J’ai choisi de me réincarner, pour cette vie, dans une famille où la vie n’allait pas être de tout repos.
Je suis née en France dans les années 70, j’ai deux grands frères et je suis la petite dernière. Nous habitions une maison, avec un jardin, un petit poulailler et un cognassier qui donnait beaucoup de fruits. La vie aurait pu être douce et idyllique dans ce décor, si les problématiques de ma vie n’avaient pas commencé par mes parents.
Mon père est alcoolique, sa mère l’était aussi. Il a perdu son père très jeune et la vie avec son beau-père a été très chaotique. Peut-être est-ce pour cela qu’il a sombré lui aussi dans l’alcool ? Ça je ne le saurais jamais…
Ma mère quant à elle, est douce, affectueuse et enjouée. Elle a été victime d’une méningite à l’âge de 15 ans, qui lui a laissée des séquelles. Il y a très peu de temps une de mes cousines a osé me dire que ma mère était un peu « attardée ». Ça a été un choc émotionnel très violent pour moi qui n’avais jamais rien perçu de ses déficiences mentales. Pour moi, ma mère était juste une personne simple, naïve et gentille… Elle avait aussi un problème avec l’alcool, mais ça j’ai toujours eu beaucoup de mal à l’avouer.
Nous avions une vie, mes frères et moi, qui nous paraissait naturelle, même si nous percevions bien des différences entre les autres enfants et nous. D’ailleurs, nos seuls copains étaient des enfants d’alcooliques. J’ai connu tous les bars de ma ville, et Dieu sait s’il y en avait... Petite, mon père m’emmenait dans ses virevoltantes tournées des bars. Ma mère, qui était plutôt insouciante, n’était pas très inquiète à notre sujet. Elle n’imaginait pas, par exemple, les risques que je prenais en marchant à l’âge de 5 ou 6 ans sur un mur qui séparait notre maison, malgré sa hauteur de 4 ou 5 mètres, ou quand je sautais de la fenêtre de la cuisine sur le mur de l’entrée.
Je me souviens, qu’à l’école primaire, la maîtresse ne voulait pas que je prenne des livres, elle craignait que je les salisse. Alors elle me donnait des espèces de polycopies qu’elle mettait dans des pochettes plastiques. Je n’allais pas à l’école régulièrement et, côté hygiène, mes frères et moi n’étions pas les premiers de la classe…
J’avais très peur de dormir toute seule la nuit. J’avais, pour une raison inconnue, très peur des fantômes et des extraterrestres. Je dormais souvent avec mes parents. Mon père rentrait ivre mort. Il venait se coucher, tout habillé dans le lit, je me souviens même que, parfois, il sentait très fort l’odeur d’urine. Le lit de mes parents était infesté de punaises de lit. Je me réveillais la nuit et je les tuais. Elles ont une odeur particulière, certains bonbons me rappellent cette odeur…
Toute petite, je me suis fait renverser par une voiture, rien de grave, mais j’ai quand même fait un court séjour à l’hôpital pour être sûr que tout allait bien. Je me souviens très clairement avoir entendu 2 infirmières parler entre elles, elle disait que mon père puait tellement qu’il fallait nous installer dans une autre pièce, hors de la chambre pour ne pas incommoder l’autre famille de l’enfant qui partageait la chambre avec moi.
J’ai un souvenir extrêmement précis, alors que j’avais 4 ou 5 ans, que j’avais la capacité de me sentir « léviter », j’ai encore une image très précise de moi, assise en tailleur, et flottant à 1 mètre du sol. Je comprendrais bien plus tard, qu’il s’agissait en fait de mon corps spirituel qui s’envolait. Ma mère était très croyante, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir une grande peur de la mort. Je me souviens qu’elle m’obligeait à réciter des « Je vous salue Marie » jusqu’à ce que le sommeil s’ensuive…
Il arrivait parfois que mon père, plus saoul que d’habitude, frappe violemment ma mère devant nous, il la tirait par les cheveux… C’est horrible de voir ça, surtout avec des yeux d’enfant, surtout quand c’est sa propre maman…
Dans cette enfance un peu bizarre, il y avait ma grand-mère maternelle, mon rayon de soleil, la lumière de ma vie. Nous allions chez elle le mercredi et c’était toujours un bonheur absolu. Par contre, la fin de journée était un drame, car il fallait rejoindre le domicile parental… Elle nous donnait à manger des choses délicieuses, nous faisait des petits plats et des gâteaux.
Chez mes parents on récupérait de la nourriture des associations d’aides alimentaires, d’ailleurs je n’ai jamais oublié d’où je venais et je donne systématiquement lors des collectes de denrées alimentaires dans les magasins.
Mes parents ont enfin divorcé, j’avais 8 ans ! Ma mère est partie habiter avec moi chez ma grand-mère. Mes frères avaient déjà quitté le domicile parental pour se réfugier dans ce havre de paix. Ma grand-mère était veuve, elle n’avait pas une grosse retraite, mais elle était propriétaire de son logement. Elle nous a donc tous recueillis sous son aile protectrice et aimante. La vie chez ma grand-mère a été la plus belle période de ma vie, elle a joué son rôle de grand-mère, de père, de mère…
Ma mère a trouvé un appartement dans une ville voisine, mais mes frères et moi sommes restés chez notre grand-mère. A l’étage du dessous, logeait un alcoolique, Paul. C’était un brave type, nous étions très proche de ses deux fils, (devenus alcooliques eux aussi, l’un d’eux s’est suicidé à l’âge de 20 ans en se tirant une balle dans le cœur, lors d’une crise d’auto-sevrage, et le second est toujours vivant mais il n’est plus qu’un alcoolique invétéré malheureusement). Paul ramenait souvent des SDF chez lui, ce qui nous a valu une invasion de blattes. Je me rappelle quand on allumait le four ou la cafetière, ces pauvres petites bêtes sortaient par centaines de la source de chaleur… Parfois au collège, je sentais ma cheville me gratter et je voyais une petite blatte sortir, il fallait être rapide pour la tuer sans que personne ne me voit.
Mon grand frère, qui avait six ans de plus que moi était parfois violent avec moi, je le détestais. Ma mère continuait à boire, elle avait rencontré quelqu’un qu’elle voyait le week-end. Je n’aimais pas cet homme alors qu’il était très gentil avec ma mère et qu’il ne m’avait absolument rien fait, il lui a apporté un peu de bonheur, mais on est tellement bête quand on est adolescent ! Il l’a accompagnée jusqu’au bout de sa maladie…
J’ai coupé tout contact avec mon père à la suite du divorce et je ne l’ai jamais revu, il n’a pas spécialement cherché à me revoir lui non plus. Mon adolescence s’est passé, comme beaucoup d’autres, avec des hauts et des bas, parfois des envies de mourir, car je me trouvais très moche, j’étais en surpoids et je n’attirais pas les garçons, j’étais toujours la bonne copine qui tenait la chandelle. A cette époque, je pensais que lorsqu’on mourrait, on partait dans une autre dimension, la vie continuait sur un autre plan parallèle. J’étais très attirée par la sorcellerie, la magie noire… restes d’une autre vie, comme je le découvrirais plus tard. Ma grand-mère, quant à elle, lisait dans le marc de café. Elle m’a un peu initiée à cette pratique quand j’étais enfant. Elle tirait les cartes, elle avait prédit à sa sœur, qu’elle perdrait un fils (ma tante avait 2 fils et 2 filles) et qu’elle mourrait en habitant place du Marché. Ma tante n’y croyait pas et pourtant ces 2 prédictions se sont bien réalisées : son fils préféré est mort dans un accident de voiture à l’âge de 25 ans, elle ne s’en est jamais remise, elle est morte à 80 ans, place du Marché.
Décembre 1991, ma mère est hospitalisée d’urgence : depuis des années elle souffre de problèmes d’intestins, mais son médecin refuse de lui faire passer des examens complémentaires, prétextant que c’était une gastro, même si ça durait depuis des années. En fait, ma mère ne travaillant pas, elle bénéficiait d’une couverture maladie sociale minimum, qui ne lui permettait pas d’accéder aux soins les plus coûteux, donc pas le droit de se faire soigner comme les gens plus aisés. D’ailleurs, cela me rappelle à quel point j’ai pu souffrir chez le dentiste, il ne voulait pas nous anesthésier pour nous soigner des caries, ni même une rage de dents, on ne lui rapportait pas d’argent et il ne se gênait pas pour nous le rappeler ; heureusement cette époque-là est révolue et des comportements pareils seraient aujourd’hui inadmissible. Il m’en reste une hantise du dentiste …
Mai 1992, j’ai 16 ans, c’est un mercredi matin, je suis à l’école et on vient me chercher, ma mère est morte… Elle s’est éteinte le matin. La veille de sa mort, j’étais passée la voir brièvement à l’hôpital. Pour être honnête, je n’y allais pas souvent. Ce n’est pas très agréable de sentir les odeurs de gastros et de désinfectants à cet âge. De plus, je crois que je n’avais absolument pas conscience qu’elle allait mourir puisqu’on me disait qu’elle avait des polypes. Jamais le mot de cancer n’avait été prononcé. Ma mère perdait ses cheveux par poignées, elle qui avait de longs cheveux blond vénitien… Seule ma grand-mère, quelques jours plus tôt, m’avait confiée que ma mère ne guérirait sûrement pas. Je me souviens être rentrée dans une colère noire en lui disant qu’elle n’avait pas le droit de dire ça, que tant qu’il y avait de la vie, il y avait de l’espoir !! Pour en revenir à la veille de sa mort, je n’oublierais jamais le dernier regard que nous avons échangé. Elle savait !!! Elle savait qu’elle allait partir… Elle a plongé ses yeux verts dans les miens et à ce moment-là, une connexion incroyable s’est produite entre nous, son regard m’a dit : « Qu’est-ce que tu vas devenir ?? » Un autre fait surprenant aussi, le jour de sa mort, ma grand-mère, un de mes frères et moi avons rêvé qu’elle mourrait. C’était sans doute sa façon de nous dire au revoir…
Ma grand-mère maternelle était une femme incroyablement courageuse. Elle a mis au monde 5 enfants, dont 2 jumelles mortes-nées et a perdu un petit garçon de 1 mois et demi de la jaunisse. Durant les mois qui ont suivis la mort de ma mère, j’entendais ma grand-mère sangloter et pleurer toutes les larmes de son corps pendant la nuit, elle était tellement courageuse que je ne l’ai jamais vu pleurer devant moi. D’ailleurs, mais malheureusement je ne l’ai appris qu’après sa mort, ma grand-mère avait vécu 2 expériences de mort imminente. Depuis, sa vision de la vie avait changé. Elle n’était pas du tout matérialiste, les apparences ne l’intéressaient pas. Elle était bordélique au possible, défaut dont j’ai hérité… Elle nous a appris des valeurs morales, mais surtout elle nous a aimés, d’un amour infini. Ma Grand-mère nous a sauvé moi et mes frères. Sans elle, nous ne saurions pas ce que nous sommes aujourd’hui. Je pense sincèrement que si elle ne nous avait pas accueillis sous son aile protectrice, à l’heure actuelle, je serais sûrement sans emploi, mariée à un gros beauf alcoolique, avec une tripotée de gamins que je n’aurais certainement pas été capable d’élever, ou bien je serais un pilier de bar moi aussi, et peut-être même déjà morte… Mais, heureusement, elle était bien présente sur notre chemin pour nous permettre de nous ouvrir à la résilience.
Parmi les nombreux hommes qui ont sillonnés ma vie, j’ai connu la désillusion, le mensonge, la tromperie, la violence, la dépendance dans le rejet de l’autre. J’ai toujours cherché dans l’être masculin quelque chose qui me manquait je crois. Je pense, avec le recul, que c’était juste de la protection que je cherchais, quelqu’un pour qui je compterais vraiment, qui m’aimerait et me respecterait mais, hélas, je ne l’ai jamais trouvé…
Ma grand-mère est morte je n’avais pas encore 21 ans. Ça a été comme un coup de poignard, l’univers m’engloutissait dans les ténèbres de la douleur. Mon premier réflexe a été de me tourner vers ce que je connaissais, l’alcool, ce faux ami si accessible pour sombrer dans une angoisse encore plus profonde. Heureusement, Dieu pense à tout : j’avais un bébé, ma fille qui avait 6 mois à l’époque et qui m’a empêchée de tomber dans la déprime du deuil. Une chose mystérieuse s’est passée, un jour ou deux après le décès de ma grand-mère, j’ai ressenti une immense force rentrer à l’intérieur de mon être. Je suis persuadée que c’est ma grand-mère qui m’a transmis son courage et son amour, et j’allais en avoir bien besoin…
Comme je le disais, j’avais une fille. Son géniteur, plus vieux que moi, était un être très noir, très sombre et d’une extrême violence. Je me souviens de ses tentatives d’étranglements, des gifles, des coups de poings ou de pieds que je recevais, même quand j’étais enceinte, des coups de feu qu’il tirait dans l’appartement miteux dans lequel nous habitions. Comme tout pervers qui se respecte, il me faisait croire que c’était à cause de moi qu’il était violent, j’étais responsable de tout d’après lui. Je l’ai quitté lors d’un de ses séjours en prison. Je crois que rien n’est dû au hasard et si j’ai choisi cette horrible personne, c‘est que j’avais des dettes à payer envers lui. Mes propos peuvent choquer, pourtant je pense que c’est la réalité. J’ai rêvé de nombreuses fois que j’avais tué et enterré cet homme, dans un bois, et parfois même dans un endroit escarpé, où des falaises de couleurs blanches surplombaient la mer. Ma seule et unique peur était de me faire prendre. Si je l’ai réellement tué dans des vies antérieures, je devais sûrement avoir de bonnes raisons, mais je peux comprendre aussi cette haine féroce qu’il a gardée imprimée dans son corps spirituel, ou mémoire résiduelle si vous préférez. Après cette douloureuse expérience, je me suis mariée avec un homme plutôt gentil, avec lequel j’ai eu un fils.
Là encore, l’alcool resurgissait dans ma vie par le biais de cet homme, qui malheureusement boit toujours aujourd’hui. L’idée de vivre avec un alcoolique est difficile à concevoir pour moi, c’est une problématique que je connais tellement bien que je me suis toujours refusée à vivre avec. Nous louons une maison dans un petit village, et là encore, mauvaise surprise, elle est infestée de puces ! Je tente pendant des mois d’en venir à bout, je pulvérise chaque lame du plancher avec des bombes antipuces, mais rien n’y fait ! Nous achetons alors une petite maison à rénover. Notre relation s’étiole rapidement. Cet homme avait aussi d’autres défauts, le mensonge à outrance et l’argent qui lui brûlait les doigts, mais malgré tout, je pense que c’était quelqu’un de bien, même si je ne m’en suis aperçue que bien des années plus tard. Nous divorçons, il me reste quelques dettes à éponger, et des déboires bancaires, avec le crédit de la maison sur le dos… La maison est saisie, mes problèmes financiers se règlent.
Quand nous habitions dans cette maison pleine de puces, j’ai fait la connaissance de mes voisins, un couple avec 3 enfants. L’épouse deviendra la nounou de mes enfants et nous serons très vite de très bonnes amies. L’alcool fait partie de leur quotidien, du moins les week-ends dans un premier temps. Nous faisons la fête très souvent ensemble. Mon amie est de plus en plus malheureuse dans son couple, elle boit de plus en plus, et de plus en plus souvent. Ils finissent par se séparer mais son mal-être ne fait qu’empirer. Elle boit même la journée. Un problème de santé lui oblige à cesser le travail durant plusieurs mois, elle est tellement mal, se sent tellement seule qu’elle part un peu à la dérive et fait parfois n’importe quoi. Je suis sa seule amie. On se parle durant des heures et des heures, le jour comme la nuit, je suis toujours là pour elle, je la considère comme ma petite sœur. Au bout de plusieurs années, je me suis aperçue que notre amitié n’allait que dans un sens, de moi vers elle, aucune réciprocité. Un jour, elle a rencontré un homme et ne m’a plus jamais donné de nouvelles. Je sais par ses enfants qu’elle a complètement arrêté de boire et j’en suis ravie pour elle. Peut-être qu’elle m’a associé à une partie très douloureuse de sa vie, elle a tourné la page sur cette période dont je faisais partie.
J’ai 30 ans, mon père est mort. Ça fait plus de 20 ans que je ne l’ai pas vu. Je lui en veux beaucoup d’avoir préféré boire plutôt que de s’occuper de ses enfants ! Il était depuis plusieurs mois dans un fauteuil roulant, car on l’avait amputé de ses 2 jambes jusqu‘aux genoux, la gangrène avait fait son apparition. Je me rappelle une anecdote très particulière, mon père habitait un appartement avec des escaliers descendant sur un niveau inférieur. Un soir, alors que plusieurs de ses amis alcooliques étaient chez lui, une bagarre a éclaté et un homme est mort. Ses amis, ont attendus qu’il dorme pour sortir le cadavre qu’ils ont essayé de faire brûler dans un bois non loin de chez lui. Bien entendu, ils ont été arrêtés par la police et mon père a fait un court séjour en prison pour « recel de cadavre ». J’ai suivi ses mésaventures par le biais des journaux et par une de mes cousines qui allaient lui faisait les soins pour sa gangrène en prison. Je n’avais pas encore compris que l’alcoolisme est une vraie maladie, et que les ivrognes sont, en fait, victimes de leur vice. J’apprendrais aussi plus tard qu’ils sont influencés par les Esprits alcooliques désincarnés qui se servent d’eux pour aspirer les effluves d’alcool. Je n’ai pas été à son enterrement, il a été enterré dans une fosse commune, n’ayant pas de caveau familial. Avec le recul, je me dis que j’aurais dû rendre hommage à ce père, qui m’a donné la vie.
Un autre homme est alors rentré dans ma vie. La relation charnelle nous unissait, il y avait beaucoup d’amour entre nous, mais il était marié. Quand je l’ai rencontré, il m’avait dit qu’il n’était pas libre, mais il avait omis de me préciser que sa femme était enceinte… Malgré le dégoût qu’il m’inspirait à ce moment-là, j’ai fait le choix de rester avec lui. Je l’aimais sincèrement. Au bout de 4 ans et demi de relation cachée, je lui ai demandé de faire un choix. Il a divorcé et là ont commencé mes déboires. Je n’avais jamais vécu avec lui, en fait je ne le connaissais pas autant que je le pensais. Il était fils unique, avec une mère que je qualifierais de manipulatrice et sournoise. C’est elle qui tirait un peu les ficelles de sa vie, mais malgré sa défiance nous nous sommes mariés. De son côté, il avait 3 enfants, avec 3 femmes différentes. Il a toujours gardé une relation ambiguë avec son ex-femme, la mère de sa petite dernière. Pour de nombreuses raisons, j’ai détesté cette enfant, que je considérais comme la cause de tous mes problèmes, elle était le lien entre lui et son ex, j’ai été une belle-mère horrible, je ne me suis pas occupée d’elle et je n’ai rien fait pour qu’elle se sente bien chez nous. J’étais tellement tourmentée par le fait que je n’étais pas la seule et unique femme qui compte à ses yeux, que j’ai même souhaité que cette petite meurt, victime du virus H1N1. Comme je suis malheureuse ! je me ronge de l’intérieur, j’essaie en vain de lui faire comprendre combien ce lien qu’il garde avec son ex-femme est douloureux pour moi. Il est égoïste, puisque lui ça ne le dérange pas, alors tout va bien. Une maladie auto-immune se déclare en moi, et oui, la puissance des émotions négatives sur le corps physique est terrible. Je me bouffe littéralement de l’intérieur.
J’ai 40 ans, et Dieu m’envoie le plus beau cadeau du monde : un bébé ! Quand on dit que les réincarnations se préparent dans l’au-delà, j’en suis persuadée ! Pour une raison inconnue, je voulais arrêter la pilule contraceptive pour la remplacer par autre chose, et c’est ainsi que mon fils a été conçu… Il n’y a pas de hasard.
Depuis l’adolescence, je faisais régulièrement le même genre de rêve, de cauchemars même devrais-je dire !!! Fantômes, sorcières, diables et monstres venaient me tourmenter. Ils apparaissaient et me faisaient peur, me torturaient moralement. Ces rêves étaient d’une netteté et d’une intensité déconcertantes, je me réveillais en sueur et ses images restaient imprégnées dans ma tête. J’étais terrifiée, effrayée, traumatisée par ces êtres maléfiques. Au fond de moi, il me semblait les connaître parfois.
En 2011, en cherchant sur internet, je découvre le site d’un Centre Spirite, j’apprends que des médiums donnent des nouvelles de personnes désincarnées. J’assiste à plusieurs séances et j’ai la chance de recevoir des nouvelles de ma grand-mère, de ma mère et même de mon père… Je les reconnais bien à travers les mots des médiums. Mon père, par exemple, est le même que de son vivant. Il dit qu’il ne comprend pas pourquoi on s’intéresse à lui, vu qu’il ne s’est jamais occupé de personne : « Qu’est-ce qu’il y a ? Qui me dérange ? Des nouvelles ? des messages ? Qui se soucie de moi aujourd’hui ? Je me suis si peu soucié des autres, de moi-même… J’avais pas le temps. Enfin c’est ce que je disais parce qu’en vérité, j’avais pas envie. C’est pas grave. J’ai que ce que je mérite. Vie de chien ! Mort de chien ! Laissez-moi, comme je vous ai laissés. Ce que je voulais c’était être seul. Je le suis, alors respectez-moi nom de Dieu… »
J’ai aussi reçu un dessin de ma mère et les traits étaient assez ressemblants. Un message disait à quel point elle avait du mal à faire confiance aux hommes. Elle se reconstruisait très lentement, elle était encore très fragile. Le message concernant ma grand-mère était bluffant, le médium l’a décrite avec une exactitude déconcertante ! Il me parle de son côté jovial, de sa bienveillance, de ses valeurs, de son énergie. Ma grand-mère parle de moi dans son message, elle me parle de son amour pour moi. Quelle bénédiction de savoir qu’elle pense encore à moi, qu’elle ne m’a pas oubliée !
Septembre 2012, je commence à suivre des cours au centre spirite. J’apprends et comprends tellement de choses ! Je lis, j’étudie, je m’instruis… Le Livre des Esprits d’Allan Kardec est une vraie mine d’or : il explique très clairement la vie, la mort, la réincarnation… tout devient évident, tout s’explique…
C’est en 2015 que je m’aperçois que je ne fais plus aucun cauchemar, toutes ces créatures diaboliques ne viennent plus me perturber. C’est le cours sur les rêves qui m’a donné l’explication de ses cauchemars. Toutes ses entités qui viennent me hanter sont des compagnons d’anciennes vies. Ils ne veulent pas que je leur échappe, ils veulent me dominer, j’appartiens à leur « clan ». Ils ne veulent pas que je progresse, que j’évolue… J’étais comme eux il n’y a pas si longtemps encore. Le fait que je lise, que je me tourne vers le bien les dérange. Ils veulent absolument me garder sous leur coupe. Plus je m’instruis et moins ils ont du pouvoir sur moi. Le fait de me tourner vers une doctrine qui prône les commandements de Dieu les éloigne, des Esprits protecteurs m’entourent certainement. Chaque fois que nous dormons, notre corps spirituel retourne dans notre vraie patrie, l’au-delà. Nous allons nous y ressourcer parfois auprès des êtres que nous avons aimés, nous allons chercher des conseils, des enseignements, des réponses à nos problématiques. Ne dit-on pas que la nuit porte conseil ? Nous pouvons aussi rejoindre les entités avec lesquelles nous sommes reliés par affinités. Selon notre élévation morale, nous nous rapprochons des êtres qui vibrent sur le même plan que nous. C’est pour cela que si nous sommes d’élévation moindre, ou si nous avons des vices très prononcés, nous retournons voir des êtres qui partagent nos goûts malsains et nos perversions.
Nous sommes en 2017, mon couple bat de l’aile. J’ai rencontré quelqu’un de très gentil mais aussi de très fragile. Il est marié depuis plus de 30 ans, elle est dominatrice et veut tout diriger, il subit son autorité. Elle dépense l’argent sans compter et les dettes du couple s’accumulent. Il se bat perpétuellement pour ne pas sombrer financièrement. Je pense en fait qu’il est dans une profonde dépression. Il fume cigarette sur cigarette et se réfugie parfois dans l’alcool. Tous les deux, nous avons envie de changer de vie. Je quitte alors mon mari. De son côté lui quitte sa femme. Je ne qualifierais pas notre union de relation amoureuse mais plutôt de sauvetage réciproque. Même s’il y a beaucoup d’amour entre nous, c’est le côté amical qui nous uni. J’ai souvent eu l’impression de le considérer comme un frère plutôt que comme un compagnon. Il se sent assez seul, il est loin de sa famille qui n’est pas dans la région, il se remet à boire et cela me dérange énormément. Plus je lui dis, plus il boit. Je ne veux pas que mon fils banalise l’image de l’alcool. Les tensions au sein du couple s’intensifient et nous nous séparons. Je crois que nous en avions besoin pour nous reconstruire. Nous sommes restés très bons amis et nous nous côtoyons toujours. Il a été un beau-père formidable pour mon fils, il y a beaucoup d’amour entre eux. Il le considère comme son propre enfant et de son côté, mon fils continue de l’appeler « papou ». Ils s’aiment très fort.
Depuis notre séparation, je vis seule avec mon fils. J’ai enfin trouvé l’équilibre que je cherchais, j’ai avancé spirituellement, j’ai compris et pardonné à mon père. J’ai aussi fait mon mea culpa auprès de mon ancienne belle-fille, je me suis sincèrement excusée aussi d’avoir fait tellement de mal à sa mère, d’avoir détruit sa famille. Finalement, moi qui me croyais supérieure à elle, je ne suis en fait qu’un être à la moralité inférieure.
Le spiritisme m’a sauvé la vie. Je continue à lire, à réfléchir, à essayer d’appliquer les préceptes du spiritisme, de me grandir dans la Foi et dans l’amour de Dieu. J’essaye de contrôler mes pensées, de ne faire que de bonnes actions, mais chaque jour je chute, je me relève, puis je rechute et me relève encore. Je fréquente toujours le centre spirite lyonnais. Ma médiumnité ne s’est pas développée comme je l’aurais voulu mais, en fin de compte, j’ai pris conscience que ce n’est pas mon travail pour cette vie car je n’aurais pas eu les épaules pour assumer une tâche aussi lourde. Dieu est toujours juste dans ses choix. Le spiritisme m’a permis de rencontrer des gens formidables, tous différents, avec des parcours de vie variés, des blessures de vie superficielles, comme les miennes, ou de vraies blessures profondes et inguérissables comme la perte d’un enfant ou d’un être cher.
Dans le centre spirite, nous sommes comme une famille, on ne se juge pas. Nous venons tous avec l’idée de nous améliorer, de méditer, de chercher ou d’apporter du réconfort. Pas de religion, pas de politique, pas de statut social, nous sommes tous égaux, seuls nous unissent la Foi et l’amour du prochain. L’étude de la doctrine spirite a éclairé ma vie.
Comme beaucoup de monde, et surtout comme ma mère, j’avais peur de la mort. Quand mes enfants étaient petits, j’avais parfois d’énormes crises d’angoisse à l’idée de mourir, de ne plus les voir, de les abandonner. Je crois que j’aurais pu m’arracher tous les cheveux de la tête tellement cette sensation était oppressante. De même je ne comprenais pas pourquoi ma mère était morte si jeune, pourquoi des enfants mourraient, pourquoi la guerre existait, pourquoi les gens étaient méchants, pourquoi il y avait des assassins, enfin toutes ses questions que tout le monde a dû se poser au moins une fois dans sa vie.
La vérité se trouve dans les livres d’Allan Kardec, toutes les explications que nous cherchons sur le pourquoi de la vie s’y trouvent. Par exemple, j’ai appris que le hasard n’existait pas. Les rencontres importantes de notre vie, les grandes trames de notre existence sont prévues mais c’est bien à nous de faire nos choix. Tout comme ce que l’on appelle la fatalité sur Terre, c’est juste l’effet boomerang de nos actes ou de nos pensées. Chaque décision que nous prenons a des répercussions sur nous, sur les autres et sur notre futur.
Je sais que dans des vies antérieures j’ai été, comme la plupart d‘entre nous, une espèce de vieille sorcière faisant le mal, une prostituée, une meurtrière, une faiseuse d’anges, une suicidée ou je ne sais quoi encore. La réincarnation nous donne l’occasion de payer nos dettes. Si on s’analyse bien, nos traits de caractère nous donnent beaucoup d’informations sur ce que nous avons été. Nous sommes notre passé dans le présent, et notre présent prépare ce que nous serons demain. Si j’ai choisi de me livrer à vous par ces quelques mots, c’est avec une grande humilité.
C’est douloureux de s’exposer aussi intimement devant les autres, de se mettre à nu devant certaines personnes qui me connaissent sans me connaître vraiment. Quand on est de l’autre côté, rien n’est caché, tout est accessible à tous. Le seul juge que nous devrons affronter c’est nous même. C’est très compliqué de faire resurgir des actes ou des pensées que l’on a enfouis au plus profond de nous, là où personne ne peut les atteindre, mais c’est un exercice tellement enrichissant pour soi.
Je sais que malgré toutes mes lectures, les enseignements que je reçois, mes prières et mon envie de bien faire, je chuterais certainement, je commettrais encore des erreurs, et toujours des erreurs. Dieu m’aime, je suis une parcelle de Lui, Sa lumière vibre en moi et, en Père aimant, Il me laisse faire mes propres choix. Dans de très nombreuses vies, quand j’aurais évolué un peu, je quitterais le plan Terrestre pour vivre de nouvelles aventures dans d’autres mondes. Tout dans l’univers est relié à Dieu, nous ne faisons qu’un avec Lui. La mort ne me fait plus peur, parce que je sais que c’est le retour aux sources, le retour à notre vraie nature, je sais que les gens qui s’aiment se retrouvent toujours, ici ou là-bas…
Je suis le seul point commun à tous les événements de ma vie, ma devise aujourd'hui est : tout ce qui m'arrive est de ma faute. Comprendre, accepter et se résigner dans l'amour de Dieu.
Isabelle