Ce mois-ci, nous vous présentons La revue spirite En janvier 1858, Allan Kardec publie le premier numéro de la Revue Spirite, journal d’études psychologiques. En effet, un an après l'apparition du Livre des Esprits, le codificateur se rend compte de la nécessité d'une revue mensuelle. Il ne s'enferme pas dans une gloire de sphinx retiré du monde, semblable aux philosophes inaccessibles. Il reste un éducateur, ami des hommes, combattant actif de la nouvelle lumière.
Sur la couverture de ce journal, Allan Kardec en définit le contenu comme suit : « Le récit des manifestations matérielles ou intelligentes des Esprits, apparitions, évocations, etc., ainsi que toutes les nouvelles relatives au Spiritisme. L'enseignement des Esprits sur les choses du monde visible et du monde invisible ; sur les sciences, la morale, l'immortalité de l'âme, la nature de l'homme et son avenir. L’histoire du Spiritisme dans l'antiquité ; ses rapports avec le magnétisme et le somnambulisme ; l'explication des légendes et croyances populaires, de la mythologie de tous les peuples, etc. »
Il sera publié tous les mois, sous sa responsabilité et cela jusqu’à sa désincarnation le 31 mars 1869.
Le lancement
Mais pour fonder un journal, il faut avoir de l'argent. Allan Kardec n'en a pas assez. Il s'adresse à M. Tiedeman, ami des spirites et d'Allan Kardec. Mais Tiedeman hésite. Pendant ce temps, Allan Kardec demande l'avis des guides, par l'entremise de Mme Ermance Dufaux. On lui répond de mettre son idée à exécution et de ne s'inquiéter de rien.
« Je me hâtai, dit Allan Kardec, de rédiger le premier numéro et je le fis paraître le 1er janvier 1858, sans en avoir rien dit à personne. Je n'avais pas un seul abonné, et aucun bailleur de fonds. Je le fis donc entièrement à mes risques et périls, et n'eus pas lieu de m'en repentir, car le succès dépassa mon attente. A partir du 1er janvier, les numéros se succédèrent sans interruption, et, comme l'avait prévu l'Esprit, ce journal devint pour moi un puissant auxiliaire. Je reconnus plus tard qu'il était heureux pour moi de n'avoir pas eu de bailleur de fonds, car j'étais plus libre, tandis qu'un étranger intéressé aurait pu vouloir m'imposer ses idées et sa volonté, et entraver ma marche ; seul, je n'avais de comptes à rendre à personne, quelque lourde que fût ma tâche comme travail. »
Un lien indispensable
Dès la première page de sa Revue, Allan Kardec écrit : « Il n'existe jusqu'à présent, en Europe, qu'un seul journal consacré à la doctrine spirite, c'est le Journal de l'âme, publié à Genève par le docteur Boessinger. En Amérique, le seul journal français est le Spiritualiste de la Nouvelle Orléans, publié par M. Barthès. Par contre, il y a dix-sept journaux en langue anglaise.
On ne saurait donc contester l'utilité d'un organe spécial qui tienne le public au courant des progrès de cette science nouvelle et le prémunisse contre l'exagération de la crédulité, aussi bien que contre celle du scepticisme. C'est cette lacune que nous nous proposons de remplir par la publication de cette revue, dans le but d'offrir un moyen de communication à tous ceux qui s'intéressent à ces questions, et de rattacher par un lien commun ceux qui comprennent la doctrine spirite sous son véritable point de vue moral : la pratique du bien et de la charité évangélique à l'égard de tout le monde. »
Moyen de contact, certes. Mais aussi moyen, pour Allan Kardec, de continuer son œuvre spirite, d'enseigner sans cesse comme un maître d'école. Plus tard, en 1864, il le reconnaîtra : « La Revue Spirite est moins un journal que le complément et le développement de mes œuvres doctrinales. »
En effet des parties importantes de tous les autres ouvrages publiés après 1858 paraîtront d'abord dans la Revue. « En un mot, ajoute Allan Kardec, la Revue est une œuvre personnelle dont nous assurons seul la responsabilité et pour laquelle nous ne devons ni ne voulons être entravés par aucune volonté étrangère ; elle est conçue selon un plan déterminé pour concourir au but que nous devons atteindre. »
Le concours de tous
Pour l'instant, en 1858, Allan Kardec demande le concours bienveillant de tous ceux qui s'intéressent aux questions spirites. Il dresse même la liste de documents qui peuvent être envoyés à la rédaction :
- Manifestations matérielles ou intelligentes obtenues dans les réunions auxquelles ils sont à même d'assister.
- Faits de lucidité somnambulique et d'extase.
- Faits de seconde vue, prévisions, pressentiments.
- Faits relatifs au pouvoir occulte attribué à tort ou à raison, à certains individus.
- Légendes et croyances populaires.
- Faits de visions et apparitions.
- Phénomènes psychologiques particuliers qui s'accomplissent à l'instant de la mort.
- Problèmes moraux et psychologiques à résoudre.
- Faits moraux, actes remarquables de dévouement et d'abnégation dont il peut être utile de propager l'exemple.
Après cette note, qui a valeur de programme et de manifeste, Allan Kardec donne le premier l'exemple de sa mise en application. Il reproduit les résultats des séances spirites. Le nom du médium Ermance Dufaux, à qui l'esprit de Jeanne d'Arc a dicté son histoire, ainsi que l'esprit de Louis XI et de Charles VIII, revient souvent. Allan Kardec parle également de M. Home qui, arrivé à Paris depuis 1855, a montré une faculté remarquable.
Après Kardec…
De mai 1869 à août 1871, elle a été dirigée par A. Desliens, qui était secrétaire d'Allan Kardec. Elle a ensuite été dirigée par Pierre-Gaëtan, puis Marina, puis Paul Leymarie, jusqu’en décembre 1919, avec une interruption entre août 1914 et juillet 1915 puis, entre octobre 1915 et décembre 1916, pendant la première guerre mondiale.
Cette période Leymarie connaît de nombreuses déviances par rapport à la philosophie spirite.
En réaction, Gabriel Delanne fonde en 1883 la revue Le Spiritisme, remplacée en 1896, par la Revue Scientifique et Morale du Spiritisme. En 1920, c'est le mécène Jean Meyer qui rachète les droits de la Revue Spirite. Il se rapproche de la philosophie spirite. Ce journal fusionnera avec la Revue Scientifique et Morale du Spiritisme à la désincarnation de Gabriel Delanne en 1926.
Hubert Forestier en reprend 1a direction en 1931, après la désincarnation de Jean Meyer et ainsi qu’à sa mort en 1971, avec une interruption entre juin 1940 et octobre 1947, pendant la 2ème guerre mondiale.
C’est ensuite André Dumas qui la reprend mais il détourne la Revue Spirite de son objectif spirite et la rebaptise Renaître 2000 en 1977.
Après une bataille juridique, plusieurs spirites, dont Roger Perez, Louis Serré et Roland Tavernier, reprennent la publication de la Revue Spirite en 1989.
En octobre 2007, tous les droits de propriété de la revue sont acquis par le Conseil Spirite International qui, depuis, en assure pleinement la réalisation, la publication et l’abonnement.
On peut maintenant trouver sur le site de l’Encyclopédie spirite toutes les anciennes revues en téléchargement gratuit, ainsi que des numéros plus récents mais ceux-ci sont payants.