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« Si nous l'appelons Dieu, c'est faute d'un nom plus grand. "
Victor Hugo.
Peut-on définir Dieu ?
A la question : " qu'est-ce que Dieu ? " Les Esprits répondent : " il est l'intelligence suprême, cause première de toutes choses. "
Kardec ajoutera à cette définition :
· Dieu est éternel : s'il avait eu un commencement, quelque chose aurait existé avant lui ; il serait sorti du néant, ou bien il aurait été créé lui-même par un être antérieur. C'est ainsi que, de proche en proche, nous remontons à l'infini dans l'éternité.
· Il est immuable ; s'il était sujet à des changements, les lois qui régissent l'univers n'auraient aucune stabilité.
· Il est immatériel : c'est-à-dire que sa nature diffère de tout ce que nous appelons matière, autrement il serait sujet aux fluctuations et aux transformations de la matière, et il ne serait pas immuable.
· Il est unique ; s'il y avait plusieurs dieux, il y aurait plusieurs volontés ; et dès lors il n'y aurait ni unités de vues, ni unités de puissance dans l'ordonnance de l'univers.
· Il est tout-puissant, parce qu'il est unique. S'il n'avait pas la souveraine puissance, il y aurait quelque chose de plus puissant que lui ; il n'aurait pas fait toutes choses, et celles qu'il n'aurait pas faites seraient l'œuvre d'un autre Dieu.
· Il est souverainement juste et bon. La sagesse providentielle des lois divines se révèle dans les plus petites choses comme dans les plus grandes, et cette sagesse ne permet de douter ni de sa justice, ni de sa bonté.
· Dieu est infini dans toutes ses perfections. Si l'on suppose imparfait un seul des attributs de Dieu, si l'on retranche la moindre parcelle de l'éternité, de l'immuabilité, de l'immatérialité, de l'unité, de la toute-puissance, de la justice et de la bonté de Dieu, on peut supposer un être possédant ce qui lui manquerait, et cet être, plus parfait que lui, serait Dieu.
Le langage humain est impuissant à exprimer l'idée de l'Être infini. Dès que nous nous servons de noms et de termes, nous limitons ce qui est sans limites. Toutes les définitions sont insuffisantes et, dans une certaine mesure, induisent en erreur. Cependant la pensée, pour s'exprimer, a besoin de termes. Le moins éloigné de la réalité est celui par lequel les prêtres d'Égypte désignaient Dieu : Je suis, c'est-à-dire je suis l'Être par excellence, absolu, éternel, de qui émanent tous les êtres.
La question de Dieu est le plus grave de tous les problèmes suspendus sur nos têtes et dont la solution se lie d'une manière étroite, impérieuse, au problème de l'être humain et de sa destinée, au problème de la vie individuelle et de la vie sociale.
La connaissance de la vérité sur Dieu, sur le monde et la vie est ce qu'il y a de plus essentiel, de plus nécessaire, car c'est elle qui nous soutient, nous inspire et nous dirige, même à notre insu.
Pour élucider un tel sujet, nous avons maintenant des ressources plus hautes que celles de la pensée humaine ; nous avons l'enseignement de ceux qui ont quitté la terre, l'appréciation des âmes qui, ayant franchi la tombe, nous font entendre, du sein du monde invisible, leurs avis, leurs appels, leurs exhortations.
Or, que disent ces Esprits sur la question de Dieu ? L'existence de la Puissance suprême est affirmée par tous les Esprits élevés. Ceux d'entre nous qui ont étudié le spiritisme philosophique savent que, tous les grands Esprits, tous ceux dont les enseignements ont réconforté nos âmes, adouci nos misères, soutenu nos défaillances, sont unanimes à affirmer, à proclamer, à reconnaître la haute Intelligence qui gouverne les êtres et les mondes. Ils disent que cette Intelligence se révèle plus éclatante et plus sublime à mesure que l'on monte les degrés de la vie spirituelle.
" Il n'y a pas d'effet sans cause, a dit Kardec, et tout effet intelligent a forcément une cause intelligente. " Voilà le principe sur lequel repose le Spiritisme tout entier. Ce principe, lorsque nous l'appliquons aux manifestations d'outre-tombe, démontre l'existence des Esprits. Appliqué à l'étude du monde et des lois universelles, il démontre l'existence d'une cause intelligente dans l'univers. C'est pourquoi l'existence de Dieu constitue un des points essentiels de l'enseignement spirite.
Pour en savoir plus :
Le Livre des Esprits d'Allan Kardec (1ère partie, ch. I, Dieu) Œuvres Posthumes d'Allan Kardec (3e partie, Dieu, L'Ame, Création) La Grande Enigme de Léon Denis (1ère partie, ch. V, Nécessité de l'idée de Dieu) La Grande Enigme de Léon Denis (1ère partie, ch. VIII, Action de Dieu dans le monde et dans l'histoire) La Grande Enigme de Léon Denis (1ère partie, ch. IX, Objections et contradictions) Après la mort de Léon Denis (2ème partie, ch. IX, L'Univers et Dieu) Synthèse pratique du Spiritisme de Léon Denis (ch. V, Les Esprits. Dieu)
Dans tous les temps l'homme a cru, par intuition, que la vie future devait être heureuse ou malheureuse, en raison du bien et du mal que l'on fait ici-bas. Croyant que la terre est le centre de l'univers, les Anciens avaient placé le Paradis au Ciel et l'Enfer sous la terre. Cette idée, qui prédomina pendant des siècles, devînt obsolète dès lors que la science fût en mesure d'observer les profondeurs de l'espace et de la terre. Devant ces nouvelles connaissances, les croyances ont dû se modifier : le ciel et l'enfer ont été déplacé. Où sont-ils ? Devant cette question, les religions restent muettes.
Le Spiritisme est venu éclairer cette question en nous apprenant qu'il n'existe pas de lieux circonscrits pour les âmes.
Les Esprits sont créés simples et ignorants, mais avec l'aptitude à tout acquérir et à progresser, en vertu de leur libre arbitre. Par le progrès, ils acquièrent de nouvelles connaissances, de nouvelles facultés, de nouvelles perceptions, et, par suite, de nouvelles jouissances inconnues aux Esprits inférieurs ; ils voient, entendent, sentent et comprennent ce que les Esprits arriérés ne peuvent ni voir, ni entendre, ni sentir, ni comprendre. Le bonheur est en raison du progrès accompli ; de sorte que, de deux Esprits, l'un peut n'être pas aussi heureux que l'autre, uniquement parce qu'il n'est pas aussi avancé intellectuellement et moralement, sans qu'ils aient besoin d'être chacun dans un lieu distinct. Quoique étant à côté l'un de l'autre, l'un peut être dans les ténèbres, tandis que tout est resplendissant autour de l'autre, absolument comme pour un aveugle et un voyant qui se donnent la main ; l'un perçoit la lumière, qui ne fait aucune impression sur son voisin. Le bonheur des Esprits étant inhérent aux qualités qu'ils possèdent, ils le puisent partout où ils le trouvent, à la surface de la terre, au milieu des incarnés ou dans l'espace.
Une comparaison vulgaire fera mieux encore comprendre cette situation. Si, dans un concert, se trouvent deux hommes, l'un bon musicien à l'oreille exercée, l'autre sans connaissance de la musique et au sens de l'ouïe peu délicat, le premier éprouve une sensation de bonheur, tandis que le second reste insensible, parce que l'un comprend et perçoit ce qui ne fait aucune impression sur l'autre. Ainsi en est-il de toutes les jouissances des Esprits, qui sont en raison de l'aptitude à les ressentir. Le monde spirituel a partout des splendeurs, des harmonies et des sensations que les Esprits inférieurs, encore soumis à l'influence de la matière, n'entrevoient même pas, et qui ne sont accessibles qu'aux Esprits épurés.
L'esprit avancé est affranchi de tous les besoins corporels. La nourriture et le sommeil n'ont pour lui aucune raison d'être. Il laisse pour toujours, en quittant la terre, les vains soucis, les alarmes, toutes les chimères qui empoisonnent l'existence ici-bas. Les esprits inférieurs emportent avec eux, au-delà de la tombe, leurs habitudes, leurs besoins, leurs préoccupations matérielles. Ne pouvant s'élever au-dessus de l'atmosphère terrestre, ils reviennent partager la vie des humains, se mêler à leurs luttes, à leurs travaux, à leurs plaisirs. Leurs passions, leurs appétits, toujours en éveil, surexcités par le continuel contact de l'humanité, les accablent, et l'impossibilité de les satisfaire devient pour eux une cause de tortures.
L'esprit pur porte en lui sa lumière et son bonheur ; ils le suivent partout ; ils font partie intégrante de son être. De même, l'esprit coupable traîne avec lui sa nuit, son châtiment, son opprobre. Les souffrances des âmes perverses, pour n'être pas matérielles, n'en sont pas moins vives. L'enfer n'est qu'un lieu chimérique, un produit de l'imagination, un épouvantail peut-être nécessaire pour en imposer aux peuples enfants, mais qui n'a rien de réel.
On peut lire dans le Livre des Esprits, à propos de l'éternité des peines :
" Interrogez votre bon sens, votre raison, et demandez-vous si une condamnation perpétuelle pour quelques moments d'erreur ne serait pas la négation de la bonté de Dieu ? Qu'est-ce, en effet, que la durée de la vie, fût-elle de cent ans, par rapport à l'éternité ? Eternité ! comprenez-vous bien ce mot ? souffrances, tortures sans fin, sans espoir, pour quelques fautes ! Votre jugement ne repousse-t-il pas une pareille pensée ? Que les anciens aient vu dans le maître de l'univers un Dieu terrible, jaloux et vindicatif, cela se conçoit ; dans leur ignorance, ils ont prêté à la divinité les passions des hommes ; mais ce n'est pas là le Dieu des chrétiens, qui place l'amour, la charité, la miséricorde, l'oubli des offenses au rang des premières vertus : pourrait-il manquer lui-même des qualités dont il fait un devoir ? N'y a-t-il pas contradiction à lui attribuer la bonté infinie et la vengeance infinie ? Vous dites qu'avant tout il est juste, et que l'homme ne comprend pas sa justice ; mais la justice n'exclut pas la bonté, et il ne serait pas bon s'il vouait à des peines horribles, perpétuelles, la plus grande partie de ses créatures. Pourrait-il faire à ses enfants une obligation de la justice, s'il ne leur avait pas donné les moyens de la comprendre ? D'ailleurs, n'est-ce pas le sublime de la justice, unie à la bonté, de faire dépendre la durée des peines des efforts du coupable pour s'améliorer ? Là est la vérité de cette parole : " A chacun selon ses oeuvres. "
" Dieu n'a pas créé des êtres pour qu'ils soient voués au mal à perpétuité ; il ne les a créés que simples et ignorants, et tous doivent progresser dans un temps plus ou moins long, selon leur volonté. La volonté peut être plus ou moins tardive, comme il y a des enfants plus ou moins précoces, mais elle vient tôt ou tard par l'irrésistible besoin qu'éprouve l'Esprit de sortir de son infériorité et d'être heureux. La loi qui régit la durée des peines est donc éminemment sage et bienveillante, puisqu'elle subordonne cette durée aux efforts de l'Esprit. "
Un jour vient enfin où l'esprit, après avoir parcouru le cycle de ses existences planétaires, après s'être purifié par ses renaissances et ses migrations à travers les mondes, voit se clore la série de ses incarnations et s'ouvrir la vie spirituelle, définitive, la véritable vie de l'âme, d'où le mal, l'ombre et l'erreur sont bannis. Là, les dernières influences matérielles se sont évanouies. Le calme, la sérénité, la sécurité profonde ont remplacé les chagrins, les inquiétudes d'autrefois. L'âme a touché le terme de ses épreuves ; elle est assurée de ne plus souffrir. Avec quel sentiment ému elle se remémore les faits de sa vie, épars dans la succession des temps, sa longue ascension, la lente conquête de ses mérites ! Quel enseignement dans cette marche ininterrompue, au cours de laquelle se constitue et s'affirme l'unité de sa nature, de sa personnalité immortelle !
Du souvenir des lointaines alarmes, des soucis, des douleurs, elle se reporte aux félicités du présent et elle les savoure avec délices. Quelle ivresse de se sentir vivre au milieu d'esprits éclairés, patients et doux ; de s'unir à eux par les liens d'une affection que rien ne trouble ; de partager leurs aspirations, leurs occupations, leurs goûts ; de se savoir compris, soutenu, aimé, délivré des besoins et de la mort, jeune d'une jeunesse sur laquelle les siècles n'ont plus de prise ! Puis, étudier, admirer, glorifier l'oeuvre infinie, en pénétrer plus profondément les divins mystères ; reconnaître partout la justice, la beauté, la bonté célestes, s'identifier avec elles, s'en abreuver, s'en nourrir ; suivre les génies supérieurs dans leur tâche, dans leurs missions ; comprendre que nous arriverons à les égaler, que nous monterons encore plus haut, que toujours, toujours, de nouvelles joies, de nouveaux travaux, de nouveaux progrès nous attendent : telle est la vie éternelle, magnifique, débordante, la vie de l'esprit purifié par la souffrance.
A Noter :
Le paradis et l'enfer n'existent pas en tant que lieux circonscrits : ils représentent l'état de conscience de l'Esprit selon le bien et le mal qu'il a accompli. Aucune peine n'est éternelle. Il ne dépend que de la volonté de l'Esprit d'améliorer sa condition.
Pour en savoir plus :
Le Livre des Esprits d'Allan Kardec (4e partie, ch. II, Peine et jouissances futures) Le Ciel et l'Enfer d'Allan Kardec (1ère partie, ch. III, Le ciel) Le Ciel et l'Enfer d'Allan Kardec (1ère partie, ch. IV, L'enfer) Le Ciel et l'Enfer d'Allan Kardec (1ère partie, ch. VI, Doctrine des peines éternelles) Le Ciel et l'Enfer d'Allan Kardec (1ère partie, ch. VII, Les peines futures selon le Spiritisme) Après la mort de Léon Denis (4ème partie, ch. XXXIII, La vie dans l'espace) Après la mort de Léon Denis (4ème partie, ch. XXXIV, Erraticité) Après la mort de Léon Denis (4ème partie, ch. XXXV, La vie supérieure) Après la mort de Léon Denis (4ème partie, ch. XXXVII, L'enfer et les démons)
Toutes les religions ont eu, sous divers noms, des anges, c'est-à-dire des êtres supérieurs à l'humanité, intermédiaires entre Dieu et les hommes.
La croyance aux anges fait partie essentielle des dogmes de l'Eglise. Selon celle-ci, les anges sont des êtres purement spirituels, antérieurs et supérieurs à l'humanité, créatures privilégiées vouées au bonheur suprême et éternel dès leur formation ; douées, par leur nature même, de toutes les vertus et de toutes les connaissances, sans avoir rien fait pour les acquérir. Ils sont au premier rang dans l'œuvre de la création ; au dernier rang, la vie purement matérielle, et entre les deux l'humanité formée des âmes, êtres spirituels, inférieurs aux anges, unis à des corps matériels.
Qu'il y ait des êtres doués de toutes les qualités attribuées aux anges, cela ne saurait être douteux. La révélation spirite confirme sur ce point la croyance de tous les peuples ; mais elle nous fait connaître en même temps la nature et l'origine de ces êtres.
Les âmes ou Esprits sont créés simples ou ignorants, c'est-à-dire sans connaissances et sans conscience du bien et du mal, mais aptes à acquérir tout ce qui leur manque ; ils l'acquièrent par le travail ; le but, qui est la perfection, est le même pour tous ; ils y arrivent plus ou moins promptement, en vertu de leur libre arbitre et en raison de leurs efforts ; tous ont les mêmes degrés à parcourir, le même travail à accomplir ; Dieu ne fait la part ni plus large ni plus facile aux uns qu'aux autres, parce que tous sont ses enfants, et qu'étant juste, il n'a de préférence pour aucun. Il leur dit : "Voici la loi qui doit être votre règle de conduite ; elle seule peut vous mener au but ; tout ce qui est conforme à cette loi est le bien, tout ce qui y est contraire est le mal. Vous êtes libres de l'observer ou de l'enfreindre, et vous serez ainsi les arbitres de votre propre sort. " Dieu n'a donc point créé le mal ; toutes ses lois sont pour le bien ; c'est l'homme lui-même qui crée le mal en enfreignant les lois de Dieu ; s'il les observait scrupuleusement, il ne s'écarterait jamais de la bonne voie.
Mais l'âme, dans les premières phases de son existence, de même que l'enfant, manque d'expérience ; c'est pourquoi elle est faillible. Dieu ne lui donne pas l'expérience, mais il lui donne les moyens de l'acquérir ; chaque faux pas dans la voie du mal est pour elle un retard ; elle en subit les conséquences, et apprend à ses dépens ce qu'elle doit éviter. C'est ainsi que peu à peu elle se développe, se perfectionne et avance dans la hiérarchie spirituelle, jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à l'état de pur Esprit ou d'ange. Les anges sont donc les âmes des hommes arrivées au degré de perfection que comporte la créature, et jouissant de la plénitude de la félicité promise. Avant d'avoir atteint le degré suprême, ils jouissent d'un bonheur relatif à leur avancement, mais ce bonheur n'est point dans l'oisiveté ; il est dans les fonctions qu'il plaît à Dieu de leur confier, et qu'ils sont heureux de remplir, parce que ces occupations sont un moyen de progresser.
L'humanité n'est point bornée à la terre ; elle occupe les innombrables mondes qui circulent dans l'espace ; elle a occupé ceux qui ont disparu, et occupera ceux qui se formeront. Dieu a créé de toute éternité et il crée sans cesse. Longtemps donc avant que la terre existât, quelque ancienneté qu'on lui suppose, il y avait eu sur d'autres mondes des Esprits incarnés qui ont parcouru les mêmes étapes que nous, Esprits de formation plus récente, nous parcourons en ce moment, et qui sont arrivés au but avant même que nous fussions sortis des mains du Créateur. De toute éternité, il y a donc eu des anges ou purs Esprits ; mais leur existence humanitaire se perdant dans l'infini du passé, c'est pour nous comme s'ils eussent toujours été des anges.
Ainsi se trouve réalisée la grande loi d'unité de la création ; Dieu n'a jamais été inactif ; il a toujours eu de purs Esprits éprouvés et éclairés pour la transmission de ses ordres et pour la direction de toutes les parties de l'univers, depuis le gouvernement des mondes jusqu'aux plus infimes détails. Il n'a donc pas eu besoin de créer des êtres privilégiés, exempts de charges ; tous, anciens ou nouveaux, ont conquis leurs grades dans la lutte et par leur propre mérite ; tous, enfin, sont les fils de leurs oeuvres. Ainsi s'accomplit également la souveraine justice de Dieu.
Selon le Spiritisme, ni les anges ni les démons ne sont des êtres à part ; la création des êtres intelligents est une. Unis à des corps matériels, ils constituent l'humanité qui peuple la terre et les autres sphères habitées ; dégagés de ce corps, ils constituent le monde spirituel ou des Esprits qui peuplent les espaces. Dieu les a créés perfectibles ; il leur a donné pour but la perfection, et le bonheur qui en est la conséquence, mais il ne leur a pas donné la perfection ; il a voulu qu'ils la dussent à leur travail personnel, afin qu'ils en eussent le mérite. Depuis l'instant de leur formation, ils progressent soit à l'état d'incarnation, soit à l'état spirituel ; arrivés à l'apogée, ils sont purs Esprits, ou anges selon l'appellation vulgaire ; de sorte que, depuis l'embryon de l'être intelligent jusqu'à l'ange, il y a une chaîne non interrompue dont chaque chaînon marque un degré dans le progrès.
Il en résulte qu'il existe des Esprits à tous les degrés d'avancement moral et intellectuel, selon qu'ils sont en haut, en bas, ou au milieu de l'échelle. Il y en a, par conséquent, à tous les degrés de savoir et d'ignorance, de bonté et de méchanceté. Dans les rangs inférieurs, il en est qui sont encore profondément enclins au mal, et qui s'y complaisent. On peut les appeler démons, si l'on veut, car ils sont capables de tous les méfaits attribués à ces derniers. Si le Spiritisme ne leur donne pas ce nom, c'est qu'il s'y rattache l'idée d'êtres distincts de l'humanité, d'une nature essentiellement perverse, voués au mal pour l'éternité et incapables de progresser dans le bien.
Selon la doctrine de l'Eglise, les démons ont été créés bons, et sont devenus mauvais par leur désobéissance : ce sont des anges déchus ; ils ont été placés par Dieu en haut de l'échelle, et ils sont descendus. Selon le Spiritisme, ce sont des Esprits imparfaits, mais qui s'amélioreront ; ils sont encore au bas de l'échelle, et ils monteront.
Ceux qui, par leur insouciance, leur négligence, leur obstination et leur mauvais vouloir restent plus longtemps dans les rangs inférieurs, en portent la peine, et l'habitude du mal leur rend plus difficile d'en sortir ; mais il arrive un temps où ils se lassent de cette existence pénible et des souffrances qui en sont la conséquence ; c'est alors que, comparant leur situation à celle des bons Esprits, ils comprennent que leur intérêt est dans le bien, et ils cherchent à s'améliorer, mais ils le font de leur propre volonté et sans y être contraints. Ils sont soumis à la loi du progrès par leur aptitude à progresser, mais ils ne progressent point malgré eux. Dieu leur en fournit sans cesse les moyens, mais ils sont libres d'en profiter ou non. Si le progrès était obligatoire, ils n'auraient aucun mérite, et Dieu veut qu'ils aient celui de leurs oeuvres ; il n'en place aucun au premier rang par privilège, mais le premier rang est ouvert à tous, et ils n'y arrivent que par leurs efforts. Les anges les plus élevés ont conquis leur grade comme les autres en passant par la route commune.
Arrivés à un certain degré d'épuration, les Esprits ont des missions en rapport avec leur avancement ; ils remplissent toutes celles qui sont attribuées aux anges des différents ordres. Comme Dieu a créé de toute éternité, de toute éternité il s'en est trouvé pour satisfaire à tous les besoins du gouvernement de l'univers. Une seule espèce d'êtres intelligents, soumis à la loi du progrès, suffit donc à tout. Cette unité dans la création, avec la pensée que tous ont un même point de départ, la même route à parcourir, et qu'ils s'élèvent par leur propre mérite, répond bien mieux à la justice de Dieu, que la création d'espèces différentes plus ou moins favorisées de dons naturels qui seraient autant de privilèges.
Satan
Selon l'Eglise, Satan, le chef ou le roi des démons, n'est point une personnification allégorique du mal, mais bien un être réel, faisant exclusivement le mal, tandis que Dieu fait exclusivement le bien.
Jésus lui-même a parlé de Satan, mais ce terme avait-il dans sa bouche la même signification qu'aujourd'hui ? en a-t-il parlé comme d'une individualité précise ? Nullement, Satan désigne tantôt une maladie, un ennemi ou un accusateur. Il ressort nettement que Jésus a parlé du diable par accommodation ; en effet, son message ne s'adressait pas aux docteurs de la foi, mais à des gens simples. Il employait par accommodation le terme de Satan pour dire que le mal existe et que son message et son remède à ce mal était " Aimez-vous les uns les autres. " Bien plus, Jésus indique même quelle est la source du mal : " C'est de l'intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les intentions mauvaises, inconduite, vol, meurtre, adultère, cupidité, perversité, ruse, débauche, envie, injure, vanité, déraison. Tout ce mal sort de l'intérieur et rend l'homme impur. " (Marc, VII, 21 à 23)
Jésus
La question de la nature du Christ a été débattue dès les premiers siècles du christianisme, les opinions se sont formées sur des abstractions plus que sur des faits, on a surtout cherché ce que le dogme de la nature divine du Christ pouvait avoir de plausible ou d'irrationnel, et l'on a généralement négligé, de part et d'autre, de faire ressortir les faits qui pouvaient jeter sur la question une lumière décisive.
Selon l'Eglise, la divinité du Christ est principalement établie par les miracles, comme témoignant d'un pouvoir surnaturel. Le Spiritisme est venu démontrer que les facultés de Jésus, se retrouve, à différents degrés chez les magnétiseurs, guérisseurs, voyants, médiums, etc.… et que ceux-ci sont des phénomènes naturels, qui ont pu apparaître comme des " miracles " autrefois, mais qui ont aujourd'hui perdu leur caractère merveilleux.
Jésus n'ayant rien écrit, ses seuls historiens sont les apôtres. Il n'existe sur sa vie et sa doctrine aucun document autre que les Evangiles ; c'est donc là seulement qu'il faut chercher la clef du problème.
Tout accuse dans les paroles de Jésus, soit de son vivant, soit après sa mort, un profond sentiment de son infériorité et de sa subordination par rapport à l'Etre suprême. Par son insistance à l'affirmer spontanément, sans y être contraint ni provoqué par qui que ce soit, il semble vouloir protester d'avance contre le rôle qu'il prévoit qu'on lui attribuera un jour. Quelle autorité plus grande peut-on trouver que les propres paroles de Jésus ? Lorsqu'il dit catégoriquement : je suis ou je ne suis pas telle chose, qui oserait s'arroger le droit de lui donner un démenti, fût-ce pour le placer plus haut qu'il ne se place lui-même ? Qui est-ce qui peut raisonnablement prétendre être plus éclairé que lui sur sa propre nature ?
Quelles interprétations peuvent prévaloir contre des affirmations aussi formelles et aussi multipliées que celles-ci : " Je m'en vais à mon Père, parce que mon Père est plus grand que moi. - Pourquoi m'appelez-vous bon ? Il n'y a que Dieu seul qui soit bon. - Ma doctrine n'est pas ma doctrine, mais la doctrine de celui qui m'a envoyé. - Je ne puis rien faire de moi-même. - Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. - Je vous ai dit la vérité que j'ai apprise de Dieu. - Mon Père, je remets mon âme entre vos mains. - Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. "
Le seul passage des Evangiles qui paraît renfermer implicitement une idée d'identification entre Dieu et la personne de Jésus, et sur lequel les théologiens ont argumenté, est celui-ci : " Et le verbe a été fait chair et il a habité parmi nous. "
Ces paroles sont de Jean, non de Jésus, et renferment le mysticisme habituel de l'apôtre. Tout en les acceptant telles qu'elles sont, elles ne tranchent nullement la question dans le sens de la divinité, car elles s'appliqueraient également à Jésus, créature de Dieu.
En effet, le Verbe est Dieu, parce que c'est la parole de Dieu. Jésus ayant reçu cette parole directement de Dieu, avec mission de la révéler aux hommes, se l'est assimilée ; la parole divine dont il était pénétré s'est incarnée en lui ; il l'a apportée en naissant, et c'est avec raison que Jésus a pu dire : Le Verbe a été fait chair, et il a habité parmi nous. Jésus peut donc être chargé de transmettre la parole de Dieu, sans être Dieu lui-même, comme un ambassadeur transmet les paroles de son souverain, sans être le souverain.
A Noter :
Ni les anges, ni les démons ne sont des créatures à part. Tous les Esprits ont été créé simples et perfectibles.
Pour en savoir plus :
Le Livre des Esprits d'Allan Kardec (2e partie, ch. I, Le mondes des Esprits) Le Ciel et l'Enfer d'Allan Kardec (1ère partie, ch. VIII, Les anges) Le Ciel et l'Enfer d'Allan Kardec (1ère partie, ch. IX, Les démons) Œuvres Posthumes d'Allan Kardec (3e partie, Etude sur la nature du Christ) Après la mort de Léon Denis (4ème partie, ch. XXXVII, L'enfer et les démons) Jésus le Christ selon le Spiritisme de Roger Perez (fascicule) Histoire mythique de Shatan de Charles Lancelin
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« Si j'avais à résumer en traits simples et concis les enseignements des esprits guides,
je dirais : la loi suprême de l'univers, c'est le bien et le beau, et l'évolution des êtres
à travers les temps, à travers les mondes, n'a d'autre but que la conquête lente et
graduée de ces deux formes de perfection. "
Léon Denis.
Dans le livre des Esprits, les Esprits se définissent comme les êtres intelligents de la création, qui peuplent l'univers en dehors du monde matériel. Ayant été créé immortels par Dieu, les Esprits ont eu un commencement, ils ne sont pas de toute éternité comme Dieu.
Incarnés dans la matière, les Esprits forment l'humanité telle que nous la connaissons ; Le corps physique est alors un vêtement pour l'Esprit qui s'en sépare lorsqu'il est usé.
Les lois qui dirigent les évolutions si variées de la matière physique ou vivante, montrent que rien n'apparaît subitement et à l'état parfait. Le système solaire, notre planète, le langage, les arts, les sciences, loin d'être éclos spontanément, sont le résultat d'une longue et graduelle ascension, depuis les formes rudimentaires jusqu'aux formes que nous-mêmes connaissons aujourd'hui.
L'âme humaine ne saurait faire exception à cette loi générale et absolue ; nous constatons sur la terre qu'elle passe par des phases qui embrassent les manifestations les plus diverses, depuis les plus humbles et chétives conceptions de l'état sauvage, jusqu'aux magnifiques efflorescences du génie.
Notre examen rétrospectif doit-il se borner là ? Devons-nous croire que cette âme, qui gouverne chez l'homme primitif un organisme aussi compliqué, a pu acquérir subitement des propriétés si variées et si bien adaptées aux besoins de l'individu ? Notre induction doit-elle se borner aux êtres qui ont exactement les mêmes caractères anatomiques que les nôtres ? Nous ne le croyons pas, car les transitions insensibles qui nous amènent physiquement de l'homme à la matière, nous les retrouvons dans le domaine intellectuel avec les mêmes dégradations successives. C'est donc au début de la vie intelligente qu'il faut s'attaquer pour trouver, sinon l'origine de l'âme, du moins le point de départ apparent de son évolution à travers la matière.
Nous constatons expérimentalement, au moyen du spiritisme, la nécessité de la réincarnation de l'âme humaine ; et la loi de continuité, qui nous avons signalée dans les êtres vivants, nous permet de croire que l'âme animale est soumise à la même obligation. Le principe intelligent viendrait ainsi habiter successivement des organismes de plus en plus perfectionnés, à mesure qu'il devient plus capable de les diriger.
Voici un exemple qui vient confirmer la théorie de l'incarnation animale :
Si dans une écurie on fait la litière des chevaux avec de la paille qui a servi dans la cage de lions ou de tigres, les chevaux, dès qu'ils auront senti l'odeur de cette paille, seront pris d'une terreur folle, et s'efforceront de fuir. Bien des générations de chevaux domestiques ont dû se succéder depuis que le cheval sauvage a été exposé aux attaques de ces félins. Cependant ces chevaux qui, depuis de nombreuses générations, sont nés dans des écuries, reconnaissent encore l'odeur de ces terribles prédateurs de leurs lointains ancêtres.
Comment expliquer la peur de ces animaux ? Si nous supposons qu'il y a un principe intellectuel dans l'animal, que ce principe est revêtu d'un périsprit dans lequel s'emmagasinent les instincts, les sensations, et que la mémoire provient d'un réveil de ces instincts et de ces sensations, tout devient compréhensible. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, les animaux domestiques sont les mêmes êtres qui vivaient anciennement à l'état sauvage, et l'odeur des fauves réveille dans leur enveloppe fluidique des souvenirs qui se rattachent à la souffrance et à la mort, sous la dent des carnassiers ; de là leur frayeur.
Le spiritisme démontre l'existence du périsprit, montrant que cet organe reproduit fluidiquement la forme corporelle des animaux, qu'il est stable au milieu du flux perpétuel des molécules vivantes, il en résulte que c'est en lui que s'incorporent les instincts. Comme il est immuable malgré les changements incessants dont l'homme est le théâtre, il contient pour ainsi dire le statut des lois qui dirigent l'évolution de l'être. A la mort, il ne se dissout pas, il constitue l'individualité du principe intelligent et il enregistre chaque modification que les nombreuses et successives existences déterminent en lui, de sorte qu'après avoir parcouru toute la série, il devient apte à conduire, à diriger, même à l'insu de l'esprit, des organismes très compliqués. Il y a dans cet automatisme quelque chose d'analogue à ce qu'on remarque lorsqu'un pianiste exercé déchiffre, à première vue, une partition nouvelle ; comme il a assoupli par un long exercice le mécanisme du cerveau, du bras et des doigts, aux mouvements les plus divers de sa volonté, il n'a plus à se préoccuper de ces difficultés matérielles, qui sont insurmontables pour le débutant ; il n'a qu'à lire la partition, et ses organes obéissent automatiquement à son esprit. Mais que de peine et de labeur avant d'arriver à ce résultat ! Cette manière d'envisager l'utilité indispensable du périsprit deviendra encore plus claire, à mesure que nous comprendrons mieux la nature des actions si complexes qui ont pour résultat les vie physique et intellectuelle des animaux et de l'homme.
L'instinct est la forme la plus inférieure sous laquelle l'âme se manifeste. L'animal a une tendance à réagir contre le milieu extérieur, et que la sensation détermine en lui des émotions de plaisir ou de peine ; lorsqu'il cherche les unes et fuit les autres, il accomplit des actes instinctifs qui se traduisent par des actions réflexes, dont il peut avoir conscience, sans pouvoir souvent les empêcher, mais qui sont admirablement adaptées à son existence. Ainsi un lièvre s'enfuit au moindre bruit qui se produit, son mouvement de fuite est involontaire, inconscient, en partie réflexe, et en partie instinctif, mais ce mouvement est adapté à la vie de l'animal : il a pour but sa conservation.
Nous pensons que ces instincts sont le résultat d'actes accomplis un grand nombre de fois dans les vies antérieures de l'âme de l'animal et qui se sont incrustés dans le périsprit de cette même âme incarnée dans un corps nouveau. Les sensations nerveuses que ressent l'animal se répercutent dans le périsprit. Une répétition fréquente de la même sensation donnera naissance à l'instinct.
Prenons la méduse comme exemple. Ces animaux ne se dirigent jamais sur la terre que lorsque le vent les y pousse, on dirait qu'ils ressentent les dangers qui les y attendent. Malgré les précautions prises par les méduses, il en échoue cependant des quantités, qui ne tardent pas à se dessécher. Leur crainte de la chaleur est donc absolument justifiée et suffit à leur créer un instinct, car la méduse qui aura ainsi péri un grand nombre de fois, finira par s'éloigner instinctivement, dans les incarnations suivantes, de ces rivages si funestes pour elle.
La lutte pour la vie, les efforts perpétuels des êtres réagir contre les influences destructives, pour s'adapter à leur milieu, pour lutter contre les espèces ennemies, feront évoluer les instincts en intelligence. Intelligence qui sera tout d'abord confondue avec l'instinct mais qui se différenciera, avec le temps et l'expérience, jusqu'à l'épanouissement de la pensée et la conscience de l'être de lui-même, de ses actes et de leurs conséquences.
Les trésors de l'intellect se font jour lentement à travers l'obscure carapace des appétits. L'égoïsme, la pensée du moi, enfantée par la loi de conservation qui a été si longtemps sa seule souveraine, voit diminuer lentement sa toute-puissance, car déjà, dans le règne animal, la maternité a implanté dans l'âme le sentiment de l'amour, sous ses formes les plus humbles et les plus rudimentaires. Mais ces pâles lueurs, qui rompent à peine le rêve animal, iront en accroissant d'intensité ; elles rayonneront davantage au fur et à mesure que la transformation se produira, et, dans les âmes supérieures, elles seront la lumière étincelante, le phare qui nous dirigera dans les ténèbres de l'ignorance.
La loi du progrès ne s'applique pas seulement à l'homme. Elle est universelle. Il y a dans tous les règnes de la nature une évolution. Depuis la cellule verte, depuis le vague embryon flottant sur les eaux, à travers des séries variées, la chaîne des espèces s'est déroulée jusqu'à nous.
Sur cette chaîne, chaque anneau représente une forme de l'existence qui conduit à une forme supérieure, à un organisme plus riche, mieux adapté aux besoins, aux manifestations grandissantes de la vie. Mais sur l'échelle d'évolution, la pensée, la conscience, la liberté n'apparaissent qu'après bien des degrés. Dans la plante, l'intelligence sommeille ; dans l'animal, elle rêve ; dans l'homme seulement, elle s'éveille, se connaît, se possède et devient consciente. Dès lors, le progrès, fatal en quelque sorte dans les formes inférieures de la nature, le progrès ne peut plus se réaliser que par l'accord de la volonté humaine avec les lois éternelles.
Pour en savoir plus :
Le Livre des Esprits d'Allan Kardec (2e partie, ch. I, Le monde des Esprits) Le Livre des Esprits d'Allan Kardec (2e partie, ch. XI, Les trois règnes) Après la mort de Léon Denis (3e partie, ch. XXIII, L'Evolution animique et périspritale) Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (1ère partie, ch. IX, Evolution et finalité de l'âme) L'Evolution animique de Gabriel Delanne (ch. II, L'âme animale) L'Evolution animique de Gabriel Delanne (ch. III, Comment le périsprit a pu acquérir des propriétés fonctionnelles) La Réincarnation de Gabriel Delanne (ch. III, l'évolution animale) L'être subconscient du Dr Gustave Geley (2e partie, ch. I, L'évolution de l'âme) L'être subconscient du Dr Gustave Geley (2e partie, ch. II, Inductions métaphysiques) De l'inconscient au conscient du Dr Gustave Geley Spiritualisme vers la lumière de Louis Serré (ch. I, La vie dans la matière)
La souffrance est un phénomène d'une telle ampleur, d'une telle gravité, qu'il est extrêmement délicat de l'aborder tant à ceux qui, n'éprouvant aucune sensation de souffrance, la craignent et en écartent le spectre, qu'à ceux en proie à la douleur, hantés par le seul désir d'obtenir un apaisement.
La douleur physique est, le plus souvent, un avertissement de la nature, qui cherche à nous préserver des excès. Sans elle, nous abuserions de nos organes au point de les détruire avant l'heure. Lorsqu'un mal dangereux se glisse en nous, qu'adviendrait-il si nous n'en ressentions pas aussitôt les effets désagréables ? Il gagnerait de proche en proche, nous envahirait et tarirait en nous les sources de la vie.
Et même lorsque, persistant à méconnaître les avis répétés de la nature, nous laissons la maladie se développer en nous, celle-ci peut être encore un bienfait si, causée par nos abus et nos vices, elle nous apprend à les détester et à nous en corriger. Il faut souffrir pour se connaître et pour bien connaître la vie.
Epictète disait : " C'est un faux langage de prétendre que la santé est un bien, la maladie un mal. User bien de la santé est un bien ; en user mal est un mal. User bien de la maladie, c'est un bien ; en user mal est un mal. On tire le bien de tout, et de la mort même. "
La douleur, sous ses formes multiples, est le remède suprême aux imperfections, aux infirmités de l'âme. Sans elle, pas de guérison possible. De même que les maladies organiques sont souvent le résultat de nos excès, les épreuves morales qui nous atteignent sont la résultante de nos fautes passées. Tôt ou tard, ces fautes retombent sur nous, avec leurs conséquences logiques. C'est la loi de justice, d'équilibre moral. Sachons en accepter les effets, comme nous acceptons les remèdes amers, les opérations douloureuses qui doivent rendre la santé, l'agilité à notre corps. Alors même que les chagrins, les humiliations et la ruine nous accablent, subissons-les avec patience. Le laboureur déchire le sein de la terre pour en faire jaillir la moisson dorée. Ainsi, de notre âme déchirée surgira une abondante moisson morale. Ce n'est donc pas par vengeance que la loi nous frappe, mais parce qu'il est bon et profitable de souffrir.
Le premier mouvement de l'homme malheureux est de se révolter sous les coups du sort. Mais, plus tard, quand l'esprit a gravi les pentes et qu'il contemple l'âpre chemin parcouru, le défilé mouvant de ses existences, c'est avec un attendrissement joyeux qu'il se souvient des épreuves, des tribulations à l'aide desquelles il a pu gagner les plus hauts sommets.
Si, aux heures d'épreuves, nous savions observer le travail intérieur, l'action mystérieuse de la douleur en nous, en notre moi, en notre conscience, nous comprendrions mieux son oeuvre sublime d'éducation et de perfectionnement. Nous verrions qu'elle frappe toujours à l'endroit sensible. La main qui dirige le ciseau est celle d'un artiste incomparable ; elle ne se lasse pas d'agir jusqu'à ce que les angles de notre caractère soient arrondis, polis, usés. Pour cela, elle reviendra à la charge aussi longtemps qu'il sera nécessaire. Et sous les coups de marteau répétés, il faudra bien que la morgue, la personnalité excessive tombent chez celui-ci ; il faudra que la mollesse, l'apathie, l'indifférence disparaissent chez tel autre ; la dureté, la colère, la fureur chez un troisième. Pour tous, elle aura des procédés différents, variés à l'infini suivant les individus, mais chez tous, elle agira avec efficacité, de façon à faire naître ou à développer la sensibilité la délicatesse, la bonté, la tendresse, à faire sortir des déchirements et des larmes quelque qualité inconnue qui dormait silencieuse au fond de l'être, ou bien telle noblesse nouvelle, parure de l'âme, acquise pour jamais.
Et plus celle-ci monte, grandit, se fait belle, plus la douleur se spiritualise et devient subtile. Aux méchants il faut des épreuves nombreuses, comme sur l'arbre il faut beaucoup de fleurs pour produire quelques fruits. Mais plus l'être humain se perfectionne, plus les fruits de la douleur deviennent admirables en lui. Aux âmes frustes, mal dégrossies, incombent les souffrances physiques, les douleurs violentes ; aux égoïstes, aux avares écherront les pertes de fortune, les noires inquiétudes, les tourments de l'esprit. Puis aux êtres délicats, aux mères, aux amantes, aux épouses, les tortures cachées, les blessures du cœur. Aux nobles penseurs, aux inspirés, la douleur subtile et profonde qui fait jaillir le cri sublime, l'éclair du génie !
Longtemps encore, l'humanité terrestre, ignorante des lois supérieures, inconsciente du devenir et du devoir, aura besoin de la douleur, pour la stimuler dans sa voie, pour transformer ce qui prédomine en elle, les instincts primitifs et grossiers, en sentiments purs et généreux. Longtemps l'homme devra passer par l'initiation amère pour arriver à la connaissance de lui-même et de son but. Il ne songe présentement qu'à appliquer ses facultés et son énergie à combattre la souffrance sur le plan physique, à augmenter le bien-être et la richesse, à rendre plus agréables les conditions de la vie matérielle. Mais ce sera en vain. Les souffrances pourront varier, se déplacer, changer d'aspect, la douleur n'en persistera pas moins, tant que l'égoïsme et l'intérêt régiront les sociétés terrestres, tant que la pensée se détournera des choses profondes, tant que la fleur de l'âme ne sera pas épanouie.
Toutes les doctrines économiques et sociales seront impuissantes à réformer le monde, à pallier les maux de l'Humanité, parce que leur base est trop étroite et qu'elles placent dans l'unique vie présente la raison d'être, le but de cette vie et de tous nos efforts. Pour éteindre le mal social, il faut élever l'âme humaine à la conscience de son rôle, lui faire comprendre que son sort dépend d'elle seule, et que sa félicité sera toujours proportionnelle à l'étendue de ses triomphes sur elle-même et de son dévouement pour les autres.
Doit-on mettre un terme aux épreuves de son prochain quand on le peut, ou faut-il, par respect pour les desseins de Dieu, les laisser suivre leur cours ?
Nous vous avons dit et répété bien souvent que vous êtes sur cette terre d'expiation pour achever vos épreuves, et que tout ce qui vous arrive est une conséquence de vos existences antérieures, l'intérêt de la dette que vous avez à payer. Mais cette pensée provoque chez certaines personnes des réflexions qu'il est nécessaire d'arrêter, car elles pourraient avoir de funestes conséquences.
Quelques-uns pensent que du moment qu'on est sur la terre pour expier, il faut que les épreuves aient leur cours. Il en est même qui vont jusqu'à croire, que non seulement il ne faut rien faire pour les atténuer, mais qu'il faut, au contraire, contribuer à les rendre plus profitables en les rendant plus vives. C'est une grande erreur. Oui, vos épreuves doivent suivre le cours que Dieu leur a tracé, mais connaissez-vous ce cours ? Savez-vous jusqu'à quel point elles doivent aller, et si votre Père miséricordieux n'a pas dit à la souffrance de tel ou tel de vos frères : " Tu n'iras pas plus loin ? " Savez-vous si sa providence ne vous a pas choisi, non comme un instrument de supplice pour aggraver les souffrances du coupable, mais comme le baume de consolation qui doit cicatriser les plaies que sa justice avait ouvertes ? Ne dites donc pas, quand vous voyez un de vos frères frappé : C'est la justice de Dieu, il faut qu'elle ait son cours ; mais dites-vous, au contraire : Voyons quels moyens notre Père miséricordieux a mis en mon pouvoir pour adoucir la souffrance de mon frère. Voyons si mes consolations morales, mon appui matériel, mes conseils, ne pourront pas l'aider à franchir cette épreuve avec plus de force, de patience et de résignation. Voyons même si Dieu n'a pas mis en mes mains le moyen de faire cesser cette souffrance ; s'il ne m'a pas été donné, à moi comme épreuve aussi, comme expiation peut-être, d'arrêter le mal et de le remplacer par la paix.
Aidez-vous donc toujours dans vos épreuves respectives, et ne vous regardez jamais comme des instruments de torture ; cette pensée doit révolter tout homme de cœur, tout spirite surtout ; car le spirite, mieux que tout autre, doit comprendre l'étendue infinie de la bonté de Dieu. Le spirite doit penser que sa vie entière doit être un acte d'amour et de dévouement ; que quoi qu'il fasse pour contrecarrer les décisions du Seigneur, sa justice aura son cours. Il peut donc, sans crainte, faire tous ses efforts pour adoucir l'amertume de l'expiation, mais c'est Dieu seul qui peut l'arrêter ou la prolonger selon qu'il le juge à propos.
N'y aurait-il pas un bien grand orgueil de la part de l'homme, de se croire le droit de retourner, pour ainsi dire, l'arme dans la plaie ? d'augmenter la dose de poison dans la poitrine de celui qui souffre, sous prétexte que telle est son expiation ? Oh ! regardez-vous toujours comme un instrument choisi pour la faire cesser. Résumons-nous ici : vous êtes tous sur la terre pour expier ; mais tous, sans exception, devez faire tous vos efforts pour adoucir l'expiation de vos frères, selon la loi d'amour et de charité.
Pour en savoir plus :
Le Problème de l'être et de la destinéede Léon Denis (3e partie, ch. XXVI, La douleur) Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (3e partie, ch. XXVII, Révélation par la douleur) L'Evangile selon le Spiritisme d'Allan Kardec(ch. V, Bienheureux les affligés) Après la mort de Léon Denis (5e partie, ch. L, Résignation dans l'adversité) Le Spiritisme, qu'en savons-nous ? de l'USFF (ch. XXVI, A quoi correspond la souffrance) Spiritualisme vers la lumière de Louis Serré (ch. VI, Le mal, le bien, la souffrance)
Les maux de toutes sortes, physiques ou moraux, qui affligent l'humanité présentent deux catégories qu'il importe de distinguer : ce sont les maux que l'homme peut éviter, et ceux qui sont indépendants de sa volonté. Parmi ces derniers, il faut placer les fléaux naturels.
L'homme a reçu en partage une intelligence à l'aide de laquelle il peut conjurer, ou tout au moins grandement atténuer les effets de tous les fléaux naturels ; plus il acquiert de savoir et avance en civilisation, moins ces fléaux sont désastreux ; avec une organisation sociale sagement prévoyante, il pourra même en neutraliser les conséquences, lorsqu'ils ne pourront être évités entièrement. Ainsi pour ces mêmes fléaux qui ont leur utilité dans l'ordre général de la nature et pour l'avenir, mais qui frappent dans le présent, Dieu a donné à l'homme, par les facultés dont il a doué son Esprit, les moyens d'en paralyser les effets.
L'homme devant progresser, les maux auxquels il est exposé sont un stimulant pour l'exercice de son intelligence, de toutes ses facultés physiques et morales, en l'incitant à la recherche des moyens de s'y soustraire. S'il n'avait rien à craindre, aucune nécessité ne le porterait à la recherche du mieux ; son esprit s'engourdirait dans l'inactivité ; il n'inventerait rien et ne découvrirait rien. La douleur est l'aiguillon qui pousse l'homme en avant dans la voie du progrès.
Mais les maux les plus nombreux sont ceux que l'homme se crée par ses propres vices, ceux qui proviennent de son orgueil, de son égoïsme, de son ambition, de sa cupidité, de ses excès en toutes choses : là est la cause des guerres et des calamités qu'elles entraînent, des dissensions, des injustices, de l'oppression du faible par le fort, enfin de la plupart des maladies.
Dieu a établi des lois pleines de sagesse qui n'ont pour but que le bien ; l'homme trouve en lui-même tout ce qu'il faut pour les suivre ; sa route est tracée par sa conscience ; la loi divine est gravée dans son cœur ; et, de plus, Dieu les lui rappelle sans cesse par ses messies et ses prophètes, par tous les Esprits incarnés qui ont reçu mission de l'éclairer, de le moraliser, de l'améliorer, et, en ces derniers temps, par la multitude des Esprits désincarnés qui se manifestent de toutes parts. Si l'homme se conformait rigoureusement aux lois divines, il n'est pas douteux qu'il éviterait les maux les plus cuisants et qu'il vivrait heureux sur la terre. S'il ne le fait pas, c'est en vertu de son libre arbitre, et il en subit les conséquences.
Mais Dieu, plein de bonté, a placé le remède à côté du mal, c'est-à-dire que du mal même il fait sortir le bien. Il arrive un moment où l'excès du mal moral devient intolérable et fait éprouver à l'homme le besoin de changer de voie ; instruit par l'expérience, il est poussé à chercher un remède dans le bien, toujours par un effet de son libre arbitre ; lorsqu'il entre dans une route meilleure, c'est par le fait de sa volonté et parce qu'il a reconnu les inconvénients de l'autre route. La nécessité le contraint donc à s'améliorer moralement en vue d'être plus heureux, comme cette même nécessité l'a contraint d'améliorer les conditions matérielles de son existence.
On peut dire que le mal est l'absence du bien, comme le froid est l'absence de la chaleur. Le mal n'est pas plus un attribut distinct que le froid n'est un fluide spécial ; l'un est le négatif de l'autre. Là où le bien n'existe pas, existe forcément le mal ; ne pas faire le mal est déjà le commencement du bien. Dieu ne veut que le bien ; de l'homme seul vient le mal. S'il y avait, dans la création, un être préposé au mal, nul ne pourrait l'éviter ; mais l'homme ayant la cause du mal en LUI-MEME, et ayant en même temps son libre arbitre et pour guide les lois divines, il l'évitera quand il voudra.
Si l'on étudie toutes les passions, et même tous les vices, ont voit qu'ils ont leur principe dans l'instinct de conservation. Cet instinct est dans toute sa force chez les animaux et chez les êtres primitifs qui se rapprochent le plus de l'animalité ; il y domine seul, parce que, chez eux, il n'a pas encore pour contrepoids le sens moral ; l'être n'est pas encore né à la vie intellectuelle. L'instinct s'affaiblit, au contraire, à mesure que l'intelligence se développe, parce que celle-ci domine la matière.
La destinée de l'Esprit est la vie spirituelle ; mais dans les premières phases de son existence corporelle, il n'a que des besoins matériels à satisfaire, et à cette fin l'exercice des passions est une nécessité pour la conservation de l'espèce et des individus, matériellement parlant. Mais sorti de cette période, il a d'autres besoins, besoins d'abord semi-moraux et semi-matériels, puis exclusivement moraux. C'est alors que l'Esprit domine la matière ; s'il en secoue le joug, il avance dans sa voie providentielle, il se rapproche de sa destinée finale. Si, au contraire, il se laisse dominer par elle, il s'attarde en s'assimilant à la brute. Dans cette situation, ce qui était jadis un bien, parce que c'était une nécessité de sa nature, devient un mal, non-seulement parce que ce n'est plus une nécessité, mais parce que cela devient nuisible à la spiritualisation de l'être. Tel ce qui est qualité chez l'enfant, devient défaut chez l'adulte. Le mal est ainsi relatif, et la responsabilité proportionnée au degré d'avancement.
Toutes les passions ont donc leur utilité providentielle. C'est l'abus qui constitue le mal, et l'homme abuse en vertu de son libre arbitre. Plus tard, éclairé par son propre intérêt, il choisit librement entre le bien et le mal.
A Noter :
Le mal n'a pas d'existence propre. Il est l'état d'infériorité et d'ignorance de l'être en voie d'évolution.
Pour en savoir plus :
Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (2e partie, ch. XVIII, Le problème du mal) La Genèse, les miracles et les prédictions d'Allan Kardec (ch. III, Le bien et le mal) L'être subconscient du Dr Gustave Geley (2e partie, ch. I, Explication du mal)