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Biographie de Léon Denis
Léon Denis est né à Foug le 1er janvier 1846. Il découvrit le Spiritisme à 16 ans à travers le « Livre des Esprits ». Après la guerre de 1870, il prit la décision d’instruire le peuple. Ses ouvrages sont :
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Commentaires du fascicule : Giovanna
Dans « Giovanna », Léon Denis, trace une esquisse très poussée de ce que l'on pourrait appeler le roman spirite, genre qui a été abordé, depuis lors, par d'excellents écrivains avec une audace que le succès a justifiée.
L'action se déroule encore en Italie. Le récit s'ouvre par une admirable description du lac de Côme : « Ce lambeau du ciel d'Italie tombé entre les montagnes, ce merveilleux éden où trône la nature parée pour une fête éternelle. »
C'est à Gravedona, au nord du « Lario », entre les hauts sommets des Alpes, que se déroule l'idylle touchante qui en fait l'objet. La trame en est d'une extrême simplicité. Parmi les pauvres gens de Gravedona, la douce Giovanna apparaît comme une madone échappée d'une toile de Luini. C'est une belle demoiselle de condition vouée à soulager la misère autour d'elle ; une de ces natures d'élite qui apparaissent un instant parmi les hommes pour les consoler de leur laideur physique et de leur infirmité morale et qui sont tôt rappelées dans leur vraie patrie, le ciel..
« Jeanne Sperauzi est née dans la villa des Lentisques dont on aperçoit de la vallée les terrasses blanchissantes. Ses dix-huit ans se sont écoulés dans ces lieux aimés du soleil et des fleurs. On dit que l'âme est liée par de secrètes influences aux régions qu'elle habite, qu'elle participe à leur grâce ou à leur rudesse. Sous ce ciel limpide, au milieu de cette nature sereine, Giovanna a grandi, et toutes les harmonies physiques et morales se sont unies pour faire d'elle une merveille de beauté, de perfection. Elle est grande, élancée ; son teint blanc, sa chevelure blonde épaisse et soyeuse ; sa bouche mignonne garnie de dents petites, éclatantes ; ses yeux d'un bleu profond et doux. Le haut du visage a un cachet de noblesse, d'idéale pureté. »
Qui ne serait touché d'une beauté si radieuse ? Dès qu'elle apparaît à la porte du misérable toit de la veuve qu'elle protège, tout le logis s'éclaire, les enfants l'entourent et lui font fête.
Un jour, une circonstance fortuite, un orage violent la met en présence d'un jeune chasseur qui est, venu se réfugier dans la maison où elle se trouve. C'est un jeune français, Maurice Ferrand, fils d'un proscrit. Ancien élève de l'Université de Pavie, et l'un des avocats les plus renommés de Milan, Maurice Ferrand est venu chercher, chez son père qui habite non loin de là, un repos, dont il a grand besoin.
Pouvait-on voir Giovanna sans l'aimer ? M. Ferrand en tombe éperdument amoureux. Il recherche, de ce jour, la compagnie de la jeune fille ; son désir devient de l'adoration.
« Quand elle était là devant lui, il s'oubliait ; il s’oubliait à la regarder, à l’entendre. Le timbre de sa voix rythmée éveillait dans son être des échos d’une douceur infinie. Il voyait en elle plus qu'une fille de la terre, plus qu'une nature humaine, comme une apparition passagère, un reflet mystérieux d'un autre inonde, un trésor de beauté, de pureté, de charité auquel Dieu prêtait une forme sensible afin qu'en la voyant les hommes pussent comprendre les perfections célestes et y aspirer. »
La foi ardente de l'enfant et son candide amour émeuvent d'un frisson nouveau l'âme du jeune homme, déposent dans son coeur une rosée d'une fraîcheur ineffable. Leurs fiançailles, dans le cadre sublime du lac, achèvent d'exalter jusqu'au délire le bonheur dont il goûte les enivrantes prémices. Cependant, Giovanna ne connaît pas la vraie joie. Elle sait que le bonheur en ce monde n'est qu'un celai d'un instant, un songe fugitif.
Un violent typhus s'abat soudain sur ces rives. En portant ses soins aux familles qu'elle protégeait d'ordinaire, Giovanna est atteinte du terrible mal et meurt après une douloureuse agonie.
Le beau rêve s'est écroulé. Maurice est là, écrasé, prostré, le coeur déchiré devant la forme si belle, tant aimée et déjà froide. Autour de lui, rien n'est changé : le lac frissonne sous les rayons de la lune ; tout est lumière et chant au sein de la nature tiède et parfumée. Voici ce que la mort a fait de son éphémère bonheur. La mort? Mais non, la mort n'est qu'un leurre. Giovanna ne lui a-t-elle pas dévoilé son véritable visage que cachent les apparences trompeuses. La vie poursuit son évolution éternelle. La mort n'est qu'une métamorphose.
Un soir d'hiver, alors que Maurice, seul, médite sur les pages d'un livre devant le foyer, l'ange, se matérialisant, revient comme autrefois lui jouer au piano sa romance préférée et lui enseigner ainsi que rien ne peut séparer ceux qui se sont véritablement aimés.
De ce jour, le jeune avocat est un autre homme. Rien ne compte plus que le devoir impérieux dont Giovanna lui a apporté la révélation. Proclamer la vérité, la servir de toutes ses forces et par tous les moyens, sera désormais le but de sa vie.
Tel est, bien imparfaitement résumé, le thème de cette idylle touchante qui, parmi les enchantements du beau lac lombard, s'achève brutalement comme à l'automne la féerie florale environnante sous le brusque assaut des orages.