« Aimez-vous les uns les autres, comme des frères »
Tout l’enseignement de Jésus peut se résumer en ces quelques mots, si simples, si clairs, et pourtant si difficiles
à mettre en œuvre pour les esprits imparfaits que nous sommes tous ici-bas.
Le spiritisme prolonge cette maxime, faisant de la loi d’Amour et de Charité, sa loi principale, comme spécifié au chapitre XI du Livre des Esprits d’Allan Kardec, dans lequel on nous précise, à la question 886 : « L’amour et la charité sont le complément de la loi de justice, car aimer son prochain, c’est lui faire tout le bien qui est en notre pouvoir et que nous voudrions qui nous fût fait à nous-mêmes. Tel est le sens des paroles de Jésus : aimez-vous les uns les autres, comme des frères. »
Un peu plus loin, à la question 888, est ajoutée la notion d’attraction :« Aimez-vous les uns les autres, c’est toute la loi ; loi divine par laquelle Dieu gouverne les mondes. L’amour est la loi d’attraction pour les êtres vivants et organisés ; l’attraction est la loi d’amour pour la matière organique. »
En cette période durant laquelle les cœurs rouges s’étalent à foison dans toutes les vitrines de nos commerçants, rappelant parfois douloureusement la solitude à ceux qui vivent déjà assez mal le fait de ne pas être en couple, ou bien qui sont en couple mais sans se sentir suffisamment aimés, il nous a semblé important de rappeler que la loi d’amour prônée par Jésus s’entend et s’étend de manière bien plus large, ne se limitant pas à une attraction charnelle et souvent temporaire, telle que nous avons tendance à penser, mais au contraire, s’ouvrant sur une dimension universelle, divine même.
Fruit de notre évolution encore imparfaite, l’attraction des corps est, pour beaucoup d’entre nous, souvent plus intense, plus criante que la pourtant merveilleuse attraction spirituelle. Et lorsque cette attraction n’est pas réciproque entre deux individus, la douleur ressentie alors peut amener jusqu’à certains extrêmes qui se révèlent finalement à l’opposé total du sentiment d’amour prôné initialement.
Mais comment passe-t-on aussi facilement d’un extrême à l’autre ? C’est, en quelque sorte, ce que demande Allan Kardec lorsqu’il évoque les unions antipathiques à la question 939 du Livre des Esprits : « Puisque les Esprits sympathiques sont portés à s’unir, comment se fait-il que, parmi les Esprits incarnés, l’affection ne soit souvent que d’un côté, et que l’amour le plus sincère soit accueilli avec indifférence et même répulsion ; comment, en outre, l’affection la plus vive de deux êtres peut-elle se changer en antipathie et, quelquefois, en haine ?
- Tu ne comprends donc pas que c’est une punition, mais qui n’est que passagère. Puis, combien n’y en a-t-il pas qui croient aimer éperdument, parce qu’ils ne jugent que sur les apparences, et quand ils sont obligés de vivre avec les personnes, ils ne tardent pas à reconnaître que ce n’est qu’un engouement matériel ! Il ne suffit pas d’être épris d’une personne qui vous plaît et à qui vous croyez de belles qualités ; c’est en vivant réellement avec elle que vous pourrez l’apprécier. Combien aussi n’y a-t-il pas de ces unions qui, tout d’abord, paraissent ne devoir jamais être sympathiques, et quand l’un et l’autre se sont bien connus et bien étudiés, ils finissent par s’aimer d’un amour tendre et durable, parce qu’il repose sur l’estime ! Il ne faut pas oublier que c’est l’Esprit qui aime et non le corps, et quand l’illusion matérielle est dissipée, l’Esprit voit la réalité. Il y a deux sortes d’affections : celle du corps et celle de l’âme, et l’on prend souvent l’une pour l’autre. L’affection de l’âme, quand elle est pure et sympathique, est durable ; celle du corps est périssable ; voilà pourquoi, souvent, ceux qui croyaient s’aimer d’un amour éternel se haïssent quand l’illusion est tombée. »
Mais, après tout, il faut certainement passer par ces amours terrestres déçus pour grandir puisque, comme le dit Divaldo dans Au Seuil de l’infini : « C’est la souffrance qui fait croître spirituellement lorsque l’on n’a pas su ou voulu s’élever par l’amour. »
Il peut paraître difficile pour certains d’envisager l’amour sous une forme plus spiritualisée, sûrement faute de ne pas encore en avoir eu assez d’exemples positifs sous les yeux. Aussi, ceux qui auraient du mal à concevoir cet amour spiritualisé, pourront en avoir un aperçu dans la réponse que les Esprits font à Kardec à la question 980 : « Le lien sympathique qui unit les Esprits du même ordre est-il pour eux une source de félicité ?
- L’union des Esprits qui sympathisent pour le bien est, pour eux, une des plus grandes jouissances, car ils ne craignent pas de voir cette union troublée par l’égoïsme. Ils forment, dans le monde tout à fait spirituel, des familles de même sentiment, et c’est en cela que consiste le bonheur spirituel, comme dans ton monde vous vous groupez par catégories, et vous goûtez un certain plaisir quand vous êtes réunis. L’affection pure et sincère qu’ils éprouvent et dont ils sont l’objet est une source de félicité, car il n’y a point-là de faux amis ni d’hypocrites. L’homme goûte les prémices de ce bonheur sur la terre quand il rencontre des âmes avec lesquelles il peut se confondre dans une union pure et sainte. Dans une vie plus épurée, cette jouissance sera ineffable et sans bornes, parce qu’il ne rencontrera que des âmes sympathiques que l’égoïsme ne refroidira pas ; car tout est amour dans la nature : c’est l’égoïsme qui le tue. »
L’égoïste, qui ne pense qu’à lui, qu’à son bien-être personnel, en se moquant éperdument d’autrui est, évidemment, à l’opposé du sentiment d’amour véritable qui nous intéresse ici et montre ainsi qu’il a encore du chemin à faire dans l’échelle de l’évolution. Seul celui qui aime d’une manière désintéressée peut être qualifié d’homme de bien, comme on le voit à la réponse de la question 918 du Livre des Esprits : « Le véritable homme de bien est celui qui pratique la loi de justice, d’amour et de charité dans sa plus grande pureté. S’il interroge sa conscience sur les actes accomplis, il se demandera s’il n’a point violé cette loi ; s’il n’a point fait de mal ; s’il a fait tout le bien qu’il a pu ; si nul n’a eu à se plaindre de lui, enfin s’il a fait à autrui tout ce qu’il eût voulu qu’on fît pour lui. L’homme pénétré du sentiment de charité et d’amour du prochain fait le bien pour le bien, sans espoir de retour, et sacrifie son intérêt à la justice. Il est bon, humain et bienveillant pour tout le monde, parce qu’il voit des frères dans tous les hommes sans acception de races ni de croyances. »
Le chapitre XI de l’Évangile selon le Spiritisme d’Allan Kardec comprend un passage d’instruction des Esprits sur la loi d’amour, avec différents textes de divers Esprits, tous d’une grande beauté. Voici juste les premières lignes de ce chapitre qui, nous l’espérons, vous donneront envie d’aller lire la suite : « L’amour résume la doctrine de Jésus tout entière, car c’est le sentiment par excellence, et les sentiments sont les instincts élevés à la hauteur du progrès accompli. À son point de départ, l’homme n’a que des instincts ; plus avancé et corrompu, il n’a que des sensations ; mais instruit et purifié, il a des sentiments et le point exquis du sentiment, c’est l’amour, non l’amour dans le sens vulgaire du mot, mais ce soleil intérieur qui condense et réunit dans son ardent foyer toutes les aspirations et toutes les révélations surhumaines. »
Ainsi, l’amour est à la fois la source, le but et le moyen qui nous mènent à la perfection. C’est ce que nous confirme l’Esprit Emmanuel, par l’intermédiaire de son médium Chico Xavier dans La Bonne Route : « Pour suivre le bon chemin vers les réalités éternelles, seul l’amour peut vraiment nous protéger (…) et sans doute, pendant de nombreux siècles encore, malgré notre obligation de cultiver sans cesse la Vérité, sans l’amour, notre problème d’équilibre et de rééquilibre n’aura pas de solution. »
De même, dans Troubles mentaux et obsessions, à travers la médiumnité de Divaldo, l’Esprit Manoel Philomeno de Miranda nous rappelle cette base essentielle : « Aucune force ne saurait égaler l’amour (…) L’amour est l’antidote de tous les maux. Quelle que soit la situation, c’est toujours l’amour qui définit le chemin à suivre. »
C’est précisément le chemin suivi par Saint François de Sales (1), connu comme docteur de l’amour et patron des écrivains et journalistes. Il a su démontrer, tout au long de sa vie terrestre, que la véritable force réside dans l’amour et l’humilité. En effet, c’est seulement armé de sa douceur, de sa foi et d’une éloquente force de persuasion qu’il a réussi à transformer bon nombre de cœurs endurcis. Sa doctrine « Rien par force, tout par amour », mise constamment en pratique, lui a permis de se positionner face à la puissante Église du XVIIème siècle, particulièrement en cette période sous tensions intenses avec les protestants. Pour ce prophète de l’amour, comme on l’appelait, la foi ne peut pas être imposée, elle peut seulement être acceptée par amour, puisque « rien n’est si fort que l’amour, aussi rien n’est si aimable que sa force ». Et lorsque les difficultés surgissaient autour de lui, bien souvent par manque de cœur, il aimait à plaisanter : « L'amour n'est pas aimé ! »
Pourtant, Jésus disait aussi :
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, par-dessus toute chose et ton prochain comme toi-même !»
Telle est la loi qui régit tous les mondes, tel est le commandement suprême que sur la Terre on observe si mal. Alors comment apprendrons-nous à aimer davantage, à évoluer, pour nous rapprocher autant que possible de cette loi d’amour ?
Nul n’est mieux indiqué que Léon Denis pour toucher nos cœurs, élever nos âmes, tout en respectant à la lettre les enseignements transmis par les Esprits qu’Allan Kardec a pu faire connaître au plus grand nombre. C’est particulièrement le cas dans son merveilleux ouvrage Le Problème de l’Être et de la Destinée dans lequel le chapitre 25, qu’il consacre à l’amour, débute par ces mots :
"L'amour, tel qu'on l'entend communément sur la terre, est un sentiment, une impulsion de l'être qui le porte vers un autre être avec le désir de s'unir à lui. Mais, en réalité, l'amour revêt des formes infinies, depuis les plus vulgaires jusqu'aux plus sublimes.
Principe de la vie universelle, il procure à l'âme, dans ses manifestations les plus hautes et les plus pures, cette intensité de radiation qui réchauffe, vivifie tout ce qui l'entoure ; c'est par lui qu'elle se sent reliée étroitement à la Puissance divine, foyer ardent de toute vie, de tout amour.
Par-dessus tout, Dieu est amour ; c'est par amour qu'il a créé les êtres, pour les associer à ses joies, à son œuvre. L'amour est un sacrifice ; Dieu a puisé en lui la vie pour la donner aux âmes. En même temps que l'effusion vitale, elles recevaient le principe affectif destiné à germer et à s'épanouir en elles, par l'épreuve des siècles, jusqu'à ce qu'elles aient appris à se donner à leur tour, c'est-à-dire à se dévouer, à se sacrifier pour les autres. Ainsi, loin de s'amoindrir, elles grandissent encore, s'ennoblissent et se rapprochent du foyer suprême. L'amour est une force inépuisable ; il se renouvelle sans cesse et enrichit à la fois celui qui donne et celui qui reçoit.
C'est par l'amour, soleil des âmes, que Dieu agit le plus efficacement dans le monde ; par-là, il attire à lui tous les pauvres êtres attardés dans les bas-fonds de la passion, les esprits captifs dans la matière ; il les élève et les entraîne dans la spirale de l'ascension infinie vers les splendeurs de la lumière et de la liberté.
L'amour conjugal, l'amour maternel, l'amour filial ou fraternel, l'amour du pays, de la race, de l'humanité, sont des réfractions, des rayons brisés de l'amour divin, qui embrasse, pénètre tous les êtres et, en se diffusant en eux, fait éclore et fleurir mille formes variées, mille splendides floraisons d'amour. Jusqu'aux profondeurs de l'abîme de vie, les radiations de l'amour divin se glissent et vont allumer chez les êtres les plus rudimentaires, par l'attachement à la compagne et aux petits, les premières lueurs qui, dans ce milieu d'égoïsme féroce, seront comme l'aube indécise et la promesse d'une vie plus haute. C'est l'appel de l'être à l'être, c'est l'amour qui provoquera, au fond des âmes embryonnaires, les premiers éveils de l'altruisme, de la pitié, de la bonté. Plus haut dans l'échelle évolutive, il initiera l'être humain aux premières félicités, aux seules sensations de bonheur parfait qu'il lui soit donné de goûter sur la terre, sensations plus fortes et plus douces que toutes les joies physiques, et connues seulement des âmes qui savent véritablement aimer. Ainsi, d'étapes en étapes, sous l'influence et le rayonnement de l'amour, l'âme se développera, grandira, verra s'élargir le cercle de ses sensations. Lentement, ce qui n'était en elle que passion, désir charnel, s'épurera, se transformera en un sentiment noble et désintéressé. L'attachement à un seul ou à quelques-uns deviendra l'attachement à tous, à la famille, à la patrie, à l'humanité. Et l'âme acquerra la plénitude de son développement lorsqu'elle sera apte à comprendre la vie céleste, qui est tout amour, et à y participer. "
Nous n’allons pas, ici, diffuser l’intégralité de ce merveilleux chapitre que nous vous invitons plutôt à aller découvrir ou relire, car son contenu entier mérite l’attention et suscite, bien souvent, un élan d’amour pur dont il serait fort dommage de se priver. Comme on vient de le voir, Léon Denis donne un sens aux différentes sortes d’amour par l’évolution, ce qui est forcément générateur d’espoir puisque nous sommes tous appelés à évoluer. Pour lui « chaque âme est un système de forces et un générateur d'amour, dont la puissance d'action s'accroît avec l'élévation ».
Puis l’amour gagne sa dimension divine : « Un jour, (…) on sentira que toutes (les âmes) sont enveloppées par le magnétisme divin, par le grand souffle d'amour qui emplit les espaces. », avant de redescendre sur l’homme qui va pouvoir mettre en action la merveilleuse puissance active et féconde qu’il découvre en lui :
« Toute la puissance de l'âme se résume en trois mots : vouloir, savoir, aimer ! (...)
Par-dessus tout, il faut aimer, car, sans l'amour, la volonté et la science seraient incomplètes et, souvent, stériles.
L'amour les éclaire, les féconde, centuple leurs ressources.
Il ne s'agit pas ici de l'amour qui contemple sans agir, mais de celui qui s'emploie à répandre
le bien et la vérité dans le monde. »
Il s’ensuit un très beau passage sur l’union des âmes dans la grande famille spirituelle, seule famille véritable, composée des Esprits qui ont gravi ensemble les rudes sentiers de la destinée et sont faits pour se comprendre et pour s'aimer. « Qui pourrait décrire les sentiments intimes et tendres qui unissent ces êtres, les joies ineffables nées de la fusion des intelligences et des consciences, l'union fluidique des âmes sous le sourire de Dieu ? »
Ce chapitre consacré à l’amour monte ainsi graduellement. Partant de la simple attraction physique, Léon Denis, tout en douceur, tout en finesse, nous amène à l’Amour, cadeau divin. Mieux, il nous aide à comprendre comment nous pouvons et devons puiser à volonté au réservoir infini de cet amour céleste, seul bonheur qui vaille la peine d’être cherché.
" A toutes les interrogations de l'homme, à ses hésitations, à ses craintes, à ses blasphèmes, une grande voix, puissante et mystérieuse, répond : "Apprends à aimer !" L'amour est le sommet de tout, le but de tout, la fin de tout. De ce sommet se déploie et s'étend sans cesse, sur l'univers, l'immense réseau d'amour, tissé d'or et de lumière.
Aimer est le secret du bonheur. D'un seul mot, l'amour résout tous les problèmes, dissipe toutes les obscurités. L'amour sauvera le monde ; sa chaleur fera fondre les glaces du doute, de l'égoïsme, de la haine ; il attendrira les cœurs les plus durs, les plus réfractaires. Même en ses dérivés magnifiques, l'amour est toujours un effort vers la beauté. Il n'est pas jusqu'à l'amour sexuel, celui de l'homme et de la femme qui, tout matériel qu'il paraisse, ne puisse s'auréoler d'idéal et de poésie, perdre tout caractère vulgaire, s'il s'y mêle un sentiment d'esthétique et une pensée supérieure. Et ceci dépend surtout de la femme. Celle qui aime sent et voit des choses que l'homme ne peut connaître. Elle possède en son cœur d'inépuisables réserves d'amour, une sorte d'intuition qui peut donner une idée de l'amour éternel. La femme est toujours par quelque côté sœur du mystère, et la partie de son être qui touche à l'infini semble avoir plus d'étendue que chez nous. Quand l'homme répond comme elle aux appels de l'invisible, quand leur amour est exempt de tout désir brutal, s'ils ne font plus qu'un par l'esprit comme par le corps, alors, dans l'étreinte de ces deux êtres, se pénétrant, se complétant pour transmettre la vie, passera comme un éclair, comme une flamme, le reflet de plus hautes félicités entrevues.
Pourtant les joies de l'amour terrestre sont fugitives et mêlées d'amertumes. Elles ne vont pas sans déceptions, sans reculs et sans chutes. Dieu seul est l'amour dans sa plénitude. Il est le brasier ardent et, en même temps, l'abîme de pensée et de lumière, d'où émanent et vers qui remontent, éternellement, les chauds effluves de tous les astres, les tendresses passionnées de tous les cœurs de femmes, de mères, d'épouses, les affections viriles de tous les cœurs d'hommes. Dieu génère et appelle l'amour, car il est la Beauté infinie, parfaite, et le propre de la beauté est de provoquer l'amour. Qui donc, en un jour d'été, quand le soleil rayonne, alors que l'immense coupole azurée se déroule sur nos têtes et que, des prairies et des bois, des monts et de la mer, monte l'adoration, la prière muette des êtres et des choses, qui donc n'a ressenti ces radiations d'amour emplissant l'infini ?
Il faut n'avoir jamais ouvert son âme à ces subtiles influences pour les ignorer ou les nier. Trop d'âmes terrestres, il est vrai, restent hermétiquement fermées aux choses divines. Ou bien, si elles en ressentent les harmonies et les beautés, elles en cachent soigneusement le secret en elles-mêmes. Elles semblent avoir honte d'avouer ce qu'elles connaissent ou éprouvent de plus grand et de meilleur. Mais tentez l'expérience ! ouvrez votre être intérieur, ouvrez les fenêtres de la prison de l'âme aux effluves de la vie universelle et, soudain, cette prison s'emplira de clartés, de mélodies ; tout un monde de lumière pénétrera en vous.
Votre âme ravie connaîtra des extases, des félicités qui ne peuvent se décrire ; elle comprendra qu'il y a autour d'elle un océan d'amour, de force et de vie divine, dans lequel elle est plongée et qu'il lui suffit de le vouloir pour être baignée par ses ondes régénératrices. Elle sentira dans l'univers une Puissance souveraine et merveilleuse qui nous aime, nous enveloppe, nous soutient, qui veille sur nous comme un avare sur un joyau précieux, et qu'en l'invoquant, en lui adressant un ardent appel, elle sera pénétrée aussitôt de sa présence et de son amour. Ces choses se sentent, mais s'expriment difficilement ; seuls peuvent les comprendre ceux qui les ont goûtées. Cependant tous peuvent arriver à les connaître, à les posséder, en éveillant le divin en eux ; il n'est pas d'homme si ténébreux, si méchant qui, dans une heure d'abandon et de souffrance, ne voie s'ouvrir l'issue par où un peu de la clarté des choses supérieures, un peu d'amour ne filtre jusqu'à lui. Il suffit d'avoir éprouvé une seule fois ces impressions pour ne plus les oublier.
Et quand le soir de la vie est venu, avec ses désenchantements, quand les ombres crépusculaires s'appesantissent sur nous, alors ces sensations puissantes se réveillent avec la mémoire de toutes les joies ressenties. Et ce souvenir des heures où nous avons vraiment aimé, comme une rosée délicieuse, descend sur nos âmes desséchées par l'âpre vent des épreuves et de la douleur. "