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Entrée des médiums
Entrée des médiums

Ce mois-ci, nous vous présentons Entrée des médiums. A la maison Victor Hugo, une exposition temporaire a lieu en ce moment jusqu'au 20 janvier sur le thème Spiritisme et Art de Hugo à Breton. Une de nos adhérents est allée voir, elle nous raconte.

Une visite incontournable, si vous passez par Paris, où se déroule actuellement une exposition exceptionnelle, qui met en lumière « spiritisme et art ». Une des multiples facettes du non moins célèbre Victor Hugo (1802-1885), qui se livra avec engouement aux « tables parlantes », auquel succomba toute sa famille, lors de son exil à Jersey en 1853.

C’est Delphine de Girardin (épouse du grand patron de presse Emile de Girardin et égérie de la monarchie de Juillet) qui l’initia aux « tables parlantes » et qui lança les « hôtes de Jersey ». Composés pour l’essentiel des membres de la famille, d’amis, de proches et d’intimes de Victor Hugo : Mme Hugo, Charles Hugo, Adèle Hugo, Auguste Vacquerie, Théophile Guérin, Emile Allix (médecin de V. Hugo), Le Comte Sandor Téléki etc, sur la conversion du chemin spirite.

On y découvre un Victor Hugo expérimentateur (avant-gardiste pour son époque) qui nous livre ses comptes rendus (provenant de la Bibliothèque Nationale de Paris) lors de ses séances, qui furent pratiquées de façon régulière (au moins une fois par semaine) durant 2 années. Néanmoins, la non-maîtrise des séances et certains phénomènes pousseront Victor Hugo à cesser la pratique de ses « tables tournantes ».  Entrée de l'exposition

Cette exposition nous amène également à découvrir le spiritisme, à travers différentes formes d’expressions artistiques (dessins, peintures, messages, textes, moulages ectoplasmiques, photographies, etc.) à travers les œuvres de Victor et Charles Hugo, Victorien Sardou, Fernand Desmoulin, Hélène Smith, Gustave Le Goarant de Tromelin, Hugo d’Alesi, Augustin Lesage, Marjan Gruzewski, Marthe Béraud, Franek Kluski, Man Ray, Robert Desnos, André Masson, Yves Tanguy, Nadja, Nina Karasek, Madge Gill, Philippe Deloison… et d’anonymes.
250 œuvres, pour la plupart originales (fournies par la Bibliothèque Nationale de Paris, l’Institut Métapsychique International, le Musée d’Orsay ou appartenant à la Maison de Victor Hugo) y sont exposées. Ce sont des dessins, gravures, photographies, manuscrits, livres, etc.) que vous aurez rarement l’occasion de voir.
Alors n’hésitez pas à faire un petit tour du côté de la place des Vosges et bonne visite à vous ! Cette exposition vaut le détour.

Entrée des médiums

1853 - A Jersey, l’entourage de Victor Hugo se voue à la nouvelle mode des tables tournantes qui leur délivrent dans un langage aussi poétique que celui du maître une haute philosophie.
1933 - André Breton dans Minotaure, avec le « Message automatique », dresse une première anthologie des médiums peintres, marquant leur entrée dans la sphère artistique.
A travers les quatre-vingt années de ce moment inaugural suivent peu ou prou la liste de Breton, ce qui donne à voir ici, sont les œuvres de ces êtres d’exception qui prêtent leur main à une puissance autre. Rejetant en dehors de l’artiste sa force créatrice, ce message automatique qui mêle l’écriture et le dessin ne cesse de nous intriguer, de nous questionner et de nous éblouir.
La vogue du spiritisme s’explique, paradoxalement, par la réponse que sa doctrine apporte aux besoins spirituels d’un siècle athée, démocrate, anticlérical et scientiste. Sans hiérarchie autre que le mérite des médiums, chacun prend part à la révélation. Celle-ci se manifeste par « des faits observables » : la science apportera la preuve de sa vérité. Ce mouvement d’études et d’expériences devenu inséparable de l’activité médiumnique, à l’intérieur comme à l’extérieur du spiritisme, donnant naissance aux « sciences psychiques » ou à la « métapsychique », suscite de nouvelles œuvres.
Si le rendez-vous ainsi proposé avec une définition élargie de l’homme au-delà de la solitude de sa conscience et de sa raison, a sans doute été raté, ce moment a dégagé un nouveau pan de notre imaginaire et augmenté notre territoire de l’art. Autour de la table, le prolétaire côtoie le bourgeois et le modeste, l’homme de génie, en une démocratie du merveilleux.

1. Les tables

En introduction aux « procès verbaux des tables parlantes à Jersey », Auguste Vacquerie écrit : « Mme de Girardin vint visiter Victor Hugo à Jersey (dans la maison d’exil de Marine Terrace). Elle arriva le mardi 6 septembre. Elle nous parla des tables. Les tables ne tournaient pas seulement : elles parlaient. On convenait avec elles que les coups qu’elles frapperaient seraient les lettres de l’alphabet et qu’on écrirait la lettre à laquelle elles s’arrêteraient. On obtenait ainsi, lettre à lettre et mot à mot, des phrases et des pages entières. Nous vîmes là un paradoxe de ce charmant esprit. Le jeudi elle apporta une petite table ronde à trois pieds qu’elle avait achetée à Saint-Hélier dans un magasin de jouets d’enfant. Le lendemain elle essaye encore sans succès. »
Mais le soir du dimanche 11 septembre 1853 la table tressaille, répond.
Bouleversés, les participants croient renouer avec Léopoldine, « la Fille morte ».
D’une séance à l’autre, pendant deux ans et demi, le cercle Marine Terrace est enchaîné au tournis hypnotique d’une parole revenante, tantôt dictée par des figures prophétiques de l’Ancien Testament - Isaïe, Moïse, Jésus-Christ annonçant « la vraie religion » - ; tantôt par une cohorte de héros de l’esprit ou de l’histoire de – Platon, Galilée, Shakespeare, Molière, André Chénier, Marat, Napoléon, Annibal. La table délivre aussi les révélations d’un aéropage d’allégories : le Drame, la Mort, l’Ombre du Sépulcre, et jusqu’à la voix formidable de l’Océan venu en « voisin ».

2. Ce que dit la bouche d’ombre

« Quand nous interrogeons la table en l’absence de Charles elle frappe mais des lettres sans liaison et qui ne font pas des mots. Pourquoi ? » Questionne Mme Hugo.
Le « voyant » de Marine Terrace, c’est Charles Hugo. Pourtant les tables parlent comme Victor Hugo. Lettre à lettre, les rêveries théologiques du père, ses fantaisies métaphysiques se voient sollicitées, épelées, répétées. Voire anticipées.
Entre les communications et les vers des Contemplations, il y a des interférences, effets d’annonce, même si le poète prend soin de préciser qu’il n’emprunte aucun vers aux esprits. « Ce que dit la bouche d’ombre » le poème essentiel du recueil, comme tous les grands poèmes philosophiques qu’il écrit à la suite, sortent en droite ligne de la dictée des tables « aimantées » par Charles.
Le rôle de médium de Charles Hugo se double de celui de photographe. Rien de moins fortuit si la chambre noire révèle la parenté de l’mage photographique, des procès verbaux spirites et des dessins hugoliens. A l’évidence, le regard du fils hante celui du père. Au propre comme au figuré, les images révélées par Charles Hugo sont le négatif de la création plastique et poétique de Victor Hugo. Dans le dialogue occulte qui se joue entre le père et le fils autour de la table, la main passe. Pourtant le rôle réel de Charles, médium, a été largement passé sous silence.
Textes et dessins tendent à être lus et vus à l’intérieur du corpus hugolien alors qu’ils devraient être perçus comme les productions automatiques de Charles ou du fonctionnement collectif des inconscients que celui-ci met en œuvre.

Victor Hugo, dans la noirceur éblouissante de ses dessins, révèle le songe ténébreux de la matière. Au fil de la plume, « l’écrivain-spectre » dévide la chaîne des parentés sépulcrales qu’il entrevoit partout dans la découpe d’une ombre sur le mur (l’Homme épié), dans les lignes brisées d’un rocher ou d’une vague. Spectres, fées, gnomes, créatures hybrides au croisement de l’humain, du végétal, de l’animal..., autant d’apparitions que le poète fait émerger de tâches d’encre, surgir de l’empreinte fourmillante d’un réseau de dentelles, danser au rythme incisif de contours hérissés. La vibration de ces encres ne doit rien au tracé flottant des dessins proprement spirites de Jersey mais leurs audaces graphiques obéissent à un jeu d’analogies qui, une fois encore, répond au message des tables parlantes.

3. Artistes Médiums

Le spiritisme se répand d’abord dans les salons parisiens, touche de nombreux artistes ou écrivains, à l’instar de la famille Hugo. On rencontre alors d’étonnants dédoublements de personnalité, l’écrivain devenant dessinateur, le peintre créant un style étranger à sa matière. La force créatrice, éprouvée comme étrangère est attribuée aux esprits des défunts, « guides » dont le pratiquant n’est que l’intermédiaire.

Exemple d’artistes médiums

Victorien Sardou (1831-1908) trouve un exutoire et une consolation dans le spiritisme auquel il semble avoir été initié par son père. Guidé par son grand-père qui « réside » sur Jupiter et surtout par Bernard Palissy, Sardou dessine les maisons des hôtes prestigieux de la planète : Mozart, Zoroastre, le Christ, ou Hahnemann (médecin inventeur de l’homéopathie) autre esprit avec lequel il est en relation. Ce sont parmi les premières œuvres médiumniques publiées, dès 1858, dans la Revue spirite d’Allan Kardec, où Sardou explique le procédé automatique. Pour répondre à des objections, il se livre aussi à des expériences de gravure, technique dont il ignore tout. Virtuoses, ces dessins semblent puiser chez les ornemanistes du XVI° siècle ou les grotesques rococo autant qu’ils annoncent l’Art nouveau. Ils témoignent aussi de la place que l’astronomie prend dans l’imaginaire de l‘époque, imprégnant les créations médiumniques. Camille Flammarion, spirite convaincu, s’en fera le grand diffuseur.

 Maison du prophète Elie

Victorien Sardou, La Maison du Prophète Elie, vers 1857, collection M. et Mme Claude de Flers, Paris

Fernand Desmoulin (1853-1914) Aquafortiste et illustrateur, ami d’Emile Zola, découvre le spiritisme chez le poète Catulle Mendès, lors d’une période de dépression. Il en poursuit seul l’expérience deux ans durant, avec trois « guides » successifs : l’Instituteur, le Vieux Maître et Astarté. C’est à eux qu’il attribue la paternité des dessins et textes automatiques qu’il produit selon trois styles différents, en rupture complète avec son travail de graveur plutôt académique. Abstractions graphiques au trait dentelé, lacis enroulés d’où naissent des apparitions de visages nés de courbes ovales aux longs traits filés, témoignent d’une liberté et d’une invention étrangères à sa pratique professionnelle.
Desmoulin travaille souvent « à l’envers » et il lui arrive aussi de transcrire certains dessins en gravure, à moins qu’il ne s’agisse, comme chez victorien Sardou, de « gravures automatiques », ainsi que le suggère Jules Bois. En 1902, l’expérience cesse, ayant sans doute accompli son rôle thérapeutique, soignant le traumatisme de la liaison contrariée avec Valentine L. En 1904, Desmoulin se remarie avec Elise Van Oosteram qui lèguera ses œuvres au musée de Brantôme et ses dessins et écrits spirites à l’Institut Métapsychique International.

4. Médiums artistes

Les cercles spirites, auxquels les chercheurs emboîtent bientôt le pas, recrutent des médiums parmi les gens modestes, ouvriers, employés. Malgré leur faible instruction et leur absence de formation artistique, leurs écrits et leurs dessins médiumniques ouvrent à l’art un champ nouveau dont peu, à l’époque, ont perçu la qualité esthétique. (comme Gustave Le Goarant de Tromélin, Hélène Smith, Hugo d’Alesi, Léon Petitjean etc...)

5. La Métapsychique

Lorsqu’il publie les procès verbaux des tables de Jersey, e, 1923, Gustave Simon se réfère à une actualité métapsychique récente et à son ami Charles Richet.
Celui-ci vient de publier son Traité de métapsychique, en 1922, science qu’il a créée, en parallèle aux « psychical sciences anglo-saxonnes, pour étudier tous les phénomènes physiques et psychiques inexplicables semblant relever d’une intelligence indépendante.
Malgré de sévères et très médiatiques polémiques nombre de savants ont relevé le défi des spirites qui attendaient que la science apporte la preuve de leur doctrine, en cherchant au moins à expliquer les phénomènes observés. S’ouvre ainsi tout un champ d’expériences qui, à la suite du magnétisme, de l’étude de l’hypnose avec Charcot, et côtoyant la psychanalyse naissante, questionnent les capacités de l’esprit humain (précognition, connaissance à distance, xénoglossie, etc.) jusque dans son pouvoir sur la matière (déplacements d’objets, matérialisation, etc.).
C’est dans ce contexte qu’en 1919 est crée l’Institut Métapsychique International de Paris (IMI qui mettra sur pied ombre d’expériences selon des protocoles stricts, sous l’impulsion de ses deux premiers directeurs. Gustave Geley se consacre principalement à l’étude des médiums à capacités physiques et à l’ectoplasmie, avec Marthe Béraud et Franek Kluski, tandis qu’Eugène Osty lance une étude des médiums peintres avec Augustin Lesage et Marjan Gruzewski.

 Moulure ectoplasmique « mains jointes en prières » Varsovie 1922.

Moulure ectoplasmique « mains jointes en prières » Varsovie 1922.

Visible à l’exposition : les moulures ectoplasmiques de Franek Kluski (1874-1943), médium polonais célèbre pour ces matérialisations, en état de demi-transe, dont les moulages en plâtres de l’IMI (Institut Métapsychique International), obtenus entre 1920 et 1924 sous le contrôle du Dr Geley, conservent la trace.

Remerciements à Florence Claval (Attachée de presse) pour son chaleureux accueil, et de pour nous avoir gracieusement offert le catalogue illustré de cette exposition, que vous trouverez en consultation à la bibliothèque pour tous les adhérents du centre.