Ce mois-ci, nous vous présentons Henri Brun. C'est une biographie extraite de la Revue Spirite de Décembre 1935. Après Léon Denis et Gabriel Delanne, on peut rappeler également ce que fut un jeune professeur d’Ecole normale, disparu à la bataille de la Marne, en 1914. Henri Brun était un de ces hommes d’élite qui avait très rapidement compris la portée considérable du spiritisme kardéciste.
Quelques mois avant la terrible guerre qui devait l’enlever de notre monde où il avait passé comme une toile lumineuse, il avait fait paraître un admirable petit livre " La Foi Nouvelle ", œuvre qui serait restée comme une préface aux ouvrages que son grand talent et sa foi si sincère et si merveilleuse n’eussent pas manqué de nous donner si la mort n’était venue l’arracher brutalement à notre admiration et à notre amitié.
La " Foi Nouvelle " est un livre remarquable à tous points de vue et nous ne saurions trop recommander cet ouvrage à tous ceux qui ont la charge, difficile entre toutes, de diriger les enfants et les adolescents.
A tous ceux qui cherchent la Vérité, Henri Brun avait adressé dans la " Revue Spirite " un éloquent appel, que nous avons le devoir de mettre de nouveau sous les yeux de nos lecteurs.
Venez à nous, vous qui pensez, vous qu’intéresse le problème de la Nature et de la destinée et des choses, vous qui vous demandez d’où viennent et où vont les hommes qui habitent la Terre et à quoi servent les Mondes qui peuplent l’espace, vous qui croyez à l’âme énigmatique des choses, à l’âme humaine des bêtes, à l’âme divine des hommes, vous qui estimez que l’Univers ne vous a révélé que le commencement de ses secrets et que la Science et la Philosophie des hommes n’ont guère dit que leur premier mot.
Venez à nous, car le Spiritisme vous livrera le résultat de ses recherches psychiques et des spéculations transcendentales de quelques-uns des plus grands savants et penseurs de notre temps, car il vous initiera à la science des fluides, à la psychologie de l’occulte, à la philosophie de l’Au-delà, car il vous fera connaître les forces mystérieuses de la Matière et de l’Esprit, le " double " invisible des corps et la destinée posthume des âmes, l’harmonieuse évolution de la Vie universelle dans la durée sans fin. Venez à nous, vous qui pensez !…
Venez à nous, vous qui aimez, vous qui communiez, en votre cœur, avec la famille innombrable qui habite la Création infinie, vous qui aimez les choses, nos campagnes et les bêtes, nos servantes, et les hommes, nos frères, et Notre Père qui est aux Cieux.
Vous qui aimez non seulement votre foyer, mais tous les foyers et, par delà votre pays, les hommes de tous les pays, vous qui vous approchez plus volontiers du pauvre que du riche, de l’humble que du puissant et qui n’avez pas moins de respect pour les simples d’esprits que pour les hommes de génie, vous qui secourez la misère et qui consolez l’affliction, vous qui rendez le bien pour le mal, vous qui admirez le " brin d’herbe " à l’égal de " l’étoile " et pensez que les ânes eux-mêmes connaîtront le Royaume de Dieu.
Vous qui flétrissez la vivisection et la peine de mort et les luttes de classes et les guerres des peuples, venez à nous car " le spiritisme " professe un même culte pour tous les " règnes " de la Nature, pour tous les états et toutes les races de l’humanité, pour toutes les œuvres de l’Univers et pour leur sublime auteur, car il est la religion de l’Amour. Venez à nous, vous qui pensez !…
Venez à nous, vous qui pleurez, vous à qui la mort a ravi, en un jour d’infinie tristesse, l’être que vous aimiez de tendresse infinie, vous qui n’en pouvez plus à force de souffrir, vous qui, chaque jour, luttez contre la tentation de mourir et qui êtes vaincus un peu plus chaque jour, vous qui êtes insensibles aux consolations de l’amitié, réfractaires aux exhortations de la Sagesse, incrédules aux assurances de la Foi, vous qui ne pouvez vivre désormais sans croyance, et qui pourtant ne pouvez pas croire sans certitude, venez à nous car le Spiritisme enseigne justement la foi qu’il nous faut, une Foi positive, une Foi sans conteste, car il démontre l’immortalité de l’âme non seulement par des suggestions de sentiment et de raison, mais par des arguments de science, par des preuves de fait, car il fonde la Foi non pas sur d’antiques révélations, à jamais invérifiables et à bon droit suspectes, mais sur les récentes découvertes authentiques et indéfiniment revisables d’illustres savants officiels et d’innombrables chercheurs indépendants, car il rend la vie possible, en montrant la survie certaine… Venez à nous, vous qui pleurez !…
Venez à nous, vous tous qui êtes épris de vie intérieure, de vie idéale, de vie éternelle, car le spiritisme kardéciste est l’évangile de la Vérité, de l’Amour et de l’Espérance.
Il est difficile de trouver un appel plus vibrant, plus beau, plus généreux, plus charitable, plus christique que l’appel d’Henri Brun.
Mais là ne se borne pas son mérite, dans son livre, " La Foi Nouvelle ", il a donné encore plus brièvement, mais d’une façon précise la définition parfaite de ce qu’est le spiritisme et de ce que l’on peut raisonnablement attendre de l’étude de sa philosophie.
Bien souvent les incrédules posent aux spirites des questions difficiles et il faut à ceux qui doivent répondre donner des explications assez longues, un peu touffues et qui ne sont pas toujours comprises immédiatement.
Avec la définition qui suit, élaborée par Henri Brun, on peut donner, en peu de mots une idée générale du spiritisme. La voici :
" Le Spiritisme nous fait connaître les conditions de vie des habitants de l’Au-delà, les lois qui président à leurs destinées ultra-terrestres : loi de conservation, en vertu de laquelle ils gardent tous les traits essentiels et caractéristiques de leur identité intellectuelle, sentimentale, morale, même physique, leur forme, leur caractère, leurs affections, leurs idées, loi d’action et de réaction en vertu de laquelle ils sont heureux ou malheureux dans la mesure du bien et du mal qu’ils ont fait et de la sorte de bien et du mal qu’ils ont fait ; loi d’évolution, c’est-à-dire à la fois de progrès et de progression, en vertu de laquelle ils sont promus sûrement à des destinées de plus en plus élevées, sous la réserve qu’ils n’y accèdent que graduellement, loi d’adaptation, en vertu de laquelle ils se transportent, ou plutôt sont attirés successivement vers les régions de l’espace ou les modes d’existence que leur assignent leurs mérites, leur corps fluidique (dont la densité varie selon la qualité de l’âme qui l’anime) répondant automatiquement et nécessairement à l’appel des forces magnétiques du plan spirituel – et de celui-là seulement – qui correspond à sa substance ".
On peut compulser bien des documents, étudier diverses philosophies, il sera toujours difficile de trouver quelque chose de plus clair, de plus précis, de plus lumineux, que la définition donnée par Henri Brun.
Nous nous permettons d’ailleurs, d’attirer l’attention sur cette particularité du corps fluidique répondant automatiquement et nécessairement à l’appel des forces magnétiques du plan spirituel. Il y a, en effet dans la grande loi, à la fois d’attraction et de répulsion, toute la gamme infinie des affinités et des états par lesquels chaque être est appelé à passer pour s’approcher de plus en plus de Dieu, cause des causes, sans pourtant jamais l’atteindre.
Henri Brun a écrit aussi que le spiritisme était un grand bienfait pour le cœur car il répond au besoin d’aimer, dans le temps ou le cœur a perdu ce qu’il aime.
A qui pleure la mort d’un être cher, le spiritisme dit : " Console-toi ! Celui ou celle que tu pleures n’est mort qu’en son corps physique et qu’à tes yeux matériels il est vivant, plus vivant que jamais en son corps fluidique et à tes sens spirituels.
Homme il est devenu Esprit ! Et pour être esprit il n’en est pas moins homme il aime – il t’aime comme jamais il ne t’aimera ! Et de la survivance de son être et de la survivance de son amour, il ne tient qu’à toi de recevoir des preuves, car il ne demande qu’à t’en donner.
Peut-être attendras-tu longtemps au gré de ton impatience, car tu ne pourras les obtenir sans l’aide d’un médium – si tu n’es pas médium toi-même – et les médiums véritables ne courent pas les rues !
Mais persévère ! Cherche – et tu finiras par trouver ! Frappe – et l’on finira par t’ouvrir ! Ton cher mort t’annoncera en ce jour qu’il vit toujours, et qu’il t’aime toujours ! Et peut-être auras-tu la chance de recevoir souvent de ses nouvelles !
Mais s’il ne t’est pas donné de recevoir de ses nouvelles garde-toi, oh ! garde-toi d’en conclure que tu ne le verras plus ! S’il se tait c’est qu’il n’a pas encore trouvé moyen de te parler ! Mais il est là.
Il vient souvent près de toi, il y demeure de longs moments il ne s’éloigne de toi que pour un temps et même alors, il ne te perd pas de vue ! Il veille sur toi, t’assiste et te protège. Il te dirige aussi, l’inspire et te conseille.
C’est encore un peu comme s’il ne t’avait pas quitté. Quand la paix descend certain soir sur ta peine qui a gémi tout au long du jour – quand une lueur d’espoir s’allume en la nuit de ton cœur, quand un sursaut d’énergie t’élance hors de l’abîme où tu croyais tomber, quand, sans savoir pourquoi ni comment, tu t’engages sur la route où il se trouve justement que le bonheur t’attend, quand le mot de l’énigme qui te tourmentait jaillit inespérément à tes yeux ravis, quand, à l’instar du poète, tu trouves au coin d’un bois, l’idée, la phrase, le vers qui te fuyaient – sache qu’il peut se faire que celui que tu pleures ne soit pas étranger à ces éclairs de génie et à ces coups de fortune – car il vit de ta vie, car il veille sur toi.
Vous n’êtes séparés que pour un temps ! Un jour viendra où tu iras le rejoindre ! Il t’attend ! Tu le retrouveras tel que tu l’as connu ! Tel que tu l’as aimé ! Oh ! Pense que le jour sera – que le jour ne peut pas ne pas être –où vous serez heureux d’un bonheur que vous n’avez pas connu sur la Terre !
Pense que vos cœurs sont promis l’un à l’autre et que vos destinées ne se disjoindront plus ! Pense qu’un infini de félicité t’attend dans une éternité d’amour ! ".
" Ainsi dit le Spiritisme – et voilà qu’en le cœur qui pleurait la joie rayonne ! Divin miracle du Spiritisme ! ".
" Et s’il est bienfaisant au cœur – s’il répond au besoin d’aimer, le Spiritisme est un grand bienfait pour la conscience ! Le Spiritisme enseigne aux hommes que si la Terre est un séjour d’iniquité – l’au-delà est un séjour de réparation !
Il explique et justifie l’injustice d’en bas, en proclamant la justice d’En Haut ! Ainsi il découvre l’équilibre et l’harmonie de la destinée humaine !
A l’homme qui fait le bien, le spiritisme dit : " Tu seras heureux ". A l’homme qui fait le mal : " Tu seras malheureux ".
Il dit au premier : " Tu seras récompensé d’autant plus là haut que tes bienfaits sont ici-bas, sans récompense ".
Il dit au second : " Tu souffriras d’autant plus là haut, que tes méfaits sont, ici-bas sans châtiment ".
Il dit à l’un : " Tu trouveras là haut, les sortes de joies, les sortes de peine que tu mérites ! Artiste, tu t’épanouiras dans la gloire des harmonies et des douleurs, tu connaîtras de divines extases ".
Il dit à l’autre : " Toi, ivrogne, tu endureras la soif ! Egoïste, tu seras sans amis ! Toi qui négliges de donner de la joie, tu ne recevras nulle joie ! ".
Et il dit aux uns, et il dit aux autres : " Tes joies iront grandissant sans cesse ! Tes peines sans cesse iront décroissant ! Tu ne seras pas dès le premier jour au sommet de la joie… tu ne seras pas pour toujours au fond de la peine ! Il n’y a pas là-haut de joies immuables ! Il n’y a pas là-haut de peines éternelles ! A tous, enfin, il dit un mot – le dernier mot de la justice : " Tu seras là-haut, ce que tu te fais ici-bas !…
Ainsi dit le Spiritisme, et voilà que les consciences en révolte devant l’iniquité humaine… s’apaisent et se réjouissent !… Divin miracle de la Philosophie spirite !…
Et ce qu’elle dit est avant tout – paroles de science – propres à satisfaire les hommes d’aujourd’hui qui ne veulent plus croire sans preuves ! Le spiritisme est un grand bienfait pour l’Esprit, car il satisfait au besoin de savoir et de savoir sur preuves ! Le plus impérieux qui soit en l’esprit des hommes ! Et les preuves qu’il fournit sont les meilleures entre toutes les preuves. Car ce sont des preuves de fait !
La philosophie spirite repose sur des faits. Et ces faits sont innombrables ! Ils sont incontestables ! Dans tous les pays du Monde, le Spiritisme est une science d’observation et d’expérimentation ! Et seuls la dédaignent ceux qui l’ignorent. "
Les hommes dont je viens de retracer les traits essentiels, ont été pendant toute leur existence terrestre les défenseurs, les apôtres du spiritisme, de ce spiritisme merveilleux qui nous fait connaître peu à peu les grandes lois naturelles auxquelles nous devons nous plier si nous voulons progresser réellement et rapidement pour accéder aux mondes heureux, aux mondes supérieurs, où la vie n’est plus un tourment, où les douleurs physiques et morales n’existent plus, où la lumière a définitivement remplacé l’ombre, où la joie pure, sereine, s’épanouit partout, où notre conscience s’éveille dans un ravissement toujours plus grand afin d’apprendre encore pour monter plus haut, vers les Mondes divins.
Il y a quelques mois, j’écrivais dans le journal " La Vie " organe de la Fédération Spirite du Nord, que nous trouvons, tous les jours, des gens qui rougissent de s’avouer spirites et qui sont prêts à renier le spiritisme aussi facilement que Pierre, jadis, renia trois fois le Christ, son Seigneur et son Maître, avant le chant du coq saluant l’aurore.
Nous avons le bonheur, en nous proclamant spirites kardécistes, de pouvoir saluer une aurore nouvelle qui nous apporte, avec la lumière vivifiante, une parcelle de la science divine qui doit nous faire comprendre le pourquoi de la vie et le pourquoi de la mort. Profitons-en pour étendre notre savoir et le faire servir au bien général de toute l’humanité, de cette humanité terrestre, apeurée, angoissée, qui attend l’affranchissement moral pour trouver la stabilité voulue pour poursuivre son ascension vers le Dieu éternel qui rassemblera tous ses enfants dans la gloire de sa toute puissance afin de leur confier les divines missions qui les feront à leur tour des Maîtres et Seigneurs bienfaisants dans les innombrables Mondes de l’espace infini.
Paul Bodier
Un autre livre d'Henri Brun
Les âmes réconciliées
avec un épilogue spirite aux âmes ennemies de Loyson