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Vous est-il déjà arrivé que certains de vos amis s’éloignent de vous sans raison ? Ou bien de vous être engagé dans un projet collectif et de vous retrouver seul aux commandes après que les compagnons aient déserté ?

La bonne route 1ere
Lorsque nous créons ou prenons part à un projet, l’effervescence et l’enthousiasme des premières heures peuvent s’obscurcir rapidement lorsque certains camarades délaissent la cause, nous laissant seul pour continuer la tâche.

De nos jours, s’investir dans un projet associatif est souvent perçu comme un loisir. Nous acceptons de nous investir uniquement si nous avons assez de temps, d’énergie, et si cela coïncide avec nos autres activités ou obligations. Les compagnons manquent à l’appel car l’engagement demande rigueur et discipline, mais les retombées merveilleuses que nous en tirons sont encore mal comprises.

 L’enseignement spirite nous enseigne les lois divines, dont l’une d’elle, la loi du travail, qui nous incite à travailler pour toutes occasions de servir, gage de notre ascension. Dans la littérature spirituelle, les spirites sont nommés « les ouvriers », en référence à la tâche qui leur est donnée, celle de servir.

 

Dans l’ouvrage « Nosso Lar » psychographié par Chico Xavier, on découvre l’organisation d’une cité spirituelle, ces us et coutumes, mais on y apprend aussi que les âmes travaillantes acquièrent « des bonus-heures », qui est une rémunération, fondée sur le mérite. Il en est de même pour la vie sur terre, le salaire de l’ouvrier spirituel terrestre est celui du bonheur et de la paix et il s’assure ainsi de la protection et de l’aide des bons esprits.

« Quand ma croix devient lourde, donne-moi la croix d’un autre à partager. »

Les compagnons qui désertent la cause, lorsqu’ils traversent une période difficile, oublient que c’est au contraire dans ses moments de luttes et d’épreuves que le travail les aidera à traverser plus sereinement leurs épreuves, en s’assurant du concours des bons esprits. C’est dans les moments difficiles que nous devons, non pas nous centrer sur nous même, mais au contraire servir, aider, aimer davantage.

Il est certain que nous ne pouvons pas tous nous investir à la même mesure, selon nos obligations familiales et professionnelles, mais nous ne devons pas attendre d’avoir du temps à consacrer à la cause, mais le prendre. Nous ne devons pas attendre des moments plus sereins, pour se remettre à servir, mais continuer à servir.

Ce qui est demandé n’est pas l’importance de la tâche, mais l’assiduité et le dévouement que nous y mettons.

A chacun sa mission, à chacun son travail. Nous sommes tous un grain de sable, mais sans grains de sable il n'y aurait pas de montagnes.

Pour les compagnons qui se retrouvent alors seuls avec la responsabilité de faire perdurer la cause, face à l’ampleur de la tâche, ils peuvent se sentir parfois démuni. Ce qui nous paraissait évident devient incertain, et alors nos repères et certitudes semblent s’écrouler tels un château de carte. La plupart du temps, nous ne sommes pas responsables de cette situation, mais elle est toujours une opportunité que nous devons saisir pour effectuer notre examen de conscience.

Mais alors si nous ne sommes pas responsables de leur désertion, comment devons-nous réagir ?

Le bienfaiteur Emmanuel nous a laissé ce message :

« Quand des compagnons prennent leurs distances et nous laissent seul à semer le bien, nous sommes d’abord choqués et désagréablement surpris. Or, nous devons garder intact notre amour à leur égard, car ce n’est pas le sentiment négatif de l’amertume ou de la critique que la vie attend de nous dans de telles circonstances.

Avant tout, nous devons les comprendre et les respecter. Nous devons nous souvenir du bien qu’ils ont fait et des lumières qu’ils ont allumées en nous. Devant un tel constat, nous devons les diriger vers ceux qui peuvent les aider et les remplacer du mieux possible pour poursuivre l’activité entamée. »

Notre bienfaiteur nous invite à la gratitude, à remercier pour les premiers pas fait ensemble, plutôt que de mépriser les derniers qui les ont éloignés, à remercier pour les idées qu’ils ont apportées et qui ont fait croître le projet, plutôt que de blâmer à présent leur absence.

Comment pourrions-nous mener à bien notre projet, si nous ne sommes pas en mesure d’être nous-même un exemple de charité ? En somme, nous devons être l’illustration incarnée de notre projet que nous servons pour en être digne.

Soyons reconnaissants de l’aide reçu, honorons le travail qu’ils ont effectué et abstenons-nous de tout jugement ou critique qui nous éloignerait de la pratique de la charité morale.

Le Spiritisme a pour devise « Hors la charité point de salut ». Allan Kardec a dit, devise toute aussi vraie, « Hors la charité point de vrais spirites ». Le codificateur insiste ici sur le devoir qui s’impose à chaque spirite de pratiquer la charité.

Voici un extrait du livre « voyage spirite » de 1862 (chapitre DISCOURS, partie I), dans lequel Allan Kardec parle de sa propre expérience, lorsque certains médiums et compagnons décident de quitter la fédération spirite. Ce passage illustre l’enseignement d’Emmanuel, invitant les chefs de groupe ou de société à poursuivre leurs activités en remplaçant les absents, tout en se montrer charitable.

« Les pierres ne manquent pas sur mon chemin, j'en passe et des plus grosses. Si l'on connaissait la véritable cause de certaines antipathies et de certains éloignements, on serait fort surpris de bien des choses […]

Je ne dois cependant pas omettre un reproche qui m'a été adressé : c'est de ne rien faire pour ramener à moi les gens qui s'en éloignent. Cela est vrai, et si c'est un reproche fondé, je le mérite, car je n'ai jamais fait un pas pour cela, et voici les motifs de mon indifférence.

Ceux qui viennent à moi, c'est que cela leur convient ; c'est moins pour ma personne que par sympathie pour les principes que je professe. Ceux qui s'éloignent, c'est que je ne leur conviens pas, ou que notre manière de voir ne concorde pas ; pourquoi donc irais-je les contrarier, et m'imposer à eux ? Il me semble plus convenable de les laisser tranquilles. Je n'en aurais d'ailleurs vraiment pas le temps, car on sait mes occupations qui ne me laissent pas un instant de repos, et pour un qui s'en va, il y en a mille qui viennent ; je me dois donc à ceux-ci avant tout, et c'est ce que je fais.

Est-ce par fierté ? Est-ce par mépris des gens ? Oh ! assurément non ; je ne méprise personne ; je plains ceux qui agissent mal, je prie Dieu et les Bons Esprits de les ramener à de meilleurs sentiments, et voilà tout ; s'ils reviennent, ils sont toujours les bienvenus, mais pour courir après eux, jamais je ne le fais, en raison du temps que réclament les gens de bonne volonté ; en second lieu, parce que je n'attache pas à certaines personnes l'importance qu'elles attachent à elles-mêmes. Pour moi, un homme est un homme, et rien de plus ; je mesure sa valeur à ses actes, à ses sentiments, et non à son rang ; fût-il haut placé, s'il agit mal, s'il est égoïste et vain de sa dignité, il est à mes yeux au-dessous d'un simple ouvrier qui agit bien, et je serre plus cordialement la main d'un petit dont le cœur parle, que celle d'un grand dont le cœur ne dit rien ; la première me réchauffe, la seconde me glace. »

Chico lui-même a connu cette épreuve, à la suite du départ de son compagnon Waldo avec qui il avait fondé le centre Spirite « la Communion Spirite Chétienne ». En 1959, Chico et Waldo crée le groupe Spirite, dans leur propre domicile. Les deux compagnons se dévouent entièrement à la doctrine : réunion publique, réunion de désobsession, psychographie de nouveaux ouvrages, réunion d’études de l’Evangile, visites dans les quartiers pauvres et l’organisation de la soupe populaire.

Ce bâtiment deviendra une ode à la charité, la modestie du lieu contraste fortement avec la bonté fraternelle qui réside en ce lieu.

Leur discipline et l’amour du prochain qui les portent leur permettent un travail de psychographie extraordinaire. Lors des réunions publiques, ils travaillent en alternance, l’un peut commencer un message psychographié et l’autre peut le terminer sans s’être concerté avant. Les récits mis bout à bout sont en parfaite continuité.

Waldo sera un ami fidèle et sincère pour Chico. Il verra même en lui, celui qui pourrait lui succéder et continuer son œuvre après sa désincarnation. Mais en 1966, Waldo Vieira décide subitement d’abandonner la doctrine Spirite pour fonder un nouveau mouvement appelé « projectiologie » où la médiumnité est considérée comme une futilité et le spiritisme de la superstition. Plus tard, il dira même que son départ de la Communion Spirite Chrétienne a été une bénédiction pour lui.

Chico est abattu par ce revirement de situation, il traverse alors l’une des périodes les plus difficiles de sa vie, la perte de son fidèle collaborateur, les discours blessants de ce dernier et son projet avorté de succession le plonge alors dans un profonde et douloureuse période de questionnement. Un soir, démoralisé, Chico se met à pleurer. Une lumière intense surgit et un messager spirituel inconnu dont l’élévation spirituelle semble supérieure à celle d’Emmanuel, apparaît devant lui.

Voici un extrait du message délivré par cet être spirituel, dont vous trouverez l’intégralité dans le livre « Chico Xavier, l’homme et le médium » écrit par Mickael Ponsardin.

« - Le Seigneur m’envoie pour te poser quelques questions : Quand il a retiré ta mère de ce monde, te laissant orphelin à cinq ans, as-tu eu du ressentiment contre le Seigneur ?

Encore surpris par la sublime apparition, j’ai bredouillé que non (…)

- Quand Il a mis fin à ta scolarité en t’éloignant des bancs de l’école qui devait te permettre des opportunités convoitées, as-tu eu du ressentiment contre lui ?

Le cœur en sursaut, j’ai affirmé que non parce que le Seigneur sait ce qui est bon pour moi…

- Quand il a permis que tu sois orphelin pour la seconde fois, te privant de la présence de ta seconde mère, te laissant beaucoup d’enfants à élever avec un salaire de misère, as-tu eu du ressentiment contre Lui ?

Je me suis empressé de dire que non, et que jamais je ne pourrai avoir la moindre rancœur envers le Seigneur…

- Quand tu as perdu la compagnie de ton frère José Xavier, lui qui te soutenait et t’encourageait tellement dans l’œuvre à accomplir, as-tu eu du ressentiment contre le Seigneur ?

Non, j’ai beaucoup pleuré et je pleure encore, mais je n’en ai jamais voulu au Seigneur…

- Quand, parmi les fleurs qui ont éclos dans le jardin prometteur de ta médiumnité, l’ingratitude et la calomnie ont lacéré ton âme de leurs premières épines, as-tu eu du ressentiment contre le Seigneur ?

Avec conviction, j’ai répété que non, que je n’en ai jamais voulu au Seigneur, à qui je dois tout ce que j’ai et tout ce que je suis…

– Quand il a effacé tes desseins de bonheur et de réalisation personnelle par le biais du mariage, as-tu eu du ressentiment contre le Seigneur ?

Non, je ne peux me plaindre de rien, car j’ai reçu de Lui bien plus que je ne mérite…

- Et maintenant, après tant d’années de dévouement intégral à l’Évangile, quand tu te vois abandonné par celui sur qui reposaient tes espoirs au soir de ta vie physique, as-tu du ressentiment contre le Seigneur ?

En larmes, j’ai répondu que non, et j’ai ajouté : que la volonté du Seigneur soit faite !

Un silence, s’est alors établi entre nous, un silence que je n’ai pas osé briser. Il me semblait que le Messager communiquait télépathiquement avec les Plans de Lumière. Après quelques courtes seconde, il a conclu :

- Le Seigneur me demande de te dire que désormais, rien ne te manquera… Sois sans crainte, Il pourvoira à tous tes besoins dans la poursuite de Son service parmi les hommes sur cette Terre !… »

Chico retrouvera force et courage et durant cette épreuve, il sera un modèle de charité morale, il ne formulera jamais aucune critique et couvrira même son ancien ami d’éloges dès qu’il en aura l’occasion, que ce soit dans les sphères privées ou durant ses interviews.

En faisant face à notre solitude, nous sommes plus à même de rencontrer Dieu.  Orphelin de nos repères et certitudes, elle nous oblige à lâcher prise et à nous montrer patient. Accepter ce lâcher prise et placer notre confiance en Dieu, cela lui donnera la possibilité de nous guider où il le souhaite. Ce n’est pas en nous infligeant de vaines questions qui nous aidera à sortir de cette impasse, mais plutôt ce en quoi nous croyons.

Autrement dit, efforçons nous d’être charitable et humble et le Seigneur s’occupera de remettre sur notre route d’autres compagnons pour nous aider à la poursuite de notre cause, car quiconque décidera de servir le Seigneur, sera aidé dans sa mission.

Pour clore cet article, voici une prière de Mère Teresa, intitulée « fais le bien quand même » :

Les gens sont souvent déraisonnables, illogiques et centrés sur eux-mêmes,

Pardonne-les quand même...

Si tu es gentil, les gens peuvent t'accuser d'être égoïste et d'avoir des arrières-pensées,

Sois gentil quand même...

Si tu réussis, tu trouveras des faux amis et des vrais ennemis,

Réussis quand même...

Si tu es honnête et franc, il se peut que les gens abusent de toi,

Sois honnête et franc quand même...

Ce que tu as mis des années à construire, quelqu'un pourrait le détruire en une nuit,

Construis quand même...

Si tu trouves la sérénité et la joie, ils pourraient être jaloux,

Sois heureux quand même...

Le bien que tu fais aujourd'hui, les gens l'auront souvent oublié demain,

Fais le bien quand même...

Donne au monde le meilleur que tu as, et il se pourrait que cela ne soit jamais assez,

Donne au monde le meilleur que tu as quand même...

Tu vois, en faisant une analyse finale, c'est une histoire entre toi et Dieu, cela n'a jamais été entre eux et toi. 

Mes chers ami(e)s, puissions-nous garder la richesse de cet enseignement dans nos cœurs et soyons le changement que nous voulons voir dans ce monde.