa prison de chair ? Quelles impressions, quelles sensations l’attendent à cet instant redouté ? C’est là ce que nous avons tous intérêt à connaître, car tous nous ferons ce voyage. La vie peut nous échapper dès demain ; nul de nous n’échappera à la mort.
Or, ce que les religions et les philosophies nous avaient toutes laissé ignorer, les esprits viennent, en foule, nous l’apprendre. Ils nous disent que les sensations qui précèdent et suivent la mort sont infiniment variées et dépendent surtout du caractère, des mérites, de la hauteur morale de l’Esprits qui quitte la terre. La séparation est presque toujours lente, et le dégagement de l’âme s’opère graduellement. Il commence parfois longtemps avant la mort et n’est complet que lorsque les derniers liens fluidiques qui unissent le corps au périsprit sont rompus. L’impression ressentie est d’autant plus pénible et prolongée que ces liens sont plus puissants et plus nombreux. L’âme, cause permanente de la sensation et de la vie, éprouve toutes les commotions, tous les déchirements du corps matériel.
Douloureuse, pleine d’angoisse pour les uns, la mort n’est pour les autres qu’un doux sommeil suivi d’un réveil délicieux. Le dégagement est prompt, le passage facile, à celui qui a rempli ses devoirs, s’est détaché par avance des choses de ce monde et aspire aux biens spirituels. Il y a au contraire, lutte, agonie prolongée, chez l’Esprit attaché à la terre, qui n’a connu que les jouissances matérielles et a négligé de se préparer au départ. Dans tous les cas, cependant, la séparation de l’âme et du corps est suivie d’un temps de trouble, fugitif pour l’Esprit juste et bon ; très long, au point d’embrasser des années entières, pour les âmes coupables, imprégnées de fluides grossiers. Parmi celles-ci, beaucoup croient vivre de la vie corporelle longtemps après la mort. Le périsprit n’est à leurs yeux qu’un second corps charnel, soumis aux mêmes habitudes, parfois aux mêmes sensations physiques que durant la vie. D’autres Esprits, d’ordre inférieur, se trouvent plongés dans une nuit noire, dans un complet isolement au sein de ténèbres profondes. L’incertitude, la terreur pèsent sur eux. Les criminels sont tourmentés par la vision affreuse et incessante de leurs victimes.
(…) En quittant sa demeure corporelle, l’Esprit que la douleur et le sacrifice ont purifié voit son existence passée reculer, s’éloigner peu à peu avec ses amertumes et ses illusions, puis se dissiper comme les brumes qui rampent sur le sol à l’aube et s’évanouissent devant l’éclat du jour. L’Esprit se trouve alors en suspens entre deux sensations, celle des choses matérielles qui s’effacent et celle de la vie nouvelle qui se dessine devant lui. (…).
Bientôt la lumière grandit, non plus cette lumière solaire qui nous est connue, mais une lumière diffuse, partout répandue. Progressivement elle l’inonde, le pénètre, et, avec elle, un sentiment de félicité, un mélange de force, de jeunesse, de sérénité. L’Esprit se plonge dans ce flot réparateur. Il s’y dépouille de ses incertitudes et de ses craintes. Puis son regard se détache de la terre, des êtres en pleurs qui entourent sa couche mortuaire, et se tourne vers les hauteurs. Il entrevoit les cieux immense et d’autres êtres aimés, des amis d’autrefois, plus jeunes, plus vivants, plus beaux, qui viennent le recevoir, le guider au sein des espaces. Avec eux il s’élance et monte jusqu’aux régions éthérées que son degré d’épuration lui permet d’atteindre. Là, son trouble cesse, des facultés nouvelles s’éveillent en lui, sa destinée heureuse commence.
L’entrée dans l’autre vie amène des impressions aussi variées que la situation morale des Esprits. Ceux, et le nombre en est grand, dont l’existence s’est déroulée indécise, sans fautes graves ni mérites signalés, se trouvent plongés d’abord dans un état de torpeur, dans un accablement profond ; puis un choc vient secouer leur être. L’Esprit sort lentement de son enveloppe : il recouvre sa liberté, mais hésitant, timide, il n’ose en user encore et reste attaché par la crainte et l’habitude aux lieux où il a vécu. Il continue de souffrir et de pleurer avec ceux qui ont partagés sa vie. Le temps s’écoule pour lui sans qu’il le mesure ; à la longue, d’autres Esprits[7] l’assistent de leurs conseils, l’aident à dissiper son trouble, à s’affranchir des dernières chaînes terrestres et à s’élever vers des milieux moins obscurs.
En général, le dégagement de l’âme est moins pénible à la suite d’une longue maladie, celle-ci ayant pour effet de dénouer petit à petit les liens charnels. Les morts soudaines, violentes, survenant lorsque la vie organique est dans sa plénitude, produisent sur l’âme un déchirement douloureux, la jette dans un trouble prolongé. Les suicidés eux, éprouvent les angoissent de la dernière heure et reconnaissent avec effroi qu’ils n’ont échangé leurs souffrances terrestres que pour d’autres plus vives encore. La connaissance de l’avenir spirituel, l’étude des lois qui président à la désincarnation, sont d’une grande importance pour la préparation à la mort. Elles peuvent adoucir nos derniers instants et nous rendre le dégagement plus facile, en nous permettant de nous reconnaître plus vite dans le monde nouveau qui nous est ouvert.
C’est comment la mort, vue d’en haut ?
Voici les détails[8] fondamentaux au sujet desquels se trouvent d’accord les Esprits dans la majorité de leurs messages, sauf toujours les déceptions inévitables qui confirment la règle, et qui interviennent parfois en modifiant, en raccourcissant, en éliminant quelques-unes des expériences habituelles inhérentes à la crise de la mort.
- Ils affirment tous s’être retrouvés en forme humaine dans le monde spirituel
- Avoir ignoré pendant quelques temps, ou même pour longtemps, qu’ils étaient morts. Il y a des exceptions pour les Esprits ayant une bonne évolution spirituelle.
- Être passés, au cours de la crise pré-agonique, ou peu après, par l’épreuve de la réminiscence synthétique de tous les événements de leur existence. Vision panoramique ou épilogue de la mort.
- Avoir été accueillis dans le monde spirituel par les Esprits des personnes de leur famille et de leurs amis décédés.
- Être passés, presque tous, par une phase plus ou moins longue de sommeil réparateur.
- S’être retrouvés dans un milieu spirituel radieux ou merveilleux dans le cas de désincarnés moralement « normaux » ou dans un milieu ténébreux et oppressant dans le cas de désincarnés moralement dépravés.
- Avoir trouvé que le milieu spirituel était un nouveau monde objectif, substantiel, réel, analogue au milieu terrestre spiritualisé.
- Avoir appris que cela était dû au fait que, dans le monde spirituel, la pensée constitue une force créatrice, au moyen de laquelle tout esprit existant dans « le plan astral » peut reproduire autour de lui le milieu de ses souvenirs.
- N’avoir pas tardé à apprendre que la transmission de la pensée constituait le langage spirituel, quoique les Esprits nouveaux venus, s’illusionnent et croient parler au moyen de la parole.
- Avoir constaté que, grâce à la faculté de la vision spirituelle, on était en mesure de percevoir les objets d’un côté, à l’intérieur et à travers eux.
- Avoir constaté que les Esprits peuvent se transférer instantanément d’un endroit à un autre, même très éloigné, grâce à un acte de volonté – ce qui n’empêchait pas qu’ils pussent aussi se promener dans le milieu spirituel ou survoler à quelques distance du sol.
- Avoir appris que les Esprits des décédés gravitent fatalement et automatiquement vers les sphères spirituelles qui leur conviennent, grâce à la « loi de l’affinité ».
Tels sont les douze « détails » fondamentaux sur lesquels les Esprits qui se communiquent se trouvent d’accord. Je remarquerai qu’il suffit de les analyser l’un après l’autre, et puis dans leur ensemble, pour se convaincre qu’ils présentent aux incarnés un tableau schématique complet des événements qui attendent tous les humains au cours de la crise de la mort, et des impressions qui nous attendent à notre arrivée dans le milieu spirituel.
Il n’existe, par contre, dans les récits en question, pas un seul élément important dans lequel les Esprits qui se communiquent à nous, diffèrent entre eux de manière à nous faire considérer l’élément dont il s’agit, comme étant contradictoire.
Ajoutons que les cas que je viens d’examiner, outre les concordances sur les détails fondamentaux, en présentent d’autres de natures secondaire, qui, ainsi que je l’ai fait remarquer, sont théoriquement plus importantes que les concordances primaires (…).
Parmi les détails secondaires rencontrés dans les cas que j’ai reproduits, je signale les suivants :
Pertes de personnes aimées, morts prématurées
Message psychographié
Quand la mort vient faucher[9] dans vos familles, emportant sans mesure les jeunes gens avant les vieillards, vous dites souvent : Dieu n’est pas juste, puisqu’il sacrifie ce qui est fort et plein d’avenir, pour conserver ceux qui ont vécu de longues années pleines de déceptions ; puisqu’il enlève ceux qui sont utiles, et laisse ceux qui ne servent à plus rien ; puisqu’il brise le cœur d’une mère en la privant de l’innocente créature qui faisait toute sa joie.
Humains, c’est là que vous avez besoin de vous élever au-dessus du terre à terre de la vie pour comprendre que le bien est souvent là où vous croyez voir le mal, la sage prévoyance là où vous croyez voir l’aveugle fatalité du destin. Pourquoi mesurer la justice divine à la valeur de la vôtre ? Pouvez-vous pensez que le maître des mondes veuille, par un simple caprice, vous infliger des peines cruelles ? Rien ne se fait sans un but intelligent, et quoi que ce soit qui arrive, chaque chose a sa raison d’être.
(…) Croyez-moi, la mort est préférable, pour l’incarnation de vingt ans, à ces dérèglements honteux qui désolent les familles honorables, brisent le cœur d’une mère, et font, avant le temps, blanchir les cheveux des parents. La mort prématurée est souvent un grand bienfait que Dieu accorde à celui qui s’en va, et qui se trouve ainsi préservé des misères de la vie, ou des séductions qui auraient pu l’entraîner à sa perte. Celui qui meurt à la fleur de l’âge n’est point victime de la fatalité, mais Dieu juge qu’il lui est utile de ne pas rester plus longtemps sur terre.
Réjouissez-vous au lieu de vous plaindre quand il plaît à Dieu de retirer un de ses enfants de cette vallée de misère. N’y a-t-il pas de l’égoïsme à souhaiter qu’il restât pour souffrir avec vous ? Ah ! Cette douleur ce conçoit chez celui qui n’a pas la foi, et qui voit dans la mort une séparation éternelle ; mais vous spirites, vous savez que l’âme vit mieux débarrassée de son enveloppe corporelle ; mères, vous savez que vos enfants bien-aimés sont près de vous ; oui, ils sont tout près ; leurs corps fluidiques vous entourent, leurs pensées vous protègent, votre souvenir les enivre de joie ; mais aussi vos douleurs déraisonnables les affligent, parce qu’elles dénotent un manque de foi, et qu’elles sont une révolte contre la volonté de Dieu.
Prières pour quelqu’un qui vient de mourir
Les prières pour les Esprits qui viennent de quitter la terre n’ont pas seulement pour but de leur donner un témoignage de sympathie, mais elles ont encore pour effet d’aider à leur dégagement, et, par-là, d’abréger le trouble qui suit la séparation, et de rendre le réveil plus calme. Mais là encore, comme en toute autre circonstance, l’efficacité est dans la sincérité de la pensée, et non dans l’abondance de parole dites avec plus ou moins de pompe, et auxquelles, le plus souvent, le cœur n’a aucune part.
Les prières qui partent du cœur résonnent autour de l’Esprit, dont les idées sont encore confuses, comme les voix amies qui viennent nous tirer du sommeil.
La Mort
La mort[10] n’est qu’un changement d’état, la destruction d’une forme fragile qui ne fournit plus à la vie les conditions nécessaires à son fonctionnement et à son évolution. Au-delà de la tombe, une autre phase de l’existence s’ouvre. L’Esprit, sous la forme fluidique, impondérable, s’y prépare à des réactions nouvelles, il trouve dans son état mental les fruits de l’existence qui vient de finir.
La mort n’est donc qu’une éclipse d’un instant dans cette grande révolution de nos existences. Mais cet instant suffit pour nous révéler le sens grave et profond de la vie. La mort, elle aussi, peut avoir sa noblesse, sa grandeur. Il ne faut pas la craindre, mais plutôt s’efforcer de l’embellir, en s’y préparant sans cesse par la recherche et la conquête de la beauté morale, la beauté de l’esprit, qui moule le corps, et l’orne d’un reflet auguste, à l’heure des suprêmes séparations. La façon dont nous savons mourir est déjà, par elle-même, une indication de ce que sera, pour chacun de nous, la vie de l’espace.
Ne demandez pas aux pierres du sépulcre le secret de la vie. Sachez-le, les ossements et les cendres qui reposent-là ne sont rien. Les âmes qui les ont animés ont quittés ces lieux. Elles reviennent sous des formes plus subtiles, plus affinées. Du sein de l’invisible, où vos prières les atteignent et les émeuvent, elles vous suivent du regard ; elles vous répondent et vous sourient. La révélation spirite vous apprendra à communiquer avec elles, à unir vos sentiments dans un même amour, dans une ineffable espérance.
Ils sont souvent à vos côtés, les êtres pleurés que vous allez chercher au cimetière. Ils reviennent et veilles sur vous, ceux qui ont été la force de votre jeunesse, qui vous ont bercés dans leur bras, les amis, compagnons de vos joies et de vos douleurs ; et toutes les formes, tous les doux fantômes des êtres sur votre route, qui ont été mêlés à votre existence et ont emporté avec eux un peu de vous-même, de votre âme et de votre cœur. Autour de vous flotte la foule des hommes disparus dans la mort, foule confuse qui revit, vous rappelle et vous montre le chemin à parcourir.
(…). Pourquoi donc cet effroi de la mort, cette anxiété poignante, au sujet d’un acte qui n’est le terme de rien ? C’est presque toujours parce que la mort nous paraît être la perte, la privation soudaine de tout ce qui faisait notre joie.
Le spirite sait qu’il n’en est rien ; la mort est pour lui, l’entrée dans un monde de vie plus riche d’impressions et de sensations. Non seulement nous n’y sommes pas privés des choses vivantes de l’esprit, mais celles-ci s’augmenteront de ressources nouvelles, d’autant plus étendues et plus variées que l’âme se sera mieux préparée à en jouir. La mort ne nous prive même pas des choses de ce monde.
Nous continuerons à voir ceux que nous aimons et laissons après nous.
(…). Bien loin de chasser l’idée de la mort, comme nous le faisons généralement, sachons donc la considérer en face, pour ce qu’elle est réellement. Efforçons nous de la dégager des ombres et des chimères dont elle a été enveloppée, et demandons-nous de quelle façon il convient de se préparer à cet « incident » naturel et nécessaire du cours de la vie.
(…). Notre progrès, notre élévation l’exigent : nous devons être débarrassés, un jour ou l’autre, de cette enveloppe charnelle, qui après avoir rendu les services attendus, devient impropre à nous suivre sur les autres plans de notre destinée. Comment (…) peut-on considérer la mort comme un mal ? Si elle joue un rôle important dans l’évolution des êtres, n’est-ce pas parce qu’elle est une des phases voulues de cette évolution, le pendant naturel de la naissance, un des éléments essentiels du plan de la vie.
L’appareil[11] dont on entoure les inhumations laisse une autre impression non moins pénible, dans le souvenir des assistants. La pensée que notre enveloppe sera, elle aussi, déposée dans la terre, provoque comme une sensation d’angoisse et d’étouffement. Cependant, tous les corps que nous avons animés dans le passé reposent également sous le sol ou se sont lentement transformés en fleurs et en végétaux.
Ces corps n’étaient que des vêtements usés; notre personnalité n’a pas été ensevelie avec eux. Peu nous importe aujourd’hui ce qu’ils sont devenus. Pourquoi le sort du dernier d’entre eux nous préoccuperait-il davantage ?
On nous demande souvent si la crémation est préférable à l’inhumation, au point de vue du dégagement de l’esprit. Les invisibles, consultés, répondent qu’en thèse générale la crémation provoque un dégagement plus rapide, mais brusque et violent, douloureux même pour l’âme attachée à la terre. C’est la raison pour laquelle il est préconisé une attente d’au moins trois jours avant une crémation.
Beaucoup de personnes redoutent la mort à cause des souffrances physiques qui l’accompagnent. On souffre, il est vrai, dans la maladie qui aboutit à la mort, mais on souffre aussi dans les maladies dont on guérit. L’instant de la mort, nous disent les Esprits, est presque toujours sans douleur. On meurt comme on s’endort. Cette opinion est confirmée par tous ceux que leur profession et leur devoir appellent fréquemment au chevet des mourants.
Cependant, à considérer le calme, la sérénité de certains malades aux heures ultimes et l’agitation convulsive, l’agonie des autres, on doit reconnaître que les sensations précédant la mort sont très diverses suivant les individus. Les souffrances sont d’autant plus vives que les liens unissant l’âme au corps sont plus nombreux et plus puissants. Tout ce qui peut les amoindrir, les affaiblir, rendra le dégagement plus rapide, la transition moins douloureuse.
Si la mort est souvent exempte de souffrance pour celui dont la vie fut noble et belle, il n’en est pas de même pour les sensuels, les violents, les coupables, les suicidés.
Aussitôt le passage franchi, une sorte de trouble, d’engourdissement envahit la plupart des âmes qui n’ont pas su se préparer au départ. Dans cet état, leurs facultés sont voilées ; elles ne perçoivent plus qu’à travers un brouillard plus ou moins dense. La durée de ce trouble varie selon leur nature et leur valeur morale. Il peut être prolongé pour les plus arriérées et même embrasser des années entières. Puis, peu à peu, la brume s’éclaircit ; les perceptions deviennent plus nettes. L’Esprit recouvre sa lucidité ; il s’éveille à sa vie nouvelle, la vie de l’espace. Instant solennel pour lui, plus décisif, plus redoutable que la mort car, suivant sa valeur et son degré de pureté, ce réveil sera calme et délicieux, plein d’anxiété ou de souffrance.
Dans l’état de trouble, l’âme est consciente des pensées dirigées vers elle. Les pensées d’amour, de charité, les vibrations des cœurs affectueux brillent pour elle comme des rayons dans la brume qui l’enveloppe ; elles l’aident à se dégager des derniers liens qui l’enchaînent à la terre, à sortir de l’ombre où elle est plongée. C’est pourquoi les prières inspirées par le cœur, dites avec chaleur et conviction, les prières improvisées surtout, sont salutaires, bienfaisantes pour l’Esprit qui a quitté la vie corporelle. Par contre, les oraisons vagues, puériles des Eglises, restent souvent sans effets. Prononcées machinalement, elles n’acquièrent pas cette puissance vibratoire qui fait de la pensée à la fois une force pénétrante et une lumière.
Le cérémonial religieux en usage apporte généralement peu d’aide et de réconfort aux défunts. L’ignorance des conditions de la survivance rend ceux qui participent à ces manifestations, indifférents et distraits. C’est presque un scandale de voir avec quel laisser-aller on prend part, à notre époque, à une cérémonie mortuaire. L’attitude des assistants, le manque de recueillement, les conversations banales échangées pendant la conduite au cimetière, tout impressionne péniblement. Bien peu parmi ceux qui suivent le convoi, songent au défunt et considèrent comme un devoir de projeter vers lui une pensée affectueuse.
Les prières ferventes de ses amis, de ses proches sont bien plus efficaces pour l’Esprit du mort que les manifestations du culte le plus pompeux. Toutefois, il n’est pas bon de nous complaire outre mesure dans la douleur de la séparation. Certes, les regrets du départ sont légitimes et les larmes sincères sont sacrées ; mais, trop violents, ces regrets attristent et découragent celui qui en est l’objet et, souvent, le témoin.
Au lieu de faciliter son essor vers l’espace, ils le retiennent où il a souffert et où souffrent encore ceux qui lui sont chers. C’est un acte d’amour des plus grands que de laisser partir un être aimé.
Les existences brisées prématurément sont arrivées à leur terme prévu. Ce sont, en général, des compléments d’existences antérieures qui ont été tronquées à la suite d’abus ou d’excès. Lorsque du fait d’habitudes déréglées, on a épuisé les ressources vitales avant l’heure marquée par la nature, on doit revenir parfaire, en une existence plus courte, le laps de temps que l’existence précédente aurait dû normalement embrasser. Il arrive que les êtres humains passibles de cette réparation soient assemblés par la force du destin, pour subir, dans une mort tragique, les conséquences d’actes se rattachant au passé prénatal. De là, les morts collectives, les catastrophes qui jettent dans le monde un avertissement. Ceux qui partent ainsi en achevé le temps pendant lequel ils devaient vivre et vont se préparer à d’autres existences meilleures.
Quant aux suicidés, le trouble où ils se trouvent plongée après la mort est profond, pénible, douloureux. L’angoisse les étreint et les suit jusque dans leur réincarnation ultérieure. Leur geste criminel a causé au corps fluidique un ébranlement violent et prolongé, qui se transmettra à l’organisme charnel à la renaissance. La plupart reviennent infirmes sur la terre. La vie étant dans toute sa force chez un suicidé, l’acte brutal qui la brise produira de longues répercussions dans son état vibratoire et déterminera des affections nerveuses dans ses vies terrestres à venir.
Le suicidé cherche le néant et l’oubli de toutes choses. Il se retrouve, au contraire, en face de sa conscience, dans laquelle reste gravée, à l’infini, le souvenir pitoyable de sa désertion dans le combat de la vie. Il n’est pas, sur terre, d’épreuve si dure, de souffrance si cruelle qui ne soit préférable à ce perpétuel reproche de l’âme, à la honte de ne pouvoir plus s’estimer soi-même. La destruction violente de ressources physiques, qui pouvaient lui être utiles encore et même fécondes, ne délivre pas le suicidé des épreuves qu’il a voulu fuir, car il lui faudra renouer la chaîne brisée de ses existences et retrouver avec elle la série inévitable, aggravée des actes et des conséquences par lui-même engendrés.
Les motifs de suicide sont d’ordre passager et humain ; les raisons de vivre sont d’ordre éternel et surhumain. La vie, résultat de tout un passé, instrument du devenir, est, pour chacun de nous, ce qu’elle doit être, dans la balance infaillible du destin. Acceptons-en avec courage les vicissitudes, qui sont autant de remèdes à nos imperfections, et sachons attendre avec patience l’heure fixée par la loi équitable comme terme de notre étape terrestre.
De nombreux exemples de messages psychographiés, que nous n’avons pas inclus, suivent ce livre. Ils expliquent, chacun à leur manière, comment se vivent les premiers instants de la vie dans l’au-delà.
Causes de l’appréhension de la mort[12]
A mesure que l’homme comprend mieux la vie future, l’appréhension de la mort diminue ; mais en même temps, comprenant mieux sa mission sur la terre, il attend sa fin avec plus de calme, de résignation et sans crainte. La certitude de la vie future donne un autre cours à ses idées, un autre but à ses travaux ; avant d’avoir cette certitude, il ne travaille que pour la vie actuelle ; avec cette certitude, il travaille en vue de l’avenir sans négliger le présent, parce qu’il sait que son avenir dépend de la direction plus ou moins bonne qu’il donne au présent. La certitude de retrouver ses amis après la mort, de continuer les rapports qu’il a eus sur la terre, de ne perdre le fruit d’aucun travail, de grandir sans cesse en intelligence et en perfection, lui donne la patience d’attendre et le courage de supporter les fatigues momentanées de la vie terrestre. La solidarité qu’il voit s’établir entre les morts et les vivants lui fait comprendre celle qui doit exister, entre les vivants ; la fraternité a dès lors sa raison d’être et la charité un but dans le présent et l’avenir.
Ajoutons à cela que tout, dans les usages, concours à faire regretter la vie terrestre, et redouter le passage de la terre au ciel. La mort n’est entourée que de cérémonie lugubres qui terrifient plus qu’elles ne provoquent l’espérance. Si l’on présente la mort, c’est toujours sous un aspect repoussant, et jamais comme un sommeil de transition ; tous ses emblèmes rappellent la destruction du corps, le montrent hideux et décharnés ; aucun ne symbolise l’âme de dégageant radieuse de ses liens terrestres. Le départ pour ce monde plus heureux n’est accompagné que des lamentations des survivants, comme s’il arrivait le plus grand malheur à ceux qui s’en vont ; on leur dit un éternel adieu, comme si l’on ne devait jamais les revoir ; ce que l’on regrette pour eux, ce sont les jouissances d’ici-bas, comme s’ils n’en devaient pas trouver de plus grandes. Quel malheur, dit-on, de mourir quand on est jeune, riche, heureux et qu’on a devant soi un brillant avenir ! L’idée d’une situation plus heureuse effleure à peine la pensée, parce qu’il n’y a pas de racines. Tout concours donc à inspirer l’effroi de la mort au lieu de faire naître l’espérance.
Pourquoi les spirites n’appréhendent pas la mort ?[13]
La doctrine spirite change entièrement la manière d’envisager l’avenir. La vie future n’est plus une hypothèse, mais une réalité ; l’état des âmes après la mort n’est plus un « système », mais un résultat d’observation. Le voile est levé ; le monde spirituel nous apparaît dans toute sa réalité pratique ; ce ne sont pas les hommes qui l’ont découvert par l’effort d’une conception ingénieuse, ce sont les habitants même de ce monde qui viennent nous décrire leur situation ; nous les y voyons à tous les degrés de l’échelle spirituelle, dans toutes les phases du bonheur et du malheur ; nous assistons à toutes les péripéties de la vie d’outre-tombe. Là est pour les spirites la cause du calme avec lequel ils envisagent la mort, de la sérénité de leurs derniers instants sur la terre. Ce qui les soutient, ce n’est pas seulement l’espérance, c’est la certitude ; ils savent que la vie future n’est que la continuation de la vie présente dans de meilleures conditions, et ils attendent le lever du soleil après une nuit d’orages.
Pour les spirites, l’âme n’est plus une abstraction ; elle a un corps éthéré (périsprit) qui en fait un être défini, que la pensée embrasse et conçoit ; c’est déjà beaucoup pour fixer les idées sur son individualité, ses aptitudes et ses perceptions. Le souvenir de ceux qui nous sont chers se repose sur quelque chose de réel. On ne se les représente plus comme des flammes fugitives qui ne rappellent rien à la pensée, mais sous une forme concrète qui nous les montre mieux comme des êtres vivants. Puis, au lieu d’être perdus dans les profondeurs de l’espace, ils sont autour de nous ; le monde corporel et le monde spirituel sont en perpétuels rapports et s’assistent mutuellement. Le doute sur l’avenir n’étant plus permis, l’appréhension de la mort n’a plus de raison d’être ; on la voit venir de sang-froid, comme une délivrance, comme la porte de la vie et non comme celle du néant.
La désincarnation[14]
Pendant l’incarnation, l’Esprit se relie à la matière par l’intermédiaire de son périsprit et sous l’influence du fluide vital. Quand le corps meurt, il n’y a plus les conditions pour que l’Esprit l’anime. Alors, il y a détachement du périsprit et l’Esprit, libéré, revient au monde spirituel. La désincarnation est le processus par lequel l’Esprit se détache du corps, en fonction de la fin de vie organique tout en conservant son périsprit et revient à la vie spirituelle.
Séparation de l’âme et du corps
Le détachement du périsprit par rapport au corps se passe graduellement puisque les liens fluidiques qui l’attachent au corps ne se cassent pas mais se défont. Il se fait à partir des pieds jusque vers la tête, le cerveau est le dernier point à se détacher. Au moment de l’agonie, quand ce détachement se passe, la personne à une vision panoramique, rapide et résumée, mais forte et fidèle, des points principaux de l’existence terrestre qui se termine. Puis après la désincarnation, l’Esprit entre dans un état de perturbation spirituelle. Comme il était habitué aux impressions dues aux organes des sens physiques, il reste confus, comme quelqu’un qui se réveille d’un long sommeil et n’est pas encore habitué à l’ambiance qu’il rencontre. La lucidité des idées et les souvenirs du passé reviendront à mesure que se défait l’influence de la matière.
Le processus de la désincarnation et la réintégration à la vie spirituelle dépendra des circonstances de la mort du corps. Dans les cas de mort par vieillissement, la charge vitale s’épuise peu à peu et, par cela, le détachement se passe de façon plus naturelle, plus facile et l’Esprit pourra dépasser assez vite la phase de perturbation.
Dans les cas de morts par maladies prolongées, le processus de détachement aussi se fait peu à peu, avec l’épuisement graduel de la vitalité organique et l’Esprit se prépare psychologiquement pour la désincarnation et s’habitue au monde spirituel. Parfois, il commence à l’entrevoir parce que ses perceptions transcendent le corps.
Dans les cas de morts violentes comme les accidents, les assassinats, les suicides, le détachement des liens qui unissent l’Esprit au corps est brusque et l’Esprit peut en souffrir.
Le degré d’évolution de l’Esprit qui désincarne
D’une façon générale, plus l’Esprit du désincarné est évoluée, plus il arrive facilement à se débarrasser de son corps physique sans vie. Plus matérielle, sensuelle et attachée aux sensations physiques aura été son existence, plus difficile et long sera le détachement.
La connaissance (et son application) du spiritisme aide beaucoup l’Esprit au moment de la désincarnation parce qu’il n’est pas complètement ignorant de ce qui se passe. Cette conscience pourra favoriser le processus, sans l’angoisser et il va récupérer le plus vite possible de cette perturbation naturelle. Cependant, seule la pratique du bien et une conscience pure peuvent assurer un réveil pacifique dans le monde spirituel.
L’aide spirituelle
De toutes parts, il y a des bons Esprits qui, en accomplissant les desseins divins, se disposent à la tâche d’aider à la désincarnation ceux qui sont de retour à la vie spirituelle. Certains amis et familiers déjà désincarnés peuvent venir aider l’Esprit dans le passage pour l’autre côté de la vie, ce qui lui donne confiance, calme et aussi bonheur lors des retrouvailles.
Après la mort
Après s’être détaché du corps matériel, l’Esprit conserve son individualité et continue à être lui-même avec ses défauts, ses qualités et ses capacités.
La situation heureuse, ou pas, d’un Esprit dans la vie spirituelle sera conséquente à son existence terrestre et à ses œuvres. Les bons se sentent heureux et sont avec leurs amis, les mauvais souffrent des conséquences de leurs actes et les médiums expérimentent (par les différentes manifestations de ces Esprits) les situations de leur faible préparation spirituelle.
A travers le périsprit, l’Esprit conserve l’apparence de sa dernière réincarnation puisqu’il se voit comme cela. Plus tard, s’il peut et s’il le veut, il pourra modifier cette apparence. Après la phase de transition, il pourra étudier, travailler et se préparer pour une nouvelle existence, afin de continuer son évolution.
Commémorations funèbres
Les coutumes, les idées et les attitudes que la société et les religions adoptent devant les corps morts sont innombrables. Le spirite respecte de tels rites mais ne les acceptes pas car il agit toujours en fonction de la réalité spirituelle et pas en fonction des apparences. Ainsi, le spirite, lors de veillée mortuaires, ne se désespère pas, se maintient dans une attitude respectueuse, puisqu’il sait que l’Esprit désincarné est dans une phase très délicate de détachement du corps et de transformation de son existence. Il n’utilise pas de bougies, de couronnes de fleurs, puisque l’Esprit n’a pas besoin de ces extériorités mais cherche à offrir ce dont le désincarné a réellement besoin, à savoir le respect de sa mémoire, des prières, des pensées de tendresse en faveur de sa paix et pour son soutien dans le monde spirituel. Le spirite vit en fraternité avec les familiers et amis du désincarné, en aidant dans tout ce qu’il peut.
Crémation et transplantation d’organes
Le corps est une veste et un instrument de valeur utile pour l’Esprit pendant son incarnation mais après la mort, il n’a plus aucune utilité pour lui. Il pourra être brulé ou on pourra lui retirer des organes pour être transplanter en faveur de ceux qui en ont besoin, sans que rien de cela ne porte un préjudice réel au désincarné. Certains croient que si le corps est brûlé ou abimé, il y aura des préjudices pour la résurrection dans le monde spirituel. Cependant, ce n’est pas le corps matériel qui continue à vivre dans l’au-delà mais l’Esprit avec son corps fluidique, le périsprit, qui n’a rien à voir avec le corps physique qui est resté sur terre.
Dans le cas des dons d’organes, il suffit que les personnes s’habituent avec l’idée de le faire en toute bonne volonté et qu’ils soient bien clairs sur le sujet. Il y a des incarnés qui donnent des organes par amour pour aider des personnes et ils n’ont pas peur de la souffrance ou des inconvénients que cet acte pourrait engendrer. Pourquoi ne pas donner ses organes après sa mort quand ils ne nous servent plus et que nous n’en souffrons pas lorsqu’on les prélève de ce corps que nous avons abandonné ?
[1] Màrio de Andrade (1893-1945) était un poète brésilien, romancier et critique d’art.
[2] Hermino C. Miranda, Nos Enfants sont des Esprits, p. 183 à 190.
[3] Idem.
[4] Léon Denis, Après la mort, chapitre 13, les épreuves et la mort.
[5] Cette action explique dans certain cas, les courtes existences des enfants morts en bas âge. Ces âmes ont pu acquérir sur terre le savoir et la vertu nécessaire pour monter plus haut. Un reste de matérialité arrêtant encore leur essor, elles reviennent achever par la souffrance leur complète épuration.
[6] Léon Denis, Après la mort, chapitre 30.
[7] Idem.
[8] E. Bozzano, La crise de la mort par les défunts qui se communiquent, extraits Revue Spirite.
[9] Allan Kardec, L’Evangile selon le Spiritisme, chapitre 21.
[10] Léon Denis, Le problème de l’être et de la destinée, chapitre 10 : La Mort.
[11] Idem.
[12] Le ciel et l’enfer d’Allan Kardec, chapitre 3 et chapitre 8.
[13] Le ciel et l’enfer d’Allan Kardec, chapitre 10.
[14] Initiation au spiritisme de Thérézinha Oliveira.