Les Troubles du Spectre Autistique à la lumière du spiritisme
Pour la plupart d’entre nous, l’autisme est à la fois connu et inconnu : on sait, plus ou moins, ce qu’il signifie, mais il regroupe des formes tellement variées qu’on cerne souvent mal ce qui le caractérise réellement. Et surtout, on sait finalement très peu comment agir, traiter, accompagner les personnes souffrant d’autisme et leurs familles.
Si la science n’explique pas encore son origine, il y a désormais consensus pour admettre la multiplicité des causes qui peuvent être génétiques, neurobiologiques, environnementales…
Le spiritisme peut-il apporter un éclairage sur les raisons de ce trouble envahissant qui concerne autant l’autiste que sa famille, souvent bien démunie, obligée de recourir à des stratagèmes incessants pour faire grandir son enfant dans un monde qu’il refuse et qui le refuse aussi ?
Que sont les TSA ou Troubles du Spectre Autistique ?
Le site « Autisme info Service », nous donne la définition suivante : « Le trouble du spectre de l'autisme (TSA) regroupe un ensemble de troubles neurobiologiques qui agissent sur le développement des personnes dites « autistes ».
Ils se caractérisent notamment par des dysfonctionnements dans les interactions sociales, la communication, les comportements et les activités. »
Ces troubles, dans leurs formes comme dans leurs intensités, sont extrêmement variables d’un individu à l’autre et impliquent que chaque autiste est unique et doit relever d’une prise en charge spécifique, pluridisciplinaire, à adapter constamment selon l’individu et le moment.
Quelques chiffres
Ces troubles, recensés dans le monde entier et dans toutes les couches de la population, affecteraient une personne sur cent cinquante environ et concerneraient 3 garçons pour 1 fille. Mais ces chiffres évoluent rapidement car, avec l’avancée des tests et diagnostics auxquels on a recours plus rapidement et facilement, la proportion de filles concernées tend à augmenter. En effet, elles se font souvent diagnostiquer plus tard, parfois seulement une fois devenues adultes, car elles ont bien souvent plus de facilité à compenser, à masquer leurs difficultés de communication. Il y aurait ainsi actuellement 8 000 enfants autistes qui naîtraient tous les ans en France, soit plutôt environ une personne affectée sur cent actuellement, voire plus encore selon certains sites.
Points communs
Comme le suggère l’étymologie du mot, l’autiste est celui qui vit en lui-même, isolé, seul, déconnecté de « notre monde ». Il est assez difficile d’imaginer ce qu’il peut ressentir, mais c’est pourtant essentiel pour essayer de l’accompagner au mieux.
Être autiste, c’est exister dans un univers dont les codes nous échappent, un univers obscur, imprévisible, désordonné. C’est percevoir des paroles comme des sons sans sens réel, être assailli d’informations et de sensations que l’esprit peine à décrypter, ne pas parvenir à saisir les pensées ou les émotions d’autrui ni savoir exprimer les siennes, se sentir envahi par l’incapacité de différencier l’essentiel du superflu. Pour une personne autiste, les choses évidentes pour les autres sont souvent difficiles à saisir : - Qu’est-ce que je dois faire ici, maintenant ? Comment procéder ? Combien de temps cela va-t-il durer ? Et ensuite, que se passera-t-il ?
Vivre avec l’autisme, c’est parfois ne pas réussir à exprimer des besoins basiques comme « j’ai faim, j’ai mal, j’ai peur, je suis fatigué ». Pour échapper à un monde oppressant, le repli sur soi devient une échappatoire tentante, un refuge dans des routines et des centres d’intérêt répétés sans cesse, pour essayer, tant bien que mal, de prendre contrôle sur un petit morceau de sa vie. Faute de mots ou de gestes pour exprimer douleur, angoisse, besoin ou ennui… les comportements peuvent parfois glisser vers la violence, envers soi-même ou envers les autres.
Celui qui est atteint d’un TSA n’est donc ni malade, ni sauvage, ni mal élevé. C’est juste une personne handicapée qui, bien souvent, a conscience de son état et en souffre. Enfermé dans son propre monde, il semble ne pas vouloir, ou ne pas pouvoir en sortir pour venir dans le nôtre. Selon Françoise Dolto, pédiatre et psychanalyste : « L’autisme est un état qui, à son début, est un évitement, puis une perte prudentielle de relation avec l’entourage [1] »
Vision spirite d’après le Livre des Esprits
Toute personne qui s’intéresse un tant soit peu à la spiritualité sait bien que le hasard n’existe pas. Alors comment peut-on expliquer ce trouble et, surtout, les raisons pour lesquelles il affecte, plus ou moins gravement, un individu, plutôt qu’un autre, individu qui va naître dans une famille que l’on sait forcément être déterminée par avance ?
Comme toujours, penchons-nous tout d’abord sur le livre de base, toujours très complet, que constitue le Livre des Esprits d’Allan Kardec. Au chapitre, « Influence de l’organisme » (questions 367 à 370), on apprend que « L’exercice des facultés dépend des organes qui leur servent d’instrument ; elles sont affaiblies par la grossièreté de la matière. »
L’enveloppe matérielle serait donc un obstacle à la libre manifestation des facultés de l’Esprit, comme un verre opaque s’oppose à la libre émission de la lumière ou comme « une eau bourbeuse ôte la liberté des mouvements au corps qui s’y trouve plongé. »
On comprend qu’un Esprit, plus ou moins avancé, va subir l’influence de la matière qui entravera plus ou moins l’exercice de ses facultés. Cette théorie, développée dans le chapitre suivant « Idiotisme, folie » (questions 371 à 378), commence par préciser que ceux que l’on qualifie habituellement de crétins et d’idiots ont une âme humaine, souvent plus intelligente qu’on ne le pense, et qui souffre de l’insuffisance des moyens qu’elle a pour se communiquer, comme le muet souffre de ne pouvoir parler. Ces Esprits souffrent de la contrainte qu’ils éprouvent et de l’impuissance où ils sont de se manifester par des organes non développés ou détraqués.
A la question 372, les Esprits utilisent une brillante analogie que nous ferions bien de toujours garder en mémoire, particulièrement face à une personne handicapée, quel que soit son handicap : « Un bon musicien avec un mauvais instrument ne fera pas de bonne musique, et cela ne l’empêchera pas d’être un bon musicien. »
La lecture spirituelle de Miranda
Dans un instructif et passionnant ouvrage, écrit en 1997, Autisme - une lecture spirituelle, Herminio Correa de Miranda, auteur spirite, comptable de profession mais réputé pour ses recherches documentées et pertinentes sur divers domaines, explique comment les structures cérébrales de l'hémisphère droit sont, en quelque sorte, chargées d’installer dans l'hémisphère gauche, pendant le processus de réincarnation et durant l'enfance, les programmes qui permettront à l’être d’entrer en relation avec le monde objectif. Les personnes autistes opèrent essentiellement avec l'hémisphère cérébral droit, où les fonctions spatiales et non-verbales prédominent. Aussi Miranda, émet l’hypothèse que les manifestations caractéristiques des autismes proviendraient d'un défaut dans le processus d'installation de ces programmes dans l'hémisphère gauche du cerveau.
L’implication de l’autisme, à tous points de vue, social, économique, éducationnel, émotionnel, et évidemment spirituel, est large et profonde : « L’autisme est un nerf à vif exposé en tout groupe humain dans lequel il s’installe. Il est d’autant plus douloureux que la victime est toujours un enfant, habituellement beau, apparemment en bonne santé qui commence à révéler son aliénation au moment où les autres réjouissent leur famille avec leurs premiers pas, leurs premiers mots, leurs mimiques, leurs sourires, leurs échanges affectifs, leur découverte du monde dans lequel ils sont venus vivre. (…) Le refus de la vie dans le monde commence par le rejet de toute forme d’apprentissage familiarisant l’être avec la réalité à laquelle il ne veut (ou ne peut) participer. »
L’auteur préconise de trouver une porte d’accès sans avoir besoin de faire exploser l’entrée. En s‘appuyant sur de nombreux exemples vécus d’autistes en situation d’isolement parfois très intense, il fait état de méthodes diverses tentées pour créer doucement un lien, non pas pour obliger l’autiste à sortir du monde dans lequel il s’est isolé, mais pour aller vers lui, essayer de comprendre ce qu’il vit, ce qui l’angoisse, ce qui le rassure et, patiemment, construire un pont sur lequel il pourra prudemment s’avancer pour aller, de lui-même, dans notre monde qui le terrorise tant.
« Il y a dans l’esprit des enfants autistes une distinction bien marquée – même si elle est inconsciente – entre « mon » monde et « celui des autres ». Tout effort pour les atteindre, leur apporter un message, obtenir d’eux une réaction, est reçu avec une indifférence étudiée – parfois avec une hostilité explicite –, dictée par un refus obstiné de l’univers qui se trouve au-delà des frontières invisibles bien fortifiées et soigneusement surveillées.
(…) L’autiste fuit la relation avec les gens, il leur refuse même un simple contact visuel. Son attention est portée sur les objets, en particulier ceux qui peuvent être déplacés indéfiniment ou bougés de manière répétitive. Une fois une routine établie, il s’y accroche et évite toute innovation. (…) L’objectif est de ne pas s’engager dans ce que j’appelle « l’art de vivre ». Moins il a de contact avec la vie du monde, mieux c’est.
(…) En somme, l’autiste rejette la vie et le monde, alors que nous, grâce à des normes établies, nous rejetons l’autiste et généralement, nous le livrons pour le reste de sa vie à une institution qui sert à entreposer des individus qui ne sont pas parvenus à être des personnes.
(…) Même si l’on admet l’extrême complexité de l’autisme, la difficulté presque insurmontable d’obtenir la guérison, faisons au moins l’effort honnête d’obtenir que les autistes acceptent de visiter « notre monde » de temps à autre. Quand cela se produit qu’ils soient reçus avec acceptation et amour. Mais si, au contraire, dans ses échanges avec le nôtre, l’autiste doit se plier sous la pression à nos règles de vie, voire être agressé verbalement et physiquement, on ne peut le blâmer de son rejet entêté pour tout ce que nous avons à lui offrir de notre côté. »
L’auteur spirite explique pourquoi l’autisme ne devrait pas être perçu comme une punition, mais comme un instrument de correction et d’ajustement de la conscience éthique frappée par le repentir ou les remords et désireuse de trouver la paix.
Il cite la question troublante que se pose le Dr Delacato : « L’étrange comportement de l’autiste aurait-il un sens caché, un message que nous ne captons pas ? Se peut-il que ces enfants essaient de communiquer désespérément avec nous, les sourds ? »
Miranda développe la théorie du Dre Helen Wambach qui, dans les années 1970, a suggéré que l’autisme pouvait signaler un rejet de la réincarnation, le refus d’une nouvelle existence terrestre. Sous l’emprise de motivations, que seul le concerné pourrait expliquer, l’entité spirituelle a la ferme intention de ne pas se réincarner tout de suite, voire jamais, mais se trouve soudainement confrontée à la contingence inévitable de le faire. Ce rejet de réincarnation peut être dû à la peur, par anticipation, d’avoir à affronter de nombreux problèmes graves pour la nouvelle existence, ou bien au refus de renaître dans le contexte pour lequel l’âme est programmée, ou tout simplement parce que l’entité ne veut pas se replonger dans les limitations et les malaises d’un nouveau corps physique.
Prise dans le piège de la gestation, elle sera tentée de bloquer le système qui implante dans l’hémisphère cérébral gauche les terminaux de l’âme, tandis que l’esprit proprement dit reste installé – de manière autiste, dirait-on – dans l’hémisphère droit, la région non verbale du cerveau.
En effet, pour cette entité réfractaire à la réincarnation, plus le système de communication avec l’environnement va être rudimentaire et précaire, moindre sera l’implication.
Mais attention aux conclusions trop hâtives, car ce rejet de la réincarnation n’est pas systématique. Il arrive que l'entité spirituelle emprisonnée dans le corps handicapé souhaite, mais n'est pas en mesure, d'établir un système acceptable d'échange.
Dans son livre Chico Xavier, l’homme et le Médium, Michaël Ponsardin cite Emmanuel, le guide spirituel de Chico, qui dit que « d’une manière générale, l’enfant qui présente des troubles mentaux est la réincarnation d’un suicidé récent. » En effet, par le suicide, on pense s’anéantir définitivement, mais seul le corps est mort et l’esprit va devoir poursuivre son chemin avec les altérations qu’il aura lui-même créées par son acte. Mais, « comme la vérité qui blesse est pire que le mensonge qui console », Chico, en bon spirite, préférera mettre l’accent sur ce qui est positif pour apporter réconfort, force et courage à une femme venue lui exprimer ses souffrances à propos de son enfant autiste : « Ma fille, la maternité est un privilège que Dieu a accordé à la femme. Mais les malades mentaux ne sont confiés qu’à celles qui ont la capacité d’aimer jusqu’à l’infini. »
Une famille choisie pour son dévouement
L’échange, la communication, débute toujours dans la famille. Il est ici important de noter que la malheureuse doctrine du Dr. Bettelheim qui voyait dans les mères d’autistes ce qu’il appelait des « mères-frigidaire » est complètement démolie, mais elle continue pourtant a faire beaucoup de mal. En effet, même s’il arrive forcément que certaines mères d’autistes aient eu des difficultés à établir un contact avec leur enfant dans leurs premières semaines de vie, l’expérience montre que « la règle générale est la mère extrêmement dévouée, dans une lutte ouverte, courageuse et vaillante, à la recherche d'une meilleure compréhension de ce qui se passe avec leurs fils et filles autistes, afin de changer leur cadre psychologique et émotionnel [2]».
Dans les familles touchées par l'autisme, on voit le plus souvent des parents dévoués, en particulier les mères, engagés dans des sacrifices et des renoncements, frappant de porte en porte, dans les cabinets médicaux, les hôpitaux, les institutions de différentes natures, partout où ils entrevoient quelque espoir, car ces enfants sollicitent une attention continuelle, des efforts intenses, une créativité constante qui ne laisse que peu de répit, surtout parce que les relais de prise en charge sont rares. Il n’y a parfois pas d’autre choix que de s’arrêter de travailler pour s’occuper de l’enfant qui n’est plus accepté en école traditionnelle mais qui ne peut pas encore bénéficier d’une prise en charge en journée. Parallèlement, ses parents, et toujours particulièrement les mères, sont l’objet de critiques acerbes à propos de leurs enfants vus comme « mal élevés et irrespectueux ».
Les Esprits nous ont enseigné que les groupes familiaux sont composés de personnes qui, d'une manière ou d'une autre, se sont déjà rencontrées et ont vécues ensemble dans le passé, dans d'autres existences [3]. Cela leur donne assurément la force et le courage de poursuivre le combat quotidien pour construire le pont qui permettra à l’enfant de sortir de sa forteresse tout en surmontant les nombreux obstacles et critiques qui jalonnent invariablement ce chemin d’abnégation.
Les « savants-idiots »
Nos méthodes d'enseignement qui visent à éliminer les défauts au lieu de développer les talents s’avèrent particulièrement déplorables pour les autistes, et ce, quel que soit leur Quotient Intellectuel. Certains enseignants préfèrent s’efforcer expressément d’empêcher l'enfant de faire ce qu'il aime, afin de l'obliger à faire ce qu'il n'aime pas.
Pourtant, dans son passionnant ouvrage Autisme - une lecture spirituelle, Miranda nous donne de très troublants exemples d’autistes qui ont pu développer la part de génie qu’ils avaient en eux. Cela peut concerner des autistes de haut niveau (anciennement appelés « Asperger »), comme Einstein, mais aussi des autistes avec un quotient intellectuel très bas et avec parfois d’autres handicaps censés bloquer plus encore toute forme de mémorisation et d’apprentissage.
C’est le cas des « savants calculateurs », comme George et Charles, des jumeaux identiques, capables de citer quel jour de la semaine tombe n’importe quelle date, sur une gamme de 80 000 ans (40 000 ans dans le passé et 40 000 ans dans le futur). Si on leur demande en quelles années, le dimanche de Pâques tombera le 23 mars dans les prochains deux cents ans, la réponse est immédiate, plus rapide qu'un ordinateur. Ils peuvent se souvenir de n’importe quel nombre à trente chiffres mais sont pourtant incapables de compter jusqu'à trente et ne savent pas comment ajouter deux éléments.
Un autre exemple nous est donné avec un homme disposant d’un QI de 8, donc particulièrement bas, né avec 3 frères « en bonne santé ». Il a eu une encéphalite sévère qui le paralysait et n’avait pas appris à parler. Au plus, il pouvait faire un petit mouvement de sa lèvre supérieure pour «dire» non et esquisser un léger sourire qui signifiait «oui». Avec cette méthode, en niant ou en confirmant les jours qui lui étaient dits, il était capable d’indiquer le jour de la semaine sur toute date à partir de 1915 (année précédant sa naissance).
Dans le domaine de la musique à présent, citons l’exemple de Blind Tom (Tom l’aveugle), le fils d’une esclave noire, donné en « bonus » car né complètement aveugle et incapable de communiquer. Il était autorisé à aller de pièce en pièce et a rapidement montré un grand intérêt pour les sons en général et la musique en particulier. Quand les filles de son propriétaire jouaient du piano, il accompagnait les rythmes avec des mouvements corporels. En dehors de son intérêt pour la musique, il ne parlait pas, il pouvait à peine marcher et ne montrait aucun signe d'intelligence.
Mais une nuit, en pleine obscurité, le propriétaire a été surpris de le découvrir en train de jouer, sans faute, une sonate de Mozart au piano. Il s’est rendu compte qu’il suffisait à Tom d’entendre un morceau complexe une seule fois pour le rejouer à la perfection, dans les moindres détails, sans faire d'erreur. À l'âge de six ans, en plus de jouer la musique des autres, il a commencé à improviser ses propres créations.
Le maître a vite compris que cet enfant à peine toléré dans sa maison, vu qu’il ne pourrait jamais travailler comme les autres esclaves, était en fait une véritable « pépite ». Il a embauché des musiciens professionnels pour étayer le répertoire de l’enfant. Son premier récital public, à 7 ans, a été un succès sans précédent qui a suscité l’intérêt de la presse et permis d’entamer de grandes tournées, avec des concerts quasi quotidiens, qui ont fait la richesse de son maître.
En quelques années, Tom avait, dans sa prodigieuse mémoire, un répertoire d'environ cinq mille pièces : Beethoven, Mendelssohn, Bach, Chopin, Verdi, Rossini, Donizetti, Meyerbeer et bien d'autres, en plus de celles qu'il improvisait. Comme tant d'autres savants, d'une certaine manière, Tom l’aveugle avait intégré inconsciemment les lois de la musique, sans aucune condition réelle pour les utiliser ou les expliquer, cognitivement ou consciemment.
Le musicien inné, comme le calculateur mental, sans connaître la moindre théorie musicale, ou la plus petite règle mathématique, sont capables, en quelques secondes, d’interpréter des œuvres musicales avec des règles d’harmonie complexes ou bien de donner la solution correcte pour le problème ardu qui leur est posé.
Le mot inné prend ici tout son sens, car on peut vraiment dire que ces individus sont « nés avec » des connaissances, des facultés qu’ils ne peuvent pas avoir appris au cours de leur présente vie terrestre. Ces capacités viennent donc d’avant et concernent tous les domaines. Nous avons évoqué la musique et le calcul, mais il y a aussi d’autres arts, comme la peinture ou la sculpture, des passions pour certaines sciences ou pour la nature, les animaux...
Citons, plus près de nous, l’exemple connu de Stephen Wiltshire, diagnostiqué autiste à 3 ans, et surnommé « l’homme caméra » car sa mémoire prodigieuse lui permet de reproduire, dans les moindres petits détails et à la bonne échelle, les grandes villes qu’il survole en hélicoptère. Il suffit de taper son nom sur internet pour trouver de très nombreuses vidéos qui démontrent aisément son exceptionnelle faculté de mémoire photographique.
Ces capacités innées, une fois identifiées et travaillées, permettent à l’autiste de sortir de sa bulle et de s’épanouir en exprimant, à travers sa passion, un talent qui lui est propre et qui fait souvent appel à des sens sublimés, comme l’oreille absolue, ou bien à une mémorisation exceptionnelle, mais uniquement dans le domaine qui l’intéresse.
Un autiste devenu docteur et spirite dévoué
Certaines améliorations sont spectaculaires et prouvent qu’un autiste peut non seulement être « intégré » mais aussi très utile à la société si on veut bien lui en laisser la possibilité.
C’est le cas du psychiatre Juan Danilo Rodriguez que nous avons pu voir régulièrement ces dernières années au côté de Divaldo. Né en 1972 en Équateur, il a créé dans la capitale, Quito, l’un des premiers centres spirites du pays, le Centro Espírito Francisco de Assís, ainsi que la Fondation Luz Fraterna (Lumière Fraternelle) où il y a développé une guidance spirituelle pour ceux qui souffrent d’une grande culpabilité, car celle-ci aboutit souvent à des troubles tels que la dépression, la schizophrénie, l’autisme... Puis il a emménagé auprès de Divaldo, dans la Maison du Chemin, dans laquelle il a pu ouvrir une classe consacrée aux autistes et aux enfants souffrant d’autres troubles du comportement. Son expérience lui a permis d’élaborer une technique de langage pour accompagner les autistes, développée dans son livre Allyiana, malheureusement non encore traduit en français, mais qu’il expose dans une série de conférences données au côté de Divaldo avec qui il a voyagé à l’international sur ces dernières années.
Ce psychiatre spirite débute ses conférences en expliquant qu’il a été diagnostiqué autiste Asperger dans son enfance. Force est de constater que, malgré le manque d’empathie et la grande difficulté de communication qui caractérise souvent les autistes, Juan a réussi un très beau parcours social et spirite, en étant totalement dévoué au service de son prochain, particulièrement pour améliorer l’accompagnement des autistes et de leur entourage. Il représente ainsi un message très positif pour les autres porteurs de ce trouble.
Il recommande de s’approcher d’un autiste patiemment, par le côté, sans envahir son espace et d’adopter avec lui un langage clair et direct, sans métaphores. Les instructions doivent être très précises et des routines, avec un maximum de 10 points, doivent être mises en place et régulièrement reprises, 3 mois après, pour vérifier si elles sont toujours bien adaptées à l’évolution.
Selon lui, toute personne autiste a un cerveau spécialiste, une thématique qui motive le cerveau. Il est très important de déterminer si c’est l’art, les nombres, les sciences, la nature, les animaux… Identifier les spécialisations permet de les travailler, afin de donner à l’autiste la possibilité de s’épanouir, parfois de façon éblouissante, nous donnant ainsi de belles leçons sur notre nature humaine et ses véritables limites.
Il faudrait cesser de penser que l’autiste n’aime pas l’amour, alors qu’il n’a simplement pas les outils de communication pour s’exprimer et être démonstratif. Sa différence dénonce cette indifférence de toutes les personnes et l’apathie de toute la société. Mais, comme la prévalence augmente d’année en année, nous nous retrouvons, petit à petit, contraints à progresser, à porter un regard neuf sur ce trouble afin de trouver des solutions viables pour l’enfant comme pour sa famille.
Éduquer un enfant autiste est un véritable défi car « l’autisme, c’est l’amour en silence ».
L’évolution par l’amour
Ce n’est pas Mauricette Ruchot [4], la présidente du centre spirite Résonnance Spirituelle à Dunkerque, qui contredira ces propos, bien au contraire. Après s’être professionnellement investie auprès de jeunes autistes, sa conférence sur les Troubles du Spectre Autistique est un plaidoyer pour aider à accepter ce handicap qui se révèle être une véritable bénédiction non seulement pour la progression spirituelle de l’autiste et de sa famille, mais aussi pour tout le groupe. Selon la loi de cause à effet, l’autisme n’est pas forcément une punition ou un châtiment divin mais une belle opportunité d’évolution.
Comme Juan Danilo Rodriguez, elle explique que l’esprit est à l’origine de toutes les infirmités, de toutes les maladies. Elle cite le chapitre 8 de la Genèse [5] d’Allan Kardec : « Le développement organique est toujours en rapport avec le développement du principe intellectuel » L’âme va donc avoir un développement qui est en lien avec les missions de son incarnation et de celles de son entourage.
Un spirite se demandera souvent : Sommes-nous face à un cas de réincarnation obligatoire ? Est-ce suite à un suicide ? Ce corps limité doit-il éviter de retomber dans les mêmes travers ? Quel en est le bénéfice pour l’Esprit ? Mais finalement peu importe les réponses à ces questions car, quelles que soient les raisons de ce handicap, c’est toujours un moyen de réparer des erreurs, un moyen d’effacer nos égarements passés, comme nous l’explique l’Esprit heureux de Samuel Philippe dans le Ciel et l’Enfer [6]. Ce sont donc de simples épreuves choisies par l’Esprit pour avancer plus vite, mais ce sont des épreuves aussi pour faire avancer l’entourage, fatalement contraint à faire un travail sur l’amour, la tolérance, la patience, la détermination, la discrimination, le jugement.
Nous ferions bien mieux de nous demander ce que cet enfant est venu nous apporter, ce qu’il est venu nous apprendre à nous, personnes « normales » ? En se demandant pourquoi on est confrontés à l’autisme, on est obligé de se demander ce que Dieu attend de nous et quelles leçons on peut en tirer. Il faut admettre qu’en bousculant nos habitudes de communication, les autistes nous apprennent beaucoup sur nous-mêmes.
Il ne faut pas oublier que l’autiste est souvent conscient de sa situation, car c’est le corps et non l’Esprit qui est désorganisé, comme nous le rappelle la question 372 du Livre des Esprits, à propos du virtuose qui n’a qu’un mauvais instrument à sa disposition. Il peut y avoir, parfois, une grande intelligence lucide et objective avec une conscience qui surveille et s’oppose au contact. Certains sauront résoudre de grandes équations mathématiques mais seront très déficitaires sur la communication et les interactions sociales.
Même si l’autiste rejette le contact avec la vie, la loi du progrès fait son œuvre en permettant à ses enfants particuliers de se réincarner dans une famille aimante, qui devra tout mettre en œuvre pour ne pas perdre l’opportunité d’évolution que la providence offre à tout le groupe familial et environnemental. Car c’est bien tout l’environnement, la société entière qui est ici concernée avec cette tendance aux jugements hâtifs, aux critiques infondées face à ses parents qui font tout ce qu’ils peuvent, et même plus, qui sont constamment contraints à se dépasser et à subir les regards, remarques et critiques acerbes sur « l’enfant mal élevé ».
Ces enfants avec un potentiel différent ne méritent pas d’être enfermés dans le handicap. Ils vont nous permettre de changer notre regard et notre comportement, ce qui amènera doucement, progressivement, la société à évoluer.
Nous devons nous souvenir que nous sommes des étrangers pour eux-mêmes, avec des normes différentes qu’ils ne comprennent pas, pas plus que nous ne comprenons les leurs avec leurs très grandes sensibilités aux vibrations et variations subtiles.
L’amour doit nous aider à accepter la personne telle qu’elle est, non pas comme on voudrait qu’elle soit. Cela nous aidera à développer confiance, acceptation, empathie, respect, non jugement, ainsi qu’efforts pour essayer d’aller vers l’autre et comprendre sa logique avant de vouloir lui imposer notre monde.
Le Dr. Treffert [7], psychiatre américain, grand spécialiste notamment de l'autisme et du syndrome du savant et conseiller lors du tournage du célèbre film "Rain Man", invitait d’ailleurs les individus, les familles et les communautés du monde entier à explorer le potentiel de l'esprit humain, en se concentrant sur les forces plutôt que sur les limites. Il suggérait même une nouvelle approche du concept et de la dynamique de l'amour en nous : « Une grande partie de notre amour est conditionnée, centrée sur ce que font ceux qui sont près de nous, plutôt que sur ce qu'ils sont. »
Pour finir cet article, j’emprunterai la très belle conclusion avec laquelle Miranda termine son livre Autisme - une lecture spirituelle : « Je n'ai qu'une dernière suggestion à faire. Si vous ne pouvez pas guérir l'enfant autiste, aimez-le. De tout votre cœur, avec tout votre amour et toute votre acceptation. Il accomplit auprès de vous, une tâche importante, certainement dans l’intérêt des deux. Ce n'est pas par hasard que quelqu'un renaît marqué par le handicap dans notre contexte. Vous pouvez ignorer la raison de tout cela, mais soyez sûr et certain que, en prenant soin de cette personne spéciale qui est venue vivre dans votre environnement familial, vous corrigerez quelque chose qui n'a pas été bien fait dans le passé, afin que la lumière brille à nouveau à l'avenir. Une lumière transcendantale qui illuminera un bonheur que vous n’imaginiez même qu’il puisse exister. Faites confiance, travaillez et espérez. Et comme on dit en anglais, God bless you all (que Dieu vous bénisse tous). Beaucoup de gens ne réalisent pas combien Dieu manque dans nos vies...
[1] Françoise Dolto, L’échec scolaire, Chapitre « Lettres sur l’autisme infantile »
[2] Herminio Correa de Miranda, Autisme - une lecture spirituelle, au chapitre 8
[3] On pourra relire, à ce propos, le chapitre « parenté filiation » du Livre Des Esprits d’Allan Kardec, qui commence à la question 204, et poursuivre avec le chapitre suivant sur « les similitudes physiques et morales
[4] Mauricette Ruchot, auteure de « L’au-delà, messages d’amour, messages d’espoir » aux éditions PhilmanAllan Kardec, La Genèse, aux éditions Philman
[5] Allan Kardec, La Genèse, aux éditions Philman
[6] Allan Kardec, Le Ciel et l’Enfer, aux éditions Philman
[7] Darold Treffert, né en 1932 et désincarné le 14/12/2020