Ce mois-ci, nous vous présentons Moisson de haine. Les vicissitudes de la vie corporelle sont à la fois une expiation pour les fautes passées et des épreuves pour l'avenir. Elles nous épurent et nous élèvent selon la manière dont nous les subissons. Dans certaines situations, nous pouvons les choisir mais dans d'autres, comme dans l’exemple exposé dans ce sujet du mois, le choix n’est plus possible et l’incarnation devient une obligation.
Dans le livre des Esprits, Allan Kardec nous rappelle que « La nature des vicissitudes et des épreuves que nous subissons peut aussi nous éclairer sur ce que nous avons été et sur ce que nous avons fait, comme ici-bas nous jugeons les faits d'un coupable par le châtiment que lui inflige la loi. Ainsi, tel sera châtié dans son orgueil par l'humiliation d'une existence subalterne ; le mauvais riche et l'avare, par la misère ; celui qui a été dur pour les autres, par les duretés qu'il subira ; le tyran, par l'esclavage ; le mauvais fils, par l'ingratitude de ses enfants ; le paresseux, par un travail forcé, etc.. »
Voici une courte histoire, tirée du livre « Contes Spirituels » dicté au médium Chico Xavier par l’Esprit Humberto de Campos qui illustre bien cette loi de cause à effets. Cet ouvrage est disponible aux Editions Philman
- Non ! Je ne te veux pas dans mes bras ! disait la jeune mère à son fils qui était en son sein.
Elle à qui la loi du Seigneur avait conféré la douce mission de la maternité.
- Tu ne me voleras pas ma beauté ! Tu n'es pour moi qu'une source de travail, de renoncement et de souffrance...
- Maman, laisse-moi vivre !... La suppliait l'enfant dans le sanctuaire de sa conscience, nous sommes ensemble ! Donne-moi la bénédiction du corps ! Je dois lutter et me régénérer. Je partagerai avec toi la sueur et les larmes tout en cherchant à me racheter... Nous nous compléterons. Aide-moi, je t'apporterai la joie. Je serai le rejeton de ton amour, tout comme tu seras pour moi l'arbre de lumière. Sur tes branches, je bâtirai mon nid d'espoir et de paix...
- Non, non...
- Ne m'abandonne pas !
- Je t'expulserai.
- Pitié maman ! Ne vois-tu pas que nous venons de loin, âme pour âme, coeur contre cœur ?
- Que m'importe le passé ? Je ne vois en toi qu'un intrus que je n'ai pas demandé.
- Oublies-tu, maman, que Dieu nous a réunis ? Ne me ferme pas ta porte !...
- Je suis une femme et je suis libre. Je t'étoufferai avant ta naissance...
- Aie pitié de moi !...
- Je ne peux pas. J'aime la jeunesse et le plaisir, tu es pour moi la perturbation et un obstacle.
- Aide-moi !
- T'aider reviendrait à me tailler la chair. Je revendique mon bonheur et ma légèreté féminine...
- Maman, protège-moi ! Je cherche à me rénover...
Jour après jour, ce dialogue sans paroles se renouvelait. Mais quand l'enfant vint à naître, sa mère aveugle et malheureuse le força à boire le fiel de la frustration :
- Retourne à l'ombre d'oû tu viens ! Meurs ! Meurs !
- Maman, maman ! Ne me tue pas ! Protège-moi ! Maman, laisse-moi vivre !...
- Jamais !
- Aide-moi !
- Je ne peux pas.
Impitoyablement rejeté, le pauvre enfant s'enfonça dans les ténèbres de la révolte. Pris de désespoir parce qu'il voulait préserver son petit corps tendre, il s'accrocha au coeur maternel qui s'altéra, comme une horloge détraquée.
Si bien qu'au lieu de continuer dans la grâce de la vie, tous deux se précipitèrent dans l'abîme de la mort.
Dépourvus de leur enveloppe charnelle, ils se projetèrent dans l'espace en s'accusant réciproquement.
Pendant longtemps, ils furent retenus l'un à l'autre par les liens magnétiques de lourdes compromissions à se détester et à se récriminer mutuellement...
À semer la cruauté, ils récoltaient la haine, ce qui provoquait en eux un terrible déséquilibre.
Des années et des années passèrent, sombres et inquiétantes, jusqu'à ce qu'un jour, l'Esprit charitable d'une femme les évoqua dans ses prières aimantes pleines de miséricorde, comme pour leur offrir son sein. Avides de consolation et de rénovation, tous deux répondirent affirmativement et acceptèrent le généreux abri...
Protégés par l'affection maternelle, ils reposèrent enfin.
Un doux sommeil apaisa leur esprit endolori.
Mais quand ils s'éveillèrent à nouveau sur la Terre, ils portaient les stigmates de la dette fracassante qui les avait réunis. Une fois réapparues parmi les hommes, ces deux âmes passionnées par la chair se disputaient le même corps physique, mais avec deux têtes.