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« Bientôt, et le temps est proche, on arrivera à démontrer que l’âme humaine peut vivre,
dès cette existence terrestre, en communication étroite et indissoluble avec les entités
immatérielles du monde des Esprits ; il sera acquis et prouvé que ce monde agit
indubitablement sur le nôtre et lui communique des influences profondes dont l’homme
aujourd’hui n’a pas conscience mais qu’il reconnaîtra plus tard ».
KANT.
C’est un phénomène de hantise qui attira l’attention sur les manifestations des Esprits, en Amérique, au 19ème siècle. Des coups, dont personne ne put deviner la cause, se firent entendre pour la première fois en 1846 chez un dénommé Veckmann, habitant la maison d’un petit village appelé Hydesville dans l’Etat de New-York. Rien ne fut négligé pour découvrir l’auteur de ces bruits mystérieux, mais on n’y put parvenir. Six mois plus tard, en 1847, cette famille quitta la maison qui fut alors habitée par un membre de l’Eglise épiscopale méthodiste : M. John Fox et sa famille, composée de sa femme et de ses deux filles, Margaret alors agée de 14 ans et Kate, de 11 ans. La famille Fox était composé de six enfants mais seule Margaret et Kate vivaient alors avec leurs parents.
Pendant trois mois ils y furent tranquilles, puis les coups recommencèrent de plus belle. D'abord c'étaient des bruits très légers, comme si quelqu'un frappait sur le parquet d’une des chambres à coucher, et, à chaque fois, une vibration se faisait sentir sur le parquet ; on la percevait même étant couché. Le sol vibrait si fort que les lits tremblaient et qu’on sentait cette vibration en se tenant debout sur le plancher. Les coups se faisaient entendre sans s’arrêter, il n'y avait plus moyen de dormir dans la maison.
Le 31 mars 1848, madame Fox et ses filles, n'ayant pu dormir pendant la nuit précédente, et harassées de fatigue, se couchèrent de bonne heure, dans la même chambre, espérant ainsi échapper aux manifestations qui se produisaient ordinairement au milieu de la nuit. M. Fox était alors absent. Bientôt les coups recommencèrent, et les deux jeunes filles, réveillées par ce vacarme, se mettent à les imiter en faisant claquer leurs doigts. A leur grand étonnement les coups répondirent à chaque claquement, alors la plus jeune des filles miss Kate voulût vérifier ce fait surprenant ; elle fît un claquement, on entendit un coup, deux, trois, etc., et toujours l'être ou l'agent invisible rendît le même nombre de coups. Sa sœur dit en badinant : « Maintenant faites comme moi, comptez un, deux, trois, quatre, etc., » en frappant chaque fois dans sa main le nombre indiqué. Les coups se suivirent avec la même précision, mais ce signe d'intelligence alarmant la jeune fille, elle cessa bientôt l'expérience.
Mme Fox dit alors : « Compte dix. » L'agent frappa dix fois. La mère posa une série de questions et les réponses données par chiffres, montrèrent la plus grande connaissance de ses propres affaires qu’elle n’en avait elle-même ; car les coups insistaient sur le fait qu’elle avait sept enfants tandis qu’elle protestait n’en avoir mis au monde que six, jusqu’à ce qu’un septième, mort précocement, lui revînt en mémoire. A cette question : « Êtes-vous un homme, vous qui frappez ? » aucune réponse ne vint ; mais à celle-ci « Êtes-vous un Esprit ? » il fut répondu par des coups nets et rapides. On appela une voisine, Mme Redfield ; son amusement se changea en émerveillement puis en terreur au fur et à mesure qu’elle écoutait, elle aussi, les réponses correctes à des questions intimes.
Madame Fox dit alors à son interlocuteur invisible : « Si nous faisions venir les voisins, les coups continueraient-ils à répondre ? » Un coup se fit entendre en signe d'affirmation. Les voisins appelés ne tardèrent pas à venir, comptant découvrir l’invisible frappeur par tous les moyens de surveillance possible ; mais l'exactitude d'une foule de détails ainsi donnés par coups, en réponse aux questions adressées à l'être invisible, sur les affaires particulières de chacun, convainquirent les plus incrédules. Le bruit de ces choses se répandît au loin, et bientôt arrivèrent de tous côtés des prêtres, des juges, des médecins, et une foule de citoyens.
Les voisins accoururent en foule tandis que se répandaient les rumeurs à propos de cette merveille ; les deux enfants furent emmenés par l’un d’eux tandis que Mme Fox allait passer la nuit chez Mme Redfield. En leur absence, le phénomène se poursuivit exactement comme avant, ce qui une fois pour toutes réduit au silence toutes ces théories de craquement d’orteils et de genoux disloqués que des gens parfaitement ignorants des faits réels ont si souvent avancées. Tous les moyens de surveillance furent pratiqués pour découvrir l'invisible frappeur, mais l'enquête de la famille, et celle de tout le voisinage, fut inutile. On ne put découvrir de cause naturelle à ces singulières manifestations.
Les expériences se suivirent, nombreuses et précises. Le dimanche suivant, la maison était pleine à craquer, plus de trois cents personnes étaient présentes à ce moment-là. Les curieux, attirés par ces phénomènes nouveaux, ne se contentèrent plus de demandes et de réponses. L'un d'eux, nommé Isaac Post, eut l'idée de réciter à haute voix les lettres de l'alphabet, en priant l'Esprit de vouloir bien frapper un coup sur celles qui composaient les mots qu'il voulait faire comprendre. De ce jour, la télégraphie spirituelle était trouvée : ce procédé est celui que nous verrons appliquer aux tables tournantes.
Telle fut la première conversation qui eut lieu dans les temps modernes et que l'on ait constatée, entre les êtres de l'autre monde et celui-ci. De cette manière, madame Fox parvint à savoir que l'esprit qui lui répondait, était celui d'un homme qui avait été assassiné dans la maison qu'elle habitait, plusieurs années auparavant, qu'il se nommait Charles B. Rosma, qu'il était colporteur et âgé de trente-un ans, lorsque la personne chez laquelle il logeait le tua pour avoir son argent et l’enterra dans la cave. Des ossements humains furent effectivement trouvé plus tard.
Voilà, dans toute sa simplicité, le début du phénomène qui devait révolutionner le monde entier. Nié par les savants officiels, raillé par la presse des deux mondes, mis à l'index par des religions craintives et jalouses, suspect à la justice, exploité par des charlatans sans vergogne, le spiritisme devait cependant faire son chemin et conquérir des adhérents, dont le chiffre s'élève à plusieurs millions, car il possède cette force plus puissante que tout au monde : la vérité.
L’Esprit engagea les jeunes filles à donner des séances publiques dans lesquelles il convaincrait les incrédules de son existence. La famille Fox alla se fixer à Rochester et, suivant les conseils de leur ami de l'espace, ces jeunes missionnaires n'hésitèrent pas à braver le fanatisme protestant en proposant de se soumettre au plus rigoureux contrôle.
Accusés d'imposture et sommés par les ministres de leur confession de renoncer à ces pratiques, M. et Mme Fox, se faisant un devoir suprême de propager la connaissance de ces phénomènes, qu'ils considéraient comme une grande et consolante vérité utile pour tous, refusèrent de se soumettre et furent chassés de leur Église. Les adeptes qui se réunissaient autour d'eux furent frappés de la même réprobation.
Les conservateurs fanatiques amenèrent la population contre la famille Fox. Les apôtres de la foi nouvelle offrirent alors de faire la preuve publique de la réalité des manifestations devant la population réunie à Corynthial-Hall, la plus grande salle de la ville. On commença par une conférence où furent exposés les progrès du phénomène depuis les premiers jours. Cette communication, accueillie par des huées, aboutit pourtant à la nomination d'une commission chargée d'examiner les faits ; contre l'attente générale, et contre sa conviction propre, la commission fut forcée d'avouer qu'après l'examen le plus minutieux, elle n'avait pu découvrir aucune trace de fraude. Ils ajoutaient que ces coups arrivaient sur les murs et les portes à quelque distance des fillettes, occasionnant des vibrations sensibles. Ils échouèrent entièrement à découvrir aucun moyen par lequel on aurait pu les obtenir.
On nomma aussitôt une seconde commission qui eut recours à des procédés d'investigation encore plus rigoureux ; on fit fouiller et même déshabiller les médiums, par des dames bien entendu, toujours on entendit des rappings (coups frappés dans la table), des meubles en mouvement, des réponses à toutes les questions, même mentales ; pas de ventriloquie, pas de subterfuges, pas de doute possible. Second rapport plus favorable encore que le premier, sur la parfaite bonne foi des spirites et la réalité de l'incroyable phénomène. Il est impossible - dit Mme Hardinge - de décrire l'indignation qui se manifesta à cette seconde déception. Le rapport final déclara que « les bruits étaient entendus et que leur examen complet avait montré de façon décisive qu’ils n’étaient produits ni par un mécanisme ni par ventriloquisme, bien que, sur la nature de l’agent qui les produisait, ils fussent incapables de se prononcer. »
Une troisième commission fut immédiatement choisie parmi les plus incrédules et les plus railleurs. Le résultat de ces investigations, encore plus outrageantes que les deux autres pour les pauvres jeunes filles, tourna plus que jamais à la confusion de leurs détracteurs. Le comité témoigna ensuite que leurs questions, certaines posées mentalement, avaient reçu des réponses correctes.
La foule, exaspérée, convaincue de la trahison des commissaires et de leurs connivences avec les imposteurs, avait déclaré que, si le rapport était favorable, elle lyncherait les médiums et leurs avocats. Les jeunes filles, malgré leur terreur, escortées de leur famille et de quelques amis, ne se présentèrent pas moins à la réunion et prirent place sur l'estrade de la grande salle, tous décidés à périr, s'il le fallait, martyrs d'une impopulaire mais indiscutable vérité.
La lecture du rapport fut faite par un membre de la commission qui avait juré de découvrir le truc, mais il dut avouer que la cause des coups frappés, malgré les plus minutieuses recherches, lui était inconnue. Aussitôt eut lieu un tumulte effroyable : la populace voulut lyncher les jeunes filles, et elles l'eussent été sans l'intervention d'un quaker, nommé Georges Villets, qui leur fit un rempart de son corps et ramena la foule à des sentiments plus humains.
On voit, par ce récit, que le Spiritisme fut étudié sévèrement dès son début. Ce ne sont pas seulement des voisins, plus ou moins ignorants, qui constatent un fait inexplicable, mais des commissions, régulièrement nommées, qui, après enquêtes minutieuses, sont obligées de reconnaître l'authenticité absolue du phénomène. Des tentatives pour démasquer des fraudes dans les phénomènes eurent lieu régulièrement. Il est à noter que cet événement, qui est à la naissance du spiritisme, est sujet à de nombreuses déformations et désinformations de la part des opposants au spiritisme. Ainsi le Jésuite Lucien Roure, dans son ouvrage « Le merveilleux spirite » prétend que personne ne s’était posée la question de savoir si le phénomène était dû à la supercherie et il laisse même insinuer que ceux-ci étaient produits par le jeu de l’orteil ou de la cheville ! D’autres iront jusqu’à dire que la plus jeune des filles était ventriloque ! Ces affirmations gratuites, sans fondements, ne peuvent expliquer les effets des phénomènes constatés, et leur authenticité affirmée par des commission hostiles et fanatiques.
A Noter :
Les coups frappés avaient commencé avant l’arrivée des sœurs Fox. Nulle suggestion ne peut expliquer ce phénomène puisque le spiritisme n’est pas encore né. Nulle manifestation inconsciente ne peut non plus expliquer ce phénomène : on retrouve les ossements de l’Esprit qui se communique conformément à ses dires. Les phénomènes furent dès le début soumis à la plus sévère critique et en ressortirent authentiques.
Pour en savoir plus :
Histoire du Spiritisme de Arthur Conan Doyle. (chap. IV, l’épisode d’Hydesville) Le Phénomène spirite de Gabriel Delanne. (1ère partie, chap. II) Le Spiritisme devant la Science de Gabriel Delanne. (3ème partie, chap. I, historique) Dans l’invisible de Léon Denis. (2ème partie, chap. XVI) Le Spiritisme du Dr Paul Gibier. (1ère partie, chap. III) La Revue Spirite 1998 - n° 36, p.39 et 37, p.22 (L’histoire des sœurs Fox)
L’histoire des sœurs Fox se répandit rapidement, et de toutes parts eurent lieu des manifestations par le biais de ce qu’on appelait alors la télégraphie spirituel. On se lassa bientôt d'un procédé aussi incommode, et les frappeurs indiquèrent eux-mêmes un mode nouveau de communication. Il fallait simplement se réunir autour d'une table, poser dessus les mains, et en se soulevant, la table frapperait un coup, pendant qu'on réciterait l'alphabet, sur chacune des lettres que l'esprit voudrait donner. Ce procédé, bien que très lent, produisit d'excellents résultats, et l'on eut ainsi les tables tournantes et parlantes.
Il faut dire que la table ne se bornait pas à se lever sur un pied pour répondre aux questions qu'on lui posait, elle s'agitait en tous sens, tournait sous les doigts des expérimentateurs, quelquefois s'élevait dans les airs, sans que l'on pût voir de force la tenant ainsi suspendue. D'autres fois les réponses étaient faites au moyen de petits coups, qu'on entendait dans l'intérieur du bois. Ces faits étranges attirèrent l'attention générale et bientôt la mode des tables tournantes envahit l'Amérique entière.
La table enseigna à nouveau un procédé plus prompt. Sur ses indications, on adapta à une planchette triangulaire trois pieds munis de roulettes, et à l’un d’eux, on attacha un crayon, puis on mit l’appareil sur une feuille de papier, et le médium posa les mains sur le centre de cette petite table. On vit alors le crayon tracer des lettres, puis des phrases, et bientôt cette planchette écrivit avec rapidité et donna des messages. Plus tard encore, on s’aperçut que la planchette était tout à fait inutile, et qu’il suffisait au médium de poser simplement sa main armée d’un crayon, sur le papier, et que l’esprit la faisait agir automatiquement.
A côté des personnes légères qui passaient leur temps à interroger les esprits sur leurs problèmes de vie amoureuse, ou sur un objet perdu, de graves esprits, des savants, des penseurs, attirés par le bruit qui se faisait autour de ces phénomènes, résolurent de les étudier scientifiquement, pour mettre leurs concitoyens en garde contre ce qu'ils appelaient une folie contagieuse. En 1856, le juge Edmonds, jurisconsulte éminent qui jouit d'une autorité incontestée dans le Nouveau Monde, publia un ouvrage sur des recherches qu’il avait entreprises avec l’idée de démontrer la fausseté des phénomènes spirites ; le résultat final fut diamétralement opposé et le juge Edmonds reconnu la réalité de ces surprenantes manifestations. Le professeur Mapes qui enseignait la chimie à l'Académie nationale des États-Unis, se livra à une investigation rigoureuse qui aboutit, comme la précédente, à une constatation motivée, d'après laquelle les phénomènes étaient bien dus à l'intervention des esprits. Mais ce qui produisit le plus grand effet, ce fut la conversion aux idées nouvelles du célèbre Robert Hare, professeur à l'université de Pensylvannie, qui expérimenta scientifiquement le mouvement des tables et consigna ses recherches, en 1856, dans un volume intitulé : Expérimental investigations of the spirit manifestation.
Dès lors, la bataille entre les incrédules et les croyants s'engagea à fond. Des écrivains, des savants, des orateurs, des hommes d'église, se jetèrent dans la mêlée, et pour donner une idée du développement pris par la polémique, il suffit de rappeler que déjà, en 1854, une pétition signée de 15000 noms de citoyens, avait été présentée au congrès siégeant à Washington pour le prier de nommer une commission chargée d'étudier le « modern spiritualism » (c'est le nom que l'on donne en Amérique au spiritisme). Cette demande fut repoussée par l'assemblée, mais l'élan était donné et l'on vit surgir des sociétés qui fondèrent des journaux où se continua la guerre contre les incrédules.
En 1852, le 1er Congrès « Spirite » (le mot n’était pas encore inventé) eut lieu à Cleveland. Les spirites américains envoyèrent à la suite du Congrès des médiums dans la vieille Europe. On fit tourner les tables en France dès 1853. Il n'était question dans toutes les classes de la société que de cette nouveauté ; on ne s'abordait guère sans la question sacramentelle : « Eh bien ! Faites-vous tourner les tables ? » Puis, comme tout ce qui est de mode, après un moment de faveur, les tables cessèrent d'occuper l'attention, qui se porta sur d'autres objets. Cette manie de faire tourner les tables eut néanmoins un résultat important, ce fut de faire réfléchir beaucoup de personnes sur la possibilité des rapports entre morts et vivants.
En 1854, on comptait alors plus de 3.000.000 d’adeptes en Amérique et une dizaine de milliers de médiums. Les adeptes devinrent également nombreux en France, mais il manquait encore une véritable explication, théorique et pratique, de l’étrange phénomène. C’est à ce moment qu’Allan Kardec qui s’intéressait depuis une trentaine d’années aux phénomènes dits du magnétisme animal, de l’hypnotisme et du somnambulisme, et qui ne voyait dans le nouveau phénomène qu’un « conte à dormir debout » assista à plusieurs séances spirites, afin d’étudier de près le bien fondé de ces apparitions. Loin d’être un enthousiaste de ces manifestations, et absorbé par ses autres occupations, il fut sur le point de les abandonner lorsque des proches lui remirent cinquante cahiers de communications diverses reçues depuis cinq ans et lui demandèrent de les synthétiser : ainsi naquit le Livre des Esprits. André Moreil écrira qu’en étudiant par la méthode positiviste et en codifiant le spiritisme, « Allan Kardec l’a sauvé du danger d’être une simple fantaisie, un amusement de salon. »
A Noter :
Les tables étaient mus par une force intelligente. Cette intelligence se désignait elle-même sous le nom d’ « Esprit ». La mode des « Tables Dansantes » eut pour effet de faire réfléchir de nombreuses personnes et de développer considérablement l’idée nouvelle. Allan Kardec lui-même était au début très sceptique vis-à-vis des phénomènes spirites.
Pour en savoir plus :
Le Livre des Esprits d’Allan Kardec. (introduction, III à V) Allan Kardec, sa vie, son œuvre d’André Moreil. (chap. II) Histoire du Spiritisme de Arthur Conan Doyle. (chap. VI, premiers progrès…)
La médiumnité a toujours existé, car l’homme a toujours été esprit. Ainsi les communications avec les Esprits ont eu lieu à toutes les époques et dans des contrées diverses. Si les phénomènes de hantise vécus par la famille Fox au 19ème siècle ont donné naissance à l’étude du spiritisme et à sa codification, les faits médiumniques sont aussi anciens que l’apparition de l’homme et les phénomènes de hantise ont été observé depuis toujours
En Inde, on retrouve dans les Védas, le plus ancien code religieux que l’on connaisse, paru plusieurs milliers d’année avant Jésus-Christ, l’existence des Esprits, le grand législateur Manou s’exprime ainsi : « Les Esprits des ancêtres, à l’état invisible, accompagnent certains Brahmes ; sous une forme aérienne, ils les suivent et prennent place à côté d’eux lorsqu’ils s’asseyent. » (Manou, Slocas, 187, 188, 189).
Un autre auteur hindou déclare : « Que longtemps avant qu’elles se dépouillent de leur enveloppe mortelle, les âmes qui n’ont pratiqué que le bien acquièrent la faculté de converser avec les âmes qui les ont précédées. »
En Chine, on se livre depuis des temps immémoriaux à l’évocation des esprits des ancêtres.
En Egypte, les magiciens des pharaons accomplissent des prodiges qui sont racontés dans la Bible ; en laissant de côté ce qu’il peut y avoir de légendaire dans ces récits, il est bien certain qu’ils évoquaient les morts, puisque Moïse, leur disciple, défend formellement aux Hébreux de se livrer à ces pratiques : « Que, parmi vous, personne n’use de sortilège et d’enchantements ou n’interroge les morts pour apprendre la vérité. » (Deutéronome).
Chez les hébreux, malgré cette défense de Moïse, nous voyons Saül aller consulter la pythonisse d’Endor et, par son intermédiaire, communiquer avec l’ombre de Samuel. De plus, il y eut toujours des chercheurs qui furent tentés par ces évocations mystérieuses : ils se communiquaient les uns aux autres une doctrine secrète, qu’ils nommaient la Kabbale.
En Grèce, la croyance aux évocations était générale. Les temples possédaient tous des femmes nommées pythonisses, chargées de rendre des oracles en évoquant les dieux. Homère, dans l’Odyssée, décrit minutieusement par quelles cérémonies Ulysse put converser avec l’ombre du devin Tirésias. Apollonius de Thyane, savant philosophe pythagoricien et thaumaturge d’une grande puissance, possédait des connaissances très étendues sur les sciences occultes ; sa vie fourmille de faits extraordinaires ; il croyait fermement aux Esprits et à leurs communications possible avec les vivants.
Chez les Romains, les pratiques d’évocation étaient excessivement répandues, et, depuis la fondation de l’empire, le peuple ajoutait la plus grande foi aux oracles. Les sibylles romaines évoquant les morts, interrogeant les Esprits sont sans cesse consultées par les généraux, et nulle entreprise un peu importante n’est décidée sans qu’on ait au préalable pris l’avis de ces prêtresses.
Si nous en croyons Tertullien, le Spiritisme s'exerçait chez les anciens par les mêmes moyens qu'aujourd'hui : « S'il est donné, dit-il, à des magiciens de faire apparaître des fantômes, d'évoquer les âmes des morts, de pouvoir forcer la bouche des enfants à rendre des oracles, si ces charlatans contrefont un grand nombre de miracles, s'ils envoient des songes, s'ils ont à leurs ordres des Esprits messagers et des démons par la vertu desquels les chèvres et les tables qui prophétisent sont un fait vulgaire, avec quel redoublement de zèle ces esprits puissants ne s'efforcent-ils pas de faire pour leur propre compte ce qu'ils font pour le service d'autrui. »
À l'appui des affirmations de Tertullien, on peut citer un passage d'Ammien Marcellin, au sujet de Patricius et d'Hilarius traduits devant un tribunal romain pour crime de magie, qui se défendirent en racontant « qu'ils avaient fabriqué, avec des morceaux de laurier, une petite table (mensulam) sur laquelle ils avaient placé un bassin circulaire, fait de plusieurs métaux, et contenant un alphabet gravé sur les bords. Alors, un homme vêtu de lin, après avoir récité une formule et fait une évocation au dieu de la divination, tenait suspendu au-dessus du bassin un anneau en fil de lin très fin et consacré par des moyens mystérieux. Que l’anneau sautant successivement, mais sans confusion, sur plusieurs des lettres gravées et d’arrêtant sur chacune, formait des vers parfaitement réguliers, qui étaient les réponses exactes aux questions posées. » Hilarius ajouta : « Un jour, ils avaient demandé qui succéderait à l’empereur actuel, et, l’anneau, ayant sauté, donné les syllabes Théo. Ils n’en demandèrent pas davantage, persuadés que ce serait Théodore. » Mais les faits, dit Ammien Marcellin, démentirent plus tard les magiciens, mais non la prédiction, ce dut Théodose.
En Gaule, les Druides communiquaient avec le monde invisible, mille témoignages l’attestent. On évoquait les morts dans les enceintes de pierre. Les Druidesses et les Bardes rendaient des oracles. Plusieurs auteurs rapportent que Vercingétorix s’entretenait avec les âmes des héros morts pour la patrie. Avant de soulever la Gaule contre César, il se rendit dans l’île de Sein, antique demeure des Druidesses. Là, un génie lui apparut et lui prédit sa défaite et son martyre.
Chez les premiers chrétiens, on retrouve dans les Actes des Apôtres de nombreuses indications quant à la communications avec les esprits des morts. Saint Paul dans sa première épître aux Corinthiens, décrits sous le nom de dons spirituels, tous les genres de médiumnité. Il se déclare instruit directement par l’Eglise de Jésus dans la vérité évangélique. On attribuait parfois ces inspirations aux mauvais Esprits, à ce que certains appelaient l’Esprit de Python : « Mes bien-aimés, disait Jean, ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez si les esprits sont de Dieu. »
Les pratiques spirites furent en usage pendant plusieurs siècles. Presque tous les philosophes alexandrins, Philon, Ammonius Saccas, Plotin, Porphyre, Arnobe, se disent inspirés par des génies supérieurs ; saint Grégoire thaumaturge reçoit les symboles de la foi de l’Esprit de Saint Jean. Saint Augustin, le grand évêque d’Hippone, dans son traité De Curâ pro mortuis, parle des manifestations occultes et ajoute : « Pourquoi ne pas attribuer ces opérations aux esprits des défunts et ne pas croire que la divine Providence fait un bon usage de tout pour instruire les hommes, les consoler, les épouvanter ? »
Au Moyen-âge, les persécutions de l’Eglise envers les « hérétiques » étouffèrent la communication avec le monde invisible mais la tradition se conserva : on peut la suivre dans l’histoire avec les noms de Paracelse, Cornélius Agrippa, Swedenborg, Jacob Boehm, Martinez Pascalis, le comte de Saint-Germain, Saint-Martin, les possédés de Loudun, les trembleurs des Cévennes et les crisiaques du cimetière Saint-Médard.
Aucun témoignage de l’intervention des Esprits dans la vie des peuples n’est comparable à l’histoire touchante de la vierge de Domrémy. Au début du XVème siècle, la France agonisait sous le pied de fer des Anglais. A l’aide d’une jeune fille, d’une enfant de dix-huit ans, les puissances invisibles raniment un peuple démoralisé, réveillent le patriotisme éteint, enflamment la résistance et sauvent la France de la mort. Jeanne n’agit jamais sans consulter ses voix, et, soit sur les champs de bataille, soit devant ses juges, toujours celles-ci inspirent ses paroles et ses actes.
De plus on retrouve la communication avec les Esprits à travers les « sorciers » ou les « chamans » chez de nombreux peuples d’Amérique, d’Asie, d’Océanie et d’Afrique.
A Noter :
Les manifestations des Esprits ont toujours existé, dans des pays et des époques différentes. Les manifestations des Esprits sont à la base des religions.
Pour en savoir plus :
Après la Mort de Léon Denis. (1ère partie, la Doctrine secrète) Le phénomène spirite de Gabriel Delanne. (1ère partie, chap. I) Le Spiritisme du Dr Paul Gibier. (1ère partie, chap. IV) Le Spiritisme qu’en savons-nous ? de l’U.S.F.F. (2ème édition, page 59) Histoire du spiritualisme expérimental de César de Vesme.
Bien que le Spiritisme ait toujours existé et soit à l’origine de nombreux phénomènes inexpliqués dans l’histoire, il faudra attendre le 19ème siècle pour que celui-ci soit codifié par Allan Kardec qui a appliqué aux phénomènes spirites la méthode expérimentale. Le Spiritisme n’a pas été fondé sur la pensée préconçue de l’existence des Esprits, Allan Kardec est parti d’un point de vue matérialiste, et, ce point de vue étant impuissant à tout expliquer, l’observation l’a conduit à la cause spirituelle : l’Esprit.
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« De même qu'il y a un corps animal,
il y a un corps spirituel. »
Saint Paul.
(Epître aux Corinthiens)
Dans leur négation de l'existence de l'âme, les matérialistes ont souvent argué de la difficulté de concevoir un être privé de forme. Les spiritualistes, eux-mêmes, ne s'expliquaient pas comment l'âme, immatérielle, impondérable, pouvait s'unir étroitement et commander au corps matériel, de nature essentiellement différente. Ces difficultés ont trouvé leur solution dans les expériences du spiritisme.
Les phénomènes spirites ont démontré que l'âme est immortelle, c'est-à-dire que lorsque le corps qu'elle habitait pendant son passage sur la terre est détruit, elle n'est pas atteinte par ce changement, elle conserve son individualité et peut encore manifester sa présence par des interventions physiques. Ici se dresse une difficulté. Comment faire comprendre l'action de l'âme sur le corps ?
Suivant la philosophie et suivant les Esprits, l'âme est immatérielle, autrement dit, elle n'a aucun point de contact avec la matière que nous connaissons. On ne peut concevoir que l'âme ait des propriétés analogues à celles des corps de la nature, puisque la pensée qui en est l'image, l'émanation, échappe à toute mesure, à toute analyse physique ou chimique. Mais faut-il prendre le mot immatériel dans son sens absolu ? Non, car l'immatérialité véritable serait le néant ; mais cette âme constitue un être dont l'existence est telle que rien ici-bas ne saurait en donner une idée.
Le mot immatériel signifie qu'aucun état de la matière, telle que nous la connaissons, ne peut nous faire comprendre celui de l'âme.
Nous constatons dans l'homme l'alliage de ces deux éléments : le corps et l'âme. Ils sont unis d'une manière intime et réagissent l'un sur l'autre, ainsi que le démontre le témoignage journalier des sens et de la conscience. D'après ce que nous avons dit de l'âme, il semble qu'il y ait contradiction, mais elle est plus apparente que réelle, car l'homme n'est pas formé seulement du corps et de l'âme, mais encore d'un troisième principe intermédiaire entre l'un et l'autre appelé périsprit, c'est-à-dire enveloppe de l'esprit.
La nécessité de ce médiateur va être comprise de suite en mettant en parallèle la spiritualité de l'âme avec la matérialité du corps.
L'âme est immatérielle parce que les phénomènes produits par elle ne peuvent se comparer à aucune propriété de la matière. La pensée, l'imagination, le souvenir n'ont ni forme, ni couleur, ni dureté, ni malléabilité ; ces productions de l'esprit ne sont astreintes à aucune loi régissant le monde physique, elles sont purement spirituelles et ne peuvent ni se mesurer, ni se peser. L'âme échappe par sa nature à la destruction, puisqu'elle se manifeste dans toute sa plénitude après la désagrégation du corps, donc l'âme est immatérielle et immortelle.
Le corps est cette enveloppe du principe pensant, que nous voyons naître, croître et mourir. Les éléments qui le composent sont tirés de la matière qui forme notre globe. Lorsqu'ils ont, pendant un certain temps, séjourné dans l'organisme, ils cèdent la place à d'autres qui viennent les remplacer. Ces opérations se renouvellent jusqu'à la mort de l'individu ; alors les atomes qui composaient en dernier lieu le corps humain sont repris par la circulation de la vie et entrent dans d'autres combinaisons, en vertu de cette grande loi que rien ne se crée et que rien ne se perd dans la nature.
Le corps et l'âme sont donc essentiellement distincts : l'un remarquable par ses transformations incessantes, l'autre par l'immuabilité de son essence. Ils présentent des qualités radicalement opposées, et cependant nous constatons qu'ils vivent dans une harmonie parfaite et exercent des influences réciproques. La haine, la colère, la pitié, l'amour se reflètent sur le visage et impriment un caractère particulier à la physionomie. Dans les émotions violentes, c'est tout l'organisme qui est troublé : une joie subite ou une douleur imprévue peuvent déterminer des ébranlements tels que la mort s'ensuive. L'imagination agit aussi sur le physique avec une grande violence : c'est ce que démontrent les ouvrages de médecine qui traitent cette question, de sorte que, d'une part, ces effets étant bien constatés, d'autre part, l'âme étant immatérielle, le problème de leur action mutuelle est resté insoluble pour les philosophes.
Des nombreuses observations faites dans le monde entier, il résulte que l'homme est formé par la réunion de trois principes :
- 1° l'âme ou esprit, cause de la vie psychique ;
- 2° le corps, enveloppe matérielle à laquelle l'âme est temporairement associée pendant son passage sur la terre ;
- 3° le périsprit, substratum fluidique servant de lien entre l'âme et le corps, par l'intermédiaire, de l'énergie vitale. C'est de l'étude de cet organe que résultent des connaissances nouvelles qui nous permettent d'expliquer les rapports de l'âme et du corps ; l'idée directrice qui préside à la formation de tout individu vivant ; la conservation du type individuel et, spécifique, malgré les changements perpétuels de la, matière ; enfin le mécanisme si compliqué de la machine vivante.
La mort est la désagrégation de l'enveloppe charnelle, de celle que l'âme abandonne en quittant la terre ; le périsprit suit l'âme à laquelle il est toujours attaché. Il est formé par de la matière dans un état de raréfaction extrême. Ce corps éthéré, invisible pour nous à l'état normal, existe donc pendant la vie terrestre. C'est l'intermédiaire par lequel passent les sensations physiques perçues par le moi, et c'est par cet intermédiaire que l'esprit peut témoigner, à l'extérieur, de son état mental.
On a dit que l'esprit est une flamme, une étincelle, etc., ceci doit s'entendre de l'esprit proprement dit, comme principe intellectuel et moral, auquel on ne saurait attribuer une forme déterminée ; à quelque degré qu'il se trouve dans l'animalité ou l'humanité, il est toujours intimement associé au périsprit, dont l'éthérisation est en raison de son avancement moral. De sorte que, pour nous, l'idée d'esprit est inséparable de celle d'une forme quelconque, et que nous ne concevons pas l'un sans l'autre. " Le périsprit fait donc partie intégrante de l'esprit, comme le corps fait partie intégrante de l'homme mais le périsprit seul n'est pas plus l'esprit que le corps seul n'est l'homme, car le périsprit ne pense pas, n'agit pas seul, il est à l'esprit ce que le corps est à l'homme ; c'est l'agent ou l'instrument de son action ".
L'âme, pendant la vie corporelle comme après la mort, est constamment revêtue d'une enveloppe fluidique, plus ou moins subtile ou éthérée : le périsprit, ou corps spirituel. Le périsprit sert de lien entre le corps et l'âme ; il transmet à celle-ci les impressions des sens et communique au corps les volontés de l'esprit. Au moment de la mort, il se détache de la matière tangible, abandonne le corps aux décompositions de la tombe, mais, inséparable de l'âme, il demeure la forme extérieure de sa personnalité.
Le périsprit est donc un organisme fluidique ; c'est la forme préexistante et survivante de l'être humain, le substratum sur lequel se modèle l'enveloppe charnelle, comme un vêtement invisible, formé d'une matière quintessenciée, qui pénètre tous les corps, quelque impénétrables qu'ils nous paraissent.
La matière grossière, incessamment renouvelée par la circulation vitale, n'est pas la partie stable et permanente de l'homme. C'est le périsprit qui assure le maintien de la structure humaine et des traits de la physionomie, et cela à toutes les époques de la vie, de la naissance à la mort. Il joue ainsi le rôle d'un moule compressible et expansible, sur lequel la matière terrestre s'incorpore.
Ce corps fluidique n'est cependant pas immuable ; il s'épure et s'ennoblit avec l'âme ; il la suit à travers ses incarnations sans nombre, monte avec elle les degrés de l'échelle hiérarchique, devient de plus en plus diaphane et brillant, pour resplendir un jour de cette lumière éclatante dont parlent les Bibles antiques et les témoignages de l'histoire touchant certaines apparitions.
L'élévation des sentiments, la pureté de la vie, les élans vers le bien et l'idéal, les épreuves et les souffrances patiemment endurées, affinent de plus en plus le périsprit, en étendent, en multiplient les vibrations. Comme une action chimique, ils en consument les particules grossières et ne laissent subsister que les plus subtiles.
A Noter :
L'être incarné est composé de trois éléments : le corps physique, l'âme et le périsprit (appelé aussi corps spirituel). Les Esprits ne sont pas immatériels, ils sont composés d'une âme et du même périsprit que les êtres vivants, qui est semi-matériel.
Pour en savoir plus :
L'âme est immortelle de Gabriel Delanne (3e partie, ch. I, Etude du périsprit) Le Spiritisme devant la science de Gabriel Delanne (4e partie, ch. I, Qu'est-ce que le périsprit ?) Le Spiritisme devant la science de Gabriel Delanne (4e partie, ch. III, Le périsprit - sa composition) Le Livre des Esprits d'Allan Kardec (Livre II, ch. I, périsprit) La Réincarnation de Gabriel Delanne (ch. II, Les propriétés du périsprit) Après la mort de Léon Denis (3e partie, ch. XXI, Le périsprit ou corps fluidique) Revue Spirite 1861 page 148 (Evocation du Dr Glas)
Voici plusieurs exemples :
La voyante de Prévorst.
En Allemagne, bien avant la mode des Tables Tournantes et la codification spirite, Mme Friedrike Hauffe (1801-1829), connu sous le nom de " voyante de Prevorst " était capable de voir les Esprits. Gravement malade, elle fut suivi par le Dr Kerner qui écrivit sa biographie. Celui-ci fit plusieurs enquêtes pour s'assurer de la réalité de ces esprits, perceptibles seulement pour la voyante.
On peut citer les faits suivants :
- Un fantôme de femme, portant dans ses bras un enfant, se montra à Mme Hauffe plusieurs fois. Comme ce fut le plus souvent, dans sa cuisine, elle fit lever quelques dalles, et l'on trouva, à une assez grande profondeur, le cadavre d'un enfant.
- A Weinsperg, l'âme d'un teneur de livres, qui avait commis quelques infidélités pendant sa vie, la vint prier, en redingote noire râpée, de dire à. sa veuve de ne pas cacher davantage les livres dans lesquels se trouvaient ses fausses écritures et lui indiqua les endroits où ils étaient, pour qu'elle les dénonçât à la justice. Elle obéit. A l'aide de ces livres, quelques torts du mort furent réparés.
- A Lenach, ce fut l'âme d'un bourgmestre nommé Bellon, mort en 1740, à l'âge de soixante-dix-neuf ans, qui vint lui demander des conseils pour échapper à la persécution de deux orphelins. Elle lui donna ces conseils, et après six mois l'âme ne revint plus. On trouve cette mort mentionnée dans les registres de la paroisse de Lenach, avec une note portant que le bourgmestre avait fait tort à plusieurs enfants dont il était tuteur.
Evocation du Dr Glas (Revue spirite, année 1861, page 148)
Les demandes sont faites par Allan Kardec, les réponses sont données par un médium écrivain.
D. - Faites-vous une distinction entre votre esprit et votre périsprit, et quelle différence établissez-vous entre ces deux choses ?
R. - Je pense, donc je suis et j'ai une âme comme a dit un philosophe : je n'en sais pas plus que lui sur ce point. Quant au périsprit, c'est une forme, comme vous le savez, fluidique et naturelle ; mais chercher l'âme, c'est vouloir chercher l'absolu spirituel.
D. - Croyez-vous que la faculté de penser réside dans le périsprit ; en un mot, que l'âme et le périsprit soient une seule et même chose ?
R. - C'est absolument comme si vous me demandiez si la pensée réside dans notre corps ; l'un se voit, l'autre se sent et se conçoit.
D. - Vous êtes ainsi non un être vague et indéfini, mais un être limité et circonscrit ?
R. - Limité, oui, mais rapide comme la pensée.
D. - Veuillez préciser la place où vous êtes ici ?
R. - A votre gauche et à la droite du médium.
Nota. - M. Allan Kardec se met à la place même indiquée par l'esprit.
D. - Avez-vous été obligé de quitter votre place pour me la céder ?
R. - Du tout ; nous passons à travers tout, comme tout passe à travers nous, c'est le corps spirituel.
D. - je suis donc placé dans vous ?
Oui. Pourquoi donc est-ce que je ne vous sens pas ?
R. - Parce que les fluides qui composent le périsprit sont trop éthérés, pas assez matériels pour vous ; mais par la prière, la volonté, la foi en un mot, les fluides peuvent devenir plus pondérables, plus matériels, et affecter même le toucher, ce qui arrive dans les manifestations physiques.
Remarque. - Supposons un rayon lumineux pénétrant dans un endroit obscur ; on peut le traverser, s'y plonger, sans en altérer la forme ni la nature ; quoique ce rayon soit une sorte de matière, elle est si raréfiée qu'elle ne fait aucun obstacle au passage de la matière plus compacte.
Il était évident que la meilleure manière de savoir si les Esprits ont un corps était de le leur demander. Or jamais, depuis que l'on évoque, on n'a constaté que les désincarnés aient fait une réponse négative. Tous affirment que leur enveloppe périspritale a autant de réalité pour eux que notre corps physique en a pour nous. C'est donc un point établi par le témoignage unanime de tous ceux qui ont été interrogés. Ceci explique et confirme les visions des somnambules et des médiums. Arrivons à cet ordre de témoignages qui font tout à fait sortit le périsprit des conceptions purement philosophiques, pour lui donner une existence positive.
Goethe
Wolfgang von Goethe se promenait un soir d'été pluvieux avec son ami K.... revenant avec lui du Belvédère à Weimar. Tout à coup le poète s'arrête, comme devant une apparition, et allait lui parler. - K... ne se doutait de rien. - Soudainement Goethe s'écria : " Mon Dieu ! si je n'étais sûr que mon ami Frédéric est en ce moment à Francfort, je jurerais, que c'est lui ! ... " Ensuite il poussa un formidable éclat de rire : - " Mais c'est bien lui... mon ami Frédéric !... Toi, ici à Weimar ?... Mais au nom de Dieu, mon cher, comme te voilà fait... habillé de ma robe de chambre... avec mon bonnet de nuit... avec mes pantoufles aux pieds... ici sur la grande route ?..." K.... comme je viens de le dire plus haut, ne voyait absolument rien de tout ceci, et s'épouvanta, croyant le poète atteint subitement de folie. Mais Goethe préoccupé seulement de sa vision s'écria en étendant les bras : " Frédéric ! ou es-tu passé... grand Dieu ? mon cher K... n'avez-vous pas remarqué, où a passé la personne que nous venons de rencontrer ? " - K... stupéfait, ne répondait rien. Alors le poète tournant la tête de tous les côtés, s'écria, d'un air rêveur : "Oui ! je comprends... c'est une vision… cependant quelle peut être la signification de tout cela ?… mon ami serait-il mort subitement ?… serait-ce donc son esprit ? ... "
Là-dessus Goethe rentra chez lui, et trouva Frédéric à la maison... Les cheveux se dressèrent sut sa tête: " Arrière, fantôme ! " s'écria-t-il en reculant, pâle comme un mort. - " Mais, mon cher, est-ce là l'accueil que tu fais à ton plus fidèle ami ?…" - " Ah ! cette fois s'écria le poète en riant et pleurant à la fois, ce n'est pas un esprit, c'est un être " de chair et d'os ", et les deux amis s'embrassèrent avec effusion.
Frédéric était arrivé au logis de Goethe trempé par la pluie et s'était revêtu de vêtements secs du poète ; ensuite il s'était endormi dans son fauteuil et avait rêvé qu'il allait à la rencontre de Goethe, et que celui-ci l'avait interpellé avec ces paroles : " Toi ici à Weimar ?... quoi... avec ma robe de chambre... mon bonnet de nuit... et mes pantoufles, sur la grande route ? ... " - De ce jour le grand poète crut en une vie après la vie terrestre.
Dédoublement du corps
L'Histoire générale de l'Eglise, par Y. le baron Henrion (Paris, 1851, tome II, page 272) (1), raconte ainsi qu'il suit le fait miraculeux arrivé à Alphonse de Liguori :
Dans la matinée du 21 septembre 1774, Alphonse, après avoir dit la messe, se jeta dans son fauteuil ; il était abattu et taciturne, et sans faire le moindre mouvement, sans articuler un seul mot de prière, ni adresser jamais la parole à personne, il resta dans cet état tout le jour et toute la nuit suivante ; durant ce temps il ne prit aucune nourriture, et on ne vit pas qu'il désirât aucun service autour de sa personne. Les domestiques, qui s'étaient d'abord aperçus de sa situation, se tenaient à portée de sa chambre, mais ils n'osaient entrer.
Le 22, au matin, ils reconnurent qu'Alphonse n'avait pas changé d'attitude, et ils ne savaient plus ce qu'il fallait en penser ; ils craignaient que ce ne fût autre chose qu'une extase prolongée. Cependant, quand l'heure est un peu plus avancée, Liguori agite la sonnette pour annoncer qu'il veut célébrer la sainte messe.
A ce signe, ce n'est pas seulement le frère laïque chargé de le servir à l'autel, mais toutes les personnes de la maison, et d'autres étrangères, qui accourent avec empressement. Le prélat demande, avec un air de surprise, pourquoi tant de monde. On lui répond qu'il y a deux jours qu'il ne parle ni ne donne aucun signe de vie. " C'est vrai, répliqua-t-il, mais vous ne savez pas que j'ai été assister le pape qui vient de mourir. "
Une personne qui avait entendu cette réponse, alla, le jour même, la porter à Sainte-Agathe ; elle s'y répandit aussitôt comme à Arienzo, ou résidait Alphonse. On crut que ce n'était là qu'un songe, mais on ne tarda pas à avoir la nouvelle de la mort de Clément XIV, qui avait passé à une autre vie le 22 septembre, précisément à sept heures du matin, au, moment même où Liguori avait repris ses sens.
L'historien des papes, Novaès, fait mention de ce miracle en racontant la mort de Clément XIV. Il dit que le souverain Pontife avait cessé de vivre le 22 septembre 1774, à sept heures du matin (la treizième heure pour les Italiens), assisté des généraux des Augustins, des Dominicains, des Observantins et des Conventuels, et, ce qui intéresse encore davantage, assisté miraculeusement par le bienheureux Alphonse de Liguori, quoique éloigné de corps, ainsi qu'il résulte du procès juridique du susdit bienheureux, approuvé par la. Sacrée Congrégation des Rites.
On peut citer des cas analogues pour saint Antoine de Padoue, saint François-Xavier et surtout Marie d'Agréda dont les dédoublements se produisirent pendant plusieurs années.
Pour en savoir plus :
L'âme est immortelle de Gabriel Delanne (1ere partie, ch. II, Etude de l'âme par le magnétisme) L'âme est immortelle de Gabriel Delanne (1ere partie, ch. III, Témoignages des médiums et des Esprits en faveur de l'existence du périsprit) L'âme est immortelle de Gabriel Delanne (1ere partie, ch. IV, Le dédoublement de l'être humain) L'âme est immortelle de Gabriel Delanne (1ere partie, ch. V, Le corps fluidique après la mort) Le Spiritisme devant la science de Gabriel Delanne (4e partie, ch. II, Preuves de l'existence du périsprit)
Nous avons vu que l'être humain se compose de trois éléments : le corps physique, l'âme, et le périsprit. A ces trois éléments, il faut en rajouter un quatrième : le fluide vital. Tous les êtres vivants sont imprégnés de ce fluide vital. Certains en sont saturés, tandis que d'autres en manquent ; La quantité de ce fluide s'épuise, et se renouvelle par l'absorption et l'assimilation des substances organiques. De même, celui qui en a le plus peut en donner à celui qui en a le moins.
C'est ce fluide vital, qui par combinaison avec le périsprit, permet à l'âme d'agir sur la matière. Le périsprit seul ne suffit pas pour avoir une action sur la matière. Les Esprits, qui sont donc dépourvus de ce fluide vital, ne peuvent agir directement sur la matière et ont besoin pour cela de " médiums ", c'est-à-dire de personnes capables d'extérioriser leur fluide vital pour le mettre à la disposition de l'Esprit - c'est le cas des médiums à effets physiques.
Le fluide vital n'est pas le même chez tous les individus. Les pensées, bonnes ou mauvaises, s'impriment dans le fluide vital qui est donc plus ou moins grossier : il est le reflet de la personnalité d'un individu. Le fluide vital est l'agent qui explique la répercussion du mental sur le physique.
Le fluide magnétique est le même que le fluide vital mais auquel les Esprits ont donné de meilleures qualités. Le fluide magnétique chasse et remplace les fluides viciés. Il a ainsi une répercussion " morale " sur le corps physique et permet de retrouver une double santé, morale et physique.
Le fluide vital des individus créent des effluves lumineuses, colorées de teintes diverses. Certains médiums les voient, même en pleine lumière, s'échapper des mains des magnétiseurs.
Ces effluves forment autour de nous des couches concentriques, qui constituent une sorte d'atmosphère fluidique. C'est l'aura.
A Noter :
L'être incarné est imprégné d'un fluide. C'est ce fluide qui est utilisé lors des phénomènes médiumniques ou lors de l'aide spirituelle. Ce fluide forme l'aura.
Pour en savoir plus :
Dans l'Invisible de Léon Denis (2e partie, ch. XV, La force psychique ; les fluides ; le magnétisme) Le Spiritisme devant la science de Gabriel Delanne (2e partie, ch. I, Le magnétisme et son histoire) La Genèse… d'Allan Kardec (ch. XIV, Les fluides) Après la mort de Léon Denis (3e partie, ch. XVII, Les fluides, le magnétisme) Le Spiritisme n°2 bulletin du C.S.L. (p.7, Le magnétisme en 30 questions-réponses)
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" C'est au-dedans de soi qu'il faut regarder le dehors...
En nous penchant sur ce puits, notre esprit, nous y apercevons,
à une distance d'abîme, dans un cercle étroit, le monde immense. "
Saint Paul.
(Epître aux Corinthiens)
La conscience est le centre de la personnalité, centre permanent, indestructible, qui persiste et se maintient à travers toutes les transformations de l'individu. La conscience est non seulement la faculté de percevoir, mais encore le sentiment que nous avons de vivre, d'agir, de penser, de vouloir. Elle est une et indivisible.
Toutefois, la conscience, dans son unité, présente, nous le savons, plusieurs plans, plusieurs aspects. Physique, elle se confond avec le sensorium, c'est-à-dire la faculté de concentrer les sensations extérieures, de les coordonner, de les définir, d'en saisir les causes et d'en déterminer les effets. Peu à peu, par le fait même de l'évolution, ces sensations se multiplient et s'affinent et la conscience intellectuelle s'éveille. Désormais, son développement n'aura plus de bornes, puisqu'elle pourra embrasser toutes les manifestations de la vie infinie. Alors écloront le sentiment et le jugement, et l'âme se percevra elle-même. Elle deviendra à la fois sujet et objet. Dans la multiplicité et la variété de ses opérations mentales, elle aura toujours conscience de ce qu'elle pense et veut.
Le moi s'affirme et grandit et la personnalité se complète par la manifestation de la conscience morale ou spirituelle. La faculté de percevoir les effets du monde sensible s'exercera sous des modes plus élevés. Elle deviendra la possibilité de ressentir les vibrations du monde moral, d'en discerner les causes et les lois.
C'est par ses sens intérieurs que l'être humain perçoit les faits et les vérités d'ordre transcendantal. Les sens physiques sont trompeurs ; ils ne distinguent que l'apparence des choses et ne seraient rien sans ce sensorium qui groupe, centralise leurs perceptions et les transmet à l'âme ; celle-ci enregistre le tout et en dégage l'effet utile. Mais au-dessous de ce sensorium de surface, il en est un autre plus caché, qui discerne les règles et les choses du monde métaphysique. C'est ce sens profond, méconnu, inutilisé par la plupart des hommes, que certains expérimentateurs ont désigné sous le nom de conscience subliminale.
De même qu'il existe en nous un organisme et un sensorium physiques qui nous mettent en rapport avec les êtres et les choses du plan matériel, de même il est un sens spirituel à l'aide duquel certains hommes pénètrent, dès maintenant, dans le domaine de la vie invisible. Après la mort, dès que le voile de la chair sera tombé, ce sens deviendra le centre unique de nos perceptions.
C'est dans l'extension et la libération croissantes de ce sens spirituel qu'est la loi de notre évolution psychique, la rénovation de l'être, le secret de son illumination intérieure et progressive. Par lui nous nous détachons du relatif et de l'illusoire, de toutes les contingences matérielles, pour nous attacher de plus en plus à l'immuable et à l'absolu.
L'âme se relie, par ses profondeurs, à la grande Ame universelle et éternelle, dont elle est comme une vibration. Cette origine, cette participation à la divine nature expliquent les besoins irrésistibles de l'esprit évolué : besoin d'infini, de justice, de lumière, besoin de sonder tous les mystères, d'étancher sa soif aux sources vives et intarissables dont il pressent l'existence, mais qu'il ne parvient pas à découvrir dans le plan de ses vies terrestres.
De là proviennent nos aspirations les plus hautes, notre désir de savoir, jamais satisfait, notre sentiment du beau et du bien ; de là les lueurs soudaines qui illuminent de temps à autre les ténèbres de l'existence, et ces pressentiments, cette prévision de l'avenir, éclairs fugitifs dans l'abîme du temps, qui luisent parfois pour certaines intelligences.
Au-dessous de la surface du moi, surface agitée par les désirs, les espérances et les craintes, est le sanctuaire où trône la Conscience intégrale, calme, paisible, sereine, le principe de la Sagesse et de la Raison, dont la plupart des hommes n'ont connaissance que par de sourdes impulsions ou par de vagues reflets entrevus.
Tout le secret du bonheur, de la perfection est dans l'identification, dans la fusion en nous de ces deux plans ou foyers psychiques. La cause de tous nos maux, de toutes nos misères morales est dans leur opposition.
Pour en savoir plus :
Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (3e partie, ch. XXI, La Conscience. Le sens intime) Le Spiritisme, qu'en savons-nous ? de l'USFF (ch. I, La personnalité) Spiritualisme vers la lumière de Louis Serré (ch. III, Evolution - Personnalité)
Les moindres détails de notre vie s'enregistrent en nous et y laissent des traces ineffaçables. Pensées, désirs, passions, actes bons ou mauvais, tout s'y fixe, tout s'y grave. Pendant le cours normal de la vie, ces souvenirs s'accumulent en couches successives et les plus récents finissent par effacer, en apparence, les plus anciens. Il semble que nous ayons oublié ces mille détails de notre existence évanouie. Cependant il suffit, dans les expériences hypnotiques, d'évoquer les temps écoulés et de replacer le sujet, par la volonté, à une époque antérieure de sa vie, dans sa jeunesse ou même à l'état d'enfance, pour que ces souvenirs reparaissent en foule. Le sujet revit son passé, non seulement avec l'état d'âme et l'association d'idées qui lui étaient particuliers à cette époque - idées parfois bien dissemblables de celles qu'il professe actuellement - avec ses goûts, ses habitudes, son langage, mais aussi en reconstituant automatiquement toute la série des phénomènes physiques contemporains de cette époque. Ceci nous amène à reconnaître qu'il y a corrélation étroite entre l'individualité psychique et l'état organique.
Etant donnés les fluctuations constantes et le renouvellement intégral du corps physique en quelques années, ce phénomène serait incompréhensible sans le rôle du périsprit, qui garde en lui, gravées dans sa substance, toutes les impressions d'autrefois. C'est lui qui fournit à l'âme la somme totale de ses états conscients, même après la destruction de la mémoire cérébrale.
Cet enregistrement automatique semble s'effectuer sous forme de groupements ou de zones, au-dedans de nous, zones correspondant à autant de périodes de notre vie. De sorte que, si la volonté, au moyen de l'auto-suggestion ou de la suggestion étrangère - ce qui est identique, puisque, la suggestion, pour être efficace, doit être acceptée par le sujet et se transformer en auto-suggestion - si la volonté, disons-nous, fait revivre un souvenir appartenant à une période quelconque de notre passé, tous les faits de conscience se rattachant à cette même période se déroulent aussitôt dans un enchaînement méthodique. M. G. Delanne a comparé ces états vibratoires aux couches concentriques observées dans la section d'un arbre et qui permettent d'en calculer le nombre d'années.
Ceci rendrait compréhensibles les variations de la personnalité dont nous avons parlé. Pour des observateurs superficiels, ces phénomènes s'expliquent par la dissociation de la conscience ; étudiés de près et analysés, ils représentent, au contraire, des aspects d'une conscience unique, correspondant à autant de phases d'une même existence. Ces aspects se révèlent dès que le sommeil est assez profond et le dégagement périsprital suffisant. Si on a pu croire aux changements de personnalités, c'est parce que les états transitoires, intermédiaires, manquent ou s'effacent.
Dans certains cas, on voit apparaître en nous un être tout différent de l'être normal, possédant non seulement des connaissances et des aptitudes plus étendues que celles de la personnalité ordinaire, mais, en outre, doué de modes de perception plus puissants et plus variés. Parfois même, dans les phénomènes de " personnalité seconde ", le caractère se modifie et diffère à tel point du caractère habituel, que des observateurs se sont crus en présence d'un autre individu.
Il faut bien faire la distinction entre ces cas et les phénomènes d'incorporations des défunts. Les médiums, à l'état de dégagement somnambulique, prêtent parfois leur organisme resté libre à des entités de l'Au-delà, à des Esprits désincarnés qui s'en servent pour communiquer avec les hommes. Mais alors, les noms, les détails, les preuves d'identités fournies par les manifestants ne permettent aucune confusion. L'individualité envahissante diffère radicalement de celle du sujet. Les cas de G. Pelham, de Robert Hyslop, de Fourcade, etc., nous démontrent que les substitutions d'Esprits ne sauraient être confondues avec les cas de double personnalité.
Cependant l'erreur était possible ; en effet, de même que les incorporations d'Esprits, l'intervention des personnalités secondaires est précédée d'un court sommeil. Celles-ci surgissent, le plus souvent, dans un accès de somnambulisme ou, même, à la suite d'une émotion. La période de manifestation, d'abord de faible durée, se prolonge peu à peu, se répète et se précise jusqu'à acquérir et constituer un enchaînement de souvenirs particuliers qui se distinguent de l'ensemble des souvenirs enregistrés dans la conscience normale. Ce phénomène peut être facilité ou provoqué par la suggestion hypnotique. Il est même probable que dans les cas spontanés, où n'intervient aucune volonté humaine, le phénomène est dû à la suggestion d'agents invisibles, guides et protecteurs du sujet ; ils agissent alors, comme nous le verrons, dans un but curatif, thérapeutique.
Dans le cas célèbre de Félida, étudié par le docteur Azam, les deux états de conscience ou variations de la personnalité sont nettement tranchés :
" Presque chaque jour, sans cause connue ou sous l'empire d'une émotion, elle est prise de ce qu'elle appelle sa crise ; en fait, elle rentre dans son deuxième état ; elle est assise, un ouvrage de couture à la main ; tout à coup, sans que rien puisse le faire prévoir, et après une douleur aux tempes plus violente que d'habitude, sa tête tombe sur sa poitrine, ses mains demeurent inactives et descendent inertes le long de son corps ; elle dort ou paraît dormir, mais d'un sommeil spécial, car aucun bruit, aucune excitation, pincement ou piqûre ne sauraient l'éveiller ; de plus cette sorte de sommeil est absolument subit. Il dure deux ou trois minutes ; autrefois il était beaucoup plus long.
Après ce temps, Félida s'éveille ; mais elle n'est plus dans l'état intellectuel où elle était quand elle s'est endormie. Tout paraît différent. Elle lève la tête et, ouvrant les yeux, salue en souriant les personnes qui l'entourent, comme si elle venait d'arriver ; la physionomie, triste et silencieuse auparavant, s'éclaire et respire la gaieté ; sa parole est brève, et elle continue, en fredonnant, l'ouvrage d'aiguille que, dans l'état précédent, elle avait commencé ; elle se lève, sa marche est agile, et elle se plaint à peine des mille douleurs qui, quelques instants auparavant, la faisaient souffrir ; elle vaque aux soins ordinaires du ménage, circule dans la ville, etc.. Son caractère est complètement changé : de triste elle est devenue gaie ; son imagination est plus exaltée ; pour le moindre motif elle s'émeut en tristesse ou en joie ; d'indifférente, elle est devenue sensible à l'excès.
Dans cet état, elle se souvient parfaitement de tout ce qui s'est passé dans les autres états semblables qui ont précédé, et aussi pendant sa vie normale. Dans cette vie comme dans l'autre, ses facultés intellectuelles et morales, bien que différentes, sont incontestablement entières : aucune idée délirante, aucune fausse appréciation, aucune hallucination. Félida est autre, voilà tout. On peut même dire que, dans ce deuxième état, cette condition seconde, comme l'appelle M. Azam, toutes ses facultés paraissent plus développées et plus complètes.
Cette deuxième vie, où la douleur physique ne se fait pas sentir, est de beaucoup supérieure à l'autre ; elle l'est surtout par ce fait considérable que, pendant sa durée, Félida se souvient non seulement de ce qui s'est passé pendant les accès précédents, mais aussi de toute sa vie normale, tandis que, pendant sa vie normale, elle n'a aucun souvenir de ce qui s'est passé pendant ses accès. "
On voit qu'il n'y a pas là en jeu plusieurs personnalités, mais simplement plusieurs états de la même conscience. La relation persiste entre ces divers aspects de l'être psychique. Du moins, l'état second, le plus complet, n'ignore rien de ce qu'a fait le premier ; tandis que celui-ci ne connaît l'autre que par ouï-dire. Le mode d'existence n° 2 traite le n° 1 avec quelque dédain. Félida, dans l'état second, parle de la " fille bête " de la même façon dont nous parlerions nous-mêmes de l'enfant gauche, du bébé malhabile que nous fûmes jadis.
Dans leur ensemble, ces phénomènes démontrent une chose : c'est qu'au-dessous du niveau de la conscience normale, en dehors de la personnalité ordinaire, il existe en nous des plans de conscience, des couches ou zones disposées de telle sorte que, dans certaines conditions, on peut constater des alternances entre ces plans. On voit alors émerger à la surface et se manifester, pendant un temps donné, des attributs, des facultés qui appartiennent à la conscience profonde ; puis ils disparaissent bientôt, pour reprendre leur rang et replonger dans l'ombre et l'inaction.
Notre moi ordinaire, superficiel, limité par l'organisme, ne semble être qu'un fragment de notre moi total. En celui-ci est enregistré tout un monde de faits, de connaissances, de souvenirs se rattachant au long passé de l'âme. Pendant la vie normale, toutes ces réserves restent cachées, comme ensevelies sous l'enveloppe matérielle. Elles reparaissent dans l'état somnambulique. L'appel de la volonté, la suggestion les mobilise. Elles entrent en action et produisent ces phénomènes étranges que la physiologie officielle constate sans pouvoir les expliquer.
La science matérialiste a vu dans ces phénomènes ce qu'elle appelle des " désintégrations ", c'est-à-dire des altérations et des dissociations de la personnalité. Le sectionnement de la conscience paraît quelquefois si tranché, et les types qui surgissent, tellement différents du type normal, qu'on a pu se croire en présence de plusieurs consciences autonomes, alternant chez un même sujet. Nous croyons, avec Myers, qu'il n'en est rien. Il y a là simplement une variété d'états successifs, coïncidant avec la permanence du moi. La conscience est une, mais se manifeste diversement : d'une façon restreinte, dans la vie normale, tant qu'elle est limitée dans le champ de l'organisme ; plus pleine, plus étendue dans les états de dégagement ; et enfin, d'une manière totale, entière à la mort, après la séparation définitive, comme le démontrent les manifestations et les enseignements des Esprits. La scission n'est donc qu'apparente. La seule différence à faire entre les états variés de la conscience est une différence de degrés. Ces degrés peuvent être nombreux. La marge paraît considérable, par exemple, entre l'état d'incorporation et l'extériorisation complète. La personnalité n'en reste pas moins identique à travers l'enchaînement des faits de conscience qu'un lien continu relie entre eux, depuis les modifications les plus simples de l'état normal, jusqu'aux cas comportant une transformation de l'intelligence et du caractère : depuis la simple idée fixe, les rêves et les songes, jusqu'à la projection de la personnalité dans le monde spirituel, dans cet Au-delà où l'âme recouvre la plénitude de ses perceptions et de ses pouvoirs.
Nous avons vu que la mémoire est une condition presque indispensable de la personnalité, car c'est elle qui, relie l'état présent aux états passés et nous affirme que nous sommes bien le même individu qu'il y a vingt ans. La mémoire constitue l'identité, car, en même temps que persistent les sensations présentes, non effacées encore, apparaissent, évoquées par elle à l'état de souvenir, les images anciennes qui sont, sinon identiques, du moins très analogues d'un jour à l'autre. Par exemple un arbre, sensation présente, image actuelle, éveille en notre esprit une demi-douzaine, de souvenirs, qui sont presque les mêmes, alors que ce serait un autre arbre que nous verrions. De même un bateau éveillera une autre demi-douzaine de souvenirs qui seront encore les mêmes, quel que soit le bateau qui frappe votre vue. Même, par suite de l'association et de la complication des idées, nous n'aurons pas besoin de voir un bateau pour, avoir ces souvenirs; ils apparaîtront encore si nous voyons une rivière, un ruisseau, un objet quelconque rappelant ; même de très loin, l'idée de bateau.
Notre conscience est donc toujours en présence d'un certain nombre limité d'images anciennes, toujours les mêmes, à peu près ; et ces images, étant rapportées au même moi, feront la personnalité de l'individu, personnalité qui est rendue stable par la communauté des images.
Si, tout d'un coup, les images ordinaires, communément présentes à la conscience, se trouvent, par suite d'un état psychique quelconque, brusquement effacées, et si, d'un autre côté, d'autres images apparaissent soudain, qui, jusque-là, ne s'étaient pas présentées, à la conscience, il s'ensuit que le même moi ne se reconnaît plus, il se juge autre, c'est un nouvel état de conscience qui prend naissance, mais c'est dans la même individualité qu'il a lieu. Les somnambules offrent presque toujours ce caractère, ils ont oublié au réveil ce qui s'est passé pendant le sommeil ; mais ce qui prouve que c'est bien la même individualité qui existe, c'est que le second aspect de la personnalité, le personnage somnambulique, connaît la personne normale.
Pour que ces manifestations deviennent possibles, le périsprit doit être impressionné au préalable par un ébranlement vibratoire déterminé par la suggestion. Cet ébranlement, en accélérant le mouvement rythmique, a pour effet de rétablir le rapport entre la conscience cérébrale et la conscience profonde, rapport qui est rompu dans l'état normal, pendant la vie physique. Alors les images, les souvenirs emmagasinés dans le périsprit peuvent se ranimer et redevenir conscients. Mais, dès le réveil, le rapport cesse, le voile retombe, les souvenirs lointains s'effacent peu à peu et rentrent dans la pénombre.
Ce phénomène de la reconstitution artificielle du passé nous fait comprendre ce qui se produit après la mort, lorsque l'âme, délivrée de son corps terrestre, se retrouve en face de sa mémoire agrandie, mémoire-conscience, mémoire implacable qui conserve l'empreinte de toutes ses fautes et devient son juge et, parfois, son bourreau.
Mais, en même temps, le moi, fragmenté en couches distinctes pendant la vie d'ici-bas, se reconstitue dans sa synthèse supérieure et sa magnifique unité. Toute l'expérience acquise au cours des siècles, toutes les richesses spirituelles, fruits de l'évolution, souvent cachés ou tout au moins amortis, amoindris dans cette existence, reparaissent dans leur éclat et leur fraîcheur, pour servir de bases à de nouvelles acquisitions. Rien n'est perdu. Les couches profondes de l'être, si elles racontent les défaillances et les chutes, proclament aussi les lents, les pénibles efforts accumulés au cours des âges pour édifier cette personnalité, qui ira toujours grandissant, toujours plus riche et plus belle, dans l'épanouissement heureux de ses facultés acquises, de ses qualités, de ses vertus.
A Noter :
Notre moi ordinaire, limité par l'organisme, n'est qu'un fragment de notre moi profond. Dans les phénomènes dits de " personnalité multiples " - en faisant la distinction d'avec les phénomènes d'incorporation - il n'y a pas plusieurs personnalités, mais plusieurs états de la même conscience.
Pour en savoir plus :
Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (1e partie, ch. IV, La personnalité intégrale) Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (1e partie, ch. VIII, Etats vibratoires de l'âme. La mémoire) Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (2e partie, ch. XIV, Les vies successives. Preuves expérimentales. Rénovation de la mémoire) L'évolution animique de Gabriel Delanne (ch. IV, La mémoire et les personnalités multiples) La réincarnation de Gabriel Delanne (ch. VI, La mémoire intégrale) La réincarnation de Gabriel Delanne (ch. VII, Les expériences de rénovation de la mémoire) La personnalité humaine de Myers
Que se passe-t-il lorsque l'on dort ? Le sommeil délivre en partie l'âme du corps. Quand on dort, on est momentanément dans l'état où l'on se trouve d'une manière fixe après la mort. Les Esprits qui sont tôt dégagés de la matière à leur mort ont eu des sommeils intelligents ; ceux-là, quand ils dorment, rejoignent la société des autres êtres supérieurs à eux : ils voyagent, causent et s'instruisent avec eux.
Voilà pour les Esprits élevés ; mais pour la masse des hommes qui, à la mort, doivent rester de longues heures dans le trouble, ceux-là vont, soit dans des mondes inférieurs à la terre, où d'anciennes affections les rappellent, soit chercher des plaisirs peut-être encore plus bas que ceux qu'ils ont ici ; ils vont puiser des doctrines encore plus viles, plus ignobles, plus nuisibles que celles qu'ils professent au milieu de vous.
Pendant le sommeil, l'âme peut, suivant les nécessités du moment, ou bien s'appliquer à réparer les pertes vitales causées par le labeur quotidien et à régénérer l'organisme endormi, en lui infusant les forces empruntées au monde cosmique ; ou bien, lorsque cette action réparatrice est accomplie, reprendre le cours de sa vie supérieure, planer sur la nature, exercer ses facultés de vision à distance et de pénétration des choses. Dans cet état d'activité indépendante, elle vit déjà par anticipation de la vie libre de l'esprit. Car cette vie, continuation naturelle de l'existence planétaire, qui l'attend après la mort, elle la doit préparer, non seulement par ses oeuvres terrestres, mais encore par ses occupations, à l'état de dégagement, dans le sommeil. Et c'est grâce aux reflets de la lumière d'en haut, s'étendant sur nos rêves et éclairant tout le côté occulte de la destinée, que nous pouvons entrevoir les conditions de l'être dans l'Au-delà.
Qu'est-ce que le rêve ? Le rêve est le souvenir de ce que votre Esprit a vu pendant le sommeil ; mais remarquez que vous ne rêvez pas toujours, parce que vous ne vous souvenez pas toujours de ce que vous avez vu, ou de tout ce que vous avez vu. Ce n'est pas votre âme dans tout son développement ; ce n'est souvent que le souvenir du trouble qui accompagne votre départ ou votre rentrée, auquel se joint celui de ce que vous avez fait ou de ce qui vous préoccupe dans l'état de veille ; sans cela, comment expliqueriez-vous ces rêves absurdes que font les plus savants comme les plus simples ? Les mauvais Esprits se servent aussi des rêves pour tourmenter les âmes faibles.
Tant que le dégagement de l'âme est incomplet, les sensations, les préoccupations de la veille, les souvenirs du passé se mêlent aux impressions de la nuit. Les perceptions enregistrées par le cerveau se déroulent automatiquement, dans un désordre apparent, lorsque l'attention de l'âme est distraite du corps et ne règle plus les vibrations cérébrales ; de là l'incohérence de la plupart des rêves. Mais à mesure que l'âme se dégage et s'élève, l'action des sens psychiques devient prédominante et les rêves acquièrent une lucidité, une netteté remarquables. Des échappées de plus en plus larges, de vastes perspectives s'ouvrent sur le monde spirituel, véritable domaine de l'âme et lieu de sa destinée. Dans cet état, elle peut pénétrer les choses cachées et même les pensées et les sentiments d'autres esprits.
Un lien fluidique, appelée communément corde d'argent, unit encore l'âme à l'organisme matériel et, par ce lien subtil, les impressions et les volontés de l'âme peuvent se transmettre au cerveau.
Signalons toutefois une difficulté. Plus l'âme s'éloigne du corps et pénètre dans les régions éthérées, plus faible est le lien qui les unit, plus vague le souvenir au réveil. L'âme plane bien loin dans l'immensité, et le cerveau n'enregistre plus ses sensations. Il en résulte que nous ne pouvons analyser nos rêves les plus beaux. Quelquefois, la dernière des impressions ressenties au cours de ces pérégrinations nocturnes subsiste au réveil. Et si, à ce moment, on a la précaution de la fixer fortement dans la mémoire, elle peut y rester gravée.
Enfin, il importe de mentionner une forme de rêves : Ce sont les rêves prémonitoires, ensemble d'images et de visions se rapportant à des événements futurs, et dont l'exactitude est vérifiée ultérieurement. Ils semblent indiquer que l'âme a le pouvoir de pénétrer l'avenir ou qu'il lui est dévoilé par des Intelligences supérieures.
Pour en savoir plus :
Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (1e partie, ch. V, L'âme et les différents états du sommeil) Le Livre des Esprits d'Allan Kardec (livre 2, ch. XVIII, Le sommeil et les rêves)
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Le cerveau secrète-t-il la pensée ?
Le grand argument des matérialistes comme preuve de conviction consiste à dire : le cerveau est l'organe par lequel se manifeste la pensée, donc c'est le cerveau qui sécrète la pensée. Ce raisonnement est à peu près aussi logique que le suivant : Le piano est l'instrument qui sert à faire entendre une mélodie, donc le piano sécrète la mélodie. Si on s'exprimait ainsi devant un incrédule, il est plus que probable qu'il hausserait les épaules, et, chose bizarre, lorsqu'il s'agit de l'âme, il accepte tout de suite cette manière de discuter. C'est que les matérialistes ne veulent sous aucun prétexte croire à un principe pensant ; ils nient l'existence du musicien ; de là les singulières théories qu'ils nous exposent.
Les matérialistes se trouvent en face de ce problème : L'homme pense, la pensée n'a aucune des qualités de la matière ; elle est invisible, elle n'a ni forme, ni poids, ni couleur ; cependant elle existe, et il faut, pour être rationnels, qu'ils la fassent provenir de la matière. Certes, la difficulté est grande d'expliquer comment une chose matérielle, le cerveau, peut engendrer une action immatérielle, la pensée. Aussi nous allons voir défiler les sophismes à l'aide desquels nos adversaires donnent des apparences de raisonnements.
Le cerveau est nécessaire à la manifestation de la pensée ; les philosophes grecs le savaient déjà, et ils ne tombaient pas pour cela dans l'erreur des sceptiques d'aujourd'hui ; ils faisaient une distinction entre la cause et l'instrument qui sert à produire l'effet.
Toute l'argumentation des matérialistes consiste à dire qu'avec des organes sains, les actes intellectuels s'exercent facilement ; que si, au contraire, le cerveau devient malade, l'âme ne peut plus s'en servir, et que les facultés reparaissent quand la cause qui altérait le cerveau a cessé d'agir.
C'est toujours l'histoire du piano. Si une des cordes vient à se rompre, il sera impossible de faire vibrer la note qui y correspond ; remplace-t-on cette corde absente, immédiatement il redevient aisé de produire le son. Donc, quand bien même il serait démontré que la pensée est toujours la résultante de l'état du cerveau, cela ne suffirait pas pour pouvoir affirmer que l'encéphale produit la pensée. Tout au plus pourrait-on en induire qu'il existe entre eux des corrélations intimes ; il n'est pas même prouvé que l'intégrité du cerveau soit indispensable pour la production des phénomènes spirituels.
Nous ne pouvons mieux résumer qu'en citant les paroles suivantes de Claude Bernard :
" La matière, quelle qu'elle soit, est toujours dénuée de spontanéité et n'engendre rien ; elle ne fait qu'exprimer par ses propriétés l'idée de celui qui a créé la machine qui fonctionne. De sorte que la matière organisée du cerveau qui manifeste des phénomènes de sensibilité et d'intelligence propres à l'être vivant n'a pas plus conscience de la pensée et des phénomènes qu'elle manifeste, que la matière brute d'une machine inerte, d'une horloge par exemple, n'a conscience des mouvements qu'elle manifeste ou de l'heure qu'elle indique ; pas plus que les caractères d'imprimerie et le papier n'ont la conscience des idées qu'ils retracent. Dire que le cerveau sécrète la pensée, cela reviendrait à dire que l'horloge sécrète l'heure ou l'idée du temps...
" Il ne faut pas croire que c'est la matière qui a engendré la loi d'ordre et de succession, ce serait tomber dans l'erreur grossière des matérialistes. "
Les effets de la pensée
La pensée est créatrice. Elle n'agit pas seulement autour de nous, influençant nos semblables en bien ou en mal ; elle agit surtout en nous. Elle génère nos paroles, nos actions et, par elle, nous construisons chaque jour l'édifice, grandiose ou misérable, de notre vie, présente et à venir. Nous façonnons notre âme et son enveloppe par nos pensées ; celles-ci produisent des formes, des images qui s'impriment dans la matière subtile dont le corps fluidique est composé. Ainsi, peu à peu, notre être se peuple de formes frivoles ou austères, gracieuses ou terribles, grossières ou sublimes ; l'âme s'ennoblit, se pare de beauté, ou se fait une atmosphère de laideur.
Il n'est pas de sujet plus important que l'étude de la pensée, de ses pouvoirs, de son action. Elle est la cause initiale de notre élévation ou de notre abaissement ; elle prépare toutes les découvertes de la science, toutes les merveilles de l'art, mais aussi toutes les misères et toutes les hontes de l'humanité. Suivant l'impulsion donnée, elle fonde ou détruit les institutions comme les empires, les caractères comme les consciences. L'homme n'est grand, l'homme ne vaut que par sa pensée ; par elle ses oeuvres rayonnent et se perpétuent à travers les siècles.
Pour en savoir plus :
Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (3e partie, ch. XXIII, La Pensée) Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (3e partie, ch. XXIV, La discipline de la pensée) Le Spiritisme devant la science de Gabriel Delanne (1e partie, ch. I et II, Le cerveau et la pensée) Le pèlerinage des existences de Félix Rémo (ch. XXIII, La puissance de la pensée)
La volonté
On emploie souvent le terme " volonté " ! La volonté est définie par le dictionnaire " le petit Robert " comme la disposition mentale ou l'acte de la personne qui veut, qui désire arriver à un résultat dans un domaine déterminé. D'un point de vue spirituel, nous dirons qu'elle permet la manifestation de l'expression intérieure de l'âme. La volonté orientée dans le sens du bien, du beau, de l'amélioration, permet de faire germer la parcelle divine qui est en chacun d'entre nous et donne lieu à l'évolution du " moi " vers la perfection et la communion avec l'âme divine; c'est une des puissances de l'esprit.
Cette évolution vers la perfection divine est possible grâce à l'amour que Dieu porte à toutes ses créatures. Dieu désire que l'homme de par sa propre volonté puisse se rapprocher de lui et jouir des plus hautes félicités. La volonté et l'amour, ainsi intimement liés, vont de pair pour l'accomplissement du plan divin vers la voie du progrès. Les âmes créées par Dieu, contenant le germe ou principe divin, à leur tour seront des foyers d'amour qui se développeront tout au long de leur évolution. L'amour de Dieu attire à lui les âmes ; il est semblable à un aimant. C'est cette attraction qui fait que toute âme est appelée inexorablement tôt ou tard à s'élever vers l'infini de la perfection.
A l'extrême, les pouvoirs de la volonté sont particulièrement manifestes si on observe ce que la puissance divine est capable de créer ; l'univers, les étoiles, les galaxies infinies, tout cela est issu de la volonté divine et de son amour. Si Dieu a créé l'univers, c'est par amour. La volonté divine est guidée par l'amour qui caractérise Dieu. La perfection de l'univers, son harmonie sont issues de sa volonté.
Tout le monde connaît l'expression " Vouloir c'est pouvoir ". En effet, la volonté permet à l'homme de se construire, d'avancer ou de retarder son évolution ; de là s'ensuit la manifestation du libre arbitre de chaque esprit incarné ou désincarné à progresser ou à stagner.
Comme il a été expliqué dans la première partie de ce cours, l'âme se façonne elle-même par sa pensée et sa volonté ( qui fait suite à sa pensée ) en agissant sur la matière intime que constitue son périsprit , en enregistrant sur celui-ci des vibrations plus ou moins élevées, en l'éclaircissant ou en l'épaississant. La situation de l'homme après l'incarnation est par conséquent déterminée par les efforts de volonté qu'il aura fait pendant son incarnation et qui auront des répercussions sur ses facultés de perceptions de son environnement et donc sur son état bienheureux ou malheureux.
Les pensées et actes grossiers, matériels et impurs opacifient le périsprit et par conséquent diminuent les capacités de perceptions ; l'esprit se retrouve ainsi dans un environnement qui lui apparaît plus ou moins ténébreux et désagréable. La bonté et autres qualités humaines produisent l'effet contraire. L'esprit peut ainsi agir par cette force infini qu'est la volonté, sur sa situation future.
Ce qui vient d'être dit nous montre que la volonté guidée par le sentiment d'amour est le levier le plus puissant qui nous soit donné pour vaincre tous les mauvais penchants car l'amour finit toujours par pénétrer le cœur des hommes. En effet, même chez le plus abject d'entre eux un rayon d'amour peut pénétrer son cœur et l'entraîner dans la voie du progrès.
Notons enfin que la volonté n'agit pas seulement sur les fluides et sur le périsprit, mais aussi sur les organes matériels. C'est ainsi que la suggestion mentale, issue de la volonté est capable d'impressionner la matière, c'est le cas lors de l'apparition de symptômes de brûlures sur la peau de personnes hypnotisées ou encore de la manifestation des stigmates.
La foi
La foi agit de pair avec l'évolution de l'esprit, puisqu'elle est, en quelque sorte, inhérente à celui-ci. Néanmoins, il est juste de dire aussi que la foi fait corps avec l'esprit, car Dieu a créé l'esprit dans un mouvement de foi. Nous portons en nous le résultat de la foi la plus forte qui n'est jamais existée, et qui ne sera jamais égalée.
La foi en Dieu attend, prête à germer dans le cœur de chaque homme. Mais elle ne se commande pas, ne s'impose pas. Elle s'acquiert. Elle n'est refusée à personne, il faut aller à sa rencontre avec sincérité. Mais pour construire sa foi, il faut une base solide. Il ne suffit pas de croire ou de voir, il faut comprendre. On croit parce qu'on est certain, et l'on est certain que lorsque l'on a compris. Une foi aveugle, une foi qui accepte et se soumet sans discernement ne présente aucun intérêt. Les bons esprits nous demandent de raisonner, de juger, de douter et de comprendre. Le raisonnement est une faculté supérieure destinée à nous éclairer en toute chose. La foi et la raison se vivifient l'une et l'autre. Notre foi doit reposer sur une base solide fondée sur le libre examen et la liberté de penser. C'est le moteur de l'esprit qui permettra de nous donner la persévérance, l'énergie et les ressources pour vaincre les obstacles.
La foi aveugle est basée sur des dogmes, des doctrines, des règles. Cette foi qui n'explique rien mais qui impose, qui cache ses faiblesses derrière des mystères, qui croit suppléer la force par la violence et qui peut conduire jusqu'au fanatisme, ne peut survivre car elle ne résistera pas à l'évolution. A terme, elle ne peut qu'engendrer le doute et se discréditer elle-même. Préconiser une foi aveugle, c'est avouer son impuissance à démontrer qu'on a raison. C'est accepter sans contrôle le vrai comme le faux, c'est refuser l'évident, c'est rejeter le raisonnement.
Seule une foi éclairée, une foi fondée sur la raison, une foi qui juge, discerne et comprend sera à même de régénérer l'humanité. Avec elle on pourra déplacer les montagnes. " Si vous aviez la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d'ici là, et elle s'y transporterait, et rien ne vous serait impossible " (Saint Matthieu). Ces montagnes représentent les embûches, les épreuves, les résistances, les préjugés, l'égoïsme et le matérialisme.
C'est cette foi raisonnée qui nous donne les ressources, la persévérance, l'énergie pour vaincre les obstacles. Cette foi sincère et vraie est toujours emprunte de calme, de patience et de sérénité car elle est certaine d'arriver à son but. Cette foi, associée au magnétisme, agit sur le fluide universel, en modifie les qualités et donne une puissance et une force irrésistible. C'est ainsi par exemple que celui qui possède une grande puissance fluidique, associée à une volonté orientée vers le bien est capable des phénomènes étranges de guérisons, conséquences de la loi naturelle et universelle.
La foi se doit d'être active. La foi engendre l'espérance et la charité. La foi n'est jamais complète sans l'amour ; en fait ce dernier est l'ultime but de la foi. Celle-ci chargée de l'amour, empreinte éternelle de Dieu dans la création, peut atteindre des proportions insoupçonnables. Dieu a dirigé sa volonté par l'atout premier de sa divinité : l'Amour.
Notons que la foi est communicative, elle sait trouver les mots qui vont à l'âme. C'est pourquoi il faut prêcher par l'exemple de notre foi, dans notre vie de chaque jour. A tout instant elle doit briller, resplendir, réchauffer comme un brasier d'amour et de joie. Elle doit être le témoin de notre certitude, de la continuité de la vraie vie, de l'immortalité de l'âme de la pérennité des liens qui ont uni, ici bas, tous ceux qui se sont aimés.
En conclusion, nous dirons que la foi est la base de la régénération et le moteur de notre évolution spirituelle. Malgré ceci, la foi peut être éloignée facultativement de l'amour et utilisée dans un but malveillant. L'action de l'homme engendrée par la foi mal employée, a toujours pour conséquence l'expiation. Lorsque l'humanité sera régénérée, le vice fera place à la vertu.
La vertu
Il est difficile d'évoquer la vertu sans mesurer l'écart qui la sépare du vice. La première naît quand le second est vaincu.
La vertu caractérise l'homme de bien ; il est bon, charitable, laborieux, sobre et modeste. Cette dernière qualité est fondamentale car celui qui fait parade de sa vertu n'est pas vertueux puisqu'il lui manque la qualité principale : la modestie, et qu'il a le vice le plus contraire : l'orgueil . Il y a incompatibilité entre la vertu et l'orgueil ou plutôt annihilation de l'un par l'autre. Mieux vaut moins de vertus avec la modestie que beaucoup de vertus avec l'orgueil car c'est par l'orgueil que les humanités successives se sont perdues et que c'est par l'humilité qu'elles doivent se racheter un jour.
Tous les vices sont imprégnés d'égoïsme et d'orgueil qui sont la négation même de la charité. Si le degré de perfection se mesure par l'étendue de l'amour que l'on porte à son prochain et, poussé à son paroxysme, à son ennemi, le signe de l'imperfection reste celui de l'intérêt personnel, de l'attachement aux choses matérielles.
Comment lutter, comment s'améliorer, comment progresser ?
La clef est en nous. Il suffit d'ouvrir la porte de notre conscience et de laisser entrer la lumière pour que nous puissions nous regarder de l'intérieur, sans compassion, afin de nous connaître nous-même ; de faire chaque soir le bilan de notre journée et de demander à Dieu et à notre Guide de nous conduire et de nous donner la force de nous perfectionner. Mais il est bien difficile de se juger soi-même. Oui, bien sûr. Alors regardons nous au travers d'un filtre ou plus exactement imaginons notre comportement au travers d'un autre. Qu'en penserions-nous, comment le jugerions-nous, le blâmerions-nous ? Ainsi la réponse ne peut être plus claire et sans équivoque. Mettons à profit cette parole de Jésus : " Il voit une paille dans l'œil de son voisin, et ne voit pas une poutre dans le sien ". Ces quelques minutes par jour, ne valent-elles pas la conquête d'un bonheur éternel ?
Mais d'autres diront que l'avenir est incertain et que le présent est positif. C'est précisément la pensée que les Esprits sont venus combattre en marquant tout d'abord nos sens et en donnant leurs instructions aux Médiums. Cette loi morale que les Esprits viennent enseigner n'est plus le fait d'un homme ou d'un groupe d'apôtres. Elle ne peut être dénaturée, car proclamée en tous lieux par une multitude d'Esprits venus conformément à ce qu'avait annoncé Jésus comme étant l'Esprit de Vérité.
Mais la morale sans les actions, c'est la semence sans le travail. Pour acquérir cette morale universelle empreinte de sagesse et de vertu, de nombreuses existences seront nécessaires. La compréhension, la possession de cette loi morale sont indispensables à l'évolution de l'âme. La passion peut nous aider à progresser. C'est un puissant levier quand il est utilisé à bon escient. Mais il faudra le maîtriser. La passion, cet excès joint à la volonté est comme un cheval, utile quand il est dompté et dangereux quand il reste sauvage.
Si nous appliquons cette hygiène de l'âme dans nos actes quotidiens, nous parviendrons à maintenir nos forces spirituelles en équilibre et en harmonie. N'oublions pas pour autant de prendre soin de notre corps car c'est en lui que notre âme est enfermée. Pour que cette prisonnière puisse s'ébattre et travailler, le corps doit être sain. C'est alors que nous pourrons soumettre, plier notre Esprit pour le rendre docile à la volonté de Dieu et devenir vertueux.
Pour en savoir plus :
Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (3e partie, ch. XX, La volonté) Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (3e partie, ch. XXIV, La discipline de la pensée et la réforme du caractère) Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (3e partie, ch. XXV, L'amour) Après la mort de Léon Denis (4e partie, ch. XXXII, La volonté et les fluides) Après la mort de Léon Denis (5e partie, ch. XLI, La loi morale) Après la mort de Léon Denis (5e partie, ch. XLIV, Foi, espérances, consolations) Après la mort de Léon Denis (5e partie, ch. LVI, La vie morale) L'âme est immortelle de Gabriel Delanne (4e partie, ch. I, Essais sur les créations fluidiques de la volonté) Le Livre des Esprits d'Allan Kardec (livre 3, ch. XII, Perfection morale) L'Evangile selon le Spiritisme d'Allan Kardec (ch. XVII, Soyez parfaits) L'Evangile selon le Spiritisme d'Allan Kardec (ch. XIX, La foi transporte les montagnes)
Ce serait une erreur de croire que nous pouvons tout obtenir par la prière, que son efficacité est assez grande pour détourner de nous les épreuves inhérentes à la vie. La loi d'immuable justice ne saurait se plier à nos caprices. Certains demandent la fortune, ignorant qu'elle serait un malheur pour eux, en donnant un libre essor à leurs passions. D'autres veulent éloigner des maux qui sont parfois la condition nécessaire de leurs progrès. Les supprimer aurait pour effet de rendre leur vie stérile. D'autre part, comment Dieu pourrait-il accéder à tous les désirs que les hommes expriment dans leurs prières ? La plupart sont incapables de discerner ce qui leur convient, ce qui leur serait le plus profitable.
Dans la prière qu'il adresse chaque jour à l'Éternel, le sage ne demande pas que sa destinée soit heureuse ; il ne demande pas que la douleur, les déceptions, les revers soient écartés de lui. Non ! ce qu'il désire, c'est connaître la loi pour mieux l'accomplir ; ce qu'il implore, c'est l'aide d'en haut, le secours des Esprits bienveillants, afin de supporter dignement les mauvais jours. Et les bons Esprits répondent à son appel. Ils ne cherchent pas à détourner le cours de la justice, à entraver l'exécution des divins décrets. Sensibles aux souffrances humaines, qu'ils ont connues, endurées, ils apportent à leurs frères de la terre l'inspiration qui les soutient contre les influences matérielles ; ils favorisent ces nobles et salutaires pensées, ces élans du coeur qui, en les portant vers les hautes régions, les délivrent des tentations et des pièges de la chair. La prière du sage, faite dans un recueillement profond, en dehors de toute préoccupation égoïste, éveille en lui cette intuition du devoir, ce sentiment supérieur du vrai, du bien et du juste, qui le guident à travers les difficultés de l'existence et le maintiennent en communion intime avec la grande harmonie universelle.
La prière est l'expression la plus haute de cette communion des âmes. Considérée sous cet aspect, elle perd toute analogie avec les formules banales, les récitatifs monotones en usage, pour devenir un élan du cœur, un acte de la volonté par lequel l'esprit s'arrache aux servitudes de la matière, aux vulgarités terrestres pour pénétrer les lois, les mystères de la puissance infinie et s'y soumettre en toutes choses : " Demandez et vous recevrez ! " Prise dans ce sens, la prière est l'acte le plus important de la vie ; c'est l'aspiration ardente de l'être humain qui sent sa petitesse et sa misère, et cherche, ne serait-ce qu'un instant, à mettre les vibrations de sa pensée en harmonie avec la symphonie éternelle. C'est l'œuvre de la méditation qui, dans le recueillement et le silence, élève l'âme jusqu'à ces hauteurs célestes où elle s'augmente des forces, où elle s'imprègne des radiations de la lumière et de l'amour divins. Mais combien peu savent prier ! Les religions nous ont désappris la prière en la changeant en exercice oiseux, parfois ridicule.
Sous l'influence du Nouveau Spiritualisme, la prière deviendra plus noble et plus digne ; elle sera faite avec plus de respect de la puissance suprême ; avec plus de foi, de confiance et de sincérité, dans un complet détachement des choses matérielles. Toutes nos anxiétés et nos incertitudes cesseront lorsque nous aurons compris que la vie est une communion universelle, et que Dieu et tous ses enfants vivent ensemble cette vie. Alors la prière deviendra le langage de tous, l'irradiation de l'âme qui, dans ses élans, met en branle le dynamisme spirituel et divin. Ses bienfaits s'étendront sur tous les êtres et particulièrement sur ceux qui souffrent, sur les ignorés de la terre et de l'espace. Elle ira vers ceux à qui nul ne songe, et qui gisent dans l'ombre, la tristesse et l'oubli, en face d'un passé accusateur. Elle éveillera en eux des aspirations nouvelles ; elle fortifiera leur cœur et leur pensée. Car l'action de la prière n'a pas de limites, pas plus que les forces et les pouvoirs qu'elle peut mettre en oeuvre pour le bien des autres.
La prière, il est vrai, ne peut rien changer aux lois immuables ; elle ne saurait en aucune façon modifier nos destinées ; son rôle est de nous procurer des secours et des lumières qui nous rendent plus facile l'accomplissement de notre tâche terrestre. La prière fervente ouvre toutes grandes 1es portes de l'âme et, par ces ouvertures, les rayons de force, les radiations du foyer éternel nous pénètrent et nous vivifient.
Travailler avec un sentiment élevé, en poursuivant un but utile et généreux, c'est encore prier. Le travail, c'est la prière active de ces millions d'hommes qui luttent et peinent sur la terre, au profit de l'humanité.
La vie de l'homme de bien est une prière continue, une communion perpétuelle avec ses semblables et avec Dieu. Il n'a plus besoin de paroles ni de formes extérieures pour exprimer sa foi : elle s'exprime par tous ses actes et toutes ses pensées. Il respire, il s'agite sans effort dans une pure atmosphère fluidique, plein de tendresse pour les malheureux, plein de bon vouloir pour toute l'humanité. Cette communion constante devient pour lui une nécessité, une seconde nature. C'est grâce à elle que tous les Esprits d'élection se maintiennent aux hauteurs sublimes de l'inspiration et du génie.
Pour en savoir plus :
Après la mort de Léon Denis (5e partie, ch. LI, La prière) Le Livre des Esprits d'Allan Kardec (livre 3, ch. II, De la prière) La Grande Enigme de Léon Denis (1e partie, ch. III, Solidarité ; communion universelle) L'Evangile selon le Spiritisme d'Allan Kardec (ch. XXVII, Demandez et vous obtiendrez) Le pèlerinage des existences de Félix Rémo (ch. XX, La prière)
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Les phénomènes de « Danse des Tables », qui avaient découlé de l’histoire des sœurs Fox, étaient devenus une véritable mode. En conséquence, ils ont souvent été accueilli avec une grande incrédulité, mais ils ont toutefois attirer l’attention d’hommes de science, qui se sont mis à observer et à étudier sérieusement le phénomène.
Parmi eux figure Hippolyte Rivail, qui plus tard allait adopter le pseudonyme d’Allan Kardec. Il a commencé sa carrière comme professeur de lettres et de sciences. Excellent pédagogue, il a publié divers livres didactiques et a contribué à la réforme de l’enseignement français.
C’est en 1854 qu’il entendu parler pour la première fois des tables tournantes et des manifestations intelligentes. Sceptique au départ, il a cependant adopté une attitude correcte en acceptant d’assister aux expériences, puis en entreprenant des études sérieuses du phénomène. Sans jamais élaborer de théorie préconçue ou prématurés, il a appliqué la méthode expérimentale qui consiste à observer les faits, à en déduire une théorie, à la confronter à l’expérience, et à la rejeter si elle est incapable d’expliquer des faits nouveaux.
Analysant non seulement l’aspect externe des phénomènes, mais aussi la teneur très cohérente des meilleures communications reçues, il a appliqué le principe de causalité : ces effets intelligents devaient avoir une cause intelligente. Cette cause s’est elle-même défini comme étant l’esprit, ou le principe intelligent des êtres humains survivant à la mort, qui n’est que la destruction du corps physique. Mais le Spiritisme n’a conclu à l’existence des Esprits que lorsque cette existence est ressortie avec évidence de l’observation des faits et aussi des autres principes.
Allan Kardec a rapidement écarté l’infaillibilité des esprits, qui n’en savent pas plus que lorsqu’ils étaient incarnés parmi les humains. Ce n’est pas parce que l’on meurt que l’on devient savant. Toutefois, il a constaté que certains d’entre eux possèdent un niveau intellectuel et moral bien au-dessus de la moyenne terrestre, qu’ils s’expriment sans allégorie, et donnent aux choses un sens clair et précis qui ne puisse être sujet à aucune fausse interprétation. De plus, leurs enseignements logiques clarifient, confirment et sanctionnent par des preuves le texte des écritures sacrées et des notions philosophiques parfois très anciennes. Les phénomènes étant naturels et universels, ils remontent à la nuit des temps.
Par un travail d’observation et d’analyse méthodique, en multipliant les sources (50.000 messages) et les médiums, en comparant les messages et en les passant au crible de la raison et du bons sens, Allan Kardec a organisé et trié les enseignements des esprits, et les a publiés le 18 avril 1857 dans « Le Livre des Esprits ». Ce livre contient les principes de la doctrine spirite sur l’immortalité de l’âme, la nature des Esprits et leurs rapports avec les hommes, les lois morales, la vie présente, la vie future et l’avenir de l’humanité, selon l’enseignement donné par les Esprits supérieurs.
Allan Kardec écrira : « Par sa nature, la révélation spirite a un double caractère : elle tient à la fois de la révélation divine et de la révélation scientifique. Elle tient de la première, en ce que son avènement est providentiel, et non le résultat de l’initiative et d’un dessein prémédité de l’homme ; que les points fondamentaux de la doctrine sont le fait de l’enseignement donné par les Esprits chargés par Dieu d’éclairer les hommes sur des choses qu’ils ignoraient, qu’ils ne pouvaient apprendre par eux-mêmes, et qu’il leur importe de connaître, aujourd’hui qu’ils sont mûrs pour les comprendre. Elle tient de la seconde, en ce que cet enseignement n’est le privilège d’aucun individu, mais qu’il est donné à tout le monde par la même voie ; que ceux qui le transmettent et ceux qui le reçoivent ne sont point des êtres passifs, dispensés du travail d’observation et de recherche ; qu’ils ne font point abnégation de leur jugement et de leur libre arbitre ; que le contrôle ne leur est point interdit, mais au contraire recommandé ; enfin, que la doctrine n’a point été dictée de toutes pièces ni imposée à la croyance aveugle ; qu’elle est déduite par le travail de l’homme, de l’observation des faits que les Esprits mettent sous ses yeux, et des instructions qu’ils lui donnent, instructions qu’il étudie, commente, compare, et dont il tire lui-même les conséquences et les applications. En un mot, ce qui caractérise la révélation spirite, c’est que la source en est divine, que l’initiative appartient aux Esprits, et que l’élaboration est le fait du travail de l’homme.
Comme moyen d’élaboration, le Spiritisme procède exactement de la même manière que les sciences positives, c’est-à-dire qu’il applique la méthode expérimentale. Des faits d’un ordre nouveau se présentent qui ne peuvent s’expliquer par les lois connues ; il les observe, les compare, les analyse, et, des effets remontant aux causes, il arrive à la loi qui les régit ; puis il en déduit les conséquences et en cherche les applications utiles. Il n’établit aucune théorie préconçue ; ainsi, il n’a posé comme hypothèses, ni l’existence et l’intervention des Esprits, ni le périsprit, ni la réincarnation, ni aucun des principes de la doctrine ; il a conclu à l’existence des Esprits lorsque cette existence est ressortie avec évidence de l’observation des faits ; et ainsi des autres principes. Ce ne sont point les faits qui sont venus après coup confirmer la théorie, mais la théorie qui est venue subséquemment expliquer et résumer les faits. Il est donc rigoureusement exact de dire que le Spiritisme est une science d’observations, et non le produit de l’imagination. Les sciences n’ont fait de progrès sérieux que depuis que leur étude est basée sur la méthode expérimentale ; mais jusqu’à ce jour on a cru que cette méthode n’était applicable qu’à la matière, tandis qu’elle l’est également aux choses métaphysiques.
Citons un exemple. Il se passe, dans le monde des Esprits, un fait très singulier, et qu’assurément personne n’aurait soupçonné, c’est celui des Esprits qui ne se croient pas morts. Eh bien ! les Esprits supérieurs, qui le connaissent parfaitement, ne sont point venus dire par anticipation : « Il y a des Esprits qui croient encore vivre de la vie terrestre ; qui ont conservé leurs goûts, leurs habitudes et leurs instincts » ; mais ils ont provoqué la manifestation d’Esprits de cette catégorie pour nous les faire observer. Ayant donc vu des Esprits incertains de leur état, ou affirmant qu’ils étaient encore de ce monde, et croyant vaquer à leurs occupations ordinaires, de l’exemple on a conclu à la règle. La multiplicité des faits analogues a prouvé que ce n’était point une exception, mais une des phases de la vie spirite ; elle a permis d’étudier toutes les variétés et les causes de cette singulière illusion ; de reconnaître que cette situation est surtout le propre des Esprits peu avancés moralement, et qu’elle est particulière à certains genres de mort ; qu’elle n’est que temporaire, mais peut durer des jours, des mois et des années. C’est ainsi que la théorie est née de l’observation. Il en est de même de tous les autres principes de la doctrine.
Le Spiritisme ne pose donc en principe absolu que ce qui est démontré avec évidence, ou ce qui ressort logiquement de l’observation. Celui-ci, marchant avec le progrès, ne sera jamais débordé, parce que, si de nouvelles découvertes lui démontraient qu’il est dans l’erreur sur un point, il se modifierait sur ce point ; si une nouvelle vérité se révèle, il l’accepte.
De même que la science proprement dite a pour objet l’étude des lois du principe matériel, l’objet spécial du Spiritisme est la connaissance des lois du principe spirituel ; or, comme ce dernier principe est une des forces de la nature, qu’il réagit incessamment sur le principe matériel et réciproquement, il en résulte que la connaissance de l’un ne peut être complète sans la connaissance de l’autre. Le Spiritisme et la science se complètent l’un par l’autre : la science sans le Spiritisme se trouve dans l’impuissance d’expliquer certains phénomènes par les seules lois de la matière ; le Spiritisme sans la science manquerait d’appui et de contrôle. L’étude des lois de la matière devait précéder celle de la spiritualité, parce que c’est la matière qui frappe tout d’abord les sens. Le Spiritisme venu avant les découvertes scientifiques eût été une oeuvre avortée, comme tout ce qui vient avant son temps. »
Gabriel Delanne ajoute : « Eh bien, nous, spirites, nous venons dire aux positivistes ceci : Nous sommes devenus vos disciples, nous avons adopté votre méthode, et nous n’acceptons pour vraies que les vérités démontrées par l’analyse, les sens et l’observation. Loin de nous conduire aux résultats auxquels vous êtes arrivés, ces instruments de recherche nous ont fait découvrir un nouveau mode de vie et nous apportent la certitude sur les points les plus discutés.
Les grandes voix des Crookes1, des Wallace2, proclament que de l’examen positif des phénomènes spirites il ressort clairement que l’âme est immortelle et que, non seulement elle ne meurt pas, mais encore qu’elle peut se manifester, aux humains, au moyen des lois, encore peu connues, qui régissent la matière impondérable. Tout effet a une cause, et tout effet intelligent suppose une cause intelligente : tels sont les premiers principes, les axiomes inébranlables sur lesquels reposent nos démonstrations.
Les matérialistes pouvaient, il y a peu de temps encore, repousser les arguments des philosophes en leur disant qu’il ne possédaient pas la vraie méthode qui conduit à la vérité ; mais, avec les procédés spirites, rien de semblable n’est à craindre. Nous ne venons pas dire : Il faut la foi pour comprendre notre révélation. Nous n’interdisons pas la recherche libre, nous disons au contraire : Venez, instruisez-vous, faites des expériences, cherchez à vous rendre compte de tous les phénomènes, soyez de méticuleux observateurs, n’acceptez une expérience que si vous avez pu la répéter souvent et dans les circonstances les plus variées, en un mot avancez prudemment dans la recherche de l’inconnu, car en marchant à la découverte de nouveaux principes, les erreurs sont faciles à commettre. Une fois que vous aurez suffisamment étudié, le phénomène vous instruira lui-même sur sa nature et son pouvoir.
Nous nous servons des armes de nos ennemis pour les vaincre ; c’est au nom de leur méthode que nous proclamons l’immortalité de l’âme après la mort.
Toutes les théories qui veulent faire de l’homme un automate, tous les savants qui se sont fait de la science une égide pour proclamer la matérialité de l’être humain, se voient donner le plus formidable démenti par le témoignage des faits. Non, il n’est pas vrai qu’en nous tout soit matière ; non il n’est pas juste de penser qu’à la mort du corps, les éléments qui le composaient étant réduits en poussière, il ne restera rien de ce qui fut un être pensant ; l’expérience nous démontre qu’ainsi que le papillon sort de la chrysalide, l’âme quitte son grossier vêtement de chair pour s’élancer, radieuse, dans l’espace, son éternelle patrie. Rien ne meurt ici-bas, car rien ne se perd. L’atome de matière qui s’échappe d’une combinaison rentre dans le grand laboratoire de la nature, et l’âme qui devient libre, par la dissolution de ses liens corporels retourne là d’où elle était venue. La froide nuit du tombeau n’est plus terrifiante pour nous, car nous avons la preuve certaine que les mausolées ne renferment que des cendres inertes, et que l’être, aimant et pensant n’a pas disparu. »
A Noter :
Le Spiritisme n’est pas né d’une théorie préconçue, mais par l’application de la méthode expérimentale aux phénomènes spirites.
Pour en savoir plus :
Le phénomène spirite de Gabriel Delanne. (4ème partie, chap. I) Le Spiritisme est-il une science ? de Charles Kempf. (fascicule) La Genèse d’Allan Kardec (Chap I, caractère de la révélation spirite, § 13 à 15, 55) Dans l’Invisible de Léon Denis. (1ère partie, chap.I, la science spirite) Revue Spirite 1902, p.340 (De la preuve scientifique en matière de spiritisme) Allan Kardec, sa vie, son œuvre d’André Moreil (chap. IV) Revue Spirite 1922 - p.90 de Louis Gastin Rapport de la Société Dialectique de Londres.
Lorsque les Esprits sont venus révéler aux hommes les lois nouvelles de nature qui ont fait du spiritisme une doctrine, ils ont dit : « Voilà les principes ; à vous de les élaborer et d’en déduire les applications. » Ce que nous avons fait maintes fois pour les questions scientifiques, nous le faisons maintenant pour la question religieuse.
Le spiritisme, en effet, n’est par lui-même, qu’une doctrine philosophique bâtie sur des faits exacts et des lois naturelles encore inconnues ; mais par son essence, cette doctrine, en modifiant profondément les idées, touche à toutes les questions sociales, et par conséquent à la question religieuse, comme à toutes les autres. Est-ce que toutes les philosophies ne s’en occupent pas ? puisqu’elles commentent les bases de toutes les religions, c’est-à-dire Dieu, l’origine et la nature de l’âme ? La philosophie matérialiste ne s’en occupe-t-elle pas aussi au point de vue de la négation ? Il est même impossible qu’une philosophie n’aborde pas ces questions dans un sens ou dans un autre. Le spiritisme pouvait donc s’en occuper de son côté à l’aide des éléments nouveaux qu’il précède ; mais ce n’est pas là ce qui constitue une religion, autrement toutes les philosophies seraient des religions.
Il faut distinguer l’idée religieuse de la religion proprement dite. L’idée religieuse est générale, sans principe de détails arrêtés, sans réglementation quelconque. La religion a un caractère particulier de précision qui consiste non seulement dans une communauté de croyances bien déterminées, mais dans la forme extérieure de l’adoration, dans l’accomplissement de certains devoirs, et dans le lien qui unit les adeptes. C’est ce que n’a jamais eu le spiritisme, et c’est pour cela qu’il n’a pas été une religion. On est spirite parce qu’on sympathise avec l’idée qu’il renferme, comme on est cartésien, platonicien, spiritualiste ou matérialiste, mais non par une profession de foi ou une consécration quelconque.
Le Spiritisme ne possède ni dogmes, ni cultes, ni rites, ni cérémonies, ni hiérarchies ; il ne demande, ni n’admet, aucune foi aveugle ; il veut voir clair en tout ; il veut que l’on comprenne tout, que l’on se rende compte de tout.
« Le Spiritisme, écrit Allan Kardec3, pose en principe qu’avant de croire, il faut comprendre ; or, pour comprendre, il faut faire usage de son jugement…. au lieu de dire : croyez d’abord et vous comprendrez ensuite si vous pouvez, il dit : comprenez d’abord, et vous croirez ensuite si vous le voulez.
Le véritable but des assemblées religieuses doit être la communion de pensées ; c’est qu’en effet, le mot religion veut dire lien ; une religion, dans son acception large et vraie, est un lien qui relie les hommes dans une communauté de sentiments, de principes et de croyances.
Le lien établi par une religion, quel qu’en soit l’objet, est un lien essentiellement moral, qui relie les cœurs, qui identifie les pensées, les aspirations, et n’est pas seulement le fait d’engagements matériels qu’on brise à volonté, ou de l’accomplissement de formules qui parlent aux yeux plus qu’à l’esprit. L’effet de ce lien moral est d’établir entre ceux qu’il unit, comme conséquence de la communauté de vues et de sentiments, la fraternité et la solidarité, l’indulgence et la bienveillance mutuelles. C’est en ce sens qu’on dit aussi : la religion de l’amitié, la religion de la famille.
S’il en est ainsi, dira-t-on, le spiritisme est donc une religion ? Eh bien, oui ! Sans doute. Messieurs, dans le sens philosophique, le spiritisme est une religion et nous nous en glorifions, parce que c’est la doctrine qui fonde les liens de la fraternité et de la communion de pensées sur une simple convention mais sur les bases les plus solides, les lois mêmes de la matière.
Pourquoi donc avons-nous déclaré que le spiritisme n’est pas une religion ? Par la raison qu’il n’y a qu’un mot pour exprimer deux idées différentes et que dans l’opinion générale, le mot religion est inséparable de celle de culte, qu’il réveille exclusivement une idée de forme et que le spiritisme n’en a pas. Si le spiritisme se disait religion, le public n’y verrait qu’une nouvelle édition, une variante, si l’on veut, des principes absolus en matière de foi, une caste sacerdotale avec son cortège de hiérarchies, de cérémonies et de privilèges ; il ne le séparerait pas des idées, de mysticisme et des abus contre lesquels l’opinion s’est souvent élevée. »
Louis Serré et Roland Tavernier ont écrit : « N’ayons pas peur des mots : religion, spiritualisme ; nous sommes spiritualistes donc religieux. Nous admettons que toutes les religions ont un point commun : la spiritualité ; mais nous repoussons énergiquement les dogmes qui cristallisent la recherche et s’opposent souvent à la raison, ainsi que les rites qui tendent à donner un pouvoir usurpé à ceux qui les pratiquent - cela menant immanquablement à l’intolérance et au racisme, sources de tant de cruauté. »
A Noter :
Le Spiritisme est une philosophie, déduite de la manifestation des Esprits, qui a des conséquences religieuses. Comme les religions, le Spiritisme est basé sur la survivance de l’Esprit. Spiritisme, qui n’a ni dogmes, ni cultes, ni hiérarchies, n’est pas une religion au sens commun. Le Spiritisme, qui relie les hommes dans une communauté de sentiments et de principes, est une religion au sens étymologique qui veut dire : « lien ».
Pour en savoir plus :
Le Spiritisme est-il une religion ? discours d’Allan Kardec. (dans le livre l’Obsession ou en fascicule) Spiritualisme vers la lumière de Louis Serré. (Livre second, page 205) Allan Kardec, sa vie, son œuvre d’André Moreil (chap. V) Le Spiritisme, qu’en savons-nous ? de l’U.S.F.F. (2ème édition, page 31) Histoire du Spiritisme de Arthur Conan Doyle. (chap. XXIV, Aspect religieux…) Revue Spirite 1908 - p.590 d’Allan Kardec (Etude des religions) Revue Spirite 1908 - p.739 de P. Verdard-Lessard (La religion et le Spiritisme)
Il existe deux tendances du spiritisme : le Spiritisme expérimental et le Spiritisme christique. Le premier, plus orienté sur la phénomènologie spirite, cherche à réunir les preuves de la survivance de l’être. Le second, s’appuyant sur le premier, cherche davantage à diffuser le côté philosophique et morale de l’enseignement des Esprits.
« Remarquons, écrit Léon Denis, qu’il y a tendance, de la part de certains groupements, à donner au spiritisme un caractère surtout expérimental, à s’attacher exclusivement à l’étude des phénomènes, à négliger ce qui a un caractère philosophique ; tendance à rejeter tout ce qui peut rappeler, si peu que ce soit, les doctrines du passé, pour se cantonner sur le terrain scientifique. Dans ces milieux, on tient à écarter la croyance et l’affirmation de Dieu comme superflues, tout au moins comme étant d’une démonstration impossible. On pense ainsi attirer les hommes de science, les positivistes, les libres penseurs, tous ceux qui éprouvent une sorte d’aversion pour le sentiment religieux, pour tout ce qui a une apparence mystique ou doctrinale.
D’un autre côté, on voudrait faire du spiritisme un enseignement philosophique et moral, basé sur les faits, un enseignement susceptible de remplacer les doctrines vieillies, les systèmes surannés et de donner satisfaction aux âmes nombreuses qui recherchent avant tout des consolations pour leurs douleurs, une philosophie simple, populaire, qui les repose des tristesses de la vie.
D’un côté comme de l’autre, il y a des foules à satisfaire ; beaucoup plus même d’un côté que de l’autre, car la foule de ceux qui luttent et souffrent dépasse en grand nombre celle des hommes d’étude.
Pour soutenir ces deux thèses, nous voyons de part et d’autre des hommes sincères et convaincus, aux qualités desquels nous nous plaisons à rendre hommage. Pour qui faudrait-il opter ? dans quel sens convient-il d’orienter le spiritisme pour assurer son évolution ? Le résultat de nos recherches et de nos observations nous amène à reconnaître que la grandeur du spiritisme, l’influence qu’il acquiert sur les masses provient surtout de sa doctrine ; les faits ne sont que les fondations sur lesquelles l’édifice s’appuie. Certes ! les fondations jouent un rôle essentiel dans tout édifice, mais ce n’est pas dans les fondations, c’est-à-dire en des constructions souterraines, que la pensée et la conscience peuvent trouver un abri.
A nos yeux, la mission réelle du spiritisme n’est pas seulement d’éclairer les intelligences par une connaissance plus précise et plus complète des lois physiques du monde ; elle consiste surtout à développer la vie morale chez les hommes, la vie morale que le matérialisme et le sensualisme ont bien amoindrie. Relever les caractères et fortifier les consciences, telle est la tâche capitale du spiritisme. A ce point de vue, il peut être un remède efficace aux maux qui assiègent la société contemporaine, un remède à cet accroissement inouï de l’égoïsme et des passions qui nous pousse aux abîmes.
Nous croyons devoir exprimer ici notre entière conviction : ce n’est pas en faisant du spiritisme seulement une science positive, expérimentale ; ce n’est pas en éliminant ce qu’il y a d’élevé en lui, ce qui entraîne la pensée au-dessus des horizons étroits, c’est-à-dire l’idée de Dieu, l’usage de la prière, que l’on facilitera sa tâche ; au contraire, on le rendrait stérile, sans action sur le progrès des masses.
Il y a autre chose encore. Même en nous cantonnant sur le terrain de l’étude expérimentale, il est une considération capitale dont nous devons nous inspirer. C’est la nature des rapports qui existent entre les hommes et le monde des Esprits ; c’est l’étude des conditions à remplir pour tirer de ces rapports les meilleurs effets.
Dès qu’on aborde ces phénomènes, on est frappé par la composition de ce monde invisible qui nous entoure, par le caractère de ces foules d’esprits qui nous enveloppent et cherchent sans cesse à se mettre en relations avec les hommes. Autour de notre planète arriérée flotte une vie puissante, invisible, où dominent les esprits légers et moqueurs, auxquels se mêlent des esprits pervers et malfaisants. Il y a là bien des passionnés, des vicieux, des criminels. Ils ont quitté la terre, l’âme pleine de haine, la pensée altérée de vengeance ; ils attendent dans l’ombre le moment propice pour satisfaire leurs rancunes, leurs fureurs, aux dépens des expérimentateurs imprudents et imprévoyants qui, sans précaution, sans réserve, ouvrent toutes larges les voies qui font communiquer notre monde et celui des Esprits.
Fort heureusement, à côté du mal est le remède. Pour nous délivrer des influences mauvaises, il existe une ressource suprême. Nous possédons un moyen puissant pour écarter les esprits de l’abîme et faire du spiritisme un élément de régénération, un soutien, un réconfort. Cette ressource, ce préservatif, c’est la prière, c’est la pensée dirigée vers Dieu ! La pensée de Dieu est comme une lumière qui dissipe l’ombre et éloigne les esprits de ténèbres ; c’est une arme qui écarte les esprits malfaisants et nous préserve de leurs embûches. La prière, lorsqu’elle est ardente, improvisée, et non pas une récitation monotone, a un pouvoir dynamique et magnétique considérable ; elle attire les esprits élevés et nous assure leur protection. Grâce à eux, nous pouvons alors communiquer avec ceux que nous avons aimés sur terre, ceux qui ont été la chair de notre chair, le sang de notre sang et qui, du sein des espaces, tendent leurs bras vers nous.
Pour entrer en relations avec les puissances supérieures, avec les esprits éclairés, il faut la volonté et la foi, le désintéressement absolu et l’élévation des pensées. En dehors de ces conditions, l’expérimentateur serait le jouet des esprits légers. « Qui se ressemble s’assemble », dit le proverbe. En effet, la loi des affinités régit le monde des âmes comme celui des corps.
Il y a donc nécessité, au point de vue théorique comme au point de vue pratique, nécessité au point de vue du progrès du spiritisme, de développer. le sens moral, de s’attacher aux croyances fortes, aux principes supérieurs, nécessité de ne pas abuser des évocations, de n’entrer en communication avec les Esprits que dans des conditions de recueillement et de paix morale.
Le spiritisme a été donné à l’homme comme, un moyen de s’éclairer, de s’améliorer, d’acquérir les qualités indispensables à son évolution. Si l’on détruisait dans les âmes ou seulement si l’on négligeait l’idée de Dieu et les aspirations élevées, le spiritisme pourrait devenir une chose dangereuse. C’est pourquoi nous n’hésitons pas à dire que se livrer aux pratiques spirites sans épurer ses pensées, sans les fortifier par la foi et la prière, ce serait accomplir une oeuvre funeste, dont la responsabilité pourrait retomber lourdement sur ses auteurs. »
A Noter :
Le côté le plus élevé du Spiritisme est sa force morale. Le but essentiel du Spiritisme est l’amélioration des hommes ; en le cantonnant au domaine des faits, il est stérile.
Pour en savoir plus :
La Grande Enigme de Léon Denis. (1ère partie, chap. VII) La Table, le Livre et les Esprits de François Laplantine (4ème partie, chap. II) Allan Kardec, sa vie, son œuvre d’André Moreil (chap. VI et VII) Le Spiritisme Christique de Gaston Luce (en fascicule ou dans le livre Spiritisme et rénovation).
Le Spiritisme, né de l’observation des faits et de l’application de la méthode expérimentale a eu des conséquences religieuses en démontrant la survie de l’Esprit et en étudiant sa situation dans la vie future. Quels aspects faut-il envisager pour l’avenir du Spiritisme ? Nous répondrons avec Louis Serré et Roland Tavernier que « tout en étant attachés à la doctrine spiritualiste du spiritisme, nous sommes très attentifs à la partie expérimentale qui constitue une démonstration et des faits sur lesquels s’appuie la doctrine. Nous suivons totalement Allan Kardec parce qu’il affirme que le spiritisme sera scientifique et s’il n’ajoute pas qu’il sera spiritualiste, c’est qu’il l’est dans son essence et que cela va de soi ; « l’évangile selon le Spiritisme », « le Livre des Esprits » sont là, pour l’attester.
[1] William Crookes, physicien et chimiste anglais, il découvrit le thallium (1861) et montra que les rayons cathodiques sont des particules électrisées (1878). Membre de la société dialectique de Londres, il étudia les phénomènes spirites avec le médium Daniel Dunglas Home et la médium Florence Cook. Ses recherches l’amenèrent à conclure en l’authenticité du phénomène. Il affirmera, à l’académie de Londres : « Je ne dis pas que cela est possible, je dis que cela est. » ; voir Recherches sur les phénomènes du Spiritualisme.
[2] Alfred Russel Wallace, naturaliste anglais, il proposa sa propre théorie de l’évolution par sélection naturelle en même temps que Darwin. Membre de la société dialectique de Londres, il étudia les phénomènes spirites durant plusieurs années et conclua en faveur de l’authenticité du phénomène dans Les miracles et le Spiritisme.
[3] Revue Spirite 1867, p. 40.