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Edward Irving
Edward Irving

Ce mois-ci, nous vous présentons Des voix se font entendre à Londres en 1830… Bien avant les phénomènes d'Hydesville avec les soeurs Fox, en Angleterre, c'est dans l'église que des manifestations ont lieu. En voici le contexte… Ce sont des manifestations d'Esprits dans le cadre de l'église du pasteur Edward Irving qu'Arthur Conan Doyle nous raconte.

 Edward Irving

Edward Irving est issu de cette souche écossaise pauvre et laborieuse qui a donné tant d’hommes célèbres. Irving naquit à Annan en 1792. Après une jeunesse dure et laborieuse il devint un homme fort singulier.
De sa personne il était géant, doué d’une force herculéenne ; sa splendide allure physique n’était troublée que par un méchant strabisme divergent – défauts qui, semble à certains égards présentés des analogies avec les excès de son tempérament. Son esprit viril, large et courageux, fut faussé par une formation précoce à l’école étroite de l’Église d’Écosse où les opinions dures et grossières des vieux Covenantaires – sorte de protestantisme impossible né de la réaction contre un catholicisme impossible – empoisonnaient encore l’âme humaine.
Il était opposé à tout ce qui paraissait libéral. Cet homme étrange, excentrique et formidable se serait trouvé plus à l’aise au XVIIe siècle, quand ses pareils tenaient des réunions dans la bruyère de Galloway et évitaient, voire même attaquer à mains nues les dragons de Claverhouse…

Mais, quel que soit son siècle, il était destiné à inscrire son nom d’une façon ou d’une autre dans les annales du temps. C’est l’histoire de sa jeunesse opiniâtre en Écosse, de ses immenses promenades et de ses exploits physiques, de sa brève carrière d’instituteur plutôt violent à Kirkcaldy, de son mariage avec la fille d’un pasteur de cette ville et enfin de sa fonction de vicaire ou d’assistant du grand Dr Chalmers, à cette époque le plus célèbre ecclésiastique d’Écosse. Dans cette fonction, Irving acquit la connaissance d’homme à homme des classes les plus pauvres, qui est la meilleure et la plus pratique de toutes les préparations au métier de vivre.
Il y avait en ce temps là une petite église écossaise à Hatton Garden, près de Holborn, à Londres, qui avait perdu son pasteur et se trouvait bien mal en point, tant du point de vue spirituel que financier. On offrit la charge à Irving qui, après quelques inquiétudes, l’accepta. Là, son éloquence tonnante et sa façon directe de délivrer le message évangélique commencèrent à attirer l’attention et, soudain, l’étrange géant écossais devint à la mode. L’humble rue fut bloquée par les attelages le dimanche matin et quelques-uns des hommes et des femmes les plus distingués de Londres se disputèrent une place dans le bâtiment sommairement installé. Cette extrême popularité, on le sait, ne dura guère et il se peut que l’habitude du prêcheur d’expliquer un texte pendant une heure et demie se soit révélée excessive pour les faibles anglais.
Finalement, on déménagea pour une église plus grande, dans Regent Square, qui pouvait contenir deux mille personnes et il se trouva suffisamment de courageux pour la remplir honorablement bien que le pasteur eut cessé d’exciter l’intérêt des premiers jours. Mis à part son éloquence, Irving semble avoir été un pasteur consciencieux et dur à la tâche, se débattant sans compter pour les besoins temporels des plus humbles de son troupeau, et toujours prêt quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit à obéir à l’appel du devoir.

Bientôt pourtant se produisit un léger différend entre lui et les autorités de son Église. La question en litige offrait une base excellente à une querelle théologique du genre de celles qui ont causé plus de mal au monde que la variole.
La question était : « Est-ce que le Christ avait en lui la possibilité du péché ou est-ce que la part divine en lui formait une barrière totale et absolue contre les tentations physiques ? ». Les juges prétendaient qu’associer au Christ des idées comme celle du péché constituait un blasphème. Le pasteur opiniâtre répliquait non sans quelque raison qu’à moins que le Christ n’ait porté en Lui la capacité de pécher, et n’y ait résisté avec succès, son sort sur cette terre n’était pas le même que le nôtre et ses vertus ne méritaient pas autant d’admiration. La question fut portée sur la place publique et on y consacra un immense sérieux et un temps infini, avec le résultat que le tribunal ecclésiastique affirma à l’unanimité sa désapprobation à l’égard des opinions du pasteur.
Comme pourtant ses ouailles lui exprimèrent à leur tour une approbation sans réserve, il se permit d’ignorer la censure de ses frères officiels. Mais un plus gros obstacle l’attendait.

Il faut avant tout bien comprendre qu’Irving s’intéressait profondément aux prophéties bibliques. Il rumina beaucoup sur les années et les jours qui étaient fixés pour durer avant les jours de colère qui précéderait la seconde venue du Seigneur. D’autres, à cette époque étaient profondément engagés dans les mêmes et sombres spéculations. Parmi eux se trouvait un riche banquier du nom de Drummond qui possédait une grande maison de campagne à Albury près de Guilford.
Dans cette demeure, ces chercheurs bibliques avaient coutume de se réunir périodiquement, discutant et comparant leurs opinions avec tant de conscience qu’il n’était pas rare que leurs sessions dépassent une semaine, chaque jour étant entièrement occupé du petit déjeuner au souper.
On appelait ce groupe les « Prophète d’Albury ». Finalement, au-dessus de l’horizon monotone des événements humains, une étrange manifestation se produisit effectivement. Une légende courait affirmant que les dons spirituels des premiers âges se réaffirmeraient et voici qu’apparemment le don des langues sortait de l’oubli pour entrer à nouveau dans l’expérience de l’humanité. Tout avait commencé en 1830 sur la côte ouest d’Écosse où les noms des sujets sensitifs, Campbell et Mac Donald, parlaient de cette langue celtique qui a toujours été plus proche des influences spirituelles. Les Prophètes d’Albury furent très intrigués et envoyèrent un émissaire de l’église de M. Irving pour enquêter et faire rapport. Celui-ci découvrit que l’affaire était bien réelle.
Les gens avaient bonne réputation et les langues étranges dans lesquelles ils s’exprimaient tous deux jaillissaient par intervalles ; cette manifestation s’accompagnait de guérisons miraculeuses et d’autres signes de pouvoirs. Manifestement, il n’y avait ni fraude ni supercherie mais bien un afflux réel d’une force étrange qui nous ramenait aux temps apostoliques.

Les fidèles attendirent ardemment les prochains événements. On n’attendit guère longtemps ; ils éclatèrent dans la propre église d’Irving. Ce fut en juillet 1831 que la rumeur se propagea selon laquelle certains membres de la congrégation avaient été saisis par ces bizarres façons dans leur propre maison ; on organisa de discrètes démonstrations dans la sacristie et en d’autres endroits protégés. Le pasteur et ses conseillers étaient très indécis sur le point de savoir s’il fallait tolérer une manifestation pleinement publique. La question se résolut d’elle-même, comme les esprits savent le faire, et au mois d’octobre de la même année le prosaïque service de l’Église d’Écosse fut soudain interrompu par les étranges exclamations d’un possédé. La chose survint avec une telle soudaineté et une telle véhémence, au cours des deux services, le matin et l’après-midi, qu’un mouvement de panique s’empara de l’assemblée. Et s’il n’y avait pas eu leur géant de pasteur tonnant : « Oh, Seigneur, apaise le tumulte des Tiens ! »
Une tragédie aurait pu s’ensuivre. Ceux dont les goûts inclinaient au conservatisme produisaient de leur côté quantité de sifflets et bien du tapage. L’un dans l’autre, la sensation fut considérable et les journaux du jour en furent remplis. Edward Irving

Les sons provenaient des femmes comme des hommes et consistaient au début en bruits inintelligibles, soit un simple baragouin soit une langue entièrement inconnue.
- Des sons soudains, plaintifs, incompréhensibles, rapporte un témoin.
- Il y avait une force et une plénitude du son, relate une autre description, dont les délicats organes féminins auraient semblé incapables.
- Cela éclata dans un craquement épouvantable et terrible, dit un troisième témoin. Beaucoup cependant furent fortement impressionnés par ces sons et parmi eux on trouve Irving lui-même.
- Il y a une puissance dans la voix qui pénètre le cœur et inspire à l’esprit une terreur comme je n’en ai jamais éprouvé de pareille. Il y a une allure, une majesté et une grandeur soutenue comme je n’en ai jamais entendu de semblable.
Cela ressemble à l’un des plus simples et des plus anciens cantiques du service de la cathédrale, au point que j’ai été amené à penser que ces cantiques dont on retrouve la trace jusqu’à Ambroise, sont des fragments de paroles inspirées de l’Église primitive.

En outre, bientôt des mots anglais compréhensibles s’ajoutèrent aux étranges accès. Ils consistaient en général en prières et exclamations dépourvues de tout caractère supranormal apparent, si ce n’est qu’elles étaient émises à des heures hors de propos et indépendamment de la volonté du locuteur.
Pourtant, dans quelques cas, ces pouvoirs se développèrent jusqu’à ce que le sujet, quand il se trouvait sous leur influence, délivre de longues harangues, dise la loi de la façon la plus dogmatique sur des points de doctrine, et émette des réprimandes qui, à l’occasion, s’adressaient même au patient pasteur.
Il se peut qu’il y ait eu une origine psychique à ces phénomènes, mais ils se développèrent sur un terreau de théologie bigote et étriquée qui ne pouvait conduire qu’au désastre. Certains sensitifs en condamnèrent d’autres comme hérétiques. La voix s’éleva contre la voix. Le pire se produisit lorsque certains parmi les orateurs majeurs acquirent la conviction que leurs propres discours étaient d’origine infernale. Ils donnaient, semble-t-il, pour raison essentielle que ces discours ne s’accordaient pas avec leurs propres croyances spirituelles, ce qui pour certains d’entre nous semblerait plutôt indiquer une origine angélique. Ils s’avancèrent aussi sur le chemin glissant de la prophétie et furent confondus quand leurs prédictions ne se réalisèrent point.
L’un des principaux porte-parole de l’esprit était un certain Robert Baxter – à ne pas confondre avec le Baxter qui quelque trente ans plus tard fut associé à certaines prophéties remarquables. Ce Robert Baxter semble avoir été un solide citoyen, honnête et ordinaire qui considérait les Écritures plutôt comme un homme de loi considère un document légal, avec une évaluation précise de chaque phrase – en particulier les phrases qui convenaient à son système héréditaire de religion.
C’était un homme honnête affligé d’une conscience jamais en repos et qui se souciait sans cesse du moindre détail mais qui restait de marbre quant à la vaste plateforme sur laquelle reposaient ses croyances. Cet homme fut puissamment affecté par l’influx d’esprit – pour employer ses propres mots, « sa bouche s’ouvrit d’autorité ».
D’après son témoignage, le 14 janvier 1832 marqua le commencement de 1260 jours mystiques qui devaient précéder le second avènement et la fin du monde. Pareille prédiction dut sembler particulièrement émouvante à Irving avec ses rêves millénaristes. Mais longtemps avant que le compte des jours fut achevé Irving reposait dans sa tombe et Baxter avait conjuré les voix qui, au moins en cette occurrence, l’avaient trompé.

Baxter a rédigé un opuscule au titre prodigieux, Narrative of Facts, Characterising the Supernatural Manifestations, in Members of Mr Irving’s Congrgation, and other Individuals, in England and Scotland, formerly in the Writer Himself (Récits de faits caractérisant les manifestations surnaturelles, chez les membres de la Congrégation de M. Irving, et autres individus, en Angleterre et en Écosse, précédemment chez l’auteur lui-même).
Dans les voix de 1831 apparaissent les signes d’une véritable puissance psychique. C’est une loi spiritualiste reconnue que toutes les manifestations psychiques sont déformées quand elles sont filtrées par une religion étroitement sectaire. C’est également une loi que les individus imbus d’eux-mêmes et prétentieux sont la cible du monde des Esprits et attire des entités malicieuses qui se jouent d’eux avec des grands noms et des prophéties qui tournent le prophète en ridicule. Tels étaient les guides qui descendirent sur le troupeau de M. Irving et produisirent les divers effets constatés, bons ou mauvais selon l’instrument utilisé.

L’unité de l’Église, secouée par le précédent blâme du presbytère, se dissolut devant cette nouvelle épreuve. On assista à une grande scission et le bâtiment fut réclamé par les syndics. Irving et les courageux qui lui restaient fidèles s’en allèrent à la recherche d’un nouveau local qu’ils trouvèrent dans la salle utilisée par Robert Owen, le philanthrope et libre-penseur socialiste qui devait, quelque vingt ans plus tard, devenir l’un des pionniers de la conversion au spiritualisme.
Là, dans Gray’s Inn Road, Irving rallia les fidèles. On ne peut nier que l’Église, ainsi qu’il l’organisa, avec ses anges, ses anciens, ses diacres, ses langues et ses prophéties fut la meilleure reconstitution d’une église chrétienne primitive jamais réalisée. Si Pierre et Paul se réincarnaient à Londres, ils seraient très déconcertés, voire horrifiés par la cathédrale Saint-Paul ou par Westminster, mais ils se seraient certainement trouvés dans une ambiance parfaitement familière dans les réunions auxquelles présidait Irving.

Le sage reconnaît qu’on peut approcher Dieu par d’innombrables voies. Le cerveau des hommes et l’esprit du temps ont des réactions diverses à la grande cause primordiale ; or, c’était de cela qu’Irving semblait le plus démuni. Il mesurait toujours l’univers à l’aune de ce qui n’était qu’une secte parmi les sectes. Il arrivait qu’il en fût vaguement conscient et il se peut que ces luttes avec Satan, dont il se plaignit tant, eussent une explication bizarre.
Irving vivait très intensément et les crises successives qu’il avait dû traverser l’avaient brisé. Ces débats avec les théologiens raisonneurs tout comme avec des ouailles récalcitrantes peuvent nous sembler ordinaire avec le recul des années mais pour lui, étant donné son âme ardente, sérieuse et tempétueuse, il s’agissait de quelque chose de vital et de terrible. Pour Irving, tant du fait de son éducation et de son hérédité, l’Église d’Écosse était l’arche de Dieu et lui, le fils zélé et loyal conduit par sa conscience, s’était pourtant précipité en avant pour trouver closes et fermées derrière lui les grandes portes du salut.
En pleine force de l’âge, ce géant se fana et se ratatina. Sa puissante charpente se courba, ses joues se creusèrent et se firent blafardes, ses yeux brillèrent de la funeste fièvre qui le consumait.
Et c’est ainsi que, travaillant jusqu’à l’extrême fin, avec sur les lèvres ces mots : « Si je meurs, je meurs avec le Seigneur », son âme passa dans cette lumière plus claire et plus dorée où les cerveaux fatigués trouvent le repos et où l’esprit anxieux entre dans un état de paix et d’assurance que la vie n’a jamais donné.

Tiré du livre « Histoire du Spiritisme » d'Arthur Conan Doyle