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« Bientôt, et le temps est proche, on arrivera à démontrer que l’âme humaine peut vivre,
dès cette existence terrestre, en communication étroite et indissoluble avec les entités
immatérielles du monde des Esprits ; il sera acquis et prouvé que ce monde agit
indubitablement sur le nôtre et lui communique des influences profondes dont l’homme
aujourd’hui n’a pas conscience mais qu’il reconnaîtra plus tard ».
KANT.
L’Histoire des Sœurs Fox
C’est un phénomène de hantise qui attira l’attention sur les manifestations des Esprits, en Amérique, au 19ème siècle. Des coups, dont personne ne put deviner la cause, se firent entendre pour la première fois en 1846 chez un dénommé Veckmann, habitant la maison d’un petit village appelé Hydesville dans l’Etat de New-York. Rien ne fut négligé pour découvrir l’auteur de ces bruits mystérieux, mais on n’y put parvenir. Six mois plus tard, en 1847, cette famille quitta la maison qui fut alors habitée par un membre de l’Eglise épiscopale méthodiste : M. John Fox et sa famille, composée de sa femme et de ses deux filles, Margaret alors agée de 14 ans et Kate, de 11 ans. La famille Fox était composé de six enfants mais seule Margaret et Kate vivaient alors avec leurs parents.
Pendant trois mois ils y furent tranquilles, puis les coups recommencèrent de plus belle. D'abord c'étaient des bruits très légers, comme si quelqu'un frappait sur le parquet d’une des chambres à coucher, et, à chaque fois, une vibration se faisait sentir sur le parquet ; on la percevait même étant couché. Le sol vibrait si fort que les lits tremblaient et qu’on sentait cette vibration en se tenant debout sur le plancher. Les coups se faisaient entendre sans s’arrêter, il n'y avait plus moyen de dormir dans la maison.
Le 31 mars 1848, madame Fox et ses filles, n'ayant pu dormir pendant la nuit précédente, et harassées de fatigue, se couchèrent de bonne heure, dans la même chambre, espérant ainsi échapper aux manifestations qui se produisaient ordinairement au milieu de la nuit. M. Fox était alors absent. Bientôt les coups recommencèrent, et les deux jeunes filles, réveillées par ce vacarme, se mettent à les imiter en faisant claquer leurs doigts. A leur grand étonnement les coups répondirent à chaque claquement, alors la plus jeune des filles miss Kate voulût vérifier ce fait surprenant ; elle fît un claquement, on entendit un coup, deux, trois, etc., et toujours l'être ou l'agent invisible rendît le même nombre de coups. Sa sœur dit en badinant : « Maintenant faites comme moi, comptez un, deux, trois, quatre, etc., » en frappant chaque fois dans sa main le nombre indiqué. Les coups se suivirent avec la même précision, mais ce signe d'intelligence alarmant la jeune fille, elle cessa bientôt l'expérience.
Mme Fox dit alors : « Compte dix. » L'agent frappa dix fois. La mère posa une série de questions et les réponses données par chiffres, montrèrent la plus grande connaissance de ses propres affaires qu’elle n’en avait elle-même ; car les coups insistaient sur le fait qu’elle avait sept enfants tandis qu’elle protestait n’en avoir mis au monde que six, jusqu’à ce qu’un septième, mort précocement, lui revînt en mémoire. A cette question : « Êtes-vous un homme, vous qui frappez ? » aucune réponse ne vint ; mais à celle-ci « Êtes-vous un Esprit ? » il fut répondu par des coups nets et rapides. On appela une voisine, Mme Redfield ; son amusement se changea en émerveillement puis en terreur au fur et à mesure qu’elle écoutait, elle aussi, les réponses correctes à des questions intimes.
Madame Fox dit alors à son interlocuteur invisible : « Si nous faisions venir les voisins, les coups continueraient-ils à répondre ? » Un coup se fit entendre en signe d'affirmation. Les voisins appelés ne tardèrent pas à venir, comptant découvrir l’invisible frappeur par tous les moyens de surveillance possible ; mais l'exactitude d'une foule de détails ainsi donnés par coups, en réponse aux questions adressées à l'être invisible, sur les affaires particulières de chacun, convainquirent les plus incrédules. Le bruit de ces choses se répandît au loin, et bientôt arrivèrent de tous côtés des prêtres, des juges, des médecins, et une foule de citoyens.
Les voisins accoururent en foule tandis que se répandaient les rumeurs à propos de cette merveille ; les deux enfants furent emmenés par l’un d’eux tandis que Mme Fox allait passer la nuit chez Mme Redfield. En leur absence, le phénomène se poursuivit exactement comme avant, ce qui une fois pour toutes réduit au silence toutes ces théories de craquement d’orteils et de genoux disloqués que des gens parfaitement ignorants des faits réels ont si souvent avancées. Tous les moyens de surveillance furent pratiqués pour découvrir l'invisible frappeur, mais l'enquête de la famille, et celle de tout le voisinage, fut inutile. On ne put découvrir de cause naturelle à ces singulières manifestations.
Les expériences se suivirent, nombreuses et précises. Le dimanche suivant, la maison était pleine à craquer, plus de trois cents personnes étaient présentes à ce moment-là. Les curieux, attirés par ces phénomènes nouveaux, ne se contentèrent plus de demandes et de réponses. L'un d'eux, nommé Isaac Post, eut l'idée de réciter à haute voix les lettres de l'alphabet, en priant l'Esprit de vouloir bien frapper un coup sur celles qui composaient les mots qu'il voulait faire comprendre. De ce jour, la télégraphie spirituelle était trouvée : ce procédé est celui que nous verrons appliquer aux tables tournantes.
Telle fut la première conversation qui eut lieu dans les temps modernes et que l'on ait constatée, entre les êtres de l'autre monde et celui-ci. De cette manière, madame Fox parvint à savoir que l'esprit qui lui répondait, était celui d'un homme qui avait été assassiné dans la maison qu'elle habitait, plusieurs années auparavant, qu'il se nommait Charles B. Rosma, qu'il était colporteur et âgé de trente-un ans, lorsque la personne chez laquelle il logeait le tua pour avoir son argent et l’enterra dans la cave. Des ossements humains furent effectivement trouvé plus tard.
Voilà, dans toute sa simplicité, le début du phénomène qui devait révolutionner le monde entier. Nié par les savants officiels, raillé par la presse des deux mondes, mis à l'index par des religions craintives et jalouses, suspect à la justice, exploité par des charlatans sans vergogne, le spiritisme devait cependant faire son chemin et conquérir des adhérents, dont le chiffre s'élève à plusieurs millions, car il possède cette force plus puissante que tout au monde : la vérité.
L’Esprit engagea les jeunes filles à donner des séances publiques dans lesquelles il convaincrait les incrédules de son existence. La famille Fox alla se fixer à Rochester et, suivant les conseils de leur ami de l'espace, ces jeunes missionnaires n'hésitèrent pas à braver le fanatisme protestant en proposant de se soumettre au plus rigoureux contrôle.
Accusés d'imposture et sommés par les ministres de leur confession de renoncer à ces pratiques, M. et Mme Fox, se faisant un devoir suprême de propager la connaissance de ces phénomènes, qu'ils considéraient comme une grande et consolante vérité utile pour tous, refusèrent de se soumettre et furent chassés de leur Église. Les adeptes qui se réunissaient autour d'eux furent frappés de la même réprobation.
Les conservateurs fanatiques amenèrent la population contre la famille Fox. Les apôtres de la foi nouvelle offrirent alors de faire la preuve publique de la réalité des manifestations devant la population réunie à Corynthial-Hall, la plus grande salle de la ville. On commença par une conférence où furent exposés les progrès du phénomène depuis les premiers jours. Cette communication, accueillie par des huées, aboutit pourtant à la nomination d'une commission chargée d'examiner les faits ; contre l'attente générale, et contre sa conviction propre, la commission fut forcée d'avouer qu'après l'examen le plus minutieux, elle n'avait pu découvrir aucune trace de fraude. Ils ajoutaient que ces coups arrivaient sur les murs et les portes à quelque distance des fillettes, occasionnant des vibrations sensibles. Ils échouèrent entièrement à découvrir aucun moyen par lequel on aurait pu les obtenir.
On nomma aussitôt une seconde commission qui eut recours à des procédés d'investigation encore plus rigoureux ; on fit fouiller et même déshabiller les médiums, par des dames bien entendu, toujours on entendit des rappings (coups frappés dans la table), des meubles en mouvement, des réponses à toutes les questions, même mentales ; pas de ventriloquie, pas de subterfuges, pas de doute possible. Second rapport plus favorable encore que le premier, sur la parfaite bonne foi des spirites et la réalité de l'incroyable phénomène. Il est impossible - dit Mme Hardinge - de décrire l'indignation qui se manifesta à cette seconde déception. Le rapport final déclara que « les bruits étaient entendus et que leur examen complet avait montré de façon décisive qu’ils n’étaient produits ni par un mécanisme ni par ventriloquisme, bien que, sur la nature de l’agent qui les produisait, ils fussent incapables de se prononcer. »
Une troisième commission fut immédiatement choisie parmi les plus incrédules et les plus railleurs. Le résultat de ces investigations, encore plus outrageantes que les deux autres pour les pauvres jeunes filles, tourna plus que jamais à la confusion de leurs détracteurs. Le comité témoigna ensuite que leurs questions, certaines posées mentalement, avaient reçu des réponses correctes.
La foule, exaspérée, convaincue de la trahison des commissaires et de leurs connivences avec les imposteurs, avait déclaré que, si le rapport était favorable, elle lyncherait les médiums et leurs avocats. Les jeunes filles, malgré leur terreur, escortées de leur famille et de quelques amis, ne se présentèrent pas moins à la réunion et prirent place sur l'estrade de la grande salle, tous décidés à périr, s'il le fallait, martyrs d'une impopulaire mais indiscutable vérité.
La lecture du rapport fut faite par un membre de la commission qui avait juré de découvrir le truc, mais il dut avouer que la cause des coups frappés, malgré les plus minutieuses recherches, lui était inconnue. Aussitôt eut lieu un tumulte effroyable : la populace voulut lyncher les jeunes filles, et elles l'eussent été sans l'intervention d'un quaker, nommé Georges Villets, qui leur fit un rempart de son corps et ramena la foule à des sentiments plus humains.
On voit, par ce récit, que le Spiritisme fut étudié sévèrement dès son début. Ce ne sont pas seulement des voisins, plus ou moins ignorants, qui constatent un fait inexplicable, mais des commissions, régulièrement nommées, qui, après enquêtes minutieuses, sont obligées de reconnaître l'authenticité absolue du phénomène. Des tentatives pour démasquer des fraudes dans les phénomènes eurent lieu régulièrement. Il est à noter que cet événement, qui est à la naissance du spiritisme, est sujet à de nombreuses déformations et désinformations de la part des opposants au spiritisme. Ainsi le Jésuite Lucien Roure, dans son ouvrage « Le merveilleux spirite » prétend que personne ne s’était posée la question de savoir si le phénomène était dû à la supercherie et il laisse même insinuer que ceux-ci étaient produits par le jeu de l’orteil ou de la cheville ! D’autres iront jusqu’à dire que la plus jeune des filles était ventriloque ! Ces affirmations gratuites, sans fondements, ne peuvent expliquer les effets des phénomènes constatés, et leur authenticité affirmée par des commission hostiles et fanatiques.
A Noter :
Les coups frappés avaient commencé avant l’arrivée des sœurs Fox. Nulle suggestion ne peut expliquer ce phénomène puisque le spiritisme n’est pas encore né. Nulle manifestation inconsciente ne peut non plus expliquer ce phénomène : on retrouve les ossements de l’Esprit qui se communique conformément à ses dires. Les phénomènes furent dès le début soumis à la plus sévère critique et en ressortirent authentiques.
Pour en savoir plus :
Histoire du Spiritisme de Arthur Conan Doyle. (chap. IV, l’épisode d’Hydesville) Le Phénomène spirite de Gabriel Delanne. (1ère partie, chap. II) Le Spiritisme devant la Science de Gabriel Delanne. (3ème partie, chap. I, historique) Dans l’invisible de Léon Denis. (2ème partie, chap. XVI) Le Spiritisme du Dr Paul Gibier. (1ère partie, chap. III) La Revue Spirite 1998 - n° 36, p.39 et 37, p.22 (L’histoire des sœurs Fox)
Les Tables Tournantes
L’histoire des sœurs Fox se répandit rapidement, et de toutes parts eurent lieu des manifestations par le biais de ce qu’on appelait alors la télégraphie spirituel. On se lassa bientôt d'un procédé aussi incommode, et les frappeurs indiquèrent eux-mêmes un mode nouveau de communication. Il fallait simplement se réunir autour d'une table, poser dessus les mains, et en se soulevant, la table frapperait un coup, pendant qu'on réciterait l'alphabet, sur chacune des lettres que l'esprit voudrait donner. Ce procédé, bien que très lent, produisit d'excellents résultats, et l'on eut ainsi les tables tournantes et parlantes.
Il faut dire que la table ne se bornait pas à se lever sur un pied pour répondre aux questions qu'on lui posait, elle s'agitait en tous sens, tournait sous les doigts des expérimentateurs, quelquefois s'élevait dans les airs, sans que l'on pût voir de force la tenant ainsi suspendue. D'autres fois les réponses étaient faites au moyen de petits coups, qu'on entendait dans l'intérieur du bois. Ces faits étranges attirèrent l'attention générale et bientôt la mode des tables tournantes envahit l'Amérique entière.
La table enseigna à nouveau un procédé plus prompt. Sur ses indications, on adapta à une planchette triangulaire trois pieds munis de roulettes, et à l’un d’eux, on attacha un crayon, puis on mit l’appareil sur une feuille de papier, et le médium posa les mains sur le centre de cette petite table. On vit alors le crayon tracer des lettres, puis des phrases, et bientôt cette planchette écrivit avec rapidité et donna des messages. Plus tard encore, on s’aperçut que la planchette était tout à fait inutile, et qu’il suffisait au médium de poser simplement sa main armée d’un crayon, sur le papier, et que l’esprit la faisait agir automatiquement.
A côté des personnes légères qui passaient leur temps à interroger les esprits sur leurs problèmes de vie amoureuse, ou sur un objet perdu, de graves esprits, des savants, des penseurs, attirés par le bruit qui se faisait autour de ces phénomènes, résolurent de les étudier scientifiquement, pour mettre leurs concitoyens en garde contre ce qu'ils appelaient une folie contagieuse. En 1856, le juge Edmonds, jurisconsulte éminent qui jouit d'une autorité incontestée dans le Nouveau Monde, publia un ouvrage sur des recherches qu’il avait entreprises avec l’idée de démontrer la fausseté des phénomènes spirites ; le résultat final fut diamétralement opposé et le juge Edmonds reconnu la réalité de ces surprenantes manifestations. Le professeur Mapes qui enseignait la chimie à l'Académie nationale des États-Unis, se livra à une investigation rigoureuse qui aboutit, comme la précédente, à une constatation motivée, d'après laquelle les phénomènes étaient bien dus à l'intervention des esprits. Mais ce qui produisit le plus grand effet, ce fut la conversion aux idées nouvelles du célèbre Robert Hare, professeur à l'université de Pensylvannie, qui expérimenta scientifiquement le mouvement des tables et consigna ses recherches, en 1856, dans un volume intitulé : Expérimental investigations of the spirit manifestation.
Dès lors, la bataille entre les incrédules et les croyants s'engagea à fond. Des écrivains, des savants, des orateurs, des hommes d'église, se jetèrent dans la mêlée, et pour donner une idée du développement pris par la polémique, il suffit de rappeler que déjà, en 1854, une pétition signée de 15000 noms de citoyens, avait été présentée au congrès siégeant à Washington pour le prier de nommer une commission chargée d'étudier le « modern spiritualism » (c'est le nom que l'on donne en Amérique au spiritisme). Cette demande fut repoussée par l'assemblée, mais l'élan était donné et l'on vit surgir des sociétés qui fondèrent des journaux où se continua la guerre contre les incrédules.
En 1852, le 1er Congrès « Spirite » (le mot n’était pas encore inventé) eut lieu à Cleveland. Les spirites américains envoyèrent à la suite du Congrès des médiums dans la vieille Europe. On fit tourner les tables en France dès 1853. Il n'était question dans toutes les classes de la société que de cette nouveauté ; on ne s'abordait guère sans la question sacramentelle : « Eh bien ! Faites-vous tourner les tables ? » Puis, comme tout ce qui est de mode, après un moment de faveur, les tables cessèrent d'occuper l'attention, qui se porta sur d'autres objets. Cette manie de faire tourner les tables eut néanmoins un résultat important, ce fut de faire réfléchir beaucoup de personnes sur la possibilité des rapports entre morts et vivants.
En 1854, on comptait alors plus de 3.000.000 d’adeptes en Amérique et une dizaine de milliers de médiums. Les adeptes devinrent également nombreux en France, mais il manquait encore une véritable explication, théorique et pratique, de l’étrange phénomène. C’est à ce moment qu’Allan Kardec qui s’intéressait depuis une trentaine d’années aux phénomènes dits du magnétisme animal, de l’hypnotisme et du somnambulisme, et qui ne voyait dans le nouveau phénomène qu’un « conte à dormir debout » assista à plusieurs séances spirites, afin d’étudier de près le bien fondé de ces apparitions. Loin d’être un enthousiaste de ces manifestations, et absorbé par ses autres occupations, il fut sur le point de les abandonner lorsque des proches lui remirent cinquante cahiers de communications diverses reçues depuis cinq ans et lui demandèrent de les synthétiser : ainsi naquit le Livre des Esprits. André Moreil écrira qu’en étudiant par la méthode positiviste et en codifiant le spiritisme, « Allan Kardec l’a sauvé du danger d’être une simple fantaisie, un amusement de salon. »
A Noter :
Les tables étaient mus par une force intelligente. Cette intelligence se désignait elle-même sous le nom d’ « Esprit ». La mode des « Tables Dansantes » eut pour effet de faire réfléchir de nombreuses personnes et de développer considérablement l’idée nouvelle. Allan Kardec lui-même était au début très sceptique vis-à-vis des phénomènes spirites.
Pour en savoir plus :
Le Livre des Esprits d’Allan Kardec. (introduction, III à V) Allan Kardec, sa vie, son œuvre d’André Moreil. (chap. II) Histoire du Spiritisme de Arthur Conan Doyle. (chap. VI, premiers progrès…)
L’Universalité du Spiritisme
La médiumnité a toujours existé, car l’homme a toujours été esprit. Ainsi les communications avec les Esprits ont eu lieu à toutes les époques et dans des contrées diverses. Si les phénomènes de hantise vécus par la famille Fox au 19ème siècle ont donné naissance à l’étude du spiritisme et à sa codification, les faits médiumniques sont aussi anciens que l’apparition de l’homme et les phénomènes de hantise ont été observé depuis toujours
En Inde, on retrouve dans les Védas, le plus ancien code religieux que l’on connaisse, paru plusieurs milliers d’année avant Jésus-Christ, l’existence des Esprits, le grand législateur Manou s’exprime ainsi : « Les Esprits des ancêtres, à l’état invisible, accompagnent certains Brahmes ; sous une forme aérienne, ils les suivent et prennent place à côté d’eux lorsqu’ils s’asseyent. » (Manou, Slocas, 187, 188, 189).
Un autre auteur hindou déclare : « Que longtemps avant qu’elles se dépouillent de leur enveloppe mortelle, les âmes qui n’ont pratiqué que le bien acquièrent la faculté de converser avec les âmes qui les ont précédées. »
En Chine, on se livre depuis des temps immémoriaux à l’évocation des esprits des ancêtres.
En Egypte, les magiciens des pharaons accomplissent des prodiges qui sont racontés dans la Bible ; en laissant de côté ce qu’il peut y avoir de légendaire dans ces récits, il est bien certain qu’ils évoquaient les morts, puisque Moïse, leur disciple, défend formellement aux Hébreux de se livrer à ces pratiques : « Que, parmi vous, personne n’use de sortilège et d’enchantements ou n’interroge les morts pour apprendre la vérité. » (Deutéronome).
Chez les hébreux, malgré cette défense de Moïse, nous voyons Saül aller consulter la pythonisse d’Endor et, par son intermédiaire, communiquer avec l’ombre de Samuel. De plus, il y eut toujours des chercheurs qui furent tentés par ces évocations mystérieuses : ils se communiquaient les uns aux autres une doctrine secrète, qu’ils nommaient la Kabbale.
En Grèce, la croyance aux évocations était générale. Les temples possédaient tous des femmes nommées pythonisses, chargées de rendre des oracles en évoquant les dieux. Homère, dans l’Odyssée, décrit minutieusement par quelles cérémonies Ulysse put converser avec l’ombre du devin Tirésias. Apollonius de Thyane, savant philosophe pythagoricien et thaumaturge d’une grande puissance, possédait des connaissances très étendues sur les sciences occultes ; sa vie fourmille de faits extraordinaires ; il croyait fermement aux Esprits et à leurs communications possible avec les vivants.
Chez les Romains, les pratiques d’évocation étaient excessivement répandues, et, depuis la fondation de l’empire, le peuple ajoutait la plus grande foi aux oracles. Les sibylles romaines évoquant les morts, interrogeant les Esprits sont sans cesse consultées par les généraux, et nulle entreprise un peu importante n’est décidée sans qu’on ait au préalable pris l’avis de ces prêtresses.
Si nous en croyons Tertullien, le Spiritisme s'exerçait chez les anciens par les mêmes moyens qu'aujourd'hui : « S'il est donné, dit-il, à des magiciens de faire apparaître des fantômes, d'évoquer les âmes des morts, de pouvoir forcer la bouche des enfants à rendre des oracles, si ces charlatans contrefont un grand nombre de miracles, s'ils envoient des songes, s'ils ont à leurs ordres des Esprits messagers et des démons par la vertu desquels les chèvres et les tables qui prophétisent sont un fait vulgaire, avec quel redoublement de zèle ces esprits puissants ne s'efforcent-ils pas de faire pour leur propre compte ce qu'ils font pour le service d'autrui. »
À l'appui des affirmations de Tertullien, on peut citer un passage d'Ammien Marcellin, au sujet de Patricius et d'Hilarius traduits devant un tribunal romain pour crime de magie, qui se défendirent en racontant « qu'ils avaient fabriqué, avec des morceaux de laurier, une petite table (mensulam) sur laquelle ils avaient placé un bassin circulaire, fait de plusieurs métaux, et contenant un alphabet gravé sur les bords. Alors, un homme vêtu de lin, après avoir récité une formule et fait une évocation au dieu de la divination, tenait suspendu au-dessus du bassin un anneau en fil de lin très fin et consacré par des moyens mystérieux. Que l’anneau sautant successivement, mais sans confusion, sur plusieurs des lettres gravées et d’arrêtant sur chacune, formait des vers parfaitement réguliers, qui étaient les réponses exactes aux questions posées. » Hilarius ajouta : « Un jour, ils avaient demandé qui succéderait à l’empereur actuel, et, l’anneau, ayant sauté, donné les syllabes Théo. Ils n’en demandèrent pas davantage, persuadés que ce serait Théodore. » Mais les faits, dit Ammien Marcellin, démentirent plus tard les magiciens, mais non la prédiction, ce dut Théodose.
En Gaule, les Druides communiquaient avec le monde invisible, mille témoignages l’attestent. On évoquait les morts dans les enceintes de pierre. Les Druidesses et les Bardes rendaient des oracles. Plusieurs auteurs rapportent que Vercingétorix s’entretenait avec les âmes des héros morts pour la patrie. Avant de soulever la Gaule contre César, il se rendit dans l’île de Sein, antique demeure des Druidesses. Là, un génie lui apparut et lui prédit sa défaite et son martyre.
Chez les premiers chrétiens, on retrouve dans les Actes des Apôtres de nombreuses indications quant à la communications avec les esprits des morts. Saint Paul dans sa première épître aux Corinthiens, décrits sous le nom de dons spirituels, tous les genres de médiumnité. Il se déclare instruit directement par l’Eglise de Jésus dans la vérité évangélique. On attribuait parfois ces inspirations aux mauvais Esprits, à ce que certains appelaient l’Esprit de Python : « Mes bien-aimés, disait Jean, ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez si les esprits sont de Dieu. »
Les pratiques spirites furent en usage pendant plusieurs siècles. Presque tous les philosophes alexandrins, Philon, Ammonius Saccas, Plotin, Porphyre, Arnobe, se disent inspirés par des génies supérieurs ; saint Grégoire thaumaturge reçoit les symboles de la foi de l’Esprit de Saint Jean. Saint Augustin, le grand évêque d’Hippone, dans son traité De Curâ pro mortuis, parle des manifestations occultes et ajoute : « Pourquoi ne pas attribuer ces opérations aux esprits des défunts et ne pas croire que la divine Providence fait un bon usage de tout pour instruire les hommes, les consoler, les épouvanter ? »
Au Moyen-âge, les persécutions de l’Eglise envers les « hérétiques » étouffèrent la communication avec le monde invisible mais la tradition se conserva : on peut la suivre dans l’histoire avec les noms de Paracelse, Cornélius Agrippa, Swedenborg, Jacob Boehm, Martinez Pascalis, le comte de Saint-Germain, Saint-Martin, les possédés de Loudun, les trembleurs des Cévennes et les crisiaques du cimetière Saint-Médard.
Aucun témoignage de l’intervention des Esprits dans la vie des peuples n’est comparable à l’histoire touchante de la vierge de Domrémy. Au début du XVème siècle, la France agonisait sous le pied de fer des Anglais. A l’aide d’une jeune fille, d’une enfant de dix-huit ans, les puissances invisibles raniment un peuple démoralisé, réveillent le patriotisme éteint, enflamment la résistance et sauvent la France de la mort. Jeanne n’agit jamais sans consulter ses voix, et, soit sur les champs de bataille, soit devant ses juges, toujours celles-ci inspirent ses paroles et ses actes.
De plus on retrouve la communication avec les Esprits à travers les « sorciers » ou les « chamans » chez de nombreux peuples d’Amérique, d’Asie, d’Océanie et d’Afrique.
A Noter :
Les manifestations des Esprits ont toujours existé, dans des pays et des époques différentes. Les manifestations des Esprits sont à la base des religions.
Pour en savoir plus :
Après la Mort de Léon Denis. (1ère partie, la Doctrine secrète) Le phénomène spirite de Gabriel Delanne. (1ère partie, chap. I) Le Spiritisme du Dr Paul Gibier. (1ère partie, chap. IV) Le Spiritisme qu’en savons-nous ? de l’U.S.F.F. (2ème édition, page 59) Histoire du spiritualisme expérimental de César de Vesme.
Conclusion
Bien que le Spiritisme ait toujours existé et soit à l’origine de nombreux phénomènes inexpliqués dans l’histoire, il faudra attendre le 19ème siècle pour que celui-ci soit codifié par Allan Kardec qui a appliqué aux phénomènes spirites la méthode expérimentale. Le Spiritisme n’a pas été fondé sur la pensée préconçue de l’existence des Esprits, Allan Kardec est parti d’un point de vue matérialiste, et, ce point de vue étant impuissant à tout expliquer, l’observation l’a conduit à la cause spirituelle : l’Esprit.