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Des indes à la planète Mars
Des indes à la planète Mars

Ce mois-ci, nous vous présentons Des indes à la planète Mars. Le médium Hélène Smith alias Catherine-Élise Müller a trente-deux ans lorsqu'elle rencontre le professeur Théodore Flournoy qui, intrigué et curieux, décide d'assister aux séances de spiritisme qu'elle donne à Genève. Théodore Flournoy consignera alors pendant 6 ans, dans un livre « Des Indes à la planète Mars » les comptes-rendus des séances spirites. Qu’en pensent nos compatriotes Gabriel Delanne et Léon Denis ?

 Théodore Flournoy

Voici le contexte dans lequel se déroule cette expérience

On est en 1894, la réputation du médium est en plein essor et Flournoy, de son côté, vient d'obtenir la chaire de psychologie à la Faculté des sciences de Genève. Leur rencontre marque un tournant dans la carrière du médium. Élise Müller est en état d'hypnose lorsqu’elle se communique.

Le médium Hélène Smith ou Catherine-Elise Muller

Avec le professeur Flournoy pendant quatre années, le médium entrancé reproduit les scènes d’une de ses existences, vécue dans l’Inde, au douzième siècle, comme la femme d'un prince hindou qui vivait au XIVème siècle et aurait régné sur le Kanara. En cet état, elle se sert fréquemment de mots sanscrits, langue qu’elle ignore à l’état normal. Elle donne, sur des personnages historiques de l’Inde, des indications précises, introuvables dans aucun ouvrage usuel.
Toujours dans un état de trance[1], elle donne des informations sur de la reine Marie-Antoinette mais elles restent assez superficielles et une troisième communication s’établit à la planète Mars, qui est tout à fait fantaisiste.
Dans la trance, Mlle Smith voit souvent son guide, Léopold, à ses côtés ; elle entend sa voix. Il a sa volonté propre et agit comme il lui plaît ; souvent il y a lutte entre eux. Mlle Smith discute ; elle résiste à cette prise de possession. Et lorsque, malgré ses efforts, celle-ci devient complète, toute sa personne se transforme ; la voix change : c’est celle d’un homme, grave et lente, à l’accent italien ; l’aspect devient « majestueux ». Quand Léopold s’empare de la main d’Hélène pour la faire écrire, l’écriture est toute différente et l’orthographe est celle du dix-huitième siècle, époque où il a vécu sur la terre. Plus encore, il « intervient constamment dans sa vie d’une façon sensible et quasi physique, ne laissant de prise à aucun doute ».

De l’avis de Léon Denis[2]

« Nous sommes portés à croire que, chez ce médium, la force psychique est souvent insuffisante, les phases de la trance très inégales et les réveils de la personnalité fréquents. Il n’en résulte pas que les faits observés puissent s’expliquer, comme le voudrait M. Flournoy, par le jeu des facultés de la mémoire associées au pouvoir d’imagination de la subconscience.
En outre, le professeur, dans sa disposition à « batifoler », n’a-t-il pas attiré plus d’une fois des Esprits farceurs dans ces séances où, dit-il, « on riait beaucoup ». Les mystificateurs sont à craindre en pareil cas. Et c’est ici qu’on aperçoit l’utilité des règles que nous avons indiquées : unité et élévation de pensées des assistants facilitant l’action des agents extérieurs. Rire, batifoler, interrompre à tous propos, interroger sans rime ni raison, tout cela constitue de piètres conditions pour des expériences sérieuses. »

De l’avis de Gabriel Delanne[3]

« Il est tout à fait remarquable que cette jeune fille, de bonne éducation, d'une sincérité, d'une bonne foi absolues, et se livrant gratuitement pendant des années à l'investigation des savants, ait présenté des personnifications imaginaires à côté d'autres faits nettement spirites.
A vrai dire, M. Flournoy s'est efforcé d'expliquer tous les phénomènes par l'auto-suggestion du médium dont la nature intime très affinée l'aurait porté subconsciemment dans ses rêveries à s'imaginer qu'il ne se trouvait pas dans la position sociale qu'il aurait dû occuper, de sorte qu'en fréquentant les cercles spirites, où les idées de réincarnations sont courantes, il aurait successivement forgé subliminalement, c'est-à-dire pendant ses périodes d'inconscience, deux romans au moins relatifs à ses vies antérieures.
L'un de ses romans la représente comme la réincarnation de la reine Marie-Antoinette, et l'autre comme la femme d'un prince hindou qui vivait au XIVeme siècle et aurait régné sur le Kanara.
Une troisième création hypnoïde est relative à la planète Mars, dont Mlle Smith donne des descriptions pour le moins fantaisistes ; mieux encore, elle aurait fait connaître le langage des habitants de notre plus proche voisine.
M. Flournoy a très habilement montré la genèse probable de ce prétendu langage martien et prouvé par l'analyse de textes que ce n'était, en réalité, qu'une contrefaçon de la langue française et que seuls les signes représentatifs des lettres avaient une véritable originalité. Mais celle-ci ne dépasse pas ce que des écoliers peuvent produire lorsqu'ils imaginent en classe des alphabets secrets pour correspondre entre eux. Je reconnais aussi que la critique de M. Flournoy relative à la réincarnation en Mlle Smith de l'infortunée reine de France est très justifiée, car les souvenirs relatifs à ce cycle royal sont remplis d'anachronismes et l'écriture de la personnalité prétendue de Marie-Antoinette n'a rien de commun avec les textes qui nous en restent. Au surplus, pour les événements historiques, comme il est facile de les trouver partout, on ne peut faire état de ceux-ci, puisque la mémoire subliminale en a certainement enregistré un très grand nombre par la lecture, les pièces de théâtre, la conversation.
Cette remarque s'applique à tous les cas du même genre, et lorsque l'on sait avec quelle fidélité la mémoire somnambulique conserve tous les clichés visuels ou auditifs, l'on doit, en bonne méthode, attribuer ces connaissances aux acquisitions normales de la vie courante et non à des souvenirs d'une existence antérieure.
Une exception doit être faite cependant lorsqu'il s'agit d'événements historiques que l'on ne trouve pas relatés dans les manuels d'histoire ordinaires ni dans les dictionnaires historiques ou biographiques, mais seulement dans quelques documents ignorés du public qu'il a fallu découvrir par de laborieuses recherches et dont le sujet n'a pu prendre connaissance.
Si à ces renseignements précis relatifs à une civilisation non européenne se joignent des descriptions en rapport avec le pays et des réminiscences de la langue qui y a été employée, alors la probabilité pour que ces connaissances soient dues à des souvenirs d'une vie passée devient très grande. C'est pourquoi je vais rapporter brièvement tout ce qui a trait à ce que M. Flournoy appelle le cycle hindou de Mlle Hélène Smith.
Une remarque préalable doit être faite : c'est que cette résurrection du passé s'est produite, au cours de nombreuses séances, sans aucune suggestion préalable des assistants, et que le sommeil somnambulique se produisait spontanément chez le sujet, soit au cours des séances, soit pendant la vie normale, et principalement le matin au moment du réveil. Alors les visions reproduisant les scènes de la vie antérieure avaient lieu par hallucinations visuelles et quelquefois auditives et on ne les connaît que par les lettres que Mlle Smith adressait régulièrement au savant professeur de Genève.
Je me contenterai de faire ici, faute d'espace, un trop court résumé du cycle hindou, renvoyant pour les détails le lecteur à l'ouvrage indiqué[4].
M. Flournoy raconte dans cet énigmatique chapitre comment son médium Hélène Smith, prétendant être la réincarnation de la princesse hindoue Simandini, mime son personnage de la façon la plus réaliste, la plus vécue.  Hélène Smith

Elle s'assied à terre, les jambes croisées ou à demi étendues, son bras ou sa tête nonchalamment appuyé contre son époux Sivrouka. La religieuse et solennelle gravité de ses prosternements, lorsque après avoir longtemps balancé la cassolette fictive, elle croise sur sa poitrine ses mains étendues et par trois fois s'incline, le front frappant le sol, ses mélopées traînantes et plaintives, la souplesse de ses mouvements, lorsqu'elle s'amuse avec son singe imaginaire, le caresse, l'excite ou le gronde en riant, toutes ces mimiques et ce parler exotique ont un tel, accent d'originalité, de naturel, qu'on se demande avec stupéfaction d'où vient à cette fille des rives du Léman une telle perfection de jeu.
S'il ne s'agissait, dit M. Flournoy, que de la pantomime hindoue, le mystère serait moindre quelques récits entendus à l'école ou lus dans des feuilletons peuvent expliquer à la rigueur et les attitudes diverses, et le caractère musical des chants et les dehors sanscritoïdes. C'est un travail que les facultés subliminales peuvent exécuter d'une façon encore plus parfaite chez les sujets disposés à l'automatisme.
Mais... ajoute le savant psychologue...
Il reste deux points qui compliquent le roman hindou et semblent défier jusqu'ici du moins toute explication normale, parce qu'ils dépassent les limites d'un pur jeu d'imagination. Ce sont les renseignements historiques précis donnés par Léopold, le guide du médium, dont on a pu, en un certain sens, vérifier quelques-uns, et la langue hindoue, parlée par Simandini, qui renferme des mots plus ou moins reconnaissables dont le sens réel s'adapte à la situation où ils ont été prononcés. Or, si l'imagination d'Hélène peut avoir reconstruit d'après les informations générales, flottantes en quelque sorte, de notre atmosphère de pays civilisé, les mœurs, usages et scènes de l'Orient, on ne voit pas d'où a pu lui venir la connaissance de la langue et de certains épisodes peu marquants de l'histoire de l'Inde.

Voilà donc un fait de premier ordre qui s'explique très bien par une rénovation du souvenir et qui même ne peut s'expliquer autrement.

Mais M. Flournoy ne veut pas en convenir.
Il a consulté sur les points historiques évoqués par le médium les spécialistes les plus qualifiés de l'histoire asiatique. Aucun d'eux n'avait connaissance des personnages ni des localités cités. Pourtant, c'étaient des érudits de la science historique. De guerre lasse, il en est réduit à fouiner (c'est son expression) dans les bibliothèques, et il finit par trouver, dans un vieux bouquin poussiéreux : l'Histoire de l'Inde par Marlès, un passage qui lui prouve irréfutablement que le récit d'Hélène n'est pas un mythe. Bien entendu, les savants, les érudits qui avaient été précédemment consultés, traitèrent de haut Marlès, l'auteur du vénérable bouquin, et refusèrent de le considérer comme un confrère sérieux. C'est fort heureux pour la mémoire de Marlès.
Quant à Flournoy, malgré l'invraisemblance de cette supposition, il n'hésite pas à considérer que la mémoire subliminale d'Hélène Smith a puisé les renseignements dans l'obscur et inconnu Marlès ; c'est à peine s'il s'arrête aux différences orthographiques entre le texte de ce dernier et celui du médium. La seule chose qui le gêne, et il l'avoue, c'est qu'il ne peut dire où, quand et comment Mlle Smith aurait pu prendre connaissance de ce texte.
J'avoue sans ambages, dit-il, que je n'en sais rien et je donne volontiers acte à Hélène de l'indomptable et persévérante énergie avec laquelle elle n'a cessé de protester contre mon hypothèse en l'air qui a le don de l'exaspérer, et cela se comprend, car elle a beau creuser ses souvenirs, elle n'y retrouve pas la moindre trace de cet ouvrage dont il n'existe que deux exemplaires poussiéreux à Genève. Ce ne serait donc que par un concours de circonstances absolument exceptionnel et presque inimaginable que Marlès aurait pu se trouver un jour entre les mains d'Hélène et comment se ferait-il alors qu'elle n'en eût conservé aucun souvenir[5].

En somme, et de l'aveu même de Flournoy, ce roman hindou reste une énigme psychologique non encore résolue d'une façon satisfaisante, parce qu'il révèle et implique chez Hélène, relativement aux coutumes et aux langues de l'Orient, des connaissances dont il a été impossible de trouver jusqu'ici la source certaine.
Malgré cette restriction formelle qui enlève toute autorité aux hypothèses anti-spirites ou extra-spirites, nos contradicteurs n'ont pas hésité à s'annexer toute cette partie de l'ouvrage de Flournoy et s'en servent encore aujourd'hui comme d'un projectile meurtrier, sans s'apercevoir qu'en réalité il se retourne contre eux. Il est impossible de voir là soit de la télépathie, soit de l'hallucination, soit de l'autosuggestion. Il ne reste plus qu'à admettre ce que le médium ne cesse de répéter : c'est qu'il ressuscite le souvenir lointain de la princesse hindoue Simandini.
Dans les séances où celle-ci s'est manifestée, ce n'est pas une incarnation de cette princesse que faisait le médium, c'était une résurrection de souvenirs anciens. Hélène Smith se sent réellement la princesse Simandini revenue sous la forme d'une jeune fille moderne. L'une et l'autre semblent bien être la même individualité. Cette individualité s'est manifestée successivement au cours du temps sous la forme de Simandini, dans l'Inde et, plus tard en Suisse avec la mentalité d'Hélène. Ce genre de manifestation était utile à noter ; il n'a rien de commun avec les incorporations ou incarnations habituelles dans les médiums d'une personnalité qui leur est entièrement et complètement étrangère. C'est un phénomène distinct.
Ce qui m'autorise à faire cette affirmation, c'est que, dès sa jeunesse, Mlle Smith avait des goût, artistiques tout à fait différents de ceux qu'elle aurait pu puiser dans son ambiance genevoise. Voici, en effet, ce que note M. Flournoy :

D'après les récits de Mme Smith et des siens propres Hélène était timide, sérieuse, renfermée et n'allait pas volontiers jouer avec les fillettes de son âge. Elle préférait ne sortir qu'avec sa mère ou rester tranquille et silencieuse à la maison, s'amusant à dessiner, ce qu'elle faisait avec la plus grande facilité, ou à exécuter des ouvrages de sa composition, de style oriental, qui réussissaient comme par enchantement entre ses doigts de fée ; je n'en avais pas le mérite, dit-elle, car cela ne me donnait aucune peine j'étais poussée à faire ces ouvrages et ces dessins, je ne sais comment parfois, avec de petits morceaux d'étoffe qui s'assemblaient en quelque sorte sous ma main.
Avec un judicieux bon sens, M. Flournoy fait justement observer que la médiumnité n'est nullement incompatible avec une vie normale et régulière, qu'un médium n'est pas nécessairement un névrosé, comme ont tenté de le faire croire certains médecins à courte vue. Le sujet étant important, je me permets de citer ici l'opinion autorisée du célèbre psychologue genevois[6].

Si l'on s'étonne de la place que cette peur de passer pour malade ou anormale tient dans la préoccupation de Mlle Smith, il faut dire à sa décharge et à celle des médiums et des savants incriminés que la faute en est aux racontars, aux propos en l'air de tous genres dont le public ignorant empoisonne à plaisir l'existence des médiums et de ceux qui les étudient. Il est clair qu'il se rencontre dans les rangs de la docte faculté ou des corps scientifiques constitués, comme en toute compagnie un peu nombreuse, certains esprits étroits et bornés, très forts peut-être dans leur spécialité, mais prêts à jeter l'anathème sur ce qui ne cadre pas avec leurs idées toutes faites, et prompts à traiter de maladie, de pathologie, de folie, tout ce qui s'écarte du type normal de la nature humaine, telle qu'ils l'ont conçue sur le modèle de leur petite personnalité. C'est naturellement le verdict défavorable, mais plein d'assurance, de ces médecins à oeillères et de ces prétendus savants, qui se colporte de préférence et qui vient rebattre les oreilles intéressées. Quant au jugement réservé et prudent de ceux qui n'aiment point à se prononcer à la légère et ne se pressent pas de trancher des questions dont la solution est encore impossible à l'heure présente, il va sans dire qu'il ne compte pour rien, car il faut à la masse des conclusions nettes et décidées.
« Vous n'osez pas affirmer que la médiumnité est une chose bonne, saine, normale, enviable, qu'il faut développer et cultiver partout où on le peut, et que les médiums nous mettent en relation avec un monde invisible supérieur, mais c'est donc que vous tenez cette disposition pour funeste, malsaine, morbide, détestable, digne d'être extirpée ou anéantie partout où elle fait mine de se montrer et que vous regardez les médiums comme des détraqués. » Voilà la logique imperturbable du vulgaire, le dilemme taillé à coups de hache dans lequel le milieu ambiant spirite, et non spirite, s'amuse parfois à m'enfermer et qu'il ne cesse de faire résonner aux oreilles de Mlle Smith. On conviendra que cela explique et justifie amplement qu'elle se préoccupe parfois de ce que l'on dit et pense de sa santé, et que Léopold lui-même croit devoir s'en mêler.
C'est aussi juste que bien exprimé. »

En conclusion, on peut dire[7]

« Ce qui rend l'étude expérimentale si délicate, c'est qu'en effet l'automatisme, l'auto-suggestion, le dédoublement, l'idéoplastie se mélangent parfois d'une manière presque inextricable avec les phénomènes réels, de sorte qu'il faut déjà une grande expérience pour ne pas se laisser tromper par ces manifestations aux allures décevantes. Lorsque l'on saura bien faire le départ entre les vrais phénomènes médianimiques et ceux provenant de l'animisme, on pourra marcher plus hardiment dans la voie expérimentale. »

 

[1]Il y a donc deux ordres de faits dans la trance, et il faut les distinguer avec soin : d’abord, l’intervention des défunts, puis, d’autres cas où le médium, sous l’influx magnétique de son guide spirituel, se reconstitue dans une de ses existences antérieures.

[2]Tiré de son livre : « Dans l’invisible »

[3] Tiré du livre « la réincarnation ».

[4]FLOURNOY, Des Indes à la planète Mars, p. 275.

[5] FLOURNOY, Des Indes à la planète Mars.

[6]Id., p.41.

[7] Tiré de l’ouvrage de Gabriel Delanne, « la réincarnation »