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« Si j'avais à résumer en traits simples et concis les enseignements des esprits guides,
je dirais : la loi suprême de l'univers, c'est le bien et le beau, et l'évolution des êtres
à travers les temps, à travers les mondes, n'a d'autre but que la conquête lente et
graduée de ces deux formes de perfection. "
Léon Denis.
Origine des Esprits : l'évolution animique
Dans le livre des Esprits, les Esprits se définissent comme les êtres intelligents de la création, qui peuplent l'univers en dehors du monde matériel. Ayant été créé immortels par Dieu, les Esprits ont eu un commencement, ils ne sont pas de toute éternité comme Dieu.
Incarnés dans la matière, les Esprits forment l'humanité telle que nous la connaissons ; Le corps physique est alors un vêtement pour l'Esprit qui s'en sépare lorsqu'il est usé.
Les lois qui dirigent les évolutions si variées de la matière physique ou vivante, montrent que rien n'apparaît subitement et à l'état parfait. Le système solaire, notre planète, le langage, les arts, les sciences, loin d'être éclos spontanément, sont le résultat d'une longue et graduelle ascension, depuis les formes rudimentaires jusqu'aux formes que nous-mêmes connaissons aujourd'hui.
L'âme humaine ne saurait faire exception à cette loi générale et absolue ; nous constatons sur la terre qu'elle passe par des phases qui embrassent les manifestations les plus diverses, depuis les plus humbles et chétives conceptions de l'état sauvage, jusqu'aux magnifiques efflorescences du génie.
Notre examen rétrospectif doit-il se borner là ? Devons-nous croire que cette âme, qui gouverne chez l'homme primitif un organisme aussi compliqué, a pu acquérir subitement des propriétés si variées et si bien adaptées aux besoins de l'individu ? Notre induction doit-elle se borner aux êtres qui ont exactement les mêmes caractères anatomiques que les nôtres ? Nous ne le croyons pas, car les transitions insensibles qui nous amènent physiquement de l'homme à la matière, nous les retrouvons dans le domaine intellectuel avec les mêmes dégradations successives. C'est donc au début de la vie intelligente qu'il faut s'attaquer pour trouver, sinon l'origine de l'âme, du moins le point de départ apparent de son évolution à travers la matière.
Nous constatons expérimentalement, au moyen du spiritisme, la nécessité de la réincarnation de l'âme humaine ; et la loi de continuité, qui nous avons signalée dans les êtres vivants, nous permet de croire que l'âme animale est soumise à la même obligation. Le principe intelligent viendrait ainsi habiter successivement des organismes de plus en plus perfectionnés, à mesure qu'il devient plus capable de les diriger.
Voici un exemple qui vient confirmer la théorie de l'incarnation animale :
Si dans une écurie on fait la litière des chevaux avec de la paille qui a servi dans la cage de lions ou de tigres, les chevaux, dès qu'ils auront senti l'odeur de cette paille, seront pris d'une terreur folle, et s'efforceront de fuir. Bien des générations de chevaux domestiques ont dû se succéder depuis que le cheval sauvage a été exposé aux attaques de ces félins. Cependant ces chevaux qui, depuis de nombreuses générations, sont nés dans des écuries, reconnaissent encore l'odeur de ces terribles prédateurs de leurs lointains ancêtres.
Comment expliquer la peur de ces animaux ? Si nous supposons qu'il y a un principe intellectuel dans l'animal, que ce principe est revêtu d'un périsprit dans lequel s'emmagasinent les instincts, les sensations, et que la mémoire provient d'un réveil de ces instincts et de ces sensations, tout devient compréhensible. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, les animaux domestiques sont les mêmes êtres qui vivaient anciennement à l'état sauvage, et l'odeur des fauves réveille dans leur enveloppe fluidique des souvenirs qui se rattachent à la souffrance et à la mort, sous la dent des carnassiers ; de là leur frayeur.
Le spiritisme démontre l'existence du périsprit, montrant que cet organe reproduit fluidiquement la forme corporelle des animaux, qu'il est stable au milieu du flux perpétuel des molécules vivantes, il en résulte que c'est en lui que s'incorporent les instincts. Comme il est immuable malgré les changements incessants dont l'homme est le théâtre, il contient pour ainsi dire le statut des lois qui dirigent l'évolution de l'être. A la mort, il ne se dissout pas, il constitue l'individualité du principe intelligent et il enregistre chaque modification que les nombreuses et successives existences déterminent en lui, de sorte qu'après avoir parcouru toute la série, il devient apte à conduire, à diriger, même à l'insu de l'esprit, des organismes très compliqués. Il y a dans cet automatisme quelque chose d'analogue à ce qu'on remarque lorsqu'un pianiste exercé déchiffre, à première vue, une partition nouvelle ; comme il a assoupli par un long exercice le mécanisme du cerveau, du bras et des doigts, aux mouvements les plus divers de sa volonté, il n'a plus à se préoccuper de ces difficultés matérielles, qui sont insurmontables pour le débutant ; il n'a qu'à lire la partition, et ses organes obéissent automatiquement à son esprit. Mais que de peine et de labeur avant d'arriver à ce résultat ! Cette manière d'envisager l'utilité indispensable du périsprit deviendra encore plus claire, à mesure que nous comprendrons mieux la nature des actions si complexes qui ont pour résultat les vie physique et intellectuelle des animaux et de l'homme.
L'instinct est la forme la plus inférieure sous laquelle l'âme se manifeste. L'animal a une tendance à réagir contre le milieu extérieur, et que la sensation détermine en lui des émotions de plaisir ou de peine ; lorsqu'il cherche les unes et fuit les autres, il accomplit des actes instinctifs qui se traduisent par des actions réflexes, dont il peut avoir conscience, sans pouvoir souvent les empêcher, mais qui sont admirablement adaptées à son existence. Ainsi un lièvre s'enfuit au moindre bruit qui se produit, son mouvement de fuite est involontaire, inconscient, en partie réflexe, et en partie instinctif, mais ce mouvement est adapté à la vie de l'animal : il a pour but sa conservation.
Nous pensons que ces instincts sont le résultat d'actes accomplis un grand nombre de fois dans les vies antérieures de l'âme de l'animal et qui se sont incrustés dans le périsprit de cette même âme incarnée dans un corps nouveau. Les sensations nerveuses que ressent l'animal se répercutent dans le périsprit. Une répétition fréquente de la même sensation donnera naissance à l'instinct.
Prenons la méduse comme exemple. Ces animaux ne se dirigent jamais sur la terre que lorsque le vent les y pousse, on dirait qu'ils ressentent les dangers qui les y attendent. Malgré les précautions prises par les méduses, il en échoue cependant des quantités, qui ne tardent pas à se dessécher. Leur crainte de la chaleur est donc absolument justifiée et suffit à leur créer un instinct, car la méduse qui aura ainsi péri un grand nombre de fois, finira par s'éloigner instinctivement, dans les incarnations suivantes, de ces rivages si funestes pour elle.
La lutte pour la vie, les efforts perpétuels des êtres réagir contre les influences destructives, pour s'adapter à leur milieu, pour lutter contre les espèces ennemies, feront évoluer les instincts en intelligence. Intelligence qui sera tout d'abord confondue avec l'instinct mais qui se différenciera, avec le temps et l'expérience, jusqu'à l'épanouissement de la pensée et la conscience de l'être de lui-même, de ses actes et de leurs conséquences.
Les trésors de l'intellect se font jour lentement à travers l'obscure carapace des appétits. L'égoïsme, la pensée du moi, enfantée par la loi de conservation qui a été si longtemps sa seule souveraine, voit diminuer lentement sa toute-puissance, car déjà, dans le règne animal, la maternité a implanté dans l'âme le sentiment de l'amour, sous ses formes les plus humbles et les plus rudimentaires. Mais ces pâles lueurs, qui rompent à peine le rêve animal, iront en accroissant d'intensité ; elles rayonneront davantage au fur et à mesure que la transformation se produira, et, dans les âmes supérieures, elles seront la lumière étincelante, le phare qui nous dirigera dans les ténèbres de l'ignorance.
La loi du progrès ne s'applique pas seulement à l'homme. Elle est universelle. Il y a dans tous les règnes de la nature une évolution. Depuis la cellule verte, depuis le vague embryon flottant sur les eaux, à travers des séries variées, la chaîne des espèces s'est déroulée jusqu'à nous.
Sur cette chaîne, chaque anneau représente une forme de l'existence qui conduit à une forme supérieure, à un organisme plus riche, mieux adapté aux besoins, aux manifestations grandissantes de la vie. Mais sur l'échelle d'évolution, la pensée, la conscience, la liberté n'apparaissent qu'après bien des degrés. Dans la plante, l'intelligence sommeille ; dans l'animal, elle rêve ; dans l'homme seulement, elle s'éveille, se connaît, se possède et devient consciente. Dès lors, le progrès, fatal en quelque sorte dans les formes inférieures de la nature, le progrès ne peut plus se réaliser que par l'accord de la volonté humaine avec les lois éternelles.
Pour en savoir plus :
Le Livre des Esprits d'Allan Kardec (2e partie, ch. I, Le monde des Esprits) Le Livre des Esprits d'Allan Kardec (2e partie, ch. XI, Les trois règnes) Après la mort de Léon Denis (3e partie, ch. XXIII, L'Evolution animique et périspritale) Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (1ère partie, ch. IX, Evolution et finalité de l'âme) L'Evolution animique de Gabriel Delanne (ch. II, L'âme animale) L'Evolution animique de Gabriel Delanne (ch. III, Comment le périsprit a pu acquérir des propriétés fonctionnelles) La Réincarnation de Gabriel Delanne (ch. III, l'évolution animale) L'être subconscient du Dr Gustave Geley (2e partie, ch. I, L'évolution de l'âme) L'être subconscient du Dr Gustave Geley (2e partie, ch. II, Inductions métaphysiques) De l'inconscient au conscient du Dr Gustave Geley Spiritualisme vers la lumière de Louis Serré (ch. I, La vie dans la matière)
Rôle et nécessité de la souffrance
La souffrance est un phénomène d'une telle ampleur, d'une telle gravité, qu'il est extrêmement délicat de l'aborder tant à ceux qui, n'éprouvant aucune sensation de souffrance, la craignent et en écartent le spectre, qu'à ceux en proie à la douleur, hantés par le seul désir d'obtenir un apaisement.
La douleur physique est, le plus souvent, un avertissement de la nature, qui cherche à nous préserver des excès. Sans elle, nous abuserions de nos organes au point de les détruire avant l'heure. Lorsqu'un mal dangereux se glisse en nous, qu'adviendrait-il si nous n'en ressentions pas aussitôt les effets désagréables ? Il gagnerait de proche en proche, nous envahirait et tarirait en nous les sources de la vie.
Et même lorsque, persistant à méconnaître les avis répétés de la nature, nous laissons la maladie se développer en nous, celle-ci peut être encore un bienfait si, causée par nos abus et nos vices, elle nous apprend à les détester et à nous en corriger. Il faut souffrir pour se connaître et pour bien connaître la vie.
Epictète disait : " C'est un faux langage de prétendre que la santé est un bien, la maladie un mal. User bien de la santé est un bien ; en user mal est un mal. User bien de la maladie, c'est un bien ; en user mal est un mal. On tire le bien de tout, et de la mort même. "
La douleur, sous ses formes multiples, est le remède suprême aux imperfections, aux infirmités de l'âme. Sans elle, pas de guérison possible. De même que les maladies organiques sont souvent le résultat de nos excès, les épreuves morales qui nous atteignent sont la résultante de nos fautes passées. Tôt ou tard, ces fautes retombent sur nous, avec leurs conséquences logiques. C'est la loi de justice, d'équilibre moral. Sachons en accepter les effets, comme nous acceptons les remèdes amers, les opérations douloureuses qui doivent rendre la santé, l'agilité à notre corps. Alors même que les chagrins, les humiliations et la ruine nous accablent, subissons-les avec patience. Le laboureur déchire le sein de la terre pour en faire jaillir la moisson dorée. Ainsi, de notre âme déchirée surgira une abondante moisson morale. Ce n'est donc pas par vengeance que la loi nous frappe, mais parce qu'il est bon et profitable de souffrir.
Le premier mouvement de l'homme malheureux est de se révolter sous les coups du sort. Mais, plus tard, quand l'esprit a gravi les pentes et qu'il contemple l'âpre chemin parcouru, le défilé mouvant de ses existences, c'est avec un attendrissement joyeux qu'il se souvient des épreuves, des tribulations à l'aide desquelles il a pu gagner les plus hauts sommets.
Si, aux heures d'épreuves, nous savions observer le travail intérieur, l'action mystérieuse de la douleur en nous, en notre moi, en notre conscience, nous comprendrions mieux son oeuvre sublime d'éducation et de perfectionnement. Nous verrions qu'elle frappe toujours à l'endroit sensible. La main qui dirige le ciseau est celle d'un artiste incomparable ; elle ne se lasse pas d'agir jusqu'à ce que les angles de notre caractère soient arrondis, polis, usés. Pour cela, elle reviendra à la charge aussi longtemps qu'il sera nécessaire. Et sous les coups de marteau répétés, il faudra bien que la morgue, la personnalité excessive tombent chez celui-ci ; il faudra que la mollesse, l'apathie, l'indifférence disparaissent chez tel autre ; la dureté, la colère, la fureur chez un troisième. Pour tous, elle aura des procédés différents, variés à l'infini suivant les individus, mais chez tous, elle agira avec efficacité, de façon à faire naître ou à développer la sensibilité la délicatesse, la bonté, la tendresse, à faire sortir des déchirements et des larmes quelque qualité inconnue qui dormait silencieuse au fond de l'être, ou bien telle noblesse nouvelle, parure de l'âme, acquise pour jamais.
Et plus celle-ci monte, grandit, se fait belle, plus la douleur se spiritualise et devient subtile. Aux méchants il faut des épreuves nombreuses, comme sur l'arbre il faut beaucoup de fleurs pour produire quelques fruits. Mais plus l'être humain se perfectionne, plus les fruits de la douleur deviennent admirables en lui. Aux âmes frustes, mal dégrossies, incombent les souffrances physiques, les douleurs violentes ; aux égoïstes, aux avares écherront les pertes de fortune, les noires inquiétudes, les tourments de l'esprit. Puis aux êtres délicats, aux mères, aux amantes, aux épouses, les tortures cachées, les blessures du cœur. Aux nobles penseurs, aux inspirés, la douleur subtile et profonde qui fait jaillir le cri sublime, l'éclair du génie !
Longtemps encore, l'humanité terrestre, ignorante des lois supérieures, inconsciente du devenir et du devoir, aura besoin de la douleur, pour la stimuler dans sa voie, pour transformer ce qui prédomine en elle, les instincts primitifs et grossiers, en sentiments purs et généreux. Longtemps l'homme devra passer par l'initiation amère pour arriver à la connaissance de lui-même et de son but. Il ne songe présentement qu'à appliquer ses facultés et son énergie à combattre la souffrance sur le plan physique, à augmenter le bien-être et la richesse, à rendre plus agréables les conditions de la vie matérielle. Mais ce sera en vain. Les souffrances pourront varier, se déplacer, changer d'aspect, la douleur n'en persistera pas moins, tant que l'égoïsme et l'intérêt régiront les sociétés terrestres, tant que la pensée se détournera des choses profondes, tant que la fleur de l'âme ne sera pas épanouie.
Toutes les doctrines économiques et sociales seront impuissantes à réformer le monde, à pallier les maux de l'Humanité, parce que leur base est trop étroite et qu'elles placent dans l'unique vie présente la raison d'être, le but de cette vie et de tous nos efforts. Pour éteindre le mal social, il faut élever l'âme humaine à la conscience de son rôle, lui faire comprendre que son sort dépend d'elle seule, et que sa félicité sera toujours proportionnelle à l'étendue de ses triomphes sur elle-même et de son dévouement pour les autres.
Doit-on mettre un terme aux épreuves de son prochain quand on le peut, ou faut-il, par respect pour les desseins de Dieu, les laisser suivre leur cours ?
Nous vous avons dit et répété bien souvent que vous êtes sur cette terre d'expiation pour achever vos épreuves, et que tout ce qui vous arrive est une conséquence de vos existences antérieures, l'intérêt de la dette que vous avez à payer. Mais cette pensée provoque chez certaines personnes des réflexions qu'il est nécessaire d'arrêter, car elles pourraient avoir de funestes conséquences.
Quelques-uns pensent que du moment qu'on est sur la terre pour expier, il faut que les épreuves aient leur cours. Il en est même qui vont jusqu'à croire, que non seulement il ne faut rien faire pour les atténuer, mais qu'il faut, au contraire, contribuer à les rendre plus profitables en les rendant plus vives. C'est une grande erreur. Oui, vos épreuves doivent suivre le cours que Dieu leur a tracé, mais connaissez-vous ce cours ? Savez-vous jusqu'à quel point elles doivent aller, et si votre Père miséricordieux n'a pas dit à la souffrance de tel ou tel de vos frères : " Tu n'iras pas plus loin ? " Savez-vous si sa providence ne vous a pas choisi, non comme un instrument de supplice pour aggraver les souffrances du coupable, mais comme le baume de consolation qui doit cicatriser les plaies que sa justice avait ouvertes ? Ne dites donc pas, quand vous voyez un de vos frères frappé : C'est la justice de Dieu, il faut qu'elle ait son cours ; mais dites-vous, au contraire : Voyons quels moyens notre Père miséricordieux a mis en mon pouvoir pour adoucir la souffrance de mon frère. Voyons si mes consolations morales, mon appui matériel, mes conseils, ne pourront pas l'aider à franchir cette épreuve avec plus de force, de patience et de résignation. Voyons même si Dieu n'a pas mis en mes mains le moyen de faire cesser cette souffrance ; s'il ne m'a pas été donné, à moi comme épreuve aussi, comme expiation peut-être, d'arrêter le mal et de le remplacer par la paix.
Aidez-vous donc toujours dans vos épreuves respectives, et ne vous regardez jamais comme des instruments de torture ; cette pensée doit révolter tout homme de cœur, tout spirite surtout ; car le spirite, mieux que tout autre, doit comprendre l'étendue infinie de la bonté de Dieu. Le spirite doit penser que sa vie entière doit être un acte d'amour et de dévouement ; que quoi qu'il fasse pour contrecarrer les décisions du Seigneur, sa justice aura son cours. Il peut donc, sans crainte, faire tous ses efforts pour adoucir l'amertume de l'expiation, mais c'est Dieu seul qui peut l'arrêter ou la prolonger selon qu'il le juge à propos.
N'y aurait-il pas un bien grand orgueil de la part de l'homme, de se croire le droit de retourner, pour ainsi dire, l'arme dans la plaie ? d'augmenter la dose de poison dans la poitrine de celui qui souffre, sous prétexte que telle est son expiation ? Oh ! regardez-vous toujours comme un instrument choisi pour la faire cesser. Résumons-nous ici : vous êtes tous sur la terre pour expier ; mais tous, sans exception, devez faire tous vos efforts pour adoucir l'expiation de vos frères, selon la loi d'amour et de charité.
Pour en savoir plus :
Le Problème de l'être et de la destinéede Léon Denis (3e partie, ch. XXVI, La douleur) Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (3e partie, ch. XXVII, Révélation par la douleur) L'Evangile selon le Spiritisme d'Allan Kardec(ch. V, Bienheureux les affligés) Après la mort de Léon Denis (5e partie, ch. L, Résignation dans l'adversité) Le Spiritisme, qu'en savons-nous ? de l'USFF (ch. XXVI, A quoi correspond la souffrance) Spiritualisme vers la lumière de Louis Serré (ch. VI, Le mal, le bien, la souffrance)
Le bien et le mal
Les maux de toutes sortes, physiques ou moraux, qui affligent l'humanité présentent deux catégories qu'il importe de distinguer : ce sont les maux que l'homme peut éviter, et ceux qui sont indépendants de sa volonté. Parmi ces derniers, il faut placer les fléaux naturels.
L'homme a reçu en partage une intelligence à l'aide de laquelle il peut conjurer, ou tout au moins grandement atténuer les effets de tous les fléaux naturels ; plus il acquiert de savoir et avance en civilisation, moins ces fléaux sont désastreux ; avec une organisation sociale sagement prévoyante, il pourra même en neutraliser les conséquences, lorsqu'ils ne pourront être évités entièrement. Ainsi pour ces mêmes fléaux qui ont leur utilité dans l'ordre général de la nature et pour l'avenir, mais qui frappent dans le présent, Dieu a donné à l'homme, par les facultés dont il a doué son Esprit, les moyens d'en paralyser les effets.
L'homme devant progresser, les maux auxquels il est exposé sont un stimulant pour l'exercice de son intelligence, de toutes ses facultés physiques et morales, en l'incitant à la recherche des moyens de s'y soustraire. S'il n'avait rien à craindre, aucune nécessité ne le porterait à la recherche du mieux ; son esprit s'engourdirait dans l'inactivité ; il n'inventerait rien et ne découvrirait rien. La douleur est l'aiguillon qui pousse l'homme en avant dans la voie du progrès.
Mais les maux les plus nombreux sont ceux que l'homme se crée par ses propres vices, ceux qui proviennent de son orgueil, de son égoïsme, de son ambition, de sa cupidité, de ses excès en toutes choses : là est la cause des guerres et des calamités qu'elles entraînent, des dissensions, des injustices, de l'oppression du faible par le fort, enfin de la plupart des maladies.
Dieu a établi des lois pleines de sagesse qui n'ont pour but que le bien ; l'homme trouve en lui-même tout ce qu'il faut pour les suivre ; sa route est tracée par sa conscience ; la loi divine est gravée dans son cœur ; et, de plus, Dieu les lui rappelle sans cesse par ses messies et ses prophètes, par tous les Esprits incarnés qui ont reçu mission de l'éclairer, de le moraliser, de l'améliorer, et, en ces derniers temps, par la multitude des Esprits désincarnés qui se manifestent de toutes parts. Si l'homme se conformait rigoureusement aux lois divines, il n'est pas douteux qu'il éviterait les maux les plus cuisants et qu'il vivrait heureux sur la terre. S'il ne le fait pas, c'est en vertu de son libre arbitre, et il en subit les conséquences.
Mais Dieu, plein de bonté, a placé le remède à côté du mal, c'est-à-dire que du mal même il fait sortir le bien. Il arrive un moment où l'excès du mal moral devient intolérable et fait éprouver à l'homme le besoin de changer de voie ; instruit par l'expérience, il est poussé à chercher un remède dans le bien, toujours par un effet de son libre arbitre ; lorsqu'il entre dans une route meilleure, c'est par le fait de sa volonté et parce qu'il a reconnu les inconvénients de l'autre route. La nécessité le contraint donc à s'améliorer moralement en vue d'être plus heureux, comme cette même nécessité l'a contraint d'améliorer les conditions matérielles de son existence.
On peut dire que le mal est l'absence du bien, comme le froid est l'absence de la chaleur. Le mal n'est pas plus un attribut distinct que le froid n'est un fluide spécial ; l'un est le négatif de l'autre. Là où le bien n'existe pas, existe forcément le mal ; ne pas faire le mal est déjà le commencement du bien. Dieu ne veut que le bien ; de l'homme seul vient le mal. S'il y avait, dans la création, un être préposé au mal, nul ne pourrait l'éviter ; mais l'homme ayant la cause du mal en LUI-MEME, et ayant en même temps son libre arbitre et pour guide les lois divines, il l'évitera quand il voudra.
Si l'on étudie toutes les passions, et même tous les vices, ont voit qu'ils ont leur principe dans l'instinct de conservation. Cet instinct est dans toute sa force chez les animaux et chez les êtres primitifs qui se rapprochent le plus de l'animalité ; il y domine seul, parce que, chez eux, il n'a pas encore pour contrepoids le sens moral ; l'être n'est pas encore né à la vie intellectuelle. L'instinct s'affaiblit, au contraire, à mesure que l'intelligence se développe, parce que celle-ci domine la matière.
La destinée de l'Esprit est la vie spirituelle ; mais dans les premières phases de son existence corporelle, il n'a que des besoins matériels à satisfaire, et à cette fin l'exercice des passions est une nécessité pour la conservation de l'espèce et des individus, matériellement parlant. Mais sorti de cette période, il a d'autres besoins, besoins d'abord semi-moraux et semi-matériels, puis exclusivement moraux. C'est alors que l'Esprit domine la matière ; s'il en secoue le joug, il avance dans sa voie providentielle, il se rapproche de sa destinée finale. Si, au contraire, il se laisse dominer par elle, il s'attarde en s'assimilant à la brute. Dans cette situation, ce qui était jadis un bien, parce que c'était une nécessité de sa nature, devient un mal, non-seulement parce que ce n'est plus une nécessité, mais parce que cela devient nuisible à la spiritualisation de l'être. Tel ce qui est qualité chez l'enfant, devient défaut chez l'adulte. Le mal est ainsi relatif, et la responsabilité proportionnée au degré d'avancement.
Toutes les passions ont donc leur utilité providentielle. C'est l'abus qui constitue le mal, et l'homme abuse en vertu de son libre arbitre. Plus tard, éclairé par son propre intérêt, il choisit librement entre le bien et le mal.
A Noter :
Le mal n'a pas d'existence propre. Il est l'état d'infériorité et d'ignorance de l'être en voie d'évolution.
Pour en savoir plus :
Le Problème de l'être et de la destinée de Léon Denis (2e partie, ch. XVIII, Le problème du mal) La Genèse, les miracles et les prédictions d'Allan Kardec (ch. III, Le bien et le mal) L'être subconscient du Dr Gustave Geley (2e partie, ch. I, Explication du mal)