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Ecriture
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Ce mois-ci, nous vous présentons Les Vers d'Or des Pythagoriciens. Comme vous pouvez le découvrir dans la biographie de Léon Denis par Gaston Luce, il aimait la poésie et plus particulièrement"Les Vers Dorés" de Pythagore. Doué d'une prodigieuse mémoire, il animait sa solitude en récitant des poèmes : «Que jamais le sommeil ne ferme ta paupière sans t'être demandé : qu'ai-je omis ? Qu'ai-je fait ? si c'est mal abstiens-toi, si c'est bien, persévère. Ecoute mes conseils, aime-les, suis-les tous, aux divines vertus, ils sauront te conduire.» Mais qui sont-ils ? En voici le contenu philosophique.

Les Vers d'Or des Pythagoriciens sont les suivants
Préparation

Le culte de la divinité. Avoir une religion. Tout d'abord, rends aux Dieux immortels le culte prescrit par la loi. Garde aussi ta foi jurée. Vénère ensuite, comme il convient, les Héros sublimes et les Esprits demi-Dieux.

Pythagore

Purification

Le culte de la famille. Aimer ses parents. Aie le culte de la famille : remplis bien tes devoirs à l'égard de ton père, de ta mère et de tous tes parents.
Le culte de l'amitié. Aimer ses semblables. Choisis pour ton ami l'homme le meilleur et le plus vertueux. Obéis à ses doux conseils et suis son exemple salutaire. Efforce-toi de ne pas te détourner de lui pour un tort léger, autant qu'il est en ton pouvoir, car la Volonté siège à côté de la Destinée comme puissance rectrice de notre évolution.
La culture personnelle. La culture mentale. Etre maître de soi. Puis, sache bien que tu dois apprendre à dominer tes passions, à être sobre, actif, chaste. Ne te mets jamais en colère. Etre honnête, franc, juste. Sois irréprochable devant les autres et aussi devant toi seul. Et, par-dessus tout, respecte-toi toi-même. Que toute ta vie, que toutes tes paroles s'inspirent de la plus pure justice. Etre réfléchi. Ne prends pas l'habitude de vivre machinalement, mais réfléchis bien que la mort est notre destinée commune et que les richesses matérielles peuvent s'acquérir ou se perdre avec la même facilité. Travailler en toute confiance. Quant au sort qui t'est échu par les lois divines, si rude soit-il, ne t'en révolte pas, mais supporte-le avec sérénité, en t'efforçant de l'améliorer de ton mieux. Les Dieux, en effet, préservent les Sages des maux les plus grands. Etre tolérant et patient. La Vérité et l'Erreur se rencontrent mélangées dans les opinions humaines. Abstiens-toi donc de les approuver ou de les rejeter en bloc, afin de conserver ton harmonie. Si l'erreur triomphe momentanément, éloigne-toi et patiente. Se créer un jugement sain et ferme. Prends soin de toujours bien observer ce que je vais te dire. Ne te laisse pas entraîner sans réflexion par les paroles et les actes d'autrui. Parle et agis seulement quand ta raison t'aura indiqué le parti le plus sage. La délibération, obligatoire avant l'action, t'évitera ainsi les actes déraisonnables. Ce qui vraiment rend l'homme malheureux, c'est de parler et d'agir sans règle ni mesure. Etre prévoyant. Pour chacune de tes décisions, prévois bien ses conséquences les plus lointaines, de façon à n'avoir jamais à t'en repentir. Etre modeste. N'aie pas la prétention de faire ce qu'en réalité tu ignores. Saisis, au contraire, toutes les occasions de t'instruire. Tu mèneras ainsi une vie hautement agréable.
La Culture corporelle. Suivre un régime pur et physiologique. Prendre de l'exercice. Il faut également veiller à la bonne santé du corps. Prends avec mesure les aliments, les boissons et les exercices qui te sont nécessaires. Ta juste mesure sera celle qui t'empêchera de t'amollir. Aussi, devras-tu t'habituer à un régime pur et sévère. Etre réservé. Suis-le sans ostentation, pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants. Etre pondéré. N'agis pas à la façon des gens sans jugement qui dépensent au-delà de leurs besoins ou encore qui se livrent à l'avarice, mais apprends-toi à garder en tout le juste milieu. Ne fais donc rien qui puisse te nuire et pour cela raisonne bien avant d'agir.

Perfection

Les moyens de perfectionnement. L'examen de soi-même. Aussitôt réveillé, profite vite de l'harmonie que procure le sommeil, pour t'élever l'esprit et réfléchir aux bonnes oeuvres que tu devras accomplir. Chaque soir avant de t'endormir, fais ton examen de conscience, repasse plusieurs fois dans ton esprit les actes de ta journée et demande-toi : Qu'ai-je fait ? Ai-je bien accompli mon devoir en toutes choses ? Examine ainsi successivement chacune de tes actions. Si tu découvres que tu as mal agi, réprimande-toi sévèrement, si tu as été irréprochable, sois satisfait.
La méditation. La foi. La vie vertueuse. La science de l'Univers. Médite ces conseils. Aime-les de toute ton âme et efforce-toi de les mettre en pratique ; ils te conduiront aux vertus divines. J'en jure par celui qui a tracé dans notre esprit la Tétrade sacrée, source et emblème de la Nature éternelle.
La prière. Mais, en te mettant à l'œuvre, prie sans cesse les Dieux, pour qu'ils t'aident à l'accomplir.
L'initiation. Quand tu te seras bien pénétré de ces préceptes, tu arriveras à concevoir la constitution intime des Dieux, des hommes et de toutes les choses, et à te rendre compte de l'unité qui pénètre l'œuvre naturelle entière. Tu connaîtras alors cette loi universelle que partout dans le monde, la matière et l'esprit sont identiques en nature.
La clairvoyance. De telle sorte que, devenu clairvoyant, tu ne seras plus tourmenté de désirs illégitimes. Tu reconnaîtras alors que les hommes sont les créateurs de leurs maux. Les malheureux ! Ils ne savent pas que leurs vrais biens sont à leur portée, en eux-mêmes; Combien rares sont ceux qui connaissent la façon de se délivrer de leurs tourments. Tel est l'aveuglement des hommes qu'il leur trouble l'intelligence ! Semblables à des cylindres qui roulent au hasard, ils ne cessent d'être accablés de maux infinis. Car, ne soupçonnant pas la funeste incompréhension qui est en eux et les accompagne partout, ils ne savent pas discerner ce qu'il faut admettre de ce qu'il faut fuir sans révolte.
La vérité occulte. Dieu, notre père ! Puisses-tu les délivrer de leurs souffrances et leur montrer de quelle puissance surnaturelle ils peuvent disposer ! Mais non: soyons sans angoisse, car les hommes sont de la race des Dieux et c'est à eux de découvrir les vérités sacrées que la nature offre à leur recherche.
La récompense. La Sagesse. L'immortalité bienheureuse. Si tu es parvenu à les posséder alors tu rempliras aisément toutes mes prescriptions et tu auras mérité d'être délivré de tes épreuves. Mais, abstiens-toi des aliments que nous avons interdits dans les purifications et poursuis l'œuvre d'affranchissement de ton âme, en faisant un choix judicieux et réfléchi, en toutes choses, de façon à établir le triomphe de ce qu'il y a de meilleur en toi, de l'Esprit. Alors, quand tu abandonneras ton corps mortel, tu t'élèveras dans l'éther et, cessant d'être mortel, tu revêtiras toi-même la forme d'un Dieu immortel. (Docteur Carton : La Vie sage)

Etudions en détail, afin d'en tirer le meilleur profit, ce petit poème où sont rassemblées les idées, qui de tout temps, ont servi de base à l'initiation. Le début des Vers d'Or est relatif à la première partie des travaux initiatiques, que nous avons nommée préparation.

« Tout d'abord, rends aux Dieux immortels le culte prescrit par la Loi. »

Le sage demande à ses adeptes de ne pas se séparer de la religion dans laquelle ils ont été élevés. Tous les cultes se valent au regard de celui à qui ils sont rendus. Il est donc bien de participer aux cérémonies qui lui rendent hommage. Mais, puisque la Religion est notre premier devoir, l'adepte doit reconnaître son Dieu partout présent dans la Nature. Les rites ont pour but de créer une harmonie entre les citoyens, de les amener tous ensemble à la conception d'un idéal élevé. Par les pensées qu'elle impose à des heures et à des époques toujours les mêmes, le peuple se trouve maintenu toujours au-dessus du niveau de ses seuls intérêts matériels. C'est pourquoi ils sont nécessaires. Mais il ne faut pas imaginer que la Science et la Foi soient des termes antinomiques. A la base de la Science, une idée préconçue donc une foi, s'impose. Sans la connaissance de Dieu, la Science ne saurait remonter à cette Cause initiale, origine de toutes les causes, qui est son véritable but. Pour que le monde existe, il a fallu l'exercice d'une volonté créatrice. Il est donc de toute nécessité de connaître et d'admirer Dieu en soi-même pour le retrouver dans ses œuvres.

« Garde aussi ta foi jurée », dit ensuite le livre.

Ici se pose le signe d'une des plus hautes vertus par lesquelles se sont distingués les pythagoriciens. Comme les quakers d'Amérique et d'Angleterre, quelques-uns même n'admettaient pas le serment, il suffisait qu'ils eussent affirmé ou promis une chose pour que la connaissance que l'on devait avoir de leur dignité ne permit à personne d'en douter. Non seulement le mensonge leur était interdit, mais encore la plus petite infraction à la parole donnée. Un véritable adepte fût mort plutôt que de ne pas tenir ce qu'il avait promis. C'est un exemple qui ne saurait trop être suivi. Celui qui s'abaisse à ses propres yeux au point de pouvoir transgresser la vérité dans quelque intérêt que ce soit, abaisse sa propre âme et déchoit de son idéal, qui est pourtant le but de sa vie.

« Vénère ensuite, comme il convient, les Héros sublimes, et les Esprits demi-dieux. »

Avec bien d'autres textes, ce précepte nous démontre que les anciens croyaient à l'existence d'êtres intermédiaires entre les hommes et les Dieux. Ces êtres étaient les grands hommes qui ont produit des actions au-dessus de l'humanité ordinaire. Ce sont les tueurs de monstres, les fondateurs de villes, les bienfaiteurs de l'Humanité, à quelque titre que ce soit. Ces héros, envoyés par les Dieux comme des appuis ou des instructeurs, formaient l'objet des grandes légendes et leurs exploits volaient sur la lyre harmonieuse des poètes. Celui qui avait entendu leur vie magnanime, parée de toutes les beautés de la forme poétique et de la musique, se sentait encouragé à imiter leurs exploits, à donner sa vie pour sa ville, pour sa patrie; il avait le désir de se distinguer par des actes magnanimes et le nom des poètes initiateurs comme Orphée soutenait ceux qui auraient peut-être versé dans un genre inférieur.
C'étaient les Héros, les Sages, les Génies, qui étaient pour l'antiquité ce que les Saints sont dans nos cultes. Ils sont pour tous le modèle de ce que l'homme peut fournir quand il est soutenu par le sentiment du divin. C'est pourquoi la légende des Héros ne doit jamais cesser d'être répandue; c'est pourquoi le grec les révère, parce qu'il sait qu'il n'atteindra que tardivement le monde des Forces infinies que les Dieux représentent. Mais Hercule, Thésée et Orphée sont des hommes et cependant la gloire et la vénération les entourent parce qu'ils les ont mérités en bravant la froide mort, en délivrant le monde des brigands et des fauves qui terrifiaient les êtres sans défense. Un tel idéal mérite un culte. C'est à ce besoin de l'admiration des êtres qui nous servent de modèles que correspondait le culte antique des Héros et des Demi-dieux.

La seconde partie des Vers d'Or est affectée à la Purification.

« Aie le culte de la famille : remplis bien tes devoirs à l'égard de ton père, de ta mère et de tous tes parents. »

Pour remplir ces devoirs, si chers au cœur de tout homme bien né, il était nécessaire que l'adepte développât en soi les sentiments affectueux, qu'il ressentît profondément la reconnaissance que nous devons tous à ceux qui nous ont donné la vie et dont les soins nous l'ont conservée pendant les débiles années de l'enfance. Celui qui marche dans la bonne voie doit créer et maintenir l'harmonie dans la famille, afin que la tendre atmosphère qui doit y régner ne se trouve point troublée.
Celui qui réalise cette douceur intime autour du foyer peut atteindre ensuite plus aisément les harmonies supérieures, car il a commencé à se réaliser dans le domaine qui lui était soumis. Au demeurant, il ne fallait pas limiter à la famille étroite les élans affectueux de son cœur. Le lien qui s'est créé autour du foyer doit remonter jusqu'à Dieu origine et fin de toute harmonie. C'est dans cette harmonie supérieure que doivent se contracter les plus douées amitiés et, élargissant sans cesse les frontières de son cœur, celui qui aime ses amis en arrive à chérir en tout être sa partie affective, à souffrir dans tout ce qui gémit, à participer aux exaltations de tout ce qui vibre.
L'adepte doit aimer toute chose, sentir profondément la douleur en qui que ce soit et même dans le mystérieux animal qui est une énigme pour l'homme. Le cœur de l'initié doit s'ouvrir à la Nature entière, mais pour aimer la Nature, il ne suffit pas de se sentir transporté par sa beauté en certains lieux, à certaines heures, il faut être ému par le travail et la souffrance qui sont à tous les degrés de l'échelle des êtres, même dans ceux qui nous paraissent insensibles.
« Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres » a dit Gérard de Nerval, dans un de ses poèmes où il commente cette partie spéciale des Vers d'Or qui ont tant passionné les sages. Nous trouvons ici une des plus belles formules qui soient de cet amour universel qui devrait unir tous les êtres, créant une harmonie qui, si elle était réalisée, apporterait une aide puissante à l'évolution, non seulement de chaque homme, mais encore de l'humanité et du monde.
Mais il ne faut pas se borner à une tendresse vague pour des créatures trop lointaines pour jamais demander un effort direct de notre part. Certes, l'homme doit aimer sa famille, il doit répandre son cœur dans l'immortelle Nature, mais il doit choisir des amis et les aimer avec dévouement.

« Choisis pour ton ami l'homme le meilleur et le plus vertueux. Obéis à ses doux conseils et suis son exemple salutaire. Efforce-toi de ne pas te détourner de lui pour un tort léger, autant qu'il est en ton pouvoir, car la Volonté siège à côté de la Destinée comme puissance rectrice de notre évolution. »

Nous voyons par ce texte que selon l'enseignement de Pythagore, il faut agrandir le cercle trop étroit de la famille, mais, avant de se donner un ami, celui qui veut une affection durable, doit commencer par choisir avec beaucoup de soin cet ami auquel il décide de se confier. Il ne faut pas céder à une trop rapide impulsivité, mère de la désillusion ; il faut se demander si l'on trouvera un ami sûr dans le camarade adopté. Pour arriver à cette joie, il ne faut consulter ni l'engouement ni l'intérêt, mais chercher des qualités et des vertus qui nous rendent profitable, au point de vue de notre perfectionnement, la fréquentation de l'être choisi.
Il est à peine besoin de souligner l'importance de nos fréquentations sur notre esprit, spécialement dans la jeunesse. Nous avons tous vu des exemples déplorables d'êtres charmants perdus par leurs entraînements, par leur faiblesse envers d'indignes amis. Il faut élire un ami doué de solides vertus, d'une droiture à toute épreuve, d'un jugement qui puisse nous servir de guide dans nos incertitudes.
Il faut écouter le conseil de l'amitié; si le conseil de notre ami nous heurte, au moment où nous ne pouvons douter de sa sincérité, c'est que nous faisions fausse route et qu'il nous détourne d'un chemin plaisant mais dangereux. Il faut accepter une réprimande d'un sage ami, réfléchir au danger qu'il nous montre ; nous lui devrons parfois notre salut, et notre amitié se trouvera accrue par ce nouveau service qui nous déplaisait en premier, car nous avons trop tendance à préférer ce qui nous flatte à ce qui nous sert.
Il y a deux facteurs dans la vie ; certes, la Destinée est puissante, mais la Volonté est aussi une force directrice et elle est capable de modifier ce que le Destin nous annonce de pièges et de traverses. Il est donc nécessaire de faire l'éducation de sa volonté et d'entourer de son amitié ceux qui, aux moments où notre esprit s'embrume par la passion, la douleur ou la colère, nous apportent leur clairvoyance comme un phare au milieu des récifs.

« Puis, sache bien que tu dois apprendre à dominer tes passions, à être sobre, actif, chaste. Ne te mets jamais en colère. »

C'est un fait que nous avons déjà souligné, mais on n'y saurait trop revenir: l'initié doit être le maître absolu de ses passions. S'il n'est pas sobre, il permet aux plaisirs les plus matériels du corps d'alourdir l'intelligence, de voiler le flambeau de la pensée sous les vapeurs de la boisson ou de la nourriture excessive. Même au point de vue le plus pratique, le corps de l'adepte doit être toujours en excellente forme et ce n'est que par une hygiène alimentaire stricte et bien comprise qu'il évitera les maladies.
L'initié doit être chaste. Ici, chasteté ne s'entend pas par abstention. Pythagore était marié et père de famille et permettait à ses adeptes les légitimes plaisirs du foyer conjugal. Il n'est donc pas question de supprimer une fonction qui, à bien la considérer, a quelque chose de sacré comme moyen de transmission de la vie, comme permettant à l'âme de suivre son évolution. Mais, s'il est normal d'aimer son époux ou sa femme, il est coupable de se laisser entraîner par la volupté, de lui sacrifier la paix du cœur et les travaux que l'on prépare. Il est nécessaire à l'adepte de modérer les élans de son cœur aussi bien que ceux de ses sens; il lui est indispensable de garder l'harmonie, qui est le but de sa préparation.
Il en va de même pour la colère, mauvaise conseillère qui ne fait jamais rien de bon. Elle nous pousse souvent à faire du mal aux autres, mais elle est tout aussi nuisible à qui y cède, épuisant d'un coup ses réserves nerveuses qui le laissent sans force pour accomplir le bien.

« Sois irréprochable devant les autres et aussi devant toi seul. Et, par-dessus tout, respecte-toi toi-même. Que toute ta vie, que toutes tes paroles s'inspirent de la plus pure justice.»

Certes, il est mauvais de donner de coupables exemples et le scandale n'a jamais fait que du mal, mais celui qui ne ferait le bien que pour la galerie serait un hypocrite, une sorte de Tartufe. Il faut aimer le bien pour soi-même et accomplir son devoir parce que l'on se doit de l'accomplir. L'homme qui a une juste et haute opinion de soi n'a pas besoin d'être orgueilleux, mais s'il pense que, à l'égal des autres créatures, il a en lui une parcelle du divin, il respectera cet écho de l'infini, cette flamme éternelle et il ne consentira point à la profaner par des actes bas. Celui qui sait ce qu'est la vérité, ne consentira point à mentir même pour plaire; il ne voudra point abaisser, même dans le but le plus profitable, l'étincelle qu'il doit transmettre à de nouvelles existences et qui est l'incommunicable don de Dieu. C'est pourquoi la justice est le premier devoir. Dieu a tout fait en vue de la perfection et nous ne pouvons l'imaginer comme favorisant l'un au dépens de l'autre, suivant on ne sait quel capricieux favoritisme.
Si nous voulons monter vers Dieu, nous devons harmoniser nos tendances aux siennes; la justice doit être le principal but de notre évolution.

« Ne prends pas l'habitude de vivre machinalement, mais réfléchis bien que la mort est notre destinée et que les richesses matérielles peuvent s'acquérir ou se perdre avec la même facilité. »

Nous devons donc prendre intérêt à la vie qui nous environne. Le monde est un livre où nous avons sans cesse à apprendre. Si nous y apportions une attention suivie, rien ne nous paraîtrait aride ou fastidieux. Entourés par l'effort constant de la Nature, nous prendrions le goût de l'effort et la lutte nous semblerait meilleure encore que la victoire.
Ce ne sont pas les trésors matériels que nous devons demander à cette lutte. Que nous importent les richesses ? A la mort, elles ne nous seront d'aucune utilité et pendant la vie elle nous seront peut-être d'un poids plus douloureux qu'agréable. L'avare vit sans aucune joie ; il se refuse les satisfactions les plus innocentes, puis la mort vient et, de ce trésor si chèrement disputé contre les plus paisibles joies, il ne restera rien que des pensées qui ont sali son âme et abaissé son esprit. Est-ce bien la peine, pour un résultat aussi négatif, de se priver de la douceur de faire des heureux autour de soi ? N'y a-t-il pas, même pour celui qui donne, plus de plaisir à voir le visage de celui qui échappe au mal, à l'inquiétude, que de contempler un froid métal dont on ne retire aucune satisfaction ? La véritable joie n'est-elle pas de soutenir ses frères, d'apporter son aide à tous, sous toutes ses formes ?
Le véritable trésor est le bien de l'esprit et celui-là ne s'acquiert pas avec ces trésors que prise si fort l'avare. Quand la mort nous laissera nus et les mains vides, toutes ces vaines richesses ne nous serviront plus à rien. Seuls nous auront profité les bienfaits et les travaux qui ont développé notre cœur et notre intelligence. C'est dans cette élévation de notre personne psychique que se trouve la véritable voie de l'initié.

« Quant au sort qui t'est échu par les lois divines, si rude soit-il, ne t'en révolte pas, mais supporte-le avec sérénité, en l'efforçant de l'améliorer de ton mieux. Les Dieux, en effet, préservent les Sages des maux les plus grands.»

Celui qui sait que son destin est mérité ne doit jamais se révolter. Tout ce qui vient de Dieu est justice. Nos conditions actuelles de santé, de fortune, sont une résultante de nos existences précédentes. Si nous souffrons, c'est à notre passé qu'il sied de nous en prendre. Notre existence actuelle est liée à nos cycles antérieurs et ce sont eux qui la commandent. Nous ne devons pas nous révolter contre le créancier qui nous demande ce qui lui est dû. On ne doit pas contracter de dettes, si on souffre de les payer. Telle est la juste notion que nous devons avoir des inégalités sociales ; la révolte ne fait que les aggraver. Quand une fois, nous avons saisi cette vérité première, il nous reste à améliorer notre situation future, à n'émettre que de bonnes pensées, à écarter de nous les mauvais sentiments, à faire de bonnes actions qui épurent en notre personne ce que les anciens stades y avaient laissé de mauvais. Cette vie est le triomphe de notre effort personnel; nous pouvons beaucoup pour nous-mêmes par l'éducation de l'esprit; nous pouvons même beaucoup, sur la santé de notre corps par le retour à une vie sobre et régulière. Nous pouvons-nous donner de grandes joies en ouvrant notre âme aux rythmes les plus hauts, en communiant de cœur et d'esprit avec l'Esprit supérieur.
Pénétrés de cette vérité, nous supporterons notre sort avec calme. Il nous est permis de tâcher de nous faire une vie plus agréable par tous les moyens honnêtes qui sont en notre pouvoir. Nous devons avoir confiance, car celui qui fait effort vers un but louable réussit généralement à ce qu'il lui plaît d'entreprendre. Il ne faut attendre ni du hasard, ni de la mort, une orientation meilleure de notre vie. La mort viendra comme un jugement, non comme une aide. Que pourra montrer comme action celui qui aura usé stérilement sa vie à attendre une mort libératrice ? Nous avons une dette à payer, payons-là donc de bonne grâce et nous verrons qu'en acceptant les devoirs de notre état, en faisant effort vers une situation meilleure, nous trouverons par surcroît la joie, l'équilibre, la santé, la sérénité.
Le Sage est préservé par les Dieux des plus grands maux, car celui qui vit en conformité avec les Lois supérieures les observe dans chacun de ses actes. Uni à Dieu, il ne craint rien; il a choisi la paix et cette part, qui est la meilleure, ne lui sera point ôtée. Il voit le bien en toutes choses, tout lui sourit parce qu'il ne demande aux êtres que ce qu'ils peuvent lui donner. La Nature lui est maternelle et souriante parce qu'il s'applique à la comprendre et à l'aimer.

« La Vérité et l'Erreur se rencontrent mélangées dans les opinions humaines. Abstiens-toi donc de les approuver ou de les rejeter en bloc, afin de conserver ton harmonie. Si l'erreur triomphe momentanément, éloigne-toi et patiente. »

Partout deux forces sont en présence : une force active ou positive et une force passive ou négative. Dans le domaine des idées, c'est la Vérité et l'Erreur.
Tant que nous serons soumis aux conditions de la vie telle qu'elle nous est faite en ce monde, nous ne pourrons connaître qu'une vérité relative, nécessairement nuancée d'erreur et qui est plutôt un équilibre qu'une entière sécurité. Il nous faut donc choisir l'équilibre le plus stable, la vérité la plus exempte d'erreur, mais avec la certitude qu'il n'y a rien encore d'absolu. Pour être bien mise en valeur, la lumière a besoin de l'ombre; tant que nous ne pouvons nous placer dans le domaine divin, la vérité aussi a besoin de l'erreur pour la combattre, en triompher, faire succéder une vérité plus épurée, plus éclatante, à celle que l'on avait primitivement connue et qui contenait plus d'erreur.
C'est ce sentiment qui nous oblige à une extrême circonspection. Qui peut se donner la certitude de posséder la vérité ? Aucun d'entre nous, même le plus sage. Aussi, quand une opinion nous est manifestée, si elle ne porte atteinte à la vie, aux biens ou à l'honneur d'autrui, nous avons le devoir de ne la combattre qu'avec une extrême courtoisie. Les emportements, les paroles blessantes ne servent qu'à creuser un fossé plus grand entre ceux qui ne se comprennent pas. Il ne faut rien rejeter en bloc mais prendre le temps de juger, de raisonner, car il peut sortir un grand bien de ce qui nous a déplu. Mais si ce qui, après étude, nous a paru mauvais et dangereux, a l'air de triompher, il ne faut pas entrer en discussions vaines; il faut se retirer et attendre de l'équitable avenir la véritable certitude.

Pythagore complète ainsi sa pensée : « Prends soin de toujours bien observer ce que je vais te dire. Ne te laisse pas entraîner sans réflexion par les paroles et les actes d'autrui. Parle et agis seulement quand ta raison t'aura indiqué le parti le plus sage. La délibération, obligatoire avant l’action, t'évitera ainsi des actes déraisonnables. Ce qui vraiment rend l'homme malheureux, c'est de parler et d'agir sans règle ni mesure. »

Merveilleux conseils pour la lutte contre nos impulsivités. Le premier mouvement, quel qu'il soit, peut être considéré comme une indication intuitive, mais il ne doit pas être suivi. Rien n'est plus dangereux que l'emballement; il nous amène à commettre des actions quelquefois simplement maladroites, quelquefois coupables, parce que nous ne nous sommes pas accordé le temps de peser le pour et le contre.
Les élèves de Pythagore devaient à l'habitude du silence une maîtrise d'eux-mêmes qui les aidait puissamment à accomplir cette partie des ordres du Maître. Avant de prononcer aucune parole, avant de se permettre un geste, l'initié doit laisser au sang le temps de calmer ses bouillonnements, il doit donner à la raison un plein empire sur tous les sentiments et toutes les sensations. Ce n'est que lorsque la raison a décidé en maîtresse, sans rien écouter qu'elle-même, qu'on peut prendre une décision, prononcer un mot, faire un acte. Ainsi on n'est point soumis au regret d'une parole dite à la légère. Le pythagoricien avait pour devoir d'être esclave de sa parole ; il ne lui était donc pas permis de la donner légèrement ; il se fût ainsi trouvé entraîné aux pires erreurs. Il est d'une discipline excellente de penser longtemps, non seulement avant d'agir, mais aussi de parler, puisque parole vaut action.

« Pour chacune de tes décisions, prévois bien ses conséquences les plus lointaines, de façon à n'avoir jamais à t'en repentir. »

Encore un conseil d'une haute portée philosophique et pratique.
Celui qui n'agit pas par emballement se donne le loisir de voir quelles seront les conséquences de l'action qu'il veut entreprendre. C'est un précepte que l'on ne suit pas assez. A peine entrevoit-on les conséquences immédiates d'un acte, mais ses conséquences lointaines nous échappent généralement. Cependant, nous avons en elles une très large part de responsabilité qui nous sera comptée à cette heure terrible des jugements sans appel. Ceci est le conseil de l'initié, mais, dans la vie matérielle, il faut aussi voir de loin les bons et les mauvais côtés d'une entreprise, non seulement dans le jour présent, mais dans un avenir lointain. C'est en prévoyant le pire qu'on peut escompter le meilleur, parce que l'on a prévu tous les mauvais côtés d'une chose qui en présente nécessairement de bons, et que l'on a pris le temps de voir tout ce qui est inquiétude avant de se laisser aller aux vaines espérances.

« N'aie pas la prétention de faire ce qu'en réalité tu ignores. Saisis, au contraire, toutes les occasions de t'instruire. Ta mèneras ainsi une vie hautement agréable. »

Conseil toujours utile de la simple humilité. Plus le Sage avance en connaissances, plus se découvre devant lui le vaste champ inexploré qui lui demandera bien des efforts. A mesure qu'on s'élève, le panorama s'élargit. L'enfant qui n'a jamais vu que son petit jardin le croit infini. Qu'il monte sur une colline, il trouve l'univers immense. L'aile de l'esprit monte plus haut que les ailes d'aucun oiseau. Celui qui cherche à voir les choses dans leur vaste ensemble, se sent une infime cellule dans le vaste univers. Son orgueil, s'il en eut, disparaît à ce moment même. Sa joie ne peut plus lui venir que de l'étude; de jour en jour, il se plonge dans une plus profonde méditation; le plaisir constant et inépuisable qu'il en ressent est la plus haute joie que ce monde puisse donner.

« Il faut également veiller à la bonne santé du corps. Prends avec mesure les aliments, les boissons et les exercices qui te sont nécessaires. Ta juste mesure sera celle qui t'empêchera de t'amollir. Aussi devras-tu t'habituer à un régime pur et sévère. »

Ce qui ressort de cette partie de l'enseignement pythagoricien, c'est la nécessité d'un corps sain pour continuer en paix les recherches de l'esprit.
La vie du Sage ne doit pas être une suite de festins; il ne doit pas perdre, dans le fait de manger et de digérer des aliments délicats, toute cette énergie qui lui a été confiée dans des buts plus nobles et plus utiles. Il est nécessaire à l'homme de manger, mais il convient qu'il le fasse avec mesure, sobriété et que sa nourriture ne soit pas une entrave pour sa santé.
Cette alimentation était fort strictement mesurée. En premier lieu, Pythagore interdisait formellement toute nourriture carnée. Il ne permettait que les légumes, encore pas tous. L'eau était la seule boisson; il est certain que c'est la meilleure et que c'est celle que la Nature nous destine, puisque toutes les boissons fermentées sont le produit de l'industrie humaine. L'eau, qui nous est commune avec les animaux et les plantes, est la seule boisson dont nous devrions user. Bien loin de débiliter, comme on le croit trop souvent, elle donne des forces corporelles et un excellent équilibre psychique. Celui qui boit de l'eau éprouve avec joie l'équilibre harmonieux de tout son être et il savoure une paix que ne connaissent pas les fébriles buveurs de vin.

« Suis-le sans ostentation, pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants. »

C Le Sage tient à vivre à l'écart. Il pratique les quatre mots qui nous ont été donnés comme la clef de toute initiation, mais celui qui lui convient le mieux est: Se taire. Il sait que, d'une façon générale, la foule est hors d'état de le comprendre. Il ne la hait ni ne la méprise. Ceux qui composent la foule sont sur leur chemin, en voie de devenir des Dieux. Mais le Sage a des occupations plus urgentes que leur donner des conseils et des exemples qui ne seraient jamais suivis. L'opinion du vulgaire ne lui importe point; il n'a point de langage commun avec lui et tous deux parleraient en vain sans se comprendre.
Le Sage ne parle qu'à ceux qui peuvent aider à son évolution ou à ceux qu'il peut soutenir dans la leur. Chacun a des stades à franchir. Celui qui sait ne peut refuser un bon avis à celui qui le lui demande. Il peut et doit mettre sur la voie, celui qui a déjà l'inquiétude de son éternel devenir. Mais une loi absolue est que chacun évolue par soi-même et celui qui a son évolution à faire ne doit pas l'oublier dans la préoccupation trop souvent orgueilleuse de faire avancer les autres.

« N'agis pas à la façon des gens sans jugement qui dépensent au-delà de leurs besoins ou encore qui se livrent à l'avarice, mais apprends-toi à garder en tout le juste milieu. Ne fais donc rien qui puisse te nuire et pour cela raisonne bien avant d'agir. »

Celui qui tend à une évolution supérieure ne doit pas s'attacher à l'argent comme fait l'avare, mais aussi, il ne doit pas se créer des difficultés matérielles qui l'entraveront dans ses travaux.
Le Sage ne doit pas chercher à éblouir par son faste; il doit rester dans une juste mesure, car ses besoins sont limités par l'état d'esprit qui le guide. Il ne tend plus vers ces mirages, vers ces joies décevantes qui entraînent les sots vers des dépenses abusives. Son bonheur n'est ni dans le luxe, ni dans les festins. Les plaisirs qui lui sont doux ne sont pas de ceux qui s'achètent avec de l'argent. Il ne cherche que les choses éternelles et celles-là ne donnent ni inquiétudes, ni désillusions.
Et toujours, nous en revenons à la nécessité de réfléchir avant d'agir, quelle que soit cette action et même si celle-ci n'est pas d'une importance capitale. Il est d'une excellente ascèse de soumettre l'inconscient à l'esprit de la manière la plus complète, et plus nous aurons soumis nos impulsivités, plus nous marcherons avec calme dans la voie de l'évolution.
Le stade de purification franchi, reste le stade de perfection. Voici les conseils du Maître à cet égard :

« Aussitôt réveillé, profite vite de l'harmonie que procure le sommeil, pour t'élever l'esprit et réfléchir aux bonnes œuvres que tu devras accomplir. »

Pour arriver à la perfection, nous devons d'abord élever l'esprit. Selon Pythagore, le meilleur moment que nous puissions choisir pour le libérer de la chaîne corporelle est le matin, aussitôt après notre réveil. A cette heure, le corps sortant du sommeil a calmé toutes les agitations du travail et des passions, qu'elles soient plaisirs ou peines. C'est à ce moment qu'il faut faire l'examen de la journée qui va bientôt commencer. On a des décisions à prendre. C'est dans ce calme matinal qu'on a le plus de facilité pour les peser, les mûrir, pour bien voir si l'on est toujours dans la bonne voie. Une sorte d'examen de la situation nous montre l'état où nous sommes, les modifications bonnes ou mauvaises de nos possibilités. Devant cette constatation impartiale, nous pouvons nous donner d'utiles auto suggestions qui nous seront d'un grand secours dans l'accomplissement des déterminations prises.
Quand le Soleil se lève, l'Esprit est roi du corps. C'est le moment des méditations calmes et des saines intuitions. L'esprit dirige l'inconscient au lieu de le suivre. C'est l'heure de la maîtrise de soi.
Ce travail psychique du matin doit être complété chaque soir par un examen des actions de notre journée :

« Chaque soir, avant de t'endormir, fais ton examen de conscience, repasse plusieurs fois dans ton esprit les actes de la journée et demande-toi: qu'ai-je fait ? Ai-je bien accompli mon devoir en toutes choses ? Examine ainsi successivement chacune de tes actions. Si tu découvres que tu as mal agi, réprimande-toi sévèrement, si tu as été irréprochable, sois satisfait. »


C'est une très utile indication et que toutes les religions ont adoptée, de faire le soir l'examen de ses actions de la journée. Le moment de détente qui précède le sommeil endort la turbulence de l'inconscient toujours prêt à excuser ce qui lui a été agréable. Il est bon de ne pas écouter ce conseiller trop facile.
Celui qui n'a que le bien en vue verra, chaque soir, comment il a suivi le plan qu'il s'était imposé; il se blâmera de ses manquements, car ils ont pour effet de retarder un résultat si longuement attendu.
Par contre, si les résultats ont été bons, on est en droit de s'en féliciter. Et cette heure nocturne, dans le calme des bruits suspendus autour de nous jusqu'au matin, est aussi celle où l'inconscient subit sans trop de peine les auto suggestions qui le modifient profondément. Il se produit alors un fait analogue à celui de l'écolier qui relit ses leçons avant de s'endormir, laissant au travail de la nuit la peine de les graver dans sa mémoire. Dans la paix du soir, l'esprit prend et impose à l'inconscient de bonnes résolutions et, s'il les réitère autant, de fois qu'il sera nécessaire, le pli psychique se créera et bien des choses qui nous paraissaient impossibles se feront comme d'elles-mêmes, par l'habitude de l'examen et des commandements du soir.

« Médite ces conseils. Aime-les de toute ton âme et efforce toi de les mettre en pratique; ils te conduiront aux vertus divines. J'en jure par celui qui a tracé dans notre esprit la Tétrade sacrée, source et emblème de la Nature éternelle. »

La Tétrade est une pyramide à 4 faces, 3 latérales, une basale. Nous en avons donné l'interprétation dans notre livre Vers la Sagesse (Vers la Sagesse), auquel nous renvoyons pour les développements que cet emblème comporte, car il est d'une grande importance.
La Tétrade est l'image de l'être humain, ce microcosme, image réduite de l'Univers, du Macrocosme, car tout se tient dans la Nature.
Les trois faces latérales sont, en ce qui concerne la personnalité humaine, le corps, le cœur et l'esprit. Chaque face triangulaire a, dans la partie qui touche à la base, deux angles qui sont opposés.
En ce qui concerne le corps, un des angles inférieurs du triangle représente les forces créatrices; l'autre angle inférieur correspond aux forces destructives. L'équilibre entre ces deux forces antagonistes constitue la santé, tandis que leur déséquilibre donne lieu à la maladie.
Dans le domaine du cœur, les sentiments seront bons ou mauvais et, suivant la carrière que l'on donne aux uns ou aux autres, il en résulte les joies du devoir accompli, ou la désillusion des mirages. Joies et désillusions sentimentales sont figurées, dans la seconde face latérale de la Tétrade, par les deux angles inférieurs.
Quant à l'esprit, la vérité et l'erreur, la certitude et le doute sont les pôles positif et négatif de son activité. Seul la vérité donne à la pensée cette certitude qui est sa joie, son repos et son parfait équilibre. Vérité et Erreur, ce sont les deux angles inférieurs du troisième triangle latéral.
Le sommet de chaque triangle, c'est l'équilibre des contraires. Pour le corps c'est la santé; pour le cœur, c'est le bonheur; pour l'esprit la sérénité. Et les trois faces réunies symbolisent la personnalité humaine, si diverse mais tendant à l'unité par le désir de l'équilibre. L'Initié, le Sage a réalisé cet équilibre; il gouverne ,sur les trois domaines; sa volonté réside au sommet de la pyramide et, par ce fait même, il se trouve commander à la partie basale, c'est-à-dire qu'il n'agit pas seulement sur lui-même, mais qu'il est capable d'apporter aux autres la même stabilité.
Il peut, et il doit, selon la mesure de ses forces: guérir le corps, consoler le cœur, dissiper les doutes de l'esprit, le soutenir dans ses heures de dépression, enfin créer autour de lui le bonheur et la paix, autant qu'ils sont compatibles avec notre nature.

L'initié, recommande Pythagore, doit reconnaître Dieu qui anime tout, qui est la cause primordiale de la Création. « Mais, en te mettant à l'œuvre, prie sans cesse les Dieux, pour qu'ils t'aident à l'accomplir. »

Seul, celui qui ne veut pas voir, qui s'aveugle d'orgueilleux préjugés, nie les puissances supérieures. Le Sage les connaît trop pour pouvoir les nier. Elles l'aident et le soutiennent. Mais il ne doit pas se contenter d'attendre passivement leur appui. Il sait que cet appui ne lui sera pas refusé, mais, pour l'obtenir, il doit se mettre en harmonie avec les Forces supérieures, il doit se dégager en esprit pour atteindre les Sphères où règnent les Esprits heureux et dont l'atmosphère amène en notre âme une joie sereine, une entière félicité.

« Quand tu te seras bien pénétré de ces préceptes, tu arriveras à concevoir la constitution intime des Dieux, des hommes et de toutes choses, et à te rendre compte de l'unité qui pénètre l'œuvre naturelle entière. Tu connaîtras alors cette loi universelle que, partout dans le monde, la matière et l'esprit sont identiques en nature. »

Telle est la connaissance qui est promise à l'initié. Devant son regard, dégagé de tous les voiles, il verra l'unité parfaite et sublime de tout ce qui existe. Alors, tous les nuages seront dissipés. Le monde entier ne sera plus qu'une parfaite harmonie où, depuis Dieu jusqu'à la matière qui nous semble la plus inanimée, tout ne fait qu'Un, tout tend à une unité parfaite, Tout vit, et toute vie est une influence de Dieu. Alors, toute créature devient fraternelle à l'adepte. Il oublie la notion du temps. Il sait qu'il a été matière et il sait qu'il sera Dieu. Donc, sur toute l'échelle de la vie, il a des souvenirs et des espoirs qui le rendent un avec les êtres qui se rencontrent en ce point. Il peut leur donner ou leur demander l'équilibre. Un merveilleux échange se produit; il demande en haut pour répandre en bas, la vie, la joie et le repos. Il éprouve la joie d'un divin Créateur.

« De telle sorte que, devenu clairvoyant, tu ne seras plus tourmenté de désirs illégitimes. Tu reconnaîtras alors que les hommes sont les créateurs de leurs maux. Les malheureux ! Ils ne savent pas que leurs vrais biens sont à leur portée, en eux-mêmes. Combien rares sont ceux qui connaissent la façon de se délivrer de leurs tourments. Tel est l'aveuglement des hommes qu'il leur trouble l'intelligence ! Semblables à des cylindres qui roulent au hasard, ils ne cessent d'être accablés de maux infinis. Car, ne soupçonnant pas la funeste incompréhension qui est en eux et les accompagne partout, ils ne savent pas discerner ce qu'il faut admettre de ce qu'il faut fuir sans révolte. »

Le plus grand des maux est donc l'ignorance où nous sommes de notre véritable bien. Il ne dépend que de nous de trouver la paix et la joie, mais nous nous obstinons à poursuivre des images sans réalité au lieu de jouir des biens certains qui nous appartiennent. L'homme est le seul artisan de sa propre infortune. Dieu est bon et son œuvre est bonne. Tout ce que Dieu a créé est Harmonie et Justice. Ce sont nos passions, c'est notre inconstante volonté qui crée le déséquilibre et par conséquent la douleur.
L'homme méconnaît les lois qui le rendraient heureux. Il renonce de gaieté de cœur à la vie saine qui lui ferait un corps robuste, à l'altruisme qui lui donnerait des joies pleines de force et de douceur. Il ne sait pas aimer la Nature, recevoir ses leçons qui nous montrent la paix et l'harmonie partout et nous donnent l'exemple d'une vie pure et belle, exempte de tous les maux dont nous ne cessons de nous plaindre. Si nous vivions selon la loi, nous n'aurions pas ces sujets de plainte. Au lieu de chercher des biens illusoires, nous ferions ce qui est ordonné à l'initié, nous travaillerions à épurer notre cœur, à perfectionner notre esprit.
La pensée est le seul bien qui ne passe point. La pensée façonne l'homme jusque dans sa personnalité physique. Elle peut agir avec une puissance insoupçonnée du profane, faire de véritables miracles. C'est à son éducation que nous devons nous consacrer; nous devons la rendre calme, forte, riche de tout le bien qu'elle peut faire. Ayant ainsi donné à la vie le seul but qui lui soit profitable, nous ne connaîtrons plus de tourments.

« Dieu notre père ! Puisses-tu les délivrer de leurs souffrances et leur montrer de quelle puissance surnaturelle ils peuvent disposer ! Mais non: soyons sans angoisse, car les hommes sont de la race des Dieux et c'est à eux de découvrir les vérités sacrées que la Nature offre à leur recherche. »


C'est une réalité dont souffre parfois la sensibilité des adeptes. On ne peut faire que son propre chemin. Chacun doit suivre sa voie, franchir chaque étape par son seul effort. Ce qui afflige l'altruisme de ceux-ci est cependant une des plus nobles parties de la doctrine de Pythagore.
L'effort est la véritable noblesse ; il est la seule voie du perfectionnement personnel. Chacun possède des facultés latentes; il a besoin qu'on les lui révèle pour les connaître ; son intuition est endormie dans la matière et il ne sait même pas profiter d'un bien qu'il partagerait avec tous si chacun y voulait prendre garde. Mais, pour posséder ces biens, en user avec toute l'utilité désirable, il faut se dégager de la matière et beaucoup se refusent à tenter ce léger effort. Ils préfèrent, les malheureux, s'abaisser, avilir la plus haute partie de leur être, que de se passer des grossières joies des sens. Ils ne voient pas qu'une légère privation développerait en eux cette vue intérieure qui leur ouvrirait des mondes nouveaux. Alors, ils auraient des perceptions et une conception nouvelles. Ils découvriraient des vérités qui transformeraient l'univers à leurs yeux. Ces vérités, ces perceptions sont le vrai domaine du Sage.
De tout temps, les Sages ont fait les mêmes découvertes et les initiations ont seulement enregistré, avec des vérités immuables, essentielles, quelques variations dans la manière dont la révélation se produit. Centres initiatiques, philosophiques et religieux, tous, tenant compte des temps et des races, ont montré les mêmes horizons à l'insatiable désir humain et ce désir humain s'en est toujours senti comblé.
La Vérité est une. Elle est accessible à chacun. Le monde divin appartient à celui qui le cherche avec un cœur pur, un corps sain et le désir sincère de la lumière.

« Si tu es parvenu à les posséder (les vérités sacrées), alors tu rempliras aisément toutes mes prescriptions et tu auras mérité d'être délivré de tes épreuves. »

L'effort continu, en effet, délivre l'esprit inquiet. Celui qui a mis comme but à son existence la recherche sincère de la vérité ne peut souffrir des maux humains; il a vaincu les épreuves. Il n'est en ce monde que pour y accomplir tout son devoir et attendre, avec sérénité, l'heure de la libération.

« Mais abstiens-toi des aliments que nous avons interdits dans les purifications et poursuis l’œuvre d'affranchissement de ton âme, en faisant un choix judicieux et réfléchi, en toutes choses, de façon à établir le triomphe de ce qu'il y a de meilleur en toi, de l'Esprit. »

Le but est atteint: le corps est pur, le cœur s'est libéré de tout sentiment égoïste, l'esprit est devenu judicieux et clairvoyant. C'est de cet esprit nouveau que va venir la récompense, cette Connaissance supérieure qui ouvre les mondes divins; cette Sagesse idéale qui nous y donne droit de cité.
La récompense est acquise, qui nous avait donné le courage de la mériter par tant de travaux. Mais cette récompense, quelle est-elle, au juste ?

« Alors, quand tu abandonneras ton corps mortel, tu t'élèveras dans l'éther et, cessant d'être mortel, tu revêtiras toi-même la forme d'un Dieu immortel. »

C'est la certitude. La récompense ne saurait manquer à celui qui l'a méritée. Il la possède par avance ; elle va s'épanouir en lui. Il ne reviendra plus parmi les contingences et les fatigues de ce monde trop matériel. L'adepte sent grandir en lui les forces qui vont se développer, l'emporter à jamais dans le monde où les formes ne sont plus que des rythmes non alourdis par la matière. Le Dieu qui se cache en chacun va ouvrir ses ailes et, oubliant toutes les peines et les laideurs de cette vie, il va d'un vol assuré regagner le monde lumineux.
Tel est l'enseignement de Pythagore, dans les parties qui nous en ont été conservées. Ce n'est ici qu'un très petit fragment de l'œuvre immense de ce Maître; il suffit cependant à nous faire sentir l'importance de cette initiation et le malheur d'une telle perte.
Il est certain qu'en suivant cette ascèse on ne saurait manquer d'obtenir un résultat merveilleux, car tout se trouve réuni, la nécessité de régir le corps, de surveiller le cœur, de dresser l'esprit de manière à ne laisser à chacun que ses qualités supérieures.
L'idéal de Pythagore était de créer la cité parfaite, mais le temps, qui n'était pas propice pour lui, ne l'est pas encore pour nous. Le devoir du moment présent est de nous former individuellement, nous groupant à quelques autres adeptes qui nous soutiendront dans l'effort, mais ce groupement est un individu encore et c'est par l'exemple, par la réalisation du bien qu'il peut influer sur l'état social. Il ne faut pas cependant croire que cet effort soit égoïste et qu'il risque d'être perdu, mais à chaque jour suffit sa peine.
Peut-être l'heure est-elle proche où la lutte de la matière et de l'esprit forcera les adeptes à se compter ? Alors, tous ceux qui cherchent, ou qui ont trouvé leur voie, se lèveront pour le triomphe définitif de la véritable lumière.

 Ruines grecques